Beto Bianchi, le globetrotter qui a qualifié l’Angola pour le CHAN 2018

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Joueur modeste, en tant qu’entraîneur il est passé par plusieurs clubs de divisions inférieures en Espagne avant d’aller entraîner partout dans le monde. Véritable globetrotter du ballon rond, Beto Bianchi a réussi à qualifier l’Angola pour le CHAN 2018. 

Beto Bianchi n’est pas l’entraîneur le plus connu de la planète football. Pourtant, il gagnerait à l’être. Passé par de nombreux clubs dans de nombreux pays, il a accumulé une sacré expérience du ballon rond à l’international. Il a en sa possession de nombreux succès et exploits avec les clubs qu’il a entraîné. Que ce soit des montées avec des petits clubs espagnols ou la qualification de l’Angola pour le CHAN 2018. Portrait d’un globettroter amoureux du football

Un joueur modeste

S’il est reconnu pour sa carrière d’entraîneur, avant d’être sur les bancs de touche Beto a été un joueur modeste. Né au Brésil à Itatiba, Beto est formé à l’académie du FC Guarani. Bien qu’il ne soit pas très grand (1m77) il évolue au poste de défenseur central. À 20 ans, il quitte le Brésil pour rejoindre l’Espagne où il va surtout évoluer en deuxième division. Il a joué défenseur central dans plusieurs équipes de la région de Murcie, dont Caravaca, Calasparra, Bullenseau et Ciudad de Murcia, le 2e club de la ville. Il va vivre des promotions avec la plupart de ces clubs.

Suite à une pige d’une année en Chine au Beijing Guoan FC, il revient au Ciudad de Murcia pour terminer sa carrière de joueur et embrasser celle d’entraîneur, dans les catégories de jeunes d’abord puis en équipe première. C’est d’ailleurs en Murcie qu’il garde les meilleures souvenirs de son passage en Espagne. « J’y avais passé une bonne partie de ma vie et il était logique que je revienne dans le club de mon cœur. En tant qu’entraîneur, j’ai eu le bonheur de recevoir le prix du journal très connu, Don Balon, pour avoir battu le record d’invincibilité en réalisant 37 rencontres sans défaite. Ce record tient d’ailleurs toujours à l’heure actuelle ». C’est également lors de son passage en Espagne qu’il va rencontrer sa femme, se marier et ainsi obtenir la nationalité espagnole.

Une carrière d’entraîneur dans les catégories inférieures

Sa carrière d’entraîneur commence en 1998 parmi les jeunes du Bullense de 2ème catégorie où il va rester 4 ans. Cette année-là, ils sont promus en 1ère catégorie et l’année suivante en ligue nationale. La saison d’après, en 2003, le Ciudad de Murcia l’engage pour entraîner ses jeunes dans leur ligue nationale. C’est là qu’il commence à grandir en tant qu’entraîneur, et la saison suivante ils montent en division Preferente, puis en Tercera en restant 2 ans dans cette catégorie. En 2007, avec la disparition du Ciudad de Murcia un nouveau projet apparaît et il prend en main le « Ciudad de Lorquí » qui milite en Tercera. Il parvient à faire monter l’équipe en Segunda B. Celle-ci passe une année de plus en Segunda B et se sont battus jusqu’au bout pour atteindre les play-offs mais ils font match nul le dernier match de la saison face à Leganés.

Beto a cessé d’être entraîneur de l’Atlético Ciudad à la mi-mai 2009 et signe au Lorca Deportiva en Segunda B, mais le club descend en Tercera pour cause d’impayés. Suite à cela il ne veut pas continuer au club et en décembre 2009 il signe au Zamora en Segunda B. En 2010 il signe à l’Atletico Ciudad, mais le club disparaît pour impayés à une semaine de la pré-saison. Beto signe alors au Lorca Deportiva en Tercera mais après 7 jours le club disparaît pour des problèmes d’impayés et institutionnels. Ce phénomène n’en est pas un et chaque années des clubs disparaissent dans le plus grand anonymat. Il existe une réalité froide et cruelles dans les catégories inférieures qui est bien loin des strass et paillettes de la première division. Après ces deux dernières aventures qui se sont conclut prématurément, le sort semble s’acharner sur Beto qui bientôt va recevoir une proposition de l’autre bout du monde.

