Valencia CF / Mouctar Diakhaby, enfin au niveau de la Liga ?

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En regardant le recrutement important de Valence à l’intersaison (Wass, Gameiro, Cheryshev, Piccini…), il n’était certainement pas le joueur sur lequel on aurait misé tout notre compte bancaire. Pourtant, à 22 ans, Mouctar Diakhaby s’est fait sa place dans la rotation défensive du club Ché. Portrait d’un joueur au CV déjà bien garni.

Ces dernières saisons, le défenseur français est en vogue de l’autre côté des Pyrénées : Samuel Umtiti, Lucas Hernandez, Aymeric Laporte (parti depuis à Manchester City), Raphaël Varane ou encore Clément Lenglet. Depuis cet été, un petit nouveau a sa carte de visite en Liga : Mouctar Diakhaby. L’ex-Lyonnais a posé ses valises devant Mestalla. Une nouvelle étape dans son histoire qui a commencé sur les bords de l’Atlantique.

Rendez-vous manqué avec les Canaris

Le Franco-guinéen grandit dans le quartier Malakoff en plein coeur de Nantes. Le ballon rond arrive finalement assez tard dans la vie du jeune garçon. Il prend sa première licence à l’âge de 8 ans. L’heureuse élue est l’USSA Vertou. Derrière le grand FC Nantes, le club de la Sainte-Anne est un bon repaire pour la formation avec une équipe fanion qui oscille entre la R1 (6e division) et le CFA2 (5e échelon). Le petit Mouctar Diakhaby fait ses classes pendant cinq saisons sur le terrain des Échalonnières.

Avec son grand gabarit, il tape dans l’oeil du grand club local, le FC Nantes, et intègre à 13 ans l’un des meilleurs centres de formation français. Le rêve de porter un jour les couleurs de sa ville d’enfance est en marche. Malheureusement, l’espoir va être de courte durée : à la Jonelière, Diakhaby occupe en alternance les postes de milieu droit et d’attaquant. Des positions où ses qualités naturelles ne peuvent pas s’exprimer pleinement : puissance, taille, duels aériens. Pas conservé, l’aventure s’arrête au bout d’un an seulement.

Éclosion tardive et compliquée 

Retourner dans son club d’enfance apparaît alors comme la meilleure solution. Il revêtit le maillot de l’USSA Vertou et part pour un nouveau bail de trois ans. Durant cette période, Mouctar Diakhaby est surclassé chez les U19 Nationaux et s’épanouit dans le rôle de milieu défensif. « Je voulais rejoindre un centre de formation. Dans tous les cas, je savais que j’allais intégrer une équipe professionnelle, même si ça allait être plus tard que pour beaucoup d’autres. » déclarait-il en novembre 2016 à 20 Minutes. Il prend son mal en patience. Plusieurs clubs professionnels le mettent à l’essai : Angers, Rennes et même Nantes. Sur chaque tentative, les mêmes remarques négatives reviennent, notamment sa trop grande gentillesse dans les duels.

Lyon : la découverte d’un autre monde

Son entraîneur chez les U19 Nationaux, Yvonnick Sidaner, se démène pour lui. Alors qu’un contrat garanti semble possible chez les Chamois Niortais (Ligue 2), il tente l’essai dans le grand Olympique Lyonnais. Et c’est le jackpot : il intègre le club aux sept titres de champion de France lors de la saison 2013-2014.

Crédits Photos : Philippe Le Brech

Sur les bords du Rhône et dans un tout nouvel environnement, Mouctar Diakhaby gravit les échelons de la formation. Repositionné en défense centrale, il connaît les joies de la Youth League et des sélections nationales jeunes (U19, U20 France). Le joueur fait même partie de l’équipe finaliste de la Gambardella en 2015 avec Maxwell Cornet ou Samuel Moutoussamy qui évolue aujourd’hui… au FC Nantes.

Logiquement, il signe son premier contrat professionnel dans la foulée. La route semble toute tracée vers l’équipe première. Mais son hygiène de vie va être un premier frein à sa progression. Elle est incompatible avec la carrière d’un footballeur pro : couchers tardifs, alimentation douteuse, longues parties de console de jeux, retards aux entraînements.

Le Groupama Stadium : son premier grand jardin

Malgré une prise de conscience et le début d’un programme alimentaire strict, Mouctar Diakhaby semble se diriger vers une nouvelle année en CFA lorsque débute la saison 2016-2017. Dans la hiérarchie, il se situe derrière les Mapou Yanga-Mbiwa, Emmanuel Mammana, Nicolas Nkoulou et Jérémy Morel. Et ce malgré le départ du taulier Samuel Umtiti pour le FC Barcelone.

