Il y’a des matchs avec des équipes très difficiles à suivre et à comprendre. Le Barça de Valverde fait partie de ce genre de formation, capable du meilleur mais surtout du pire, son équipe ne déçoit jamais mais n’impressionne pas. Face à Manchester United, c’est encore un Barça frustrant voir décevant mais solide qui a remporté une victoire par la plus petite des marges. Entre plan particulier et surtout ajustements en cours de match, retour sur une confrontation qui n’a réservé aucune surprise.
Face à des Anglais valeureux mais très décevants, le Barça a géré sans impressionner. Comme après chaque match des Catalans à l’extérieur sous le mandat de Valverde, c’est la même impression qui domine. Les Blaugrana semblaient capable de faire mieux, de gagner plus largement. En même temps, ils n’ont jamais été mis en danger et ont bien mené leur barque. Après ce genre de prestation, Valverde et la majorité des socios sont satisfaits. Mais il reste une partie de nostalgie d’un certain Barça qui fausse notre jugement sur celui ci. Malheureusement, encore hier, les Blaugrana ont très vite mis le pilote automatique.
Un avant et un après but de Suarez pour le Barça.
Le plan de Manchester United est très facile à lire en début de match. L’axe est blindé avec un 3-5-2 ou Shaw colle ses centraux et Dalot occupe un poste de piston gauche. Les Anglais bétonnent et tentent de préserver l’axe des accélérations de Messi ou des ouvertures d’Arthur et Busquets. Le Barça, habitué à ce genre de physionomie, va trouver la parade très rapidement.
Tout d’abord en positionnant Rakitic très bas, entre les deux centraux, pour générer une plus value notable en sortie de balle. Puis le Barça fait remonter le cuir, touche Busquets puis souvent Rakitic qui lui oriente vers les côtés. Semedo et Coutinho doivent jouer des 1vs1 et font gagner de précieux mètres au Barça. Les Catalans sont souverains, dominent le match en tenant le ballon et surtout en étant haut. Après 10 minutes d’un léger round d’observation, Messi, qui s’était contenté de faire vivre le cuir, est servi d’une bien belle manière par Busquets entre les centraux anglais. L’Argentin sort un beau contrôle, arrête le temps prend l’information et donne une merveille de passe à Suarez. Le buteur frappe le ballon, personne ne sait si c’était une remise ou un frappe, en fin de compte le ballon est dévié par Shaw et rentre au fond des filets.

Le Barça est maître des espaces, du ballon et accule les Anglais, on pense que la soirée sera longue et surtout les Blaugranas réussiront enfin une performance à l’extérieur en LDC sous Valverde. Pourtant rapidement, la réalité du quotidien revient doucher les espoirs de millions de fans. Après ce but et alors que le Barça semblait capable de continuer à maintenir cette pression pour se rassurer et surtout aggraver la marque, les Catalans ont mis le pilote automatique. De retour dans ses travers, le Barça va décevoir sans se mettre en danger mais ne va plus rassurer.
Busquets, symbole d’un Barça à contre emploi
Alors que tout semblait en place pour voir le Barça s’offrir une victoire à Old Trafford avec la manière, les Catalans vont reculer et tenter de procéder en contre. Un plan qui se tient, qui peut même offrir de belles actions tout en préservant une relative solidité défensive. Sauf que ce plan dessert le Barça qui n’a pas vraiment le logiciel mental pour opérer de cette manière sur la durée.
Quand ta pierre angulaire s’appelle Busquets, te mettre à jouer avec le frein à main et surtout à défendre en reculant annihile presque entièrement ta supériorité individuelle intrinsèque. Rapidement ce n’est plus le Busquets qui joue face au jeu et qui offre des galettes que l’on voit mais celui qui défend en reculant et doit couvrir beaucoup d’espaces. Une sentinelle dans une filière qu’il déteste et qui influe logiquement sur le reste de son jeu. Parce qu’en plus d’être en difficulté en transition offensive, Busquets est serré par Pogba et multiplie les erreurs et les pertes de balles à la relance.
Surtout qu’à ses côtés, Arthur et Rakitic sont des milieux « neutres ». Le Brésilien, pas au point physiquement, se contente du minimum et ne s’intercale plus entre les lignes. Avec trois joueurs sur une même ligne ou presque, Le Barça ne ressort plus aucun ballon et en perd de plus en plus. Alors que les trois étaient complémentaires et ont permis au Barça de réaliser un super début de match, ils vont devenir néfastes et surtout vont se marcher dessus par la suite. En somme, ce Barça catatonique continue d’être incompréhensible.
Piqué en patron et Valverde maître des ajustements
À force de vouloir simplement gérer sans pour autant essayer de se mettre à l’abri, le Barça semble perdre le fil de son match. Bien sûr la sérénité du Barça reste importante mais voir Busquets autant en difficulté ou encore Ter Stegen allonger très souvent ne laisse présager rien de bon. Seul Suarez est réellement au niveau et bonifie chaque ballon qu’il touche dos au but. Messi est ceinturé souvent à la limite et a du mal à prendre le dessus sur la durée.

De plus en plus mis à mal notamment par Pogba, Valverde se décide d’agir à l’heure de jeu. Vidal et surtout Sergi Roberto font leur entrée en lieu et place de Semedo et Arthur. Dans un 4-4-2 qui n’inspire pas la confiance, le Barça va pourtant retrouver de la cohérence. C’est ce genre de chose qui continue d’entretenir le flou autour du Barça de Valverde. Avec ces ajustements, les Catalans ne font pas que contenir les Anglais mais vont surtout mieux faire vivre le ballon en exploitant de meilleure façon les espaces avec des joueurs intercalés entre les lignes. Valverde ne change pas de plan mais change les hommes pour qu’il soit viable. Pendant longtemps dans cette partie le Barça a essayé de créer du déséquilibre sans générer de supériorité en vain. Avec ces changements, il y arrive enfin et respire donc à nouveau.
Petit à petit le Barça redevient souverain et en perdant moins de ballons dans des zones dangereuses, il gagne en solidité. Piqué a aussi permis aux Blaugranas de ne pas sombrer quand le bateau prenait l’eau. Toujours bien placé et surtout jamais pris à revers, le central a dominé cérébralement et physiquement son vis-à-vis à chaque fois qu’il avait un adversaire dans sa zone. Une prestation qui rappelle les plus belles heures du Barça. Et c’est bien pour ça que cette équipe est si frustrante. Il dispose d’un nombre de joueurs incroyables mais Valverde doit composer avec tellement d’éléments qu’il préfère la gestion à la folie. Encore une fois, le résultat est là : le Barça a gagné sans encaisser de but et n’a même pas concédé un tir cadré. Mais dans le même temps ce Barça semblait en mesure d’avoir une avance bien plus importante au coup de sifflet final. Le Barcelone de Valverde est difficile à suivre mais en même temps terriblement cohérent, peut être même trop.
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13