Le monde s’ouvre à lui

Suite à ses mésaventures, Beto n’a plus trop le moral mais souhaite continuer d’entraîner. Il va alors recevoir un appel de la Fédération Indonésienne de Football qui souhaite s’attirer ses services dans un club. Après quelques tractations, l’Hispano-brésilien est emballé et s’envole pour l’Asie. Il signe en novembre 2010 au Batavia Union qui vient de monter en première division indonésienne. Il va rester une saison dans ce club avant de signer en novembre 2011, toujours en Indonésie, à Pro Duta qu’il va quitter au bout de deux saisons. Pendant ces deux ans au sein de Pro Duta, il va également entraîner l’équipe nationale U23 pendant l’année 2012. Mais son passage en Asie va surtout être marqué par la manière dont il va changer et révolutionner le football indonésien. En effet, il va briser les habitudes ancrée dans le football de l’île en modifiant quelque chose d’aussi élémentaire et important pour un footballeur que son alimentation.

En effet, Beto a constaté lors de son arrivée que les joueurs de l’équipe étaient très lourds. « Ils mangent d’énormes quantités de riz et de pâtes et, d’autre part, les légumes et les fruits sont à peine touchés ». L’une de ses premières décisions a été d’établir des consignes alimentaires basée sur une alimentation équilibrée. « J’ai dû avoir beaucoup de tact et de doigté parce que cela signifiait rompre avec leurs habitudes alimentaires, mais ils ont aussi compris que c’était dans leur intérêt ». Beto a amené en Indonésie ce que l’on appelle le régime méditerranéen dans lequel une série d’aliments sains sont combinés. « Le riz blanc est consommé au petit-déjeuner, au déjeuner, au goûter et au dîner. Ils font quelque chose de similaire avec les pâtes. Ce que j’ai fait, c’est de leur conseiller de réduire la consommation de riz et d’introduire d’autres légumes et légumineuses, qui y sont très peu consommés ». Avec ces lignes directrices, l’équipe de Beto a réalisé une très bonne saison au Batavia Union et a terminé cinquième du championnat.

Une aventure au plat pays puis en Jordanie

En Juillet 2013 il signe en Belgique au Racing Montegnée qui milite en deuxième provinciale liégeoise. Si la destination paraît atypique, Beto est attiré par le projet du président panaméen du club Peter Johnson qui veut implanter une académie internationale permettant à de jeunes joueurs de venir en Europe via un système de bourses. Bianchi apporte toute son expérience au club, mais cela ne suffit pas pour gagner le titre. Mais les soucis ne s’arrêtent pas au terrain. Empêtré dans des problèmes financiers, le club ne trouve pas de solutions pour assainir ses finances et ses dirigeants n’ont d’autre choix que la mise en liquidation. Pour la saison 2014-2015, le club n’aligne donc pas d’équipe et Beto quitte le club. A l’été 2014 il rejoint le Shabab Al-Ordon en Jordanie, un tout jeune club crée au début des années 2000 mais qui a déjà été deux fois champion et qui a remporté la coupe nationale. La saison ne se passe pas très bien et Bianchi réussi à sauver in extremis le club d’une relégation. Il part l’été suivant et prend six mois de congé.

Beto Bianchi, entraîneur et sélectionneur

Après avoir entraîné en Europe et en Asie, voir Beto partir en Afrique paraît la suite logique. En janvier 2016 il signe en Angola au Petro de Luanda, le club le plus titré de l’histoire de l’Angola avec 15 championnats nationaux mais qui ne l’a pas gagné depuis 2009. Cette première saison se passe plutôt bien pour Beto qui est à deux doigts de remporter le championnat mais fini à 2 points du leader. Même scénario en coupe angolaise où il voit son équipe s’incliner en finale. Cette première bonne saison dans un pays qu’il découvre va pousser la Fédération Angolaise à lui proposer les rênes de la sélection.

