L’histoire de Loren Moron avec le Betis et la Liga est particulière. Depuis son premier match en février 2018, le natif de Marbella a connu une renaissance après des débuts en fanfare et une saison très compliquée. À chaque fois qu’il a commencé à enchaîner les buts, c’était pour éviter de voir sa formation sombrer. Comme si le buteur ne pouvait exister qu’au pied du mur. Retour sur l’apport particulier d’un joueur différent.
Loren Moron a tout du super héros. Son éclosion, entre 2018 lors de la première saison de Setien à Séville a permis de faire basculer le club dans une bonne dynamique. Connu pour avoir du mal à conclure, le natif de Marbella a émergé à la surprise générale pour secouer le cocotier et permettre aux Verdiblancos de retrouver l’Europe. Cette saison, les Andalous tutoient la relégation mais sont encore en vie essentiellement grâce aux buts de Loren. Pourtant, l’attaquant a été poussé dehors cet été. Rétrospective.
Un buteur particulier
Sa promotion en janvier 2018 après une très bonne période avec le Betis-Atletico a surpris beaucoup de monde. Pas que Loren Moron n’ait pas de talent mais que celui-ci ne semble pas vraiment taillé pour la Liga. Buteur assez grand, le natif de Marbella est assez à l’aise avec le ballon, il sait attaquer la surface mais aussi vivre au large. Le buteur est difficilement cantonable à un seul registre. Une spécificité qui l’a rendu aussi indispensable que difficilement installable sur la durée.

Photo: Kiko Hurtado / Marca / Icon Sport
Loren Moron a une lecture des espaces vraiment intéressante. Dans la boîte, son grand physique et son agilité en font un garçon facilement trouvable et qui se jette sur chaque ballon. Sans être le plus talentueux, il réussit à se trouver là où il faut quand il faut pour mettre le pied, la tête ou le genou et faire trembler les filets. Malgré ses moins de deux tirs par match en moyenne, Loren sait marquer. Dans le football de débordement des latéraux de Setien, avoir un tel buteur dans la boite a rendu quelques services. Cette saison aussi, et quelques fois il ponctue ses matchs de frappes de loin qui font mouches ou de dribbles intéressants.
Cependant, Loren Moron matérialise parfaitement la manière dont les buteurs sont cycliques. Le natif de Marbella a marqué 20 fois avec le Betis en Liga le tout dans 16 matchs réparti dans les 130 minutes qu’il a joué avec l’équipe fanion des Verdiblancos. Pire encore, 14 de ses buts ont été marqué entre ses 15 premiers matchs et ses 10 derniers. Dans ces conditions, difficile de se projeter avec un garçon qui n’est pas vraiment utile en dehors de ses buts et qui peut passer de longs moments sans marquer. Loren ne permet pas de soigner les soucis du Betis mais son émergence cache les symptômes et permet de les oublier durant quelques semaines.
Le buteur qui tombe à pic
Ses périodes de buts coïncident avec de moments clés dans l’histoire immédiate du Betis. En 2018 lors de la deuxième partie de la première saison de Setien sur le banc, son émergence a permis de relancer un cercle vertueux et d’accrocher l’Europe en fin de saison. Son apport bénéfique sur le court terme a pourtant causé beaucoup de torts sur la durée à l’ancien de Las Palmas. Ces 7 buts ont matérialisé l’émergence d’une génération de qualité mais aussi surévalué un club qui n’allait pas fort collectivement. Quand Loren est redevenu un joueur lambda, le Betis a retrouvé ses problèmes et Setien a fini par être destitué.
Je ne savais même pas que j’allais être convoqué. C’était dans le bus. Eder (le second de Setién, fils de Manu Sarabia) s’est approché de moi et m’a dit que j’allais jouer. Au début, j’avais des nerfs terribles, mais ensuite, quand le jeu a commencé, j’étais calme. Tout s’est bien passé et j’ai marqué deux buts » Loren sur ses débuts
Cette saison, le buteur a marqué 50% des buts du Betis en Liga. Les Verdiblancos ont pris 12 points et Loren a apporté directement 4 points avec ses buts sans compter son égalisation face à Leganés qui a accouché d’une victoire pour les Andalous. Sa réussite est telle, qu’elle a poussé Rubi a mettre sur pied un 442 pour pouvoir associer Loren et Borja Iglesias. Encore une fois, il a permis au Betis de ne pas sombrer et de prendre des points malgré un marasme collectif clair. Ce Betis est encore plus malade que ne l’était celui de Setien.

Poussé au départ cet été, Loren Moron ne semble pas être un garçon avec qui on construit quelque chose. Pourtant son ratio minutes/buts est vraiment excellent mais son côté cyclique en fait un garçon trop instable sur la durée. De plus, il semble avoir besoin d’un marasme clair pour performer. Quand tout va bien, il est moins décisif et moins servi. Impossible de dire combien de temps sa bonne passe va durer, mais il est probable de le voir titulaire face au Real. De quoi continuer à entretenir son image de sauveur ?
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13