Rojita – Luis de la Fuente, d’entraîneur méconnu à idole des jeunes

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Travailleur infatigable, Luis de la Fuente a permis à l’Espagne d’être couronnée championne d’Europe des moins de 21 ans pour la cinquième fois de son histoire. Pour côtoyer de tels sommets, l’entraîneur espagnol peu connu du grand public a pu compter sur son savoir acquis en tant que joueur. Passé par Séville ou encore l’Athletic Bilbao, portrait d’un homme au parcours vers le succès déjà bien tracé.

Ses boucles et sa moustache de footballeur ont disparu avec les années, mais sa forme physique et son intelligence de jeu elles sont restées intactes. Après une carrière de footballeur qui a duré près de quinze ans, c’est chaque jour que le coach de la Rojita championne d’Europe 2019 s’entraîne dans un gymnase pour garder la forme. Si ses méninges et sa vision de jeu elles n’ont pas besoin de rafraîchissement, c’est parce que l’ancien footballeur passé par l’Athletic puis Séville et Alaves a effectué un parcours loin de passer inaperçu. Pourtant moins importants, ses premiers pas en tant que coach ont été compliqués, jusqu’à qu’il se révèle aux yeux des jeunes.

Latéral gauche moderne né à l’Athletic

Son savoir faire, sa façon d’analyser le jeu, Luis De la Fuente l’a notamment acquis lorsqu’il a dirigé l’aile gauche de l’Athletic Club. Son histoire avec le club basque a commencé dès sa plus tendre enfance. C’est avec son père originaire de la région, et membre de l’Athletic que De la Fuente a souvent assisté aux matchs de l’équipe première. C’est plus tard, en 1978, que le jeune adolescent de 15 ans est passé des tribunes au terrain. Repéré par Piru Gainza, légende du club qui jouait aussi côté gauche, le jeune espagnol a d’abord fait ses premiers pas avec la réserve, en seconde division.

« Une partie de ces rêves que l’on a depuis l’enfance a été réalisée. Mais il était ambitieux et savait que ce n’était que le début d’une carrière professionnelle difficile. C’est comme ça que mes parents m’ont prévenu dès le premier instant. J’ai toujours eu les pieds sur terre. », Luis De la Fuente dans une interview pour un site local, la Txapela rojiblanca

Si Luis De la Fuente affirme avoir eu « les pieds sur terre », c’est parce qu’il lui a fallu attendre presque trois saisons pour enfin faire ses preuves en équipe première. Définitivement promu à l’été 1982, de son premier but en tant que professionnel le 26 mars de l’année suivante contre le Celta Vigo (victoire de l’Athletic 4-0) à son départ en 1987, le défenseur a marqué le club de son empreinte.

 

« Sans sonner pédantisme, je dois dire que j’ai été le premier arrière gauche moderne d’Athletic. Je comprends que pour jouer dans cette position, il faut une grande vitesse, une excellente condition physique et une bonne vision du jeu pour participer à l’attaque et surprendre l’adversaire. Evidemment avec une rigueur défensive correcte. Mais j’aime les côtés offensifs. Avec la capacité de déséquilibrer l’adversaire de le surprendre. » En avance sur son temps, participant aussi à l’attaque le natif de la Rioja à Haro, malgré un grand amour déclaré à Bilbao, a surpris plus d’une équipe.

Joueur polyvalent

Toujours guidé par le rouge et le blanc et par son penchant pour l’attaque, c’est au FC Séville que le joueur devenu plus mûr s’en est allé pour de nouvelles aventures. Arrivé grand vainqueur de deux Liga, d’une Copa et d’une Supercopa avec cet Athletic du début des années 80, sous le soleil de la capitale andalouse De la Fuente a laissé parler sa polyvalence. C’est en tant que numéro 10 que l’Espagnol a notamment exercé au Sanchez Pizjuan. Mais malgré quelques fulgurances, l’expérience sévillane a été peu concluante, le joueur certes multi-tâches a été peu utilisé, jusqu’en 1991, date à laquelle il a eu l’occasion de rentrer chez lui.

