Diego Martinez, guide d’un Grenade qui a battu le Barça et défie le Real Madrid

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Son nom est apparu un peu à la surprise générale dans l’Europe du football il y a quelques semaines. Diego Martinez n’est pourtant pas un inconnu en Espagne, mais pour sa deuxième expérience avec une équipe fanion, ses résultats impressionnent grandement. A la tête d’un Grenade enthousiasmant, il va affronter le Real Madrid au Bernabéu après avoir battu le Barça à domicile. Portrait d’un garçon sur les bancs depuis plus de dix ans qui découvre la lumière depuis peu.

Galicien de naissance, Diego Martinez a pourtant quitté relativement jeune son Vigo natal sans jamais y revenir pour des motifs professionnels. Son football est fortement lié à l’Andalousie, c’est la bas qu’il a été nommé entraineur pour la première fois, son passage au Seville durant près de 8 ans l’ayant profondément fait évolué en tant qu’homme et en tant qu’entraineur. Maintenant à la tête de Grenade et pour sa deuxième saison à ce poste, Diego affole les compteurs et rend les foules dingues. Présentation.

Un entraîneur précoce :

De formation, Diego Martinez est un latéral droit. Logiquement, il rejoint le Celta Vigo pour y suivre une formation qui devait aboutir à une carrière dans le football. Au cours de celle-ci, il quitte sa Galice pour rejoindre Cadiz quelques temps. En 2001, après quelques blessures et une prise de conscience que sa carrière ne décollera jamais, Diego raccroche les crampons. Il a alors 21 ans, ne sait pas trop ce qu’il va faire mais une chose est certaine : le football ne le quittera pas.

Rapidement, il migre à Granade pour s’inscrire à la faculté et suivre des études dans la science du sport et du coaching. Il écume aussi les clubs limitrophes de la ville andalouse pour trouver un poste en tant qu’entraîneur de jeunes. En formant des petits gars à Olbolot, il fait la rencontre d’Oscar Cano. Diego et Oscar ont 7 ans d’écart, le Galicien étant le cadet des deux. Alors que Cano est l’entraîneur principal du club, les deux vont se lier d’amitié. Quand le natif de Granada quitte le club pour rejoindre Arenas, Martinez le suite dans ses valises.

D’abord entraineur des jeunes puis en adjoint de Cano, Diego Martinez gravit tranquillement les échelons. En 2006, quand Oscar quitte le club, c’est logiquement le Galicien qui reprend les reines du club. L’histoire dure une saison, puis Martinez rejoint Motril en Tercera. On est en 2007, Martinez a 27 ans et détonne dans le microcosme du football andalou. Rapidement les résultats sont là, Motril devient une équipe solide et difficile à jouer. Pour El Pais, le natif de Vigo était revenu sur cette période charnière pour lui.

« Quand j’entraînais en Tercera à 25 ans, ils m’ont accusé d’être trop jeune. J’ai toujours voulu progresser, en tant que technicien et en tant que personne. Je crois beaucoup à la culture de l’excellence. Je n’ai jamais pensé à la prochaine étape, mais j’ai toujours été préparé pour la suite. En Tercera, je voulais être spécial, améliorer ma méthode. Je ne m’attendais à rien, mais je savais que j’étais prêt si le temps était venu « 

Un coup de fil de Monchi déterminant :

Alors qu’il n’a pas encore 30 ans et continue de faire ses preuves en Tercera, Diego Martinez va recevoir en 2009 un appel qui va changer la suite de sa carrière. Depuis toujours, il se prépare à cela sans vraiment y courir derrière non plus. Au bout du fil, c’est Monchi, le légendaire DS et homme à tout faire de Seville. Il apprécie grandement la personnalité des équipes du Galicien et il veut le voir rejoindre la structure technique du club. Diego n’hésite pas une seconde et quitte la ville qui lui a permis de vivre du football pour rejoindre un club qui est en train de devenir un géant européen.

En 2010, il entraine le Sevilla C, la première équipe inscrite du club dans les plus basses divisions espagnoles. Ses résultats sont bons, et il travaille dans le même temps avec Marcelino puis Michel Gonzalez alors entraîneurs du FC Seville. Par la suite, il sera aussi dans le staff d’Unai Emery et donc présent lors des sacres européens du club. En 2014, il fait part de son envie de retrouver les bancs en tant que numéro 1. Monchi comprend la demande du galicien et le nomme alors entraîneur de la B du club. Alors en D3, l’objectif est de faire grandir des jeunes et le maintien.

Pour sa première saison avec cette nouvelle casquette, il répond sans trembler aux objectifs. Sauf que Diego Martinez ne peut pas se contenter du maintien et sa méthodologie est bien plus épaisse après avoir côtoyé de tels entraineurs. Pour sa deuxième saison en Segunda B, il mène les jeunes de Seville à une montée historique et inattendue en D2, la plus haute division accessible pour les secondes équipes. A 36 ans, Diego vient d’écrire la première grande ligne de son CV. Dans le Nervion on voit apparaitre le type d’entraîneur qu’il sera à Granada. La logique de groupe est notamment très importante pour le Galicien et une grande attention est portée au détail. Avec des Marc Gual, Carlos Fernanez ou encore Borja Lasso, il va par la suite se maintenir sans trop de problèmes en Segunda. Le Sevilla Atletico finit 9e. En 2017, après cet exploit retentissant et le coeur lourd, Diego Martinez quitte Seville pour voler de ses propres ailes.

