Xavi Simons n’est plus un joueur du Barça et, malgré ses 16 ans, c’est un petit événement. Le milieu de terrain arrivé à la Masia en 2010 était programmé pour devenir un crack blaugrana. Mais à un âge critique où les évolutions physiques peuvent conditionner une carrière, le Néerlandais n’a pas été retenu coûte que coûte par le club catalan. Deux semaines après avoir loupé Louie Barry, le PSG s’est « vengé » en arrachant la signature d’un joueur très puissant sur le plan marketing.
Fils d’un ancien entraîneur de l’Ajax, prénommé Xavi en hommage au « Pelopo » Hernández, Xavi Simons est programmé pour être une star du football. Au demeurant, il l’est déjà et depuis de nombreuses années. Sur Instagram, il pèse 1.6 million de followers. Nike a édité un logo comme elle a pu le faire pour Roger Federer ou Tiger Woods. Métis aux boucles blondes, il a le physique de l’emploi. Capitaine dans diverses catégories de jeunes, il était en quelque sorte le symbole de la Masia avide de retrouver une génération dorée prête à éclore à l’aube de la décennie 2020.
Mais une carrière n’est pas linéaire, surtout quand arrive la puberté et les premières complications physiques. Et c’est sans oublier la concurrence sur le terrain qui se fait de plus en plus âpre. En l’espèce, Xavi Simons a été supplanté à son poste par llaix Moriba, prolongé en avril jusqu’en 2022 avec une clause libératoire de 100M€ histoire de repousser les assauts de Manchester City. Et c’est aussi sans oublier les efforts que peut consentir le Barça pour d’autres joueurs du même âge, comme Louie Barry qui a opté pour les Blaugranas au nez et à la barbe du PSG.
Xavi Simons, pas une grande perte pour le Barça ?
Par conséquent, entre la valeur établie par le club et celle estimée par le joueur et son entourage, il y a un vrai gouffre. Si le Barça a proposé une prolongation à Xavi Simons, celle-ci n’a pas été à la hauteur d’un joueur sur lequel compte absolument le club dans un futur très proche. Actuellement en stage de pré-saison avec le Barça B, Ilaix Moriba a obtenu 3 fois plus que ce qui était offert à Simons. Reste à savoir aussi si ce contrat a minima n’était pas lié davantage à sa force commerciale principalement. Car si le Néerlandais avait été aussi fort sur le terrain qu’il ne l’est sur le plan marketing, les dirigeants culés auraient certainement agi de la même manière qu’avec Moriba et Barry.

Ce transfert ressemble à un trophée que pourra exhiber le PSG dans sa pseudo guerre avec le Barça entamée par la fameuse remontada et alimentée continuellement par le feuilleton Neymar. Impossible de dire de quoi l’avenir de Xavi sera fait. En Cadete A et B il a été intéressant, a porté le brassard de capitaine plusieurs fois et semblait vraiment en avance sur les autres. Une blessure et une hype médiatique toujours plus importante ont amorcé son retrait dans la hiérarchie des milieux d’avenir au Barça. Début 2018, face à d’autres prospects comme Karamoh Dembele, il a montré une réelle facilitée ballon au pied mais aussi des lacunes du côté de la projection et beaucoup de mauvais choix accentués par de la précipitation.
Un peu de football, beaucoup de tapage médiatique
L’impression qu’il laisse sur le terrain montre bien ce qu’est Xavi Simons, un garçon qu’on veut propulser très vite très haut sans pour autant prendre le temps de sécuriser ses bases. Les facilités sont présentées, cela ne fait aucun doute. Cependant des jeunes footballeurs avec de telles capacités, il y en a eu déjà beaucoup. Ce qui est gênant, c’est la caravane médiatique autour d’un footballeur aussi jeune, toujours en pré-formation mais qui est vendu partout comme une star et qui est suivi comme telle par le public. Comme les enfants stars de Disney, Xavi Simmons est le symbole des travers du football actuel.
Protégé par le Barça qui ne diffusait aucun match de sa catégorie des Cadets A, il a tout de même participé à quelques rencontres avec les Juvenil B de Franc Artiga cette saison. Pourtant, il n’est pas allé plus haut au contraire de certains de ses coéquipiers du même age qui ont déjà goûté aux journées européennes de Youth League (Ilaix Moriba par exemple). Un talent précoce donc mais pas unique dans un centre de formation du Barça qui regorge de pépites. Tout ceci sous une direction qui n’hésite plus à aller chercher des joueurs cotés plus âgés, destinés non pas à grossir les rangs, mais à la revente comme l’a pensé Pep Segura.

Le plan sportif présenté par le Barça était une progression linéaire pour un joueur auquel le club croyait sans en faire la priorité absolue. Celui qui déclarait vouloir continuer au Barça « au moins jusqu’au moment de débuter avec l’équipe première » aurait pu rentrer dans le cercle très fermé des joueurs ayant connu absolument toutes les catégories du Barça sans exception des pré benjamins à l’équipe première, au côté de Carles Aleña. Son transfert au PSG semble pourtant satisfaire toutes les parties.
Un départ qui arrange tout le monde ?
Le Barça se décharge d’un garçon qui peut rapidement devenir encombrant et réduit l’influence de Mino Raiola sur le club. De son côté, Xavi quitte un club où son horizon semblait bouché pour rejoindre un club où il sera très certainement l’un des jeunes les plus suivis et chouchoutés du club tout en continuant à écrire son histoire. Surtout que le PSG qui doit toujours composer avec un effectif bancal n’hésite pas à donner énormément de temps de jeu à ses pépites au talent tout sauf homogène. Le jeune hollandais va pouvoir continuer d’être un produit médiatique tout en essayant de devenir un footballeur à plein temps. Alors Xavi Simons, nouveau Cesc Fabregas ou énième jeune passé par la Masia à ne jamais réussir à confirmer chez les seniors ?
Benjamin Bruchet, Tracy Rodrigo et François Miguel Boudet