Comme tous les ans, le marché des transferts estival sera agité pour tout le monde. Pas seulement pour les acteurs présents sur le terrain mais aussi pour ceux qui manient les nombreuses cordelettes depuis le banc de touche pour faire vivre leurs idées sur le pré. Pour vous, ¡FuriaLiga ! a décortiqué deux idées espagnoles intéressantes pour différents projets européens.
Le poste d’entraineur est de plus en plus difficile à garder en Europe. Ce sport est intransigeant avec les têtes pensantes des clubs qui sont les premières à tomber pendant les crises de résultats. C’est pourquoi ce marché est tout aussi important que celui des joueurs. Les présidents ou actionnaires font généralement des recherches exhaustives pour choisir le cerveau à qui laisser les clés de leur projet mais aussi de leur réputation. Pour ce papier, on va se mettre dans la peau de l’un de ces présidents à la recherche de la perle rare pour mener une vingtaine de joueurs vers un objectif qui peut être plus ou moins important. Pablo Machín et Abelardo Fernández sont deux possibilités intéressantes pour cet été.
Pablo Machín (Sans club)

D.N.I (la carte d’identité espagnole) : Il est impossible aujourd’hui de parler d’entraineurs de Liga sans mentionner le nom de ce Soriano de tout juste 44 ans. Machín est entré dans l’histoire du club catalan de Girona en le guidant jusqu’à la Liga. À l’instar de beaucoup de techniciens, c’est une blessure qui a stoppé la carrière de Machín en tant que joueur et qui l’a poussé à passer du côté obscur. Tout a commencé à Numancia, son club à lui. Plus jeune coach de Segunda, il quittera le club numantino après deux saisons irrégulières. C’est en Catalogne qu’il va vraiment s’envoler, dans cette ville de Gérone qui va connaître la Liga pour la première fois de son histoire de la main de l’ancien défenseur central. Cet exploit a clairement attiré les projecteurs sur Machín qui a cependant eu plus de mal dans un projet plus important. En Andalousie, le FC Séville pensait enfin avoir trouvé chaussure à son pied après plusieurs échecs. Mais, malgré un début de saison en fanfare, l’équipe sevillana s’est dégonflée et l’étoile de Machín avec.
Style : Tout amateur de football espagnol saurait répondre rapidement à la question sur le schéma préféré de Pablo Machín. L’ancien entraineur des gardiens de Numancia a clairement fait briller le 3-4-2-1 sur les terrains de Liga depuis son arrivée. Ce système n’est pas négociable pour lui même s’il répète à maintes reprises que « l’idée est plus importante que le système ». Cette idée est en effet bien plus profonde que cette façon de poser ses pions qui lui vient de Miguel Ángel Lotina, son entraineur à Numancia. Entre Girona et le FC Séville plusieurs points reviennent souvent : intensité, jeu direct, centres, coups de pied arrêtés…

Pour Machín le plus important est d’être présent autour de la surface adverse pour se créer des occasions avec des frappes ou en profitant de seconds ballons. La saison dernière, le club de Gérone a tourné à 22 centres par match (2e meilleur ratio). D’où l’importance de compter sur un attaquant finisseur (Stuani ou André Silva) mais surtout sur deux joueurs offensifs derrière (Portu – Borja García ou Ben Yedder – Sarabia). Si ça ne marche pas dans le jeu, il restera toujours les coups de pied arrêtés comme avec Girona qui a terminé la saison 2017/18 avec 19 buts dans ce domaine, seul le Real a fait mieux. Défensivement, ses équipes s’appuient sur sa ligne de trois centraux et des latéraux qui se sacrifient physiquement pendant toute la rencontre en faisant la navette mais qui sont plus ailiers que latéraux. Quelques bémols cependant : l’espace laissé par ces derniers dans leurs dos ou encore un milieu de terrain parfois désert car souvent proche de la surface adverse pour suivre les longs ballons. Machín doit également trouver une solution pour répondre une fois son équipe menée.

Pourquoi lui ? Son « échec » en Andalousie a logiquement fait mal à sa réputation. Les attentes étaient peut-être trop importantes pour un jeune entraineur avec une idée différente. Son travail à Girona est cependant indélébile sur un CV qui ne demande qu’à voir les pages s’empiler tels les buts de Cristhian Stuani. Pablo Machín est clairement une idée à tenter si on est capable de lui donner du temps. Il peut être parfait pour un nouveau projet à lancer ou un ancien projet en déclin qui a besoin d’une nouvelle vision. Une vision offensive qui évolue selon l’idée adverse. En Liga, son système a également prouvé qu’il était polyvalent et capable de s’adapter à plusieurs situations. Dès l’atterrissage sur le tarmac de l’élite espagnole, Machín et son staff ont dû répondre aux nombreuses contre-attaques de leurs rivaux. Et puis, le natif de Soria aura surement profité de son temps sans poste pour parfaire les retouches nécessaires à son système. Il ne lui reste plus qu’à trouver un club pour mettre tout ça en œuvre !
Abelardo Fernández (Alavés)
D.N.I : Contrairement à Pablo Machín, El Pitu Abelardo (de El Pitufo, le Schtroumpf, surnom donné par ses collègues étant petit à cause de sa taille) a lui vécu une belle carrière en tant que joueur. L’ancien défenseur est l’un des meilleurs joueurs sortis de la cantera du Sporting Gijón comme Luis Enrique qu’il retrouvera ensuite en Catalogne. Abelardo a rempli sa vitrine de trophées au FC Barcelone avec deux titres de Liga, la C2 ou encore deux coupes du Roi. Il a également glané un titre olympique avec la Roja en plus d’avoir participé à deux Coupes du Monde et deux Euros.