La grande répétition avec l’Osasuna, les confettis avec Granada

Après son départ logique de Séville, Diego Martinez retrouve très vite un banc : celui d’Osasuna. Alors relégués de Liga, les Navarrais ont un groupe de qualité mais en déficit de confiance. La mission du galicien est claire : Remonter. Ce choix du club détonne un peu sans surprendre. L’ancien de Séville a 37 ans, va disputer sa deuxième saison en Segunda avec un effectif conséquent et surtout un budget important. Cependant, le mariage ne prend pas et Diego quitte le club après une saison à sa tête sans avoir réussi a au moins qualifier le club pour les play-offs d’accession. Cette expérience loin de l’Andalousie est frustrante pour tout le monde.

Cependant, Diego ne va pas rester longtemps sans contrat et sans surprise, c’est Granada, une ville avec qui le Galicien a un lien particulier qui fait un proposition à l’entraîneur. Marié avec une locale, Martinez a vécu et débuté le métier d’entraîneur dans la région. Maintenant, il va s’asseoir sur le banc d’un club qui a fait le bonheur des habitants de la ville mais qui est dans le creux de la vague depuis trop longtemps. À son arrivée, les périodes fastes sont terminées, le club veut se remettre à travailler avec logique et méthode. En plus d’arriver avec la totalité de son staff présent à Osasuna, Grenade signe Antonio Cordon ancien DS de Monaco et Villarreal. Une nouvelle ère est lancée.

Crédits : Icon Sport

Après un mercato sans folie, Granada va vivre une saison historique. L’équipe tourne bien, l’Aficion peut de nouveau s’identifier à son équipe et une alchimie se matérialise sous nos yeux. Les Nazaris enchaînent les bons résultats et vont finir par se classer 2e de Segunda. Une place qui offre la montée directe à Diego Martinez et son équipe en Liga. Le galicien a 39 ans, et après 3 saisons en Segunda, il découvre déjà le plus haut niveau du football espagnol. Lui qui n’a jamais été un joueur professionnel. A force de travail, la D1 s’offre à un entraineur vraiment intéressant et surtout très travailleur.

Une méthode aux résultats déjà historiques

Mais comment Diego Martinez peu avoir de tels résultats sans pour autant tout chambouler l’effectif lors de ses signatures ? Sa capacité d’adaptation est connue et reconnue. Diego a une phrase qui symbolise sa capacité à être un entraîneur liquide. « Si j’ai des citrons, je fais de la limonade et si j’ai des oranges, je fais de l’orangeade« . Idole de Granada, Diego guide parfaitement son équipe. Une autre phrase matérialise bien la méthode du galicien. « Cela nous coûtera notre vie pour gagner, mais nous donnerons nos vies pour y parvenir ». Son lien avec Granada est très fort, et son côté fédérateur plait à tout le monde.

En Andalousie, Diego Martinez s’appuie sur un 4231 modulable en 433 mais aussi en 442. Pointilleux, il aime que son équipe s’adapte à son adversaire et soit capable d’évoluer dans plusieurs registres. Cependant, elle sait aussi être dominatrice avec son football vertical qui est tout sauf patient. Cette réussite s’appuie aussi sur un groupe divisé en trois catégories. Tout d’abord les anciens, garant de l’identité et premier relais de l’entraîneur. Diego Martinez l’explique bien : « Nous avons de bons joueurs, des gens qui viennent de la boue et qui ont envi de progresser comme Víctor Díaz , Rui Silva , Montoro , Quini , Antonio Puertas … Ils peuvent faire face à n’importe qui et ils le montrent. » Ensuite, les joueurs connus du Galicien depuis son passage à Séville : Carlos Fernandez et Eteki notamment. Pour finir, il reste les recrues du mercato estival 2019. Des joueurs qui sont soit très talentueux soit riches d’expériences comme Machis, Soldado ou encore Gonalons et qui ont permis au club de faire un vrai bon qualitatif.

Second au classement et avant de fêter son 50e match sur le banc de Granada face au Real, Diego Martinez a déjà écrit l’histoire du club. Granada a déjà surpassé la mythique équipe des années 70 avec ses 14 points en 7 journées. Après avoir battu avec la manière le Barça cette saison, les Nazaries et Diego veulent une nouvelle fois s’offrir le scalp d’un géant. Cependant, rien ne sera simple au Bernabéu face au Real. L’équipe n’a gagné qu’une fois dans histoire dans ce stade légendaire en Liga. Néanmoins, ce Granada est fait d’un bois différent et l’histoire est faite pour être écrite et Diego Martinez semble à l’aise dans ce domaine.

Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13

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