Depuis la nomination de Paco Lopez à la tête de Levante en mars 2018, le club d’Orriolls a vécu plusieurs métamorphoses. Entre le 442 des débuts tout en verticalité et un 352 avec une recherche de maîtrise, l’actuel entraîneur des Granotes est en quête continuelle de l’approche qui apportera au club une continuité dans le résultats. En ce moment, c’est le milieu qui semble tracasser le chauve. États des lieux des multiples questionnements du natif de Silla.
Depuis sa nomination et avec une seule saison complète à la tête de Levante, Paco Lopez s’est déjà offert le luxe de connaitre la victoire face au Barça et au Real en alliant l’efficacité et la manière. Cependant, le plus dur dans le football ce n’est pas de performer mais de réussir à s’installer sur la durée en se réinventant constamment. Paco Lopez a sauvé le club avec un 442 porté notamment par la pieuvre Lerma puis a acquis un second maintien avec un 352 qui a fait le travail à défaut de pouvoir installer le club dans les hautes sphères du championnat. Cette saison, les Granotes ne doivent pas palier le départ d’un cadre mais Paco Lopez tarde encore à trouver la bonne formule. Etat des lieux.
Une recherche d’équilibre destructrice
C’est une quête qui anime énormément d’entraîneurs pourtant connus pour offrir un football offensif de qualité. La saison dernière, Quique Setien n’a jamais réussi à trouver le bon dosage entre furia offensive matérialisée par l’association de plusieurs joueurs créatifs et une recherche d’équilibre globale pour maintenir la cohérence du groupe à la perte. Paco Lopez, connu pour réussir à rendre vivable des associations contre nature au milieu tâtonne énormément cette saison. La saison dernière, son milieu Bardhi-Rochina avec Campana en pointe basse alliant une bonne occupation du terrain et une dose de créativité au dessus de la moyenne couplé à une défense à 3 avait permis à Levante de prendre des points importants même si le club a connu des moments très compliqués.

Photo by Icon Sport – Victor SANCHEZ – José CAMPANA – Estadio Ciudad de Valencia – Valence (Espagne)
Cette saison, comme l’année passée, Paco tente d’inclure de plus en plus régulièrement Vukcevic au milieu de terrain. L’ancien de Braga est un milieu à vocation plutôt défensive, qui doit permettre de stabiliser un bloc. Cependant, son apport ballon au pied est plutôt inintéressant. L’arrivé de Radoja, capable d’être à l’aise avec le ballon tout en étant capable d’abattre un travail défensif de qualité apporte une nouvelle carte dans la main de Paco Lopez. Au milieu, l’ancien de Valence a l’embarras du choix avec en plus l’arrivé de Melero et la présence dans l’effectif de joueur comme Rochina et Bardhi. Une opulence qui ne permet pas encore à Levante de trouver un rythme de croisière. Connu pour sa folie offensive les saisons précédentes, Levante n’a marqué que 12 fois en 11 journées et connu déjà cinq fois la défaite.
Oscillant entre un 442 avec des intérieurs excentrés ou un 433 assez classique dans sa construction, le Levante de Paco Lopez ne réussit pas à imprimer quelque chose. Pire encore, la production offensive est assez décevante. Devant, Roger Marti, Sergio Leon ou encore Mayoral ne réussissent pas à s’affirmer. Les rotations sont nombreuses ce qui empêche aussi l’installation d’automatisme. La manière dont Paco Lopez s’est entêté avec Vukcevic (le 3e milieu central avec le plus de minutes) est symptomatique du glissement de la philosophie de l’entraîneur. Levante ne cherche plus à imposer son jeu mais tente surtout de se protéger des attaques adverses et redevient une équipe trop souvent banale. Les Granotes qui semblaient redevenir une équipe solide n’ont plus cette flamme qui a rendu la formation intéressante à suivre.
L’éclaircie Real Sociedad
Cette semaine pour le compte de la 11e journée, Levante a aligné de nouveau un 442 avec quatre milieux centraux comme face à Alaves. Les changements ? Vukcevic sur le banc remplacé par Radoja et Melero dans le coeur du jeu avec Campana sur un côté et Mayoral titulaire. La sensation globale entre les deux matchs est la même, avec ce schéma, Levante maîtrise bien mieux le ballon et protège globalement mieux sa surface. Bien sûr, l’adversité n’est pas du même niveau et en deuxième mi-temps face à la Real Sociedad, Levante a bien plus souffert. Mais dans le jeu, quand Levante ne cherche pas à se protéger et joue son football, l’équipe semble plus à l’aise même sans avoir énormément de possession.

LaLiga Santander match between Real Sociedad and Levante. In this picture, Bardhi celebrates his goal.
Photo by Icon Sport – Enis BARDHI – Stade Anoeta – Saint Sebastien (Espagne)
L’idée n’est bien sûr pas de prendre 45 minutes de football et de tirer des conclusions définitives sur ce que peut faire Levante ou non. Mais en alignant une pointe associative comme Borja Mayoral avec un joueur de rupture comme Morales avec 3 créateurs d’un niveau vraiment supérieur avec un équilibreur pas maladroit avec ses pieds, Levante semble trouver une forme intéressante. Le premier but, parti d’une récupération haute et d’une attaque rapide avec des remises en une touche qui a abouti à un but magnifique de Bardhi laisse présager des choses intéressante pour la suite.
Sans avoir trouvé une solution à tous ses problèmes, Paco Lopez et Levante ont vu dans ce match se matérialiser un axe de travail intéressant et qui change de l’approche ordinaire. En enlevant son buteur le plus intéressant dans la boite pour préférer un joueur qui sait vivre loin des buts et s’associer avec ses coéquipiers, Levante a créer énormément. Son xGoal face aux Basques a été l’un des plus importants de la saison. Face au Barça, Paco Lopez sera de nouveau devant un choix cornélien, tentera t’il de renforcer son milieu ce qui offert des spectacles affligeants pour le club face au Real et au Betis, ou reviendra-t-il à ce que Levante sait faire : jouer son football quelque soit l’adversaire. Les Granotes de Paco Lopez se sont construits avec la créativité du milieu, son retour au premier plan passera très certainement par là, aussi.
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13