Real Madrid – Real Sociedad (3-1) : Un Real fainéant face à l’adversité

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Choc au sommet de cette 14ème journée de Liga, le Real Madrid recevait la Real Sociedad au Bernabeu. Avec seulement deux points d’avance sur leur adversaire du soir, il était de mise de ne pas le sous-estimer, surtout au regard du début de saison détonnant des Basques. À quelques jours de recevoir le PSG en Ligue des Champions, la venue de la Real s’apparentait donc à un test sérieux pour les hommes de Zidane. L’occasion de travailler notamment une rigueur défensive qui fait défaut depuis plusieurs mois et d’affirmer son plan de jeu face à une équipe particulièrement joueuse. 90 minutes plus tard, la prestation du Real ne nous a pas plus renseigné sur ses réelles capacités cette saison.

Au coup d’envoi, le Real Madrid se présentait avec son XI type « new-look » incarné par Valverde et Rodrygo. Seul Marcelo et Kroos manquaient à l’affiche remplacés par Mendy et Modric. La réception de la Real Sociedad avait pour objectif de poursuivre une série de résultats intéressants et développer les progrès tactiques aperçus depuis quelques semaines. Alors que le tiers de l’exercice 2019-2020 s’est déjà écoulé, la Maison Blanche se situe encore entre deux eaux, sans vraiment trouver ses repères malgré quelques points de satisfactions. Cette situation rend donc indécis les observateurs du club merengue qui peuvent s’attendre à tout avec cette équipe.

Auront-ils droit à une montée en puissance au fil de la saison symbolisée par Eden Hazard ? Ou une deuxième saison consécutive moribonde ? C’est notamment lors de rencontres comme celle de ce soir qu’on peut jauger si une équipe a la capacité et le cran nécessaires pour aller chercher des titres en fin de saison. Loin d’être rassurant depuis le retour de Zidane, deux axes majeurs semblent à consolider pour les madrilènes s’ils veulent prétendre à quelque chose et la confrontation face aux Basques a encore permis de les souligner. Le premier est d’ordre tactique : la rigueur défensive. La seconde est d’ordre psychologique : la détermination.

Des largesses défensives encore trop criantes :

Avec pour seul absent Marcelo, la défense du Real Madrid avait l’occasion de montrer qu’elle pouvait encore demeurer une référence malgré les turbulences des derniers mois. Surtout qu’en face, le trio Oyarzabal-Willian José-Portu alimenté par Odegaard est en pleine forme depuis le début de saison. Mais très vite, les démons de la saison passée ont ressurgi. Au bout de deux minutes de jeu, Sergio Ramos commet une erreur grossière de relance profitant à Willian José qui ne se fait pas prier pour aller tromper Courtois. Stupeur au Bernabeu qui entrevoit une nouvelle soirée pénible. Cette erreur du capitaine n’est pas anodine. Les sauts de concentration sont désormais courants chez les défenseurs madrilènes à l’image de Ramos ou de Marcelo. Tout comme le manque de communication quand on observe leur alignement ou l’absence de marquages.

Face à des équipes qui jouent pleinement leur chance, cela se paye souvent cash, comme la Real Sociedad l’a montré ce soir. D’autant plus que le Real a l’habitude de laisser venir son adversaire en repliant rapidement son bloc à la perte de balle pour ensuite la récupérer grâce au surnombre ou par les qualités des uns et des autres. Cette tactique pourrait être acceptable mais la rigueur et l’efficacité des Madrilènes ne sont plus au rendez-vous. L’attaque de la Real a ainsi pu régulièrement s’introduire dans le camp merengue qui recula inexorablement.

Face à un des percussions répétées et un pressing agressif constant de la part des Basques, il aurait été intéressant pour les madrilènes, en laissant venir son adversaire, de l’aspirer pour mieux le contrer. Ou d’empêcher justement l’équipe adverse de mettre en place sa tactique en remontant le bloc-équipe, même si on sait que les ballons dans le dos de la défense madrilène sont souvent dangereux pour cette dernière. Mais une fois le ballon récupéré, leur attitude intrigue ce qui nous amène à notre second point.