L’entraîneur hispano-brésilien a conclu un accord avec la Fédération angolaise de football pour diriger l’équipe nationale du pays, un poste qu’il combinera avec son poste d’entraîneur au Petro de Luanda. L’Angola a été éliminé de la Coupe d’Afrique des Nations et a perdu tous ses matches lors de la dernière édition de la COSAFA Cup, un tournoi disputé par les équipes qui composent le Council of Football Associations of South Africa. La Fédération estime que Beto est l’entraîneur idéal pour que l’équipe angolaise puisse se battre à nouveau pour participer au Championnat d’Afrique des nations.

2017 une année historique

Entraîner une équipe ce n’est pas simple, alors deux cela semble impossible. Pourtant, à la surprise générale Beto va réussir quelque chose d’historique. L’entraîneur hispano-brésilien a atteint son objectif de qualifier l’équipe nationale angolaise pour la prochaine édition du Championnat d’Afrique des Nations. Il l’a fait après des mois de travail et après avoir battu Madagascar 1-0 à Luanda, précisément là où Bianchi entraîne également le club de la ville. L’Angola fera partie des 16 pays qualifiés pour le CHAN 2018 au Maroc. Ce sera la troisième fois que les Angolais joueront la phase finale de la compétition. Lors de leur dernière participation, en 2016, ils n’ont pas dépassé le premier tour. En 2011, cependant, ils ont été surprenant en étant vice-champions d’Afrique pour leurs débuts dans la compétition.

Crédit: angop.ao

En plus de cet événement majeur, Beto Bianchi a conclu sa saison historique en Angola en remportant la Coupe angolaise. Son Petro de Luanda a battu Primeiro de Agosto en finale 1-2. Après le coup de sifflet final, Petro de Luanda a pu célébrer la onzième Coupe de son histoire. L’équipe entraînée par Beto Bianchi n’avait plus disputé une finale de cette compétition depuis 2013, année où elle avait battu le Clube Desportivo da Huíla 1-0 en finale du tournoi. Beto Bianchi conclu ainsi une saison historique au cours de laquelle, en plus de soulever un trophée et de rester aux portes du doublé (il a fini deuxième en championnat à trois points du leader), il a qualifié l’équipe nationale angolaise pour le Championnat d’Afrique des nations qui aura lieu en 2018 au Maroc. Malgré ces bons résultats avec l’équipe nationale, il est remplacé en décembre 2017 par Srdan Vasiljevic.

Une fin houleuse

Après deux bonnes saisons en Angola, on pouvait s’attendre à ce que la troisième soit celle de l’apothéose pour Beto et ses hommes mais c’est l’inverse qui va se passer. Encore une fois finaliste de la Coupe angolaise il va comme lors de sa première année ne pas la remporter. Il ne gagnera pas non plus le championnat pour le troisième année de suite. Ces résultats sont jugés peu satisfaisants par la direction du club qui décide fin mars 2019 de résilier le contrat de Beto. Limogé pour ne pas avoir atteint les objectifs pour lesquels il avait été embauché en novembre 2015, une autre raison de son départ serait les problèmes de sécurité puisque l’entraîneur aurait été menacé par des supporters du club à cause des mauvais résultats.

Malgré la fin un peu chaotique de son passage en Angola, Beto peut s’en aller la tête haute. Certes il n’a pas eu les résultats escomptés en club, mais réussir à qualifier l’Angola pour le CHAN est tout de même une belle performance pour le pays africain. Aujourd’hui libre de tout contrat, nul doute qu’on le reverra sur un banc d’ici peu.

Miguel Hernandez

@Mig19Hernandez

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