Segunda / Leilei Gao, le chinois qui paie pour jouer à la Ponferradina

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Le nouveau promu de Segunda, la Ponferradina a annoncé ces derniers jours, le recrutement de Leilei Gao, un joueur professionnel chinois âgé de 39 ans. Plus qu’une histoire médiatique, cette transaction fait rentrer le football espagnol dans un nouveau système de « pay for play » et ce n’est pas très rassurant. Furia Liga analyse ce transfert et les possibles dérives.

Leilei Gao est milieu de terrain offensif né en 1980 à Pekin, en Chine. Il commence sa carrière professionnelle dans le club de WH O Valley dans son pays natal. Son passage de plusieurs années à Sinobo Guoan va amorcer son périple sportif à travers le monde dans le milieu des années 2000. La Chine ouvre ses portes et ses bons joueurs partent vers des clubs moyens de seconde zone. C’est le cas pour Leilei qui va se voir transférer en Nouvelle-Zélande puis en Finlande, étapes exotiques entrecoupées de retour au pays. Après un passage aux Etats-Unis du côté des Minnesota stars, il pose ses valises en Espagne à l’UE Cornella, équipe de Segunda B, en 2016.

Un Gao en Espagne

Même si le joueur a eu de bonnes périodes pendant plusieurs années, quand il arrive en Catalogne, il est loin d’avoir le niveau de Segunda B. Son rendement est très discutable. Il joue alors 37 minutes pour 4 matchs pendant ses trois saisons passées à Cornella. Il a tout de même une valeur marchande de 50 000 €, ce qui parait peu mais à la fois énorme pour un joueur qui passe son temps en tribunes. En 2018, il est transféré ensuite au FC Jumilla (un club toujours proche de la Chine), toujours en Segunda B. Il foule la pelouse durant 93 minutes pour 5 matchs disputés en une saison.

C’est dans ce contexte que cet été, le président du club de la Ponferradina, José Fernandez Nieto annonce alors le recrutement de Leilei dans son club qui vient de monter en Segunda. Les suiveurs de la division et les supporters d’El Toralin, restent circonspects concernant la plus-value sportive d’un tel transfert. Et, ils ont raison, le bon vieux Leilei n’a joué que 51 matchs au total dans ses 10 derniers clubs. La question, on se la pose tous, mais quelle est l’utilité d’un tel transfert ?

Plus que Marketing

Le président de la Ponferradina, Nieto, s’explique : « La Liga contrôle nos finances et notre plafond salarial. Ce transfert nous permet d’élever la limite et ça nous permettra de recruter un défenseur central, un poste où on a des besoins ». Tout est dit. Leilei est donc qu’une manœuvre pour déjouer les règles du fair-play financier. En effet, le joueur chinois est une institution dans son pays. Il est suivi par des millions de personnes et a même une école de foot de plus de 5000 jeunes joueurs. Il arrive au sein du club avec dans ses bagages, un sponsor chinois qui a permis une belle rentrée d’argent et ainsi d’élever les finances (comme l’a révélé, Nieto).

Sa venue est donc bénéfique pour le club de Léon, qui voit augmenter ses suiveurs sur les réseaux sociaux et le nombre de maillots vendus. La Ponferradina a donc gagné en popularité et en budget mais nullement d’un point de vue sportif. Le joueur chinois a foulé la pelouse d’El Toralin, lors de sa présentation et ça devrait être la première et la dernière fois de la saison car il n’existe aucune clause concernant les matchs. Mais, dès lors, on peut se poser la question des dérives de tels transferts.

Crédits : La Nueva Cronica

Leilei Gao n’est pas le précurseur de telles transactions. On peut se rappeler de Zhang Chengdong qui est arrivé au Rayo en 2015, âgé de 26 ans mais avec de vraies qualités footballistiques ou des footballeurs saoudiens, un peu partout en Espagne en 2018. Le premier a disputé 4 matchs et seul, Fahad a joué quelques minutes avec Levante. On nous parlera de foobtall moderne géré par l’argent mais, la dérive n’est qu’à quelques encablures.

Le Pay for Play, la vraie dérive !

Imaginons, un gros sponsor qui décide d’apporter une énorme somme d’argent avec en contre-partie le fait de faire jouer un joueur un certain nombre de matchs. Si le joueur a de vraies qualités, cela ne posera qu’un problème à l’entraîneur qui devra composer et imposer cette contrainte à ses joueurs. Mais, si le joueur n’est en aucun cas au niveau, comment un vestiaire pourrait supporter cela?

Ce dernier paragraphe parait être de la science-fiction et, on espère que cela le restera. Mais, dans un monde où l’argent est le nerf de la guerre, où le football se conjugue avec capitalisme, si la moitié d’une équipe disposait de cette clause du « Pay for Play », cela serait-il vraiment un problème en interne ?

Mais sommes-nous prêts à nous insurger contre ses dérives ? La majorité dirait oui ! Mais quand on voit que l’inconscient populaire a admis les prémisses de ces manœuvres alors qu’elles auraient été rejetées en bloc, il y a plusieurs décennies, l’avenir semble s’assombrir.

Par Jé Pintio

(@JePintio)

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