Sa carrière de coach débute cependant sur ses terres, dans les catégories inférieures du Sporting avant qu’il ait l’opportunité de reprendre l’équipe pro en 2014 pour les cinq derniers matches avant de chuter en play-offs. Abelardo va guider les Asturiens vers la Liga dès sa deuxième saison en terminant 2e. Sa première saison en Liga sera longue et difficile mais finalement positive avec le maintien assuré à la dernière journée. L’ancien défenseur ne pourra cependant pas stopper la tempête de 2016/17 et quittera son club de cœur, les larmes aux yeux, en janvier 2017. 11 mois plus tard el Pitu a retrouvé un banc, au Pays Basque, avec le Deportivo Alavés. En un an, Abelardo a ressuscité le club de Vitoria. Avec 65 points de pris sur ses 12 premiers mois (sur deux saisons), le coach a totalement sorti le modeste club basque des profondeurs de la Liga pour en faire une des révélations du championnat. S’imposer 3-2 à Gérone malgré être mené 2-0 à 20 minutes de la fin, voilà comment il avait commencé son étape babazorra. Comme pour son homologue cité ci-dessus, Abelardo et les siens ont du mal à tenir le rythme cette saison et, après plusieurs mois installés aux premiers rangs, les Basques retrouvent le ventre mou.
Style : À son arrivée à Vitória, Abelardo décide de changer de système et de passer au 4-4-2. Le schéma est différent mais l’idée est assez similaire à celle de Pablo Machín, un peu plus défensive et compacte avec une prise de risque moindre. Abelardo prône surtout pour un jeu direct, avec très peu de passes par match (325 par match en moyenne cette saison, seul Getafe en fait moins) et pas mal de longs ballons (70 par rencontre). La possession n’est pas l’objectif premier du Pitu et ses hommes (3e équipe qui a le moins de possession cette saison), il faut trouver rapidement l’un des deux attaquants pour jouer dans la moitié de terrain adverse. Jonathan Calleri, Borja Bastón ou John Guidetti seront toujours à la réception même s’ils pêchent clairement dans la finition (Alavés a le pire ratio de tirs cadrés par match du championnat avec 3.1). Le ciel de Liga est le terrain de jeu des Babazorros que ce soit devant, avec les buteurs cités, ou derrière avec Laguardia et Maripán.

Jony reste le danger le plus important de cette équipe, un ailier très complet et imprévisible. C’est le seul babazorro qui a carte blanche dans l’équipe qui dribble le moins de Liga derrière Leganés. Comme avec Machín, les coups de pied arrêtés sont une arme redoutable du Pitu encore cette saison avec 15 buts marqués (coleader avec le Barça) soit autant que dans le jeu (dernier du championnat dans ce domaine). Défensivement, Alavés s’appuie sur deux milieux récupérateurs d’expérience Manu Garcia (33) et Tomás Pina (31). Contrairement au style Machín, celui d’Abelardo défend bien plus bas et récupère généralement très proche de son but avec l’idée de partir rapidement en contre (3 buts). Un jeu moins flambant mais assez efficace comme on a pu le voir à plusieurs reprises avec Alavés cette saison même si parfois il manque de solutions dans l’adversité et devient un peu trop défensif, ce qui ne plait pas toujours aux hinchas.

Pourquoi lui ? Actuellement en poste, Abelardo est déjà assuré de ne pas continuer l’aventure à Alavés. Un désaccord salarial avec ses dirigeants a confirmé le divorce cette semaine. L’entraineur de Gijón a est capable d’apporter des résultats rapidement en appuyant beaucoup sur le mental. L’ancien défenseur a un profil d’entraineur plus ancien. Sans fioritures, sans folies, concentré sur le résultat final. Il sait aussi se montrer intransigeant s’il le faut et bouger un peu ses troupes pour relancer la machine. L’objectif maintien est sa spécialité étant aussi capable de flirter avec les postes européens avec l’un des effectifs les moins clinquant du championnat. Cet été, il va surement chercher un club un peu plus huppé pour se jauger avec un groupe plus intéressant. Par contre, il faudra se dépêcher, le Betis est déjà à l’affût…
Nicolas Faure
@Nicommentator