L’exploit ou rien. En 1/8 de finale de la Coupe du Monde, l’Espagne s’attaque à ce qui se fait de mieux : les Etats-Unis. Après une phase de groupe mitigée, la Roja n’a d’autre choix que de réaliser un exploit immense. Après avoir débuté en 4-3-3 puis évolué en 4-2-3-1, Jorge Vilda tentera-t-il un nouveau schéma tactique ? Voici la previa de ¡Furia Liga! pour ce match historique.
On peut toujours râler sur le manque de vice de la Selección qui aurait pu, en cas de défaite contre la Chine, tomber sur l’Italie en 1/8 de finale et, pourquoi pas, un 1/4 de finale ouvert contre les Pays-Bas ou le Japon. Le match nul (au propre comme au figuré) contre les Roses de l’acier a donc validé la qualification espagnole en 2e place du Groupe B derrière l’Allemagne.
Du coup, ce sont les Etats-Unis, leurs 3 victoires, leurs 18 inscrits et leur défense imperméable qui se dressent face à la Roja. L’avantage d’une telle confrontation, c’est qu’il n’y a pas de pression à avoir. Le seul risque de cette confrontation est de prendre une valise. Le dernier match entre les deux équipes, en janvier dernier à Alicante, s’est soldé par une défaite 0-1 face à une équipe remaniée des USA.
XI Espagne-USA (janvier 2019)
En conférence de presse, Jorge Vilda a voulu se montrer résolument optimistes malgré la tâche à accomplir : « nous affrontons les meilleures mais les statistiques sont faites pour être brisées. Il faut être réaliste, c’est très difficile mais nous allons tout donner sur le terrain. Ce sont elles les favorites, c’est certain. Mais vous dites qu’elles peuvent nous détruire. Ça se peut, mais moi j’ai la chance d’entraîner 23 joueuses qui vont laisser leur peau sur la pelouse et c’est un privilège. Nous pouvons les regarder dans les yeux et le niveau compétitif sera déterminant. Si nous voyons seulement des maillots blancs, pas les noms et les grandes stars, nous pouvons les tutoyer ».
Concentration absolue en défense
La Roja s’apprête à souffrir défensivement. Comment résister aux vagues américaines ? La charnière Mapi León-Irene Paredes a été remarquable depuis le début de la compétition. « Affronter les meilleures du monde est un grand défi qui motive et qui mesurera notre véritable niveau, estime Mapi León. Elles vont vouloir nous tuer dès qu’elles le pourront et c’est à nous de les contenir. Il faudra rester concentrées 90 minutes parce que si tu relâches une fois, elles se faufilent. Nous ne devons commettre aucune erreur et la clef sera la communication ».
Son alter ego en défense centrale, Irene Paredes, est également consciente que seule la perfection sera tolérée pour espérer un exploit : « nous devons être les premières à croire que nous pouvons l’emporter. Nous parlons de nous mesurer aux meilleures, ce sera compliqué mais c’est du football et tout peut se passer. Nous avons déjà affronté de grandes attaquantes et il faut les voir comme des adversaires comme les autres. Elles sont puissantes, fortes, réalistes mais toutes les défenseures de l’équipe savons ce que nous sommes capables de faire. Plus nous tiendrons sans qu’elles marquent, plus nos chances de l’emporter augmenteront. Nous allons travailler pour y parvenir. Nous sommes conscientes cela passera par une portería a cero ».
Triple pivot ?
Après avoir débuté la compétition 4-3-3 contre l’Afrique du Sud puis affronté l’Allemagne et la Chine en 4-2-3-1, Jorge Vilda envisage à présent, selon Marca, de démarrer le match avec un « triple pivote » composé de Virginia Torrecilla, Patri Guijarro et Vicky Losada. Si Torrecilla est une indéboulonnable dans le XI, les présences de Guijarro et encore plus celle de Losada ne sont pas acquises.

Guijarro, titulaire contre la Chine, a rassuré quant à son état de forme après 5 mois loin des terrains. Le sélectionneur a pris un risque en la convoquant et il pourrait la reconduire contre les Etats-Unis. Cependant, contrairement au match contre la Chine, l’Espagne sera en position défensive et contrainte à courir pour fermer les angles de passe. La Majorquine est-elle en capacité de le faire à haute intensité ? Quant à Vicky Losada, absente depuis sa sortie à la mi-temps contre les Banyana Banyana, elle n’a pas disputé une seule minute de la compétition. Dans le double pivot, Torrecilla était accompagnée de Silvia Meseguer puis de Patri Guijarro.
