Oscar Garcia est un entraîneur compliqué mais aussi très intéressant à suivre. Son football, souvent ambitieux et sa méthode portée vers l’offensive rend heureux de nombreux spectateurs et supporters. Pourtant, depuis ses débuts réussis en Israël, l’ancien du Barça a eu des hauts et quelques bas. Portrait d’un coach qui vaut le détour avec la famille Cruyff et le club catalan jamais bien loin.
Joueur pendant près de 14 ans, Oscar Garcia est un Catalan pure souche. Natif de Sabadell, il rejoint très tôt le Barça et la fabuleuse Cruyff Team. Il est notamment proche d’Ivan de la Peña au Barça B. Le départ du technicien hollandais est vécu comme un déchirement pour lui et les nombreux jeunes du club qui progressaient énormément sous l’œil du génial batave. Le passage de Luis Van Gaal à Barcelone finit de le convaincre de partir. Après quelques piges à l’Espanyol et à Valence, il raccroche les crampons en 2005. Le Catalan va prendre du recul avant de retrouver très vite les terrains, cette fois dans le costume d’entraîneur.
La famille Cruyff, pour bien débuter dans le métier
Son premier poste, il l’obtient en 2009 en devenant entraîneur adjoint de Johan Cruyff lors de son passage en tant que sélectionneur de la Catalogne. Puis il rejoint les Juvenil A du Barça, avec succès. Lorsque Luis Enrique quitte la réserve, Oscar Garcia est même pressenti pour prendre la suite. Eusebio est nommé à sa place, puis le natif de Sabadell se fâche avec la direction, lui reprochant de ne pas faire honneur à l’héritage Cruyff. Il quitte donc ses fonctions et rejoint le Maccabi Tel Aviv de … Jordi Cruyff, le fils de Johan en 2012.
Directeur sportif du club, Jordi a fait de la venue d’Oscar Garcia une véritable obsession. Son arrivée doit permettre de faire retrouver le succès à un des clubs les plus puissants du pays mais qui n’a plus touché le titre depuis 2003. L’équipe n’est pas bouleversée, mais la méthode du catalan est remarquée. L’équipe joue bien, a un pressing intéressant et surtout, elle affiche un niveau de performance élevé. En 2013, un an après son arrivée, le Maccabi soulève le titre et Oscar est salué par la presse. Sauf que lui est déjà sur le départ, il démissionne et rejoint Brighton en Ship.

En Angleterre, les résultats sont encore une fois satisfaisants, l’équipe tutoie les sommets et joue un football magnifique. Le stade est plein, et l’équipe joue les barrages d’accession. Cette fois, il échoue et encore une fois, il est déjà sur le départ. Oscar à la bougeotte et est un sentimental. On le remarque lors des rencontres, il bouge beaucoup et vit les matchs à fond. Garcia choisit ses clubs à l’instinct, tout en recherchant l’endroit le plus propice pour performer, l’argent ne rentrant que très peu en compte dans ses choix de destination. Il retourne au Maccabi mais la guerre le pousse à démissionner. Puis il signe à Watford mais des problèmes cardiaques l’obligent à se retirer. Après s’est soigné, il découvre un nouveau pays : l’Autriche.
La gloire avec le Red Bull Salzburg malgré un environnement particulier
Lorsqu’il signe à Salzburg, le club est riche, joue le haut du tableau et soulève quelques victoires. Cependant peu après son arrivée en cours de saison pour prendre la suite d’un Peter Zeidler qui n’a pas laissé de bons souvenirs, il va aller de mauvaises surprises en mauvaises surprises. Le club n’est plus la priorité de Red Bull qui voit en Leipzig, une meilleure opportunité. Salzburg devient alors la réserve des Allemands et chaque mercato, les meilleurs joueurs du club rejoignent l’Allemagne. Alors que le club devait stagner voire régresser, Oscar réalise le doublé coupe championnat deux années de suite. Des records de points sont aussi réalisés, l’équipe est solide, le 4-4-2 plaisant et même si les résultats en Coupe d’Europe sont moyens, il est très largement apprécié. Son passage est dévaluée en rapport à l’apport de Marco Rose, mais il a été excellent en Autriche.
