Le Métropolitano s’était drapé de ses plus belles couleurs et l’Atleti alignait une équipe cinq étoiles. Tout semblait réuni pour assister à une démonstration des hommes de Diego Simeone, pour faire la passe de trois en Liga et surtout, augmenter l’écart avec le Real et le Barça. Sauf que voilà, Eibar avait du répondant et les Colchoneros ont dû s’employer pour arracher la victoire après avoir été menés 2-0. Retour sur un match plaisant qui a surtout donné des certitudes au Cholo, plus que des doutes.
Un 4-4-2 en diamant face un 4-2-3-1. Pour ce match, Mendilibar et Simeone ont aligné des équipes cohérentes et fortes sur le papier. Côté Basque, Inui retrouve la Liga avec le club qui lui a permis de changer de dimension. Sur son aile gauche et accompagné de Pedro Léon et Orellana, ils doivent permettre aux Armeros d’enfin lancer leur saison. De son côté, le Cholo retrouve Renan Lodi, aligne Llorente au milieu et titularise Hermoso derrière. Les présentations faites, le match va livrer un scénario inattendu mais fort plaisant.
Un Atleti bousculé par un Eibar conquérant et incisif
Comme lors des deux premiers matchs, l’Atleti tente de mettre en place un jeu posé. Llorente doit être le premier relanceur de l’équipe, ensuite doit s’articuler un jeu intérieur qui doit déboucher sur une ouverture pour un latéral qui pourra galoper et apporter une vraie différence. Cependant comme face à Getafe, les Colchoneros doivent répondre rapidement à un pressing tout terrain d’Eibar. À la différence des Azulones, les Basques sont habitués à jouer ainsi, et restent haut à la perte pour mettre une vraie pression sur le porteur du ballon lorsqu’il est rouge et blanc.
L’Atleti n’arrive alors pas à ressortir proprement le ballon et multiplie les erreurs ou les longs ballons par dépit. Surtout qu’à la 7e, une course d’Orellana se conclut par une belle tête de Charles au milieu d’une défense étonnement perdue assène le premier coup de massue sur la tête des Colchoneros. Dans le sceau et face à un Eibar qui ne change pas de plan, l’Atleti galère. Cependant sur une belle ouverture et un beau geste de Renan Lodi, les Madrilènes se créent une première grosse occasion mais la frappe de Diego Costa s’envole. Dans les cordes, l’Atleti n’arrive pas à toucher Llorente et abuse donc de longs ballons vers Diego Costa et Joao Félix, sans réussite.
Le plan de départ de l’Atleti se voit donc chamboulé. Alors que l’équipe entraînée par Diego Simeone nous avait habitué à chercher un relais intérieur, la voilà qu’elle canarde sans réflexion. Sous pression, les relanceurs n’arrivent que trop rarement à trouver un appui pour s’ouvrir des espaces. Les erreurs de Trippier illustrent bien la mainmise d’Eibar sur le match. Surtout qu’à la 20e, après une mauvaise relance de Hermoso, Arbilla claque un sacoche contrée qui trompe Oblak. L’Atleti est donc mené à la maison, a encaissé ses deux premiers buts de la saison et n’arrive pas à retrouver le fil du match.
Et la lumière apparue à l’intérieur
Entre deux séquences caricaturales, l’Atleti réussit à trouver un relais vers l’intérieur. Joao Félix et Diego Costa sont activés, le buteur espagnol à la suite d’une longue conduite de balle résiste à la charge du défenseur et trouve le Portugais qui pousse le ballon au fond. La demie-heure de jeu n’est pas encore passée et l’Atleti a trouvé la faille par un jeu intérieur et au sol. Une action qui sera répétée de nombreuses fois avec succès par la suite.

Ce but va forcer l’équipe rouge et blanche à revenir au plan initial de manière plus systématique. Même si sous pression, les Madrilènes cherchent encore Diego Costa avec de longs ballons. Renan Lodi est aussi activé avec facilité, alternant le jeu en rupture collé à la ligne, avec un jeu intérieur de qualité. À la pause, Eibar est encore devant mais domine de moins en moins. L’Atleti réussit à poser le jeu et à trouver des circuits de passes avec le ballon à terre qui font mal aux Basques et du bien aux Madrilènes.
Comme lors du dernier match, Vitolo est le premier à rentrer côté Atleti. Face à Leganés, Simeone avait mis fin à son expérimentation de défense à trois, cette fois il enlève Marcos Llorente, sa sentinelle pour revenir à un 4-4-2 classique. Alors que beaucoup annonçaient que Lemar et Vitolo ne pouvaient pas être alignés ensemble, les deux vont montrer de belles choses sur cette deuxième mi-temps. Le Français très libre lors de cette partie a eu un rôle de relais à l’intérieur de jeu. Réussissant à amorcer des décalages à la suite de jolis dribbles. De son côté, l’ailier espagnol va surtout apporter des solutions en profondeur avec des appels en rupture qui ont fait beaucoup de mal à la défense d’Eibar.
Coaching gagnant et passe de 3
Le but de Vitolo qui va permette à l’Atletico d’égaliser va encore une fois venir d’un échange de passes à ras-de-terre. Servi par Renan Lodi, l’Espagnol va ajuster Dmitrovic d’un extérieur du pied imparable et inscrire son deuxième but en deux matchs. L’Atleti est revenu logiquement dans la partie mais continue d’alterner un jeu long inoffensif avec un jeu plus posé et réfléchi qui génère du danger.
À la 75e et à la 84e, Diego Simeone fait rentrer de nouvelles cartouches. Le jeune Riquelme prend la place de Lemar et Thomas celle de Joao Félix. Dans le même temps, Mendilibar cherche à solidifier son bloc en échangeant Pedro Léon avec Rober. La sortie du Portugais est d’abord mal vue pour beaucoup ; on pense que l’Argentin cherche lui aussi à solidifier son milieu. Alors que non, le Portugais aligné au côté de Diego Costa n’a pas brillé par son jeu dos au but et a eu du mal à s’associer avec ses milieux. L’entrée de Thomas Partey, un garçon capable de faire mal sur des percées semble bien plus convenir aux besoin des Rojiblancos sur cette fin match.
L’idée est d’avoir du mouvement de l’arrière vers l’avant et non des joueurs qui jouent en remise devant. À la 91e, à la suite d’un jolie échange et d’une bataille de Thomas Partey, le Ghanéen trompe encore une fois Dmitrovic et fait exploser le Métropolitano. Simeone gratifie l’assistance d’une célébration magnifique.
Ce match disputé où l’Atleti a dû lutter avec ses vieux démons pour triompher avec son nouveau modèle est une excellente chose. Bien sûr qu’encore une fois tout n’a pas été parfait mais par ses lectures du match et par la réponse de son groupe, Simeone et l’Atleti ont livré une très belle performance. 9 points en 3 matchs face à des adversaires coriaces et à la suite de scénarios particuliers, les Rojiblancos réussissent un début de championnat parfait. Aucun signe de saison de transition pour l’équipe du peuple comme l’aime l’appeler son gourou argentin.
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13