L’Atlético de Madrid n’avait qu’un rêve depuis que son Metropolitano a été inauguré : soulever la Ligue de Champions dans son antre. Quand l’UEFA a accordé cette finale 2019 au club de Madrid, tout semblait