Un changement de positionnement dans ce 4-3-3 signifierait-il un changement de philosophie de jeu ? Pas pour Mapi León : « nous ne devrions pas renoncer à notre essence, au toque, à avoir le ballon. Sans ça, on ne s’en sortira pas. Nous savons qu’il y aura des moments où nous souffrirons, où nous aurons pas la balle, où nous devrons courir et nous sacrifier plus que jamais ».
Résoudre le problème offensif
C’est un problème récurrent de la Roja de Jorge Vilda : elle marque très peu. Depuis le début du Mondial, la Absoluta n’a marqué qu’un seul but dans le jeu, à la 89e minute contre l’équipe la plus faible du groupe réduite à 10. Le 4-2-3-1 a donné du liant dans le jeu espagnol mais aucun but n’a été inscrit, ni contre l’Allemagne ni contre la Chine. Comment faire contre la meilleure défense de la compétition ?

Dans l’hypothèse d’un maintien du 4-2-3-1, Nahikari García devrait évoluer en 9 avec Jenni Hermoso en meneuse de jeu. Un 4-3-3 positionnerait la Pichichi de la Liga Iberdrola en pointe, comme contre l’Afrique du Sud. Une indécision qui laisse planer des doutes sur la forme offensive de la Selección.
Les Etats-Unis en confiance mais méfiantes
Difficile de voir des défauts à cette équipe américaine qui a survolé la phase de groupe. Le 3e match contre la Suède constituait un premier vrai test et les favorites n’ont pas failli, gagnant sans trembler (2-0). Individuellement et collectivement, la Team USA n’a pas d’équivalent et a fait valoir son statut de numéro 1 mondiale. La sélectionneure Jill Ellis est forcément confiante mais ne prend pas ce 1/8 de finale à la légère : « nous savons que nous devons nous battre pour tout, personne ne nous offre rien ». La progression de la Roja, notamment des catégories inférieures, n’est pas passée inaperçue : « le football féminin en Espagne grandit très vite, constate-t-elle. Les joueuses ont énormément de talent et l’expérience d’une finale Ligue des Champions. Cela en dit beaucoup sur comment la Selección avance ».
Pour Lindsey Horan, l’Espagne « est très divertissante à voir. Nous avons vu ses matches lors du Mondial, j’aime le tiki-taka. Cela aide à montrer au monde que le football féminin progresse ». De son côté, la star Alex Morgan émet une réserve sur la Roja et s’attend à un saut qualitatif pour ce 1/8 de finale : « elles jouent très bien mais je crois qu’elles peuvent développer un jeu un peu meilleur ».
La joueuse à suivre : Jenni Hermoso
De son positionnement sur le terrain dépendra une grande partie du match de la Roja. Replacée dans le coeur du jeu, électron libre dans le 2e tiers du terrain et capable de porter le danger dans la surface, Jenni Hermoso est la menace numéro 1 de l’Espagne. Elle a déjà la pancarte dans le dos. « Les joueuses espagnoles sont bonnes techniquement, elles prennent des décisions intelligentes. Je connais Jenni, c’est une grande joueuse avec de grandes capacités », explique la gardienne Ali Krieger. « J’ai joué avec elle en Suède et c’est une merveille », se souvient Christen Press. La Colchonera aura donc un traitement de défaveur de la part du collectif américain. Il faudra redoubler d’initiatives pour tromper la vigilance des championnes du monde.
Les XI possibles
Selon Diario AS
4-2-3-1 avec Alexia Putellas de retour dans le XI avec Mariona Caldentey à droite, ce qui pousserait Lucía García sur le banc. Retour de la capitaine Marta Torrejón au poste de latérale droite, ce qui poste Marta Correderra à gauche à la place de Leila Ouahabi, titulaire contre la Chine mais certainement trop offensive pour un tel match.
Selon Marca
4-3-3 avec triple pivot Virginia Torrecilla-Vicky Losada-Patri Guijarro, Lucía García à droite plutôt que Mariona Caldentey, très brouillonne depuis le début de la compétition mais toujours dans le XI de départ.