Après deux ans, un peu las des départs massifs et de devoir composer avec un effectif changeant, il rejoint la France à la surprise générale. Même s’il n’est pas le premier nom sur la liste, Oscar Garcia signe à l’AS Saint Etienne. Son objectif ? Faire des verts un club attrayant, après deux années décevantes sous Galtier. Son passage ne dure pas pour diverses raisons mais son apport est notable et remarqué. Il démissionne encore une fois, expliquant notamment, que l’environnement ne lui permettait pas de mettre en place sa méthode de manière efficace.
Peu de temps après son départ de France, il rejoint la Grèce et l’Olympiakos, en cours de saison. L’histoire dure encore moins longtemps, les résultats sont décevants et il démissionne avant la fin du championnat. Le club est instable, le championnat Grec particulier et là encore, il se rend vite compte qu’il est impossible de mettre en place sa méthode comme il faut. Ne voulant pas perdre de temps, il préfère partir que de travailler dans un environnement loin d’être facile à appréhender.
Une méthode saluée, une personnalité différente
Entre 2012, sa première expérience sur les bancs en tant que numéro 1 et sa signature au Celta en cette année 2019, Oscar Garcia aura connu six clubs. Des expériences souvent très courtes, le Catalan ne s’est jamais installé plus de deux saisons dans un club, il est même parti deux fois après une seule saison et il a la démission facile. Mais pour autant, le natif de Sabadell est plutôt apprécié partout ou il est passé. Même à Saint Etienne, où l’histoire a tourné très vite court, il n’est pas le premier blâmé et sa patte a été remarquée. Quand il quitte un club, c’est simplement qu’il pense qu’il ne peut pas apporter plus au club et qu’il doit donc laisser la place à un autre.

En Autriche, dans un contexte particulier, il a su performer. Pierre Gorce, spécialiste du football autrichien revient sur l’apport du technicien espagnol au Red Bull Salzburg. « J’en garde quand même un bon souvenir. À 3 minutes près, c’était sous Garcia la première de Salzburg en poules de LDC. Il a eu tout ce qu’il fallait pour réussir en Autriche. Après il lance Upamecano à 16 ans, Haïdara tout juste 18, Samassekou à 19, il fait passer un palier à Lazaro avant son départ à Berlin. Mais un joueur comme Munas Dabbur a mis pas mal de temps à s’insérer dans la tactique. Au niveau autrichien, il est resté sur 2 doublés coupe/championnat. Au niveau des résultats ça reste un bon bilan mais c’est pas l’entraîneur qui a le plus marqué à Salzburg. » En Israel, le journal Hareetz a été dithyrambique lors de son titre en 2013. «Il a pris un club dépressif et l’a insufflé avec une nouvelle vie. Il a pris un club qui s’était effondré et l’a rendu à son ancienne gloire. «
Souvenirs, souvenirs
À Brighton, c’est les supporters qui ont légitimé le style du Catalan, comme il l’explique à Siempre el Futbol. « Pour tous les matchs à domicile, il y a foule. C’est la meilleure réponse. Parce que les gens ici veulent voir notre philosophie, ils veulent voir un football bon, attrayant et offensif. Nous ne sommes pas en haut du classement mais nous sommes en haut (du classement de l’affluence) avec un stade plein. Notre stade est toujours plein. Et ce n’est généralement pas le cas lorsque vous êtes 15ème. »
À l’Olympiakos, son passage laisse une impression différente. OlympiakosFR revient sur ça avec des mots assez justes : « C’était très instable, sans doute plus que jamais dans notre club. Mais il faut reconnaître qu’il n’a rien insufflé, que tactiquement c’était une bouillie malgré son CV prometteur, et qu’il a dilapidé le travail de Lemonis avant lui, qui nous avait mis en position de leader à défaut de bien faire jouer son équipe. Donc oui, ça a été clairement raté. Même sur un laps aussi court, un mec comme lui se doit de laisser une trace dans un championnat comme la D1 grecque ».
