Sergi Guardiola ou Sergio Guardiola Navarro de son nom complet, est un attaquant au parcours atypique qui a déjà beaucoup bourlingué en 10 ans de carrière. Sa vie aurait pu/dû basculer en décembre 2015 quand il signe au Barça, mais rien n’est simple et tranquille dans la vie de Sergi. Entre chemin de traverse et golazo monumental, l’attaquant de référence de Valladolid a pourtant réussi à se frayer un chemin jusqu’en première division. Retour sur la trajectoire tout sauf droite du buteur qui devient la norme en Liga.
Fut un temps, la mode des coachs aux profils et aux parcours atypiques avait apporté un vent de fraîcheur sur la Liga. Même si elle est toujours présente, actuellement le championnat observe sur ses terrains des joueurs avec des éclosions sur le tas et avec surtout des trajectoires hors du commun qui secouent la Liga. Mata est le plus fervent représentant de ces revanchards du football. Durant la première moitié de saison, Sergi Guardiola était même le remplaçant du néo-international à Getafe. Sauf que le natif de Jumilla n’aime pas à attendre et ne tient jamais en place. Alors cet hiver, après un imbroglio, le buteur pose ses valises à Valladolid. Une nouvelle étape dans une carrière déjà conséquente pour un joueur totalement hors du moule traditionnel.
Sergi Guardiola, buteur instable
Natif de Jumilla, une ville connue actuellement pour son club de Segunda sous giron chinois, Sergi fait pourtant toute sa formation à Lorca à une grosse heure et demie de là. Le buteur ne casse pas vraiment des briques et se fait remarquer par aucun club professionnel, même pas par les voisins de Murcia. Dans une région fertile en club mais aussi en projets boiteux, Sergi va progresser en changeant constamment de club. C’est bien simple, entre ses premiers pas à Lorca et sa signature à Valladolid en 2019, Guardiola n’aura jamais passé plus d’une saison dans un même club. Souvent il est l’auteur de come-back mais il repart très rapidement.
Sergi ressemble à un joueur instable mais il essaye surtout de survivre en Tercera ou en Segunda B, des divisions très compliquées pour les joueurs. Le niveau n’y est pas du tout homogène et les clubs disparaissent aussi vite que les nouveaux projets pompeux sont lancés. Après ses débuts à Lorca, Sergi revient chez lui à Jumilla en 2010. Après une grosse année dans sa ville natale, le buteur commence son long voyage. Il porte le maillot de Nucia, d’Ontinyent puis passe brièvement dans l’équipe B de Getafe en 2013. Quelques mois plus tard, il quitte déjà Madrid pour Novelda avant encore une fois de faire ses valises pour Eldense.
En 2014, à Alicante dans un des plus anciens clubs de la région, Sergi va enfin se révéler. Il est vrai qu’on n’avait pas beaucoup vu Sergi sur les terrains lors des derniers mois, toujours entre deux club. À Alicante, il va enfin jouer une saison complète dans le même club et mettre la Segunda B à ses pieds. Auteur d’une grosse quinzaine de buts en 40 matchs, Guardiola montre quel type de neuf il est. Véloce, plutôt rapide, doté d’une grosse frappe de balle et surtout bon de la tête, l’Espagnol a une palette technique plus que conséquente. Lorsque la saison est clôturée, Guardiola est déjà évoqué en Segunda. Après des années de galère, le football pro se présente enfin au buteur.
Le Barça, point d’inflexion de la carrière de Sergi Guardiola
Comme à son habitude, Sergi ne résiste pas à ses nouvelles sirènes et rejoint Alcorcon en 2015. De retour à Madrid mais cette fois dans l’équipe A, le destin semble enfin sourire à Guardiola mais le buteur va vite déchanter. Comme à son habitude quand le niveau s’élève, le natif de Jumilla s’effondre et peine à s’imposer. Pas dans les petits papiers de son coach, il joue peu. Pourtant fin décembre, la carrière de Sergi bascule par deux fois. En cette fin d’année 2015, le Barça officialise l’arrivée du buteur pour étoffer son équipe B.

C’est la chance d’une vie pour un buteur qui a longtemps galéré. Le salaire est conséquent et à 24 ans, son quotidien doit basculer dans un autre paradigme. Sauf que très rapidement tout s’enraye pour Sergi. Plusieurs tweets insultant le club catalan sont déterrés de son compte Twitter. Lui plaide la mauvaise blague mais c’est déjà trop tard, le Barça casse son contrat et Guardiola devient la risée du monde. Son nom traverse les frontières et le sportif n’y est pour rien. Alors qu’il devait pouvoir jouer dans un grand club, Sergi se retrouve sans contrat à quelques heures de la fin du mercato.
Quelques semaines après ce vrai faux transfert, Sergi rejoint la réserve de Granada en Segunda B. Un retour en arrière même si l’important est ailleurs, le buteur retrouve du temps de jeu et de la confiance. Il enchaîne même les buts et son nom arrive aux oreilles du coach de l’équipe A Paco Jemez lors de l’été 2016. Alors qu’il vient de passer tout proche de reprendre Séville, l’ancien du Rayo signe dans un projet qui ne ressemble à pas grand chose sous l’impulsion de propriétaires chinois qui ne connaissent pas grand chose au football. Pour Sergi pourtant l’important est encore une fois ailleurs, lors de la première journée de Liga version 2016-2017, il est sur le banc. Une nouvelle consécration pour lui, mais qui sera une nouvelle fois de courte durée.
