En appliquant une directive simple et en profitant de sa forme du moment, le Real Madrid a cueilli une victoire aisée à Ipurua. La nouvelle du jour est sans nul doute le retour définitif d’Hazard au premier plan.
Eibar est comme son entraîneur, peu équarri. Les équipes se rendant à Ipurua savent très bien quelle est leur unique mission : battre le pressing local. Si tel est le cas, la plus grande partie de la marche vers la victoire aura été parcourue. Eibar a peu d’autres ressources que sa pression désormais célèbre à travers le continent. À chaque visite dans le fief armero, le Real et le Barça appliquent la même recette. Celle-ci commence par accepter de souffrir un coup et se termine par une victoire mettant en évidence le courage d’Eibar. Fière, la présidente des Basques descend dans les vestiaires féliciter ses joueurs pour leur prestation tandis que les géants d’Espagne repartent chez eux les valises davantage pleine de points que de bon football.
L’hibernation est terminée
Grâce au plan de Mendilibar, le miracle Eibar continue chaque saison de plus belle. Il faut toutefois accepter deux fois par année, que celui-ci s’effrite. Face à certains joueurs d’une trempe bien particulière – nous les appellerons « les impressables » – il ne peut rien. Hier, Eden Hazard fit partie de cette caste. Les pressions extérieures ne purent rien contre lui. Pas plus qu’elles ne l’affectèrent.
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Le Belge est définitivement de retour parmi les grands. Sa phase d’hibernation achevée (celle-ci consiste autant à amasser de la graisse que du repos), le voilà réuni à nouveau avec lui-même. Le joueur dont la tête allait trop vite pour les jambes n’a pas passé octobre. Premier ballon touché à Eibar, une tentative de dribble dans son propre camp, une perte de balle. Au-delà de l’irresponsabilité du geste, cette initiative laissait entrevoir que le numéro 7 madrilène se sentait supérieur à ses semblables. Prévenu, jamais plus il ne se ferait prendre aussi facilement.
Les quelques dégagements initiaux consistant un passage obligé à Ipurua laissaient place à de sorties de balles plus propres des visiteurs. Là, Hazard pouvait être mis sur orbite. Toujours dans son viseur, le Belge cherchait Karim Benzema en priorité. Ce dernier ne s’approchait plus de son compère d’ailier, préférant lui offrir des lignes de passe en profondeur. Ça y est, Hazard n’a plus besoin de son acolyte dans les parages, il peut à présent se débrouiller seul. De Blasis l’a vite compris. Au total, le Belge a porté six dribbles à son crédit !
Comme à leur habitude, les Merengues élaboraient leur jeu à gauche. Mendy est pleinement intégré au jeu, perpétuant la tradition gauchiste de l’équipe. Les dédoublements du Français offraient profondeur et danger. Ne reste plus qu’à ajouter à sa palette une dose plus régulière d’une créativité entrevue çà et là. Lorsque le Real passe tant de temps à gauche, le côté droit sait que son heure finira par venir. Lucas Vázquez n’a toujours pas retrouvé sa vivacité dans le dribble, toujours est-il qu’il recevait le ballon en constante position de un contre un. Accumuler du monde côté fort, renverser côté faible, la tendance nécessaire du football sur attaque placée. C’est ainsi que le second pénalty tombait en faveur des visiteurs.
Eibar ne put rien
Rapidement devant, le Real pouvait s’estimer tranquille. Forcer Eibar à se découvrir est la meilleure chose possible. L’équipe de Mendilibar est pleinement capable de jouer en camp adverse. Elle l’est toutefois moins lorsqu’elle est sous la menace de tant de talent offensif. Chaque récupération madrilène faisait trembler les Basques. Dès la 30e, ils étaient condamnés.
Le Real a trouvé son rythme de croisière. Suspendu aux inspirations d’Hazard et aux mouvements de Benzema, le reste des joueurs se coordonne sans problèmes. Là où certains peignent des fresques, l’oeuvre de Zidane a toujours été plus modeste. Elle ne constitue qu’un cadre. Un cadre collectif dans lequel ses joueurs peuvent s’épanouir.
Neufembre
En l’absence de Kroos, Modric se chargeait d’organiser l’équipe. Dans ce genre de matches, le Croate peut toujours se reposer sur sa technique irréprochable. Personne ne peut rien contre lui. Preuve de cela, la présence de Valverde n’a posé aucune difficulté en termes de créativité. Et ce malgré l’aire de jeu taille XS d’Ipurua. Chaque match est un test pour l’Uruguayen. Ses limites finiront-elles par sauter aux yeux lorsque les espaces viendront à manquer ? En tous cas, le jeune milieu est à nouveau reparti chez lui avec les honneurs.
Au déploiement de classe de Modric, Valverde a préféré la sobriété. Situé souvent devant la ligne du ballon, il se contentait de remettre en une touche ou de contrôler orienté et de se défaire rapidement du ballon. On ne sait donc toujours pas quelles sont ses limites. Son art consiste à les cacher. Mais comme cela ne saurait suffire pour évoluer dans un grand club, il compense sans cesse par son jeu sans ballon. Celui-ci lui fait office de rançon amplement suffisante.
Trop habitué à être largué en Liga en novembre, ce Real s’accroche. L’arrivée de Valverde dans le onze aura changé beaucoup de choses. Sa présence dans le onze a annulé une crainte jusque-là omniprésente, celle de se faire écarteler en contre-attaques. Cette peur en moins, les jugones peuvent joindre leur football bout à bout et redonner aux Merengues quelques lettres de noblesse. 16 buts marqués sur les quatre derniers matches, aucun encaissé, les hommes de Zidane ont l’air d’être crédibles. Prochain objectif, abandonner le domaine des apparences pour celui des certitudes. La Real Sociedad et le PSG feront office de révélateurs idéaux de la fiabilité des nouvelles inventions de Zidane.
Elias Baillif (Elias_B09)