Sur le terrain, on peut voir beaucoup de choses et Oscar n’est pas cantonné à un 4-3-3 Cruyffiste. En Autriche, comme l’explique Pierre Gorce, il a oscillé entre plusieurs schémas. « Pendant un temps, le club a joué en 4-2-3-1 puis il y a eu plusieurs changements de dispositifs et jusqu’à son départ ça jouait en 4-4-2 à plat. » En L1, on a vu surtout son 4-3-3, son système préférentiel sur le papier comme l’explique Sergi Sole de Mundo Deportivo. « Il a une philosophie offensive. C’est un adepte du 4-3-3. Il aime que ses équipes soient tournées vers l’attaque et prône un jeu de possession. Ses équipes touchent donc beaucoup le ballon, suivant le style du Barça de Cruyff qui reste son modèle absolu. » Sauf que le plus important dans la méthode Garcia, c’est certainement la mentalité qu’il inculque à ses équipes.
Pressing, déplacement et ajustement tactique
En L1 notamment, Saint Etienne sortait de deux saisons très mornes dans le jeu et les résultats. Avec peu de bouleversements au niveau de l’effectif, il a fait des débuts canons avant de s’essouffler. Même si le jeu n’était pas magnifique, l’attitude des Verts à la perte de balle était intéressante. À chaque fois qu’ils perdaient le ballon, les joueurs enclenchaient directement un pressing pour le récupérer. Des situations qui arrivaient régulièrement dues aux limites techniques des joueurs en place. Une idée qui colle avec la philosophie du Catalan comme il l’explique régulièrement. « Nous essayons d’obtenir le ballon le plus tôt et le plus haut possible dans le terrain. Normalement, nous essayons de le faire en 5 secondes. C’est dur mais c’est l’une des choses sur lesquelles nous travaillons beaucoup lors des entraînements. C’est une des choses que les meilleures équipes du monde contrôlent. »
Un autre point remarqué en France est sa volonté de s’ajuster à son adversaire. À Sport, il explique : « J’aime étudier comment faire souffrir l’adversaire, comment utiliser les qualités de mes joueurs. J’ai une passion pour ça. » Un hobby qui peut déstabiliser. Romain Hamouma après une défaite face à Montpellier, s’était confié sur les nombreux ajustements voulus par le Catalan durant le match. « On a commencé dans une tactique, après on a changé mais je crois qu’on n’avait pas compris ce qu’il fallait exactement faire et où se positionner. Ça a mis énormément de temps à se mettre en place et on prend un but bête. »
En France, on a aussi vu de très près son intransigeance. Très exigeant envers lui même et demandant beaucoup à son groupe, il n’hésite pas à plier bagage quand il n’a plus ce feeling. Dans sa lettre qui explique son départ, il l’explique. « Une chose qui me caractérise est le fait d’être une personne honnête et intègre. En ne pouvant pas travailler de la manière que je voulais – je répète qu’il ne faut pas chercher de coupables mais des solutions – je me suis rendu compte que continuer ainsi n’était bon ni pour moi, ni pour le club. J’ai donc décidé de prendre une décision honnête, sans aucune demande particulière, afin d’avoir la conscience tranquille. »
Au bon endroit au Celta Vigo ?
Son arrivée à Vigo fait sens. Tout d’abord parce que le club a une affinité particulière avec les coachs étiquetés Barça depuis l’arrivée de Carlos Mourinho à la présidence du Celta. Le très bon passage de Luis Enrique est encore dans de nombreuses têtes. Aussi parce que dans l’effectif, de nombreux milieux techniques sont présents comme les anciens Blaugrana : Rafinha et Denis Suarez. L’équipe est taillée pour jouer le genre de football que porte le technicien catalan. Mieux encore, la pression n’est pas très grande autour du club, il va donc avoir du temps pour mettre en place sa méthode, ce qui semble lui falloir pour performer. Son premier match, face au Barça est un clin d’oeil de l’histoire assez cocasse pour la première expérience d’Oscar Garcia sur un banc de Liga. Va-t-il réussir ou démissionner dans 3 mois ? Réponse bientôt.
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13