Un exil en Australie avant un retour triomphant
Alors que tout semble s’aligner pour le voir devenir un joueur de rotation dans le Granada version Paco Jemez, Sergi est poussé vers la sortie. Une dizaine de jours avant que le Canarien soit démis de ses fonctions, le natif de Jumilla rejoint Adelaide United en Australie. Le club est en D1 et entraîné par un espagnol. On pense que ça va matcher entre le buteur et ce nouveau pays qui a souvent permis aux Espagnols de performer. Sauf que voilà, le buteur n’y est pas du tout. ESPN notamment se paie même le joueur qui le qualifie de « très mauvais joueur« . Sans continuité et sans statistiques, Sergi retourne à Granada en janvier 2017. Tout de suite après son retour en Andalousie, il est prêté au Real Murcia.
En D3 il marque une dizaine de buts en 20 matchs et refait enfin parler de lui pour du sportif. Comme à son habitude, il ne continue pas avec ce nouveau club et retourne en Segunda à l’été 2017. Cette fois c’est Cordoba qui lui offre sa chance. Une chance qui ressemble à la dernière pour un attaquant de 26 ans qui a déjà pas mal vécu et déçu. Dans un club qui vivra une saison très particulière, Sergi va pourtant enfin saisir sa chance. Référant offensif des Andalous, il enchaîne les pions et sera un des artisans du maintien héroïque des siens. Après 24 buts en 42 matchs, son nom est une nouvelle fois sur toutes les bouches mais cette fois, c’est la Liga qui s’intéresse à Sergi.
Un transfert boiteux à Getafe, la confirmation à Valladolid
Le club le plus offrant est Getafe. Offrant est un bien grand mot cependant. Son arrivée en Liga ressemble à un montage particulier. Alors que les Azulones ont déjà verrouillé Mata, Guardiola prolonge à Cordoba avant de rejoindre en prêt les Madrilènes. On parle de limitation financière, d’option d’achat, d’obligation d’achat même. Sauf que ce transfert reste flou surtout que Guardiola va être sous utiliser par Bordalas. De août à janvier, le buteur ne joue même que 30 minutes en cumulé et ne débute aucun match en Liga et n’a le droit que deux fois 70 minutes en Copa. C’est bien trop peu pour un garçon instable qui ne se contente jamais de sa situation.
Alors que beaucoup de joueurs avec son parcours atypique se serait satisfait de cette place en Liga, Sergi annonce sa volonté de quitter le club de Madrid lors de l’hiver 2019. Sauf que rapidement on se rend compte que le deal entre Getafe et Cordoba est bien foireux. Le président de Getafe bloque même le départ de l’attaquant qui s’est mis d’accord avec Valladolid. Il demande de l’argent, beaucoup d’argent alors que Sergi appartient encore au club de Segunda. Fin janvier tout se décante enfin et Sergi rejoint le club de Pucela avec un contrat relativement long. L’objectif du buteur est simple : mettre au pli la Liga comme il a mis au pli la Segunda, rapidement.

À peine 48 heures après son arrivée dans son nouveau chez lui, Sergi est déjà titulaire en Liga face au Celta. Rapidement il se met en action. Sergi montre toutes ses capacités et surtout son apport est tout de suite déterminant pour son équipe. Les violets et blancs vont l’emporter et Sergi va réussir à activer ses coéquipiers. Une chose que n’avait jamais réussi Unal avant lui. Surtout dans un rôle de pivot, Guardiola doit servir de point d’appui à des joueurs mobiles comme Plano, Villa ou Keko. Une chose qui match tout de suite. Sergi ne connait pas vraiment ce niveau mais comme Mata ou Gallego cette saison, il est très vite au niveau.
Sergi Guardiola, clé du maintien de Valladolid ?
Depuis ce premier match face au Celta, Sergi a joué entièrement toutes les rencontres disputées par Valladolid. Son bilan comptable est faible (un petit but) mais dans le jeu, son apport est vitale. C’est bien simple, sur le pré, il ne dézone que très peu et fait parler sa grande taille pour dévier des ballons et joue de son corps contre les défenseurs. Utile à ses coéquipiers, il n’est pas une grande menace même s’il est surtout malchanceux dans cette zone de vérité. Là où Unal est globalement plus talentueux en théorie, Sergi donne du sens au plus petit budget de Liga cette saison.
Valladolid ressemble à son buteur, invité surprise cette saison, le club de Pucela ne semble pas armé pour ce niveau mais joue les matchs à fond et prend des points, à l’arrache très souvent. Sans concurrence ou presque, Sergi amène donc toute son expérience et ses qualités à une équipe qui joue pour sa survie à ce niveau. Son seul but, en Liga avec Valladolid, face à Eibar à la 93e minutes 2 minutes après que Verde n’ait égalisé montre bien que le mariage entre les deux ne peut que fonctionner. Pas encore tueur dans la surface, Guardiola montre pourtant qu’il a pleinement le niveau Liga, avant un nouveau départ cet été ? La continuité de Valladolid en Liga donnera une première indication, même si Sergi reste un attaquant insaisissable et instable.
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13