Ballon d’Or : Une romance espagnole

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Il y a quelques jours, Lionel Messi a remporté son 6ème Ballon d’or. Un prix qui ne quitte plus la péninsule ibérique depuis plus de 10 ans. Pourtant, l’histoire d’amour entre BO (Ballon d’Or) et l’Espagne n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Retour sur cette romance datant de plus de 60 ans.

Les années 50, la naissance

En 1956, BO nait à Paris, en France. De suite, l’appel maternel fait qu’il se dirige instinctivement dans le berceau du football qu’est l’Angleterre et se fait dorloter par Stanley Matthews. Il grandit entouré d’amour et de pintes de bière. L’année suivante, en 1957, las de la grisaille britannique, il s’envole vers le Sud et pose ses valises pour la première fois en Espagne, du côté de Madrid. Il se fait bercer par un tout nouvel espagnol (ex argentin qui vient de se faire naturaliser quelques mois plus tôt), Alfredo Di Stéfano. BO s’y sent en sécurité. Il y reste trois années de suite. Il passe même des bras de Di Stéfano à Raymond Kopa pour au final revenir dans ceux du premier.

Les années 60, le premier amour

Après ce premier long séjour dans la capitale espagnole, BO cherche la chaleur. En effet, les hivers madrilènes sont rudes et il préfère la douceur des côtes catalanes. Il déménage de plusieurs centaines de kilomètres à l’Est pour poser ses valises à Barcelone où il tombe immédiatement dans les bras d’un beau blond, Luis Suarez en 1960. Une histoire d’amour éclair qui se termine vite, trop vite. En effet, BO n’a rien vécu sentimentalement. Il est en quête d’expérience et de nouvelles aventures. Il veut voyager, il va voyager.

Les années 70, le retour aux sources

Pendant cette période, BO traverse l’Europe. Il visite de nombreux pays sans jamais se poser, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, il passe de bras en bras sans s’attacher. Il cultive son amour pour les relations d’un an. Un beau jour, alors qu’il rentre chez lui après un Oktoberfest bien arrosé à Munich, il se rappelle au bon souvenir de ses premiers flirts en terres espagnoles. Dans un élan de nostalgie presque viscéral, il s’envole et atterrit pour la deuxième fois, à Barcelone. Son premier séjour avait été trop rapide et il lui fallait creuser les raisons de cette attirance pour la capitale catalane. À peine arrivé, il se fait draguer ouvertement par un élégant hollandais du nom de Johan Cruyff. Ces deux-là s’étaient bien trouvés, amoureux du beau jeu et de la douceur de vivre à l’Espagnole. En 1973 et 1974, BO se la coule douce sur la Costa Maresme, profitant des tapas, alcools locaux et des sorties nocturnes ambiancées.

Les années 80, la crise

1975, pas un regard, pas un mot, BO s’en est allé sans se retourner. Il a mûri, grandit et se pose beaucoup de questions. Il doit méditer. Comprendre les chemins du passé pour emprunter les routes du futur. Il devient victime de son succès et il est fortement convoité de par le monde. Une pression grandissante qu’il ressent au fil des années et qu’il n’arrive pas toujours à assumer. Il essaie de se recentrer, d’analyser ses erreurs.  En quête spirituelle, chaussé de sandales en cuir, il prend son baluchon et son bâton de pèlerin. Il parcourt l’Europe, il part en croisades. Un temps en Italie, un autre en Allemagne, il traverse l’Angleterre, et s’amourache d’un Français au doux nom de Michel. Comme pour se rappeler son idylle barcelonaise avec Cruyff, il s’installe aux Pays-Bas à la fin des années 80. Coffee-shop et quartier rose, lui ont fait perdre la tête. Il vit dans un monde psychédélique où tout est permis.

Les années 90, la maturité

La rigidité allemande de Matthaus oblige BO à faire une cure de désintoxication Baltave. Malgré une rechute en 1993, il reprend ses esprits et s’offre un nouveau départ. Instinctivement, il retourne là où il se sent bien, l’Espagne. En 1994, jamais deux sans trois, il pose à nouveau ses valises à Barcelone et pour la première fois de sa vie, il s’amourache d’un Bulgare, Hristo Stoichkov. Prenant goût aux expériences inconnues, il s’essaie à un Africain originaire du Liberia, l’année suivante. Même si ces coups d’un an lui ont beaucoup plu, BO ne peut se résoudre à partir loin de l’Espagne. Il y revient toujours, et cette fois-ci dans les bras de deux brésiliens, Ronaldo et Rivaldo.

Les années 2000, une dernière danse

Un an oui, un an non. Tu veux ou tu veux pas ? BO fait tourner la tête à l’Espagne ! Il l’aguiche. Il devient le maître des débats. Je t’aime, je t’aime plus, je te fuis, tu me cours après. Figo, Ronaldo, Ronladinho, tous ont tenté de le garder mais ils n’ont jamais réussi. BO prend un malin plaisir à s’enfuir au petit matin d’une nuit torride sans laisser ses coordonnées. Mais cela ne dure qu’un temps. Tout le monde vieillit et la gloire du passé peut vite s’effondrer. BO n’y échappe pas. Il commence à être décrier. On lui reproche le mode de sélection de ses amants. Il doit se faire un lifting. Il ne veut pas sombrer dans l’oubli.

Les années 2010, la raison

Quand on prend de l’âge, on sait ce que l’on veut. Nos choix se font pour que nos derniers jours soient les plus paisibles. De ce fait, en 2009, BO revient en Espagne. Pays qu’il ne quitte plus. Il y est bien, il alterne entre Barcelone et Madrid pendant 10 ans. Tantôt en génie autistique, tantôt en esthète bodybuildé. Il ne partage pas son cœur, il le duplique, un trio amoureux sans vice, sans coup bas. On appelle ça du respect. BO aime d’un amour fou mais censé ces deux hommes incomparables et indépartageables. Il vit ici peut-être la meilleure partie de sa vie. Pour rien au monde, il ne souhaite partir ailleurs. Mais, il n’est pas dupe. Un jour, ils mourront et lui, continuera son chemin. Ainsi va la vie, peut-être il s’envolera un jour loin de l’Espagne mais en attendant ce moment qui sonnera la tristesse, il savoure et on en fait de même.

Par Jé Pintio

@JePintio

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