Ángela Sosa a été couronnée meilleure joueuse de Liga Iberdrola lors des deux dernières saisons. Pourtant, Jorge Vilda a décidé de se passer d’elle, au grand désarroi des supporters. Milieu de terrain brillante et symbole du haut niveau espagnol, la Colchonera regardera pourtant le Mondial à la maison. Une décision qu’assume le sélectionneur… sans l’expliquer.
Sur les réseaux, ça a été la déferlante. Mais où est passée Ángela Sosa dans la liste de Jorge Vilda ? Absente d’une première mouture, la Colchonera devait sans doute être préservée après une saison achevée tardivement en finale de la Copa de la Reina. Mais en fait, la milieu de terrain était déjà écartée par Jorge Vilda. Une décision étonnante et même davantage. Comment le sélectionneur peut-il vouloir se passer de la meilleure joueuse de Liga Iberdrola ? Dix buts, 16 passes décisives, seule joueuse de champ titulaire lors des 30 journées de championnat : Ángela Sosa s’imposait d’elle-même.
⚽ 10 goles
🎁 16 asistencias@Angela_Sosa_10, la pieza fundamental del @AtletiFemenino. 🔴💎⚪— LaLiga (@LaLiga) May 16, 2019
Inexpliqué…
En réalité, Jorge Vilda n’a jamais vraiment compté sur Ángela Sosa. Absente du groupe qui a disputé la Coupe de l’Algarve, elle avait pourtant été convoquée pour les matches amicaux contre l’Angleterre et le Brésil, sans effet. Au total, elle n’a joué que 3 petits matches amicaux avec la Roja. A 26 ans pourtant, la milieu de terrain est au faîte de sa carrière.
En conférence de presse, le sélectionneur a éludé la question. Un classique en somme, vu qu’il n’a jamais expliqué pourquoi il avait recalé Vero Boquete et Sonia Bermúdez de la liste du dernier Euro. « Nous choisissons les 23 qui d’après nous vont nous rapprocher de la victoire, s’est-il défendu. Nous savions que des joueuses de haut niveau ne seraient pas dans la liste, des joueuses qui ont réalisé une grande saison. Même dans une liste de 30, il y aurait des joueuses dehors ». Peu convainquant. Car pour situer les choses telles qu’elles sont, se priver d’Ángela Sosa reviendrait à se passer d’Andrés Iniesta en 2010. Un sacrilège qui a sérieusement mis à mal la cote de popularité de Vilda et son staff. Certes, l’Atlético de Madrid évolue davantage en 4-4-2 quand Vilda privilégie le 4-3-3. Mais rien de rédhibitoire, surtout quand on parle de l’Andalouse de 26 ans, talent hors-normes, décisive à chaque match et pilier du club triple champion d’Espagne en titre.
…Et inexplicable
Comment choisir délibérément se passer de la meilleure passeuse de Liga, meilleure joueuse du championnat en 2018 et 2019 ? Dans une interview accordée à Mundo Deportivo, Ángela Sosa se doutait un peu du sort qui l’attendait.
« Je pense que je peux être dans la liste des 23. ce serait un rêve. Il se peut que je n’y sois pas, car il y a de grandes joueuses (…) En espagne, il y a beaucoup de niveau. ce n’est pas facile d’entrer dans la liste. par rapport au travail que j’ai fourni, je suis tranquille. cela n’a pas été facile, cela a été très exigeant mais je crois avoir démontré tous mes efforts ».
Dans un éditorial publié dans Marca, la journaliste Ainhoa Sánchez résume parfaitement la pensée générale : « Non, Sosa ne sera pas à la prochaine Coupe du monde. Jorge Vilda a choisi de laisser la Sévillane qui n’est pas seulement la meilleure joueuse de l’Atlético mais aussi de la Liga Iberdrola. La meilleure footballeuse des deux dernières saisons en Espagne. (…) Cela coûte de croire que le sélectionneur a décidé de ne pas appeler une joueuse qui, par son rendement à chaque match lors des dernières saisons, a été un pilier fondamental non seulement de la croissance de l’Atlético mais aussi du football féminin. Sosa ne sera pas au Mondial et celui qui le comprend, qu’il vienne nous l’expliquer ».
Forcément cette absence notoire met en porte-à-faux Patri Guijarro, crack de 20 ans et futur de la Roja mais blessée au pied droit pendant plusieurs mois, revenue in extremis avec le Barça pour faire partie du groupe battu en finale de la Ligue des Champions. Vilda a privilégié une joueuse en manque de rythme, susceptible de rechuter à une milieu de terrain qui survole les débats en Espagne.
En l’espace de 4 ans à la tête de la Absoluta, le sélectionneur a pris des décisions fortes. En se privant de joueuses emblématiques, de vraies joueuses de ballon qui plus est, Vilda prend des orientations majeures. Mais comme pour Boquete et Bermúdez en 2017, il aurait gagné en clarté en expliquant clairement pourquoi il considérait la Roja plus forte sans la meilleure joueuse espagnole du moment.
François Miguel Boudet
@fmboudet