Un peu plus d’un an après Rome, alors que le Barça semblait de nouveau fort et capable de soulever la Coupe aux grandes oreilles, le sol s’est dérobé sous les pieds des Catalans. Pourtant Messi étant encore là, et le Barça continue de perpétrer sa domination nationale. Sauf qu’en Europe rien n’y fait, malgré des scores largement favorables à l’aller, les Blaugrana n’arrivent plus à accrocher de finale. Mais que s’est-il passé à Barcelone ? Tentative d’explication.
Mais comment un Barça qui semble en apparence si insubmersible peut-il encore subir un tel batacazo ? Alors que tout semblait acté après un festival de Messi lors du premier acte, les Blaugrana ont encore vacillé. Plus que cette élimination, le scénario ressemble beaucoup trop à Rome pour s’expliquer par un jour sans. Il manque quelque chose à ce Barça. Pire encore, la domination nationale est entachée par ces défaites plus qu’humiliantes pour un club de cette stature. Perdre, ça arrive. Se faire éliminer deux fois en deux ans après avoir largement gagné les matchs aller, c’est inacceptable. Mais alors, à qui la faute ?
Tous fautifs sauf les joueurs ?
Quand on regarde ce Liverpool-Barça à tête reposée, bien sûr que Liverpool paraît supérieur mais il semble dingue de voir les Espagnols rater autant de situations. Messi est en dedans ? Il donne trois ballons parfaits – tous vendangés – à ses coéquipiers. Rakitic ? Fantomatique. Sergi Roberto ? À la cave. Busquets ? Acculé. Cette liste déjà longue peut encore être agrémentée de quelques noms . Cependant, expliquer cette débâcle simplement par une faillite collective des joueurs c’est mettre de côté le passé et s’égarer. Il y a un peu plus d’un an, le Barça subissait une déconvenue similaire face à la Roma en quart de finale de Ligue des Champions.
En plus du résultat, c’est le scénario des deux confrontations qui interpellent. Face aux Italiens, le 4-1 à l’aller est flatteur, surtout que la Roma a eu de grosses situations après la sortie de Busquets aux alentours de l’heure de jeu. Face à Liverpool, le 3-0 récompense un Barça froid et clinique mais encore une fois, les Catalans avaient été quelque peu bougés. Lors des deux retours, le Barça a semblé apathique comme bloqué entre se mettre en gestion et attaquer.
Entre deux eaux, les hommes de Valverde n’ont jamais imprimé de rythme et malgré quelques situations, ont perdu le fil. Pour ne rien arranger, les buts lors des deux matchs arrivent à peu près au même moment : avant le premier quart d’heure, à l’heure de jeu et dans le dernier quart d’heure. Une similarité qui montre bien que le problème des Catalans dépasse les joueurs alignés sur le terrain et que celui-ci est plus profond.
Une révolution de palais déjà en échec ?
Lors du match aller face à Liverpool, voir Valverde tarder à faire des changements après avoir faire entrer Semedo à l’heure de jeu avait déjà interloqué. Pourtant ce scénario arrive régulièrement en Liga et permet souvent au Barça de gagner des matchs. Face à des adversaires plus faible intrinsèquement et surtout sur 38 matchs, les Barcelonais semblent intouchables. Surtout que sur la durée, la frilosité ou alors la recherche de l’équilibre frénétique de Valverde est un vrai plus pour les Catalans. Sauf que cette force en Liga semble être la plus grande faiblesse du Barça en Europe.

Bien sûr, tous les maux du Barça ne peuvent pas être attribués à Valverde. Cependant, voir un technicien si expérimenté et au point tactiquement se prendre deux fois les pieds dans le tapis de la même façon ébranle son image de taiseux. C’est vrai qu’il semble avoir mis tous son groupe sous sa coupe. Loin de l’image qu’on a du jeu du Barça, Valverde veut que son équipe soit solide défensivement et joue surtout les transitions. Souvent décevant ou avec l’impression de jouer avec le frein à main, le Barça survole tout de même la Liga, grâce à sa supériorité individuelle matérialisée en image par Messi.