Une saison de plus pour boucler la boucle avec son club de cœur et écrire une nouvelle et dernière page avec Los Leones, même si là aussi, il a été utilisé avec parcimonie. Finalement à 33 ans, après une dernière campagne réussie en tant que footballeur en 1993-94 avec le Deportivo Alavés, troisième à l’issu de la saison à Mendizoroza, il fait ses adieux au football, du moins tel qu’il le connaissait jusqu’à présent.

Premières trajectoires courtes et compliquées sur les bancs

Avant de culminer au plus grand prix du football international juvénile, Luis De la Fuente a dû s’armer de patience, la même qui lui a permis de faire ses preuves en tant que joueur. Ce titre de champion d’Europe sonne en effet comme une reconnaissance d’une vie consacrée à la jeunesse. Plus connu depuis 2013 comme le responsable de l’équipe d’Espagne des moins de 19 ans, avant de côtoyer des sommets avec la jeunesse espagnole, l’ancien joueur de Bilbao a effectué un véritable travail de fourmi. Après un passage au Portugalete et au club de l’Aurrera de Vitoria, De la Fuente a consacré sa formation d’entraîneur à celle des jeunes du FC Séville durant quatre ans jusqu’en 2005.

Crédits Photos : RFEF

Son apprentissage sur les bancs a continué à Bilbao, notamment aux côtés de Joaquin Caparros en tant que délégué de l’équipe première. Après trois premières expériences peu concluantes en tant qu’entraîneur avec Los Leones (2005/06, 09/10, 10/11) et un renvoi au bout de la neuvième journée d’Alaves, l’Espagnol ne rencontre toujours aucun succès. La clé de celui-ci se trouvera pourtant dans les enseignements tirés de ses échecs. L’entraîneur de La Rioja a compris que le chemin vers la victoire n’était pas celui qu’il avait imaginé.

Gloire nationale

En plus d’être un travailleur infatigable qui se prépare à toute éventualité et met en valeur le groupe avant tout individu, Luis De la Fuente se distingue des autres entraîneurs d’une façon particulière. Alors qu’un autre technicien se serait accroché à un scénario, lui n’hésite pas à en penser plusieurs et les modifier suivant les situations rencontrées sur le terrain.

« J’aime le jeu tactile, le jeu de possession, mais je comprends que vous devez jouer différemment à certaines occasions, quand vous devez jouer directement, vous devez le faire de cette façon.  » De la Fuente lors d’une interview à Deia peu avant le CHAMPIONNAT D’EUROPe.

Capable de désapprouver sa propre philosophie, De la Fuente fonctionne à l’instinct. Avec notamment un schéma tactique en 4-2-3-1 qu’il affectionne tout particulièrement, le coach a permis à la Roja de dominer et de vaincre son rival avec une vitesse, un dynamisme et une fluidité difficile à contrecarrer. Une intelligence qui avant de sacrer les moins de 21 ans, a permis au moins de 19 ans d’être avant eux champions d’Europe.

Car s’il a su s’adapter c’est aussi grâce à une jeunesse qu’il connaît par coeur. Alors que grâce à De la Fuente la valeur sur un terrain de Ceballos, Vallejo, Meré, Sivera, Unai Simón, Asensio et quelques autres a augmenté, les présences gagnantes de Marc Roca et Dani Olmo lors du précédent tournoi ont prouvé que l’entraîneur a su ce dont l’Espagne avait besoin pour gagner. Appelé lors de la phase de qualification pour le Championnat d’Europe après plus de deux ans d’absence en sélection, Olmo est notamment devenu l’un des meilleurs joueurs du tournoi. Prêt à défier toutes les lois tactiques, respecté du vestiaire, c’est tout un pays qui admire aujourd’hui un homme qui n’a pas terminé de faire parler de lui.

Soledad Arque-Vazquez

@solearquev

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