Pourtant, à la surprise générale, il dispute son premier match contre les Girondins de Bordeaux le 10 septembre 2016. Même si la rencontre accouche d’une défaite lyonnaise (3-1), le jeune défenseur de 19 ans montre de belles promesses et n’est pas loin d’inscrire son premier but en professionnel face à Cédric Carrasso.

Ensuite, tout s’enchaîne. Souvent associé avec Jérémy Morel, Mouctar Diakhaby dispute 34 rencontres toutes compétitions confondues et inscrit 5 buts. Il est un des artisans majeurs du beau parcours de l’OL en Europa League avec une demi-finale perdue contre l’Ajax Amsterdam. Le défenseur est notamment déterminant en huitième de finale contre l’AS Roma avec un but à l’aller et un autre au retour au Stadio Olimpico.

Si la saison 2016-2017 est celle de la révélation, la suivante va marquer un coup d’arrêt. Lyon vient de terminer 4e de Ligue 1, laissant le podium et le strapontin Champions League à l’OGC Nice. Le secteur défensif est notamment pointé du doigt avec 48 buts encaissés en 38 journées. Une moyenne trop élevée pour une équipe phare comme l’OL. Le club rhodanien décide donc de recruter un défenseur expérimenté pour faire la paire avec Jérémy Morel : le Brésilien Marcelo (Besiktas) est alors choisi. Mouctar Diakhaby fait les frais de cette arrivée. Son temps de jeu se réduit inexorablement : 21 matchs toutes compétitions confondues et seulement huit titularisations en championnat.

Un nouveau départ à Valence

Même si son contrat dans le Rhône court jusqu’en 2022, Mouctar Diakhaby se cherche une porte de sortie. Alors que la Premier League sonne comme une évidence, le joueur de 22 ans décide de s’envoler vers la Liga et Valence pour cinq ans. Chez la direction lyonnaise, on se frotte les mains des 15 millions d’euros récupérés grâce à ce transfert. Dans l’ombre de la paire inamovible Ezequiel Garay-Gabriel Paulista, la peur de revivre le même scénario que la saison passée est réelle. Même si l’investissement du club Ché est important, Mouctar Diakhaby semble promis à jouer des « petits » matchs et à poursuivre son apprentissage. Mais comme pour ses débuts à Lyon, le défenseur central va faire taire ses détracteurs. Bien évidemment, les blessures récurrentes d’Ezequiel Garay ont accéléré son intégration dans le onze titulaire. Préféré à Ruben Vezo et Jeison Murillo par Marcelino, l’international espoirs a donc saisi sa chance avec déjà 16 rencontres de Liga disputées.

Crédits Photos : Goal

Derrières les bonnes statistiques, il faut pourtant analyser ses prestations. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ses premières apparitions sous le maillot Ché ne vont pas rester dans les annales du club : une défaite sur la pelouse de l’Espanyol (2-0) et un nul (2-2) dans le derby contre Levante. Oui, il n’est pas le seul responsable des quatre buts encaissés. Mais quand on est placé en charnière centrale, la liste des coupables arrive rapidement sur son nom. Le dossier est lourd : des placements hasardeux, des déficiences quand la profondeur est utilisée, alliés au manque de concentration et un temps de retard dans un jeu plus rapide que dans le championnat français. En Ligue 1, ses défauts étaient déjà visibles. Mais, en Liga, ces erreurs se paient cash….

Belle marge de progression

Depuis, la forme de Mouctar Diakahby et la situation de Valence se sont bien redressées. Certes, Facundo Roncaglia (Celta Vigo), concurrent potentiel, est arrivé en renfort cet hiver pour un prêt de six mois. Mais Mouctar Diakhaby garde sa place chauffée dans la rotation de Marcelino. Les supporters ont déjà pu admirer ses facultés de buteur contre Séville (1-1) et Villareal (3-0). Seul point noir : une suspension de quatre matchs en février pour une barrage avec des joueurs de Getafe après le quart de finale retour en Coupe du Roi.

Plus globalement, il s’épanouit dans un championnat qu’il commence à apprivoiser : meilleurs placements grâce aux automatismes créés avec ses partenaires, fort dans le domaine aérien, capable de défendre debout, bonne relance. Si on ajoute son physique longiligne (1m92, 78kg), on pense rapidement à un certain Raphaël Varane. Le Merengue est d’ailleurs son modèle. Dans l’espoir d’avoir un jour son palmarès, le nouveau Ché se concentre sur le présent et l’avenir proche. Avec une place européenne à aller accrocher en Liga, une finale de Copa del Rey contre Barcelone et un quart de Ligue Europa face au voisin Villareal, nul doute que Mouctar Diakhaby aura son mot à dire dans la fin de saison valenciana.

Thomas Ginesta

@thomasginesta

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