Le Barça perdu sans son identité
Le fait pourrait être assez rare pour être souligné. Les Blaugrana se sont écroulés mentalement, ont laissé leur grinta au vestiaire, et ne sont pas parvenus à retrouver leur force collectif alliée aux prouesses individuelles qui faisaient leur fureur d’antan. La fureur qui avait permis à la Dream Team de Cruyff et la Pep Team de montrer que bien jouer et gagner des titres était possible. Cette fureur a disparu, tout comme l’identité de ce club. Les problèmes du Barça ne datent pas d’hier. Si les Catalans devaient remporter largement cette demi-finale retour face aux Reds, la réalité se veut bien plus cruelle.
Quatre ans. C’est le temps que les problèmes du Barça ont mis à se répandre et faire un maximum de dégâts. Comme un cancer se profilant lentement mais sûrement, malgré quelques rayons de soleil venus éclairer un ciel déjà bien noirci. Les dirigeants comme principaux responsables et même Luis Enrique à une certaine échelle. Le temps passe, mais le FC Barcelone évolue à contre courant. Des évolutions sans révolutions voire des régressions, tactiques, puis mentales. Mais alors quel est le point commun entre Bartomeu, Lucho et Valverde ? Celui d’avoir surfé sur des bases incroyables, et tant que l’équipe continuait de l’emporter, avec la MSN, Messi seul, ou grâce aux talents de chacun, masquer les véritables maux.
Un milieu de terrain à l’abandon avant un virage défensif fatal
Certes, des Xavi et Iniesta ne peuvent pas être dénichés à tous les coins de rues. Cependant, il est un précepte qui ne peut pas être oublié dans le football et qui a fait les belles années et surtout l’ADN du Barça. Que la direction préfère le physique à la science de la passe, le jeu se fait et se fera toujours au milieu de terrain. Un trio offensif de choc et un monstre argentin ne pouvant pas prouver le contraire.
S’il a fallut attendre deux saisons, et des recrutements foireux comme celui de Paulinho avant de voir l’arrivée d’Arthur, et de voir Aleña gratter quelques miettes, l’entre-jeu n’est toujours pas une priorité cette saison pour Valverde. Le constat est d’autant plus alarmant qu’il a clairement été visible lors de cette nouvelle débâcle face à Liverpool, les Blaugrana sont responsables des buts depuis se secteur, se laissant souvent prendre de vitesse.

Les qualités de fin tacticien d’Ernesto Valverde ne doivent pas être remises en cause mais ne sont tout simplement pas adaptées à un style comme celui du Barça. Cette tendance à reculer à mis plusieurs fois en difficulté des joueurs habitués à jouer vers l’avant. Le cas de Busquets en est un bon exemple. Habitué à s’exprimer comme il le voulait quand ses anciens coéquipiers se déplaçaient facilement vers l’avant. Cette saison, Sergio joue souvent beaucoup trop bas, Rakitic notamment souvent habitué à redescendre et à jouer en retrait.
Reculer pour mieux avancer ?
Pour analyser une rencontre l’aspect psychologique n’est pas à négliger. Demander à une équipe habituée à combattre de se mettre souvent en pilote automatique et survivre en s’économisant pour garder le score équivaut à demander à un cheval de course de se convertir en âne. Même s’il est le devoir d’une équipe de s’adapter, il est idiot et contre-nature de changer une recette qui gagne. Moins désireux d’achever leurs adversaires quand il le faut, les Catalans ont laissé une certaine complaisance s’installer. Ils sont devenus trop prévisibles et surtout, moins combatifs.
Si l’arrivée de De Jong pose à nouveau les bases d’un retour de l’ADN Barça, l’arrivée d’un coach plus ambitieux et le départ de Bartomeu semblent inévitables dans un futur proche. Dirigeants, coachs, joueurs et socios ne devront plus renier leurs origines. Le Barça, toujours « mes que un club ».
Benjamin Bruchet & Soledad Arque-Vazquez
@BenjaminB_13 & @solearquev