[Photo de IconSport]

Un manque de volonté à la création :

Dans l’ère I de Zidane, le Real avait l’habitude de prendre le match à sa main et de faire la différence pour ensuite souffrir dans les derniers instants. Sauf que l’ère II n’est pas similaire. Le Real souffre toujours mais nouveauté, beaucoup plus tôt au cours du match et se retrouve donc souvent mené à la marque. Peu habitué à devoir courir après le score et jouer contre-nature, les Merengues ne sont pas préparés à ce type de scénario ce qui transparaît nettement dans leur jeu. En effet, on ne voit que peu de changement tactique et encore moins de rébellion de leur part. Comme des enfants gatés qui savent qu’ils auront ce qu’ils voudront le temps venu. Les circuits de passes allant de gauche à droite du terrain restent donc inchangés ce qui a facilité le travail en première mi-temps de la Real Sociedad. Les Basques ont ainsi fermé les intervalles de passes pour ensuite se projeter rapidement vers l’avant.

Malgré l’apport de nouveaux profils comme Valverde ou Rodrygo, le style du Real est redondant et demeure inefficace. Ce manque de personnalité leur est préjudiciable car un bloc discipliné peut contrecarrer aisément leur plan de jeu. Une fois ce constat réalisé, la tactique du Real consiste à confier les responsabilités du jeu aux ailiers que sont Hazard et Rodrygo et à Modric puis attendre qu’ils fassent la différence individuellement. L’équipe d’Imano Alguacil est également tributaire de l’influence d’un joueur comme Odegaard mais à la différence de l’équipe madrilène, du mouvement existe autour du porteur de balle pour lui proposer diverses solutions.

Alors que du coté du Real, on souhaite que les leaders techniques fassent la différence sans les aider, c’est-à dire en restant statique. Cette tactique réductrice et vouée l’échec se termine la plupart du temps par une perte de balle, un centre ou une frappe de loin comme à l’image de celle de Mendy au quart d’heure de jeu. A défaut de trouver des décalages dans le jeu, la solution vient des coups de pieds arrêtés. À la 37ème minute, Modric, au coup franc, délivre un centre parfaitement brossé pour Benzema qui le dévie du torse. Égalisation pas vraiment logique mais qui a le mérite de réveiller les Merengues.

La confiance comme élément déterminant :

Fort de cette égalisation, le Real Madrid attaque pieds au plancher la seconde mi-temps comme si un électrochoc s’était produit. À l’instar des personnes sans grande personnalité, dès qu’elles sont mises en confiance, la rébellion n’est jamais très loin. En seconde période, Casemiro récupère un nombre important de ballons et permet de stabiliser davantage le bloc madrilène. Les éléments offensifs sont revigorés et percutent davantage. La clé pour cette équipe réside dans sa faculté à attaquer les espaces et à créer des décalages de manière ininterrompue pour ne laisser aucun répit à son adversaire. Avec cette idée en tête, il parait certain que le Real gagnerait en efficacité et en sérénité.

Cette volonté d’aller vers l’avant est d’ailleurs rapidement récompensée par une frappe de loin de Valverde contrée par un défenseur de la Real. Dans cette seconde mi-temps, les mouvements ne sont plus isolés et incohérents mais collectifs et ordonnés notamment au niveau du trio d’attaque dont les combinaisons perturbent la Real Sociedad. Cette dernière, sûrement déstabilisée par la remontée au score et fatiguée physiquement, laisse plus d’espaces et attaque avec moins d’aplomb malgré une tactique inchangée et l’utilisation du ballon toujours pertinente d’Odegaard. La rentrée de Gareth Bale peu après l’heure de jeu vise donc à accentuer ce temps fort et acculée davantage les Basques. Modric scella en fin de match le score après un joli mouvement collectif et permet d’assurer à son équipe une fin de match plus tranquille que prévu.

Finalement ce Real Madrid aura montré, avec cette victoire 3-1, ses bons et ses mauvais côtés. Subissant consciemment durant un temps du match et montrant des signes de faiblesse inquiétants, il aura su en seconde mi-temps montrer une réaction bienvenue en prenant enfin le match à son compte comme s’il avait besoin de confiance et de motivation pour se surpasser. On ne sait pour autant quelle tournure va prendre la saison des Madrilènes mais il est certain que pour l’instant elle se joue sur des détails et qu’il faudra se montrer entreprenant et non passif contre le PSG mardi prochain.

Melvil Chirouze
@iamxmelvil

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