Barça, Cruyff, Instagram : Lieke Martens, la synthèse d’une révolution

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Élue meilleure joueuse du monde en 2017, Lieke Martens a placé le FC Barcelone sur la carte du football européen. Joueuse la mieux payée de Liga Iberdrola, la Néerlandaise est une référence en Europe et aux Pays-Bas où sa vie a déjà fait l’objet d’une biographie. Avant la demi-finale du Mondial contre la Suède, portrait d’un emblème qui associe les résultats sportifs à une grosse cote de popularité sur les réseaux sociaux. 

L’année 2017 aura toujours une résonance particulière pour Lieke Martens : vainqueur de l’Euro à domicile, MVP du tournoir, élue joueuse européenne de l’année devant la Danoise Pernille Harder et Dzenifer Marozsan et, cerise sur la stroopwafel, élue meilleure joueuse du monde devant le monument Carli Lloyd. A la recherche d’un emblème à l’échelle continentale, le FC Barcelone ne s’y est pas trompé en officialisant la signature de la joueuse de 24 ans quelques jours après avoir remporté le 1er trophée majeur des Pays-Bas. Et malgré tout le talent de l’ailière gauche, le Barça a effectué un travail de scouting très poussé, aussi bien en club (elle avait impressionné lors de la confrontation entre Rosengard et les Blaugranas en Ligue des Champions) qu’en sélection.

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« Avant l’Euro, nous savions déjà de quoi elle était capable et nous voulions qu’elle le fasse au Barça, expliquait Markel Zubizarreta, le responsable de la section féminine, dans les colonnes de Mundo Deportivo. Plus que des joueuses, nous recrutons des personnes ». Outre les visionnages à l’ancienne, Martens est supervisée une douzaine de fois et toutes ses caractéristiques sont analysées. Au bout du compte, le Barça lui offre 3 ans de contrat et un salaire de 100.000€ par an, un record en Liga Iberdrola.

Le Barça, évidence sportive et marketing

Native de Nieuw-Bergen dans le Limbourg, Lieke Martens a été éduquée dans le respect des valeurs du Dieu local, un certain Johan Cruyff. Forcément, quand le Barça vient la chercher, difficile de refuser, même si le championnat espagnol est en construction. L’envie de découvrir l’envers du décor est plus forte que tout. « Je me sens très identifiée à cette forme de jouer qu’il a mise en place, une légende que partagent mon pays et le club », détaillait-elle après sa signature.

Dans une interview accordée à Marca en janvier 2018, Martens avouait sa totale admiration pour le club blaugrana et que revêtir ce maillot était un rêve exaucé : « Quand j’étais petite, j’ai toujours été fan du Barça, alors que je suis arrivé et que j’ai vu les installations, j’ai halluciné. Je n’avais jamais joué dans une si grande équipe, ça m’a marqué. Je connaissais déjà Barcelone, j’y avais été en vacances, mais désormais je profite de la culture et du climat ».

Par la même occasion, Martens s’est pleinement transformée en modèle, voire en égérie. Tout sauf une surprise quand on sait qu’elle a étudié le marketing et la communication. Elle représente notamment Nissan et Nike. Elle compte 1 million d’abonnés sur Instagram et a même rallié l’écurie Otro, compte Instagram qui diffuse la communication de superstars comme Lionel Messi, Neymar ou encore Zinedine Zidane. A l’image de Vero Boquete, elle a même eu droit à une biographie : « Je partage mon histoire, des premiers buts avec mes camarades de classe à mes plus belles actions au Barça. Un vrai regard sur ma vie », a-t-elle écrit dans un post qui a dépassé les 170.000 likes.

Sa deuxième année en Catalogne a été la plus aboutie. Une fois le temps d’adaptation passé, Lieke Martens a eu un rendement à la hauteur des attentes, comme elle l’avouait avant la 1/2 finale retour de Ligue des Champions contre le Bayern : « La saison dernière a été totalement différente, avec beaucoup de choses nouvelles autour de moi. Je reconnais que ça n’a pas été ma meilleure. Je voulais donner le meilleur de moi, mais ça ne voulait pas ».

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La situation a clairement évolué à l’approche des grandes échéances. Et si le Barça n’a remporté aucun titre, il a cependant atteint la finale de la C1, une première pour un club espagnol : « Depuis 2 mois, mon rendement a été meilleur, considérait-elle en avril dernier. J’ai débuté la saison avec beaucoup de blessures, à présent je sais que ce que je peux apporter à l’équipe ».

Un doublé incroyable pour des répercussions inédites ?

Championne d’Europe en 2017, Martens et les Pays-Bas sont toujours en lice pour réaliser le doublé avec la Coupe du Monde. Buteuse contre l’Italie (la 2e réalisation est signée Stefanie Van der Gragt, sa coéquipière au Barça), la leader batave constate que quelque chose est en train de se lever autour du football féminin : « Je disais à ma mère que je voulais devenir footballeuse professionnelle. Elle me répondait que je pouvais essayer mais qu’en étant une fille, ce serait impossible. Même moi, je ne savais pas où cela pouvait me mener. J’ai 26 ans et 10 ans de pratique derrière moi. Il n’y avait pas la répercussion de maintenant et je suis fière d’en faire partie. C’est bien pour le football et les femmes en général. Il est possible que ce soit impossible d’arriver au niveau des hommes, mais chaque jour nous nous en rapprochons et gagnons le respect ».

Face à la Suède, les Néerlandaises seront favorites. Après avoir souffert en 1/8 de finale contre le Japon et maîtrisé contre la Nazionale, les Pays-Bas sont à l’aube d’un exploit. En cas de victoire, Lieke Martens et ses coéquipières joueront le titre alors qu’il ne s’agit que de la 2e participation des Bataves à un Mondial. Un exploit qui susciterait encore plus les convoitises : Jean-Michel Aulas aimerait bien convaincre la fan de Ronaldinho de venir à Lyon. Pour le moment, Martens a poliment refusé. Le Barça est déjà très actif sur le marché des transferts et l’équipe que veut bâtir le club blaugrana est à la hauteur du talent et des ambitions d’une des figures de proue du football féminin mondial.

François Miguel Boudet
@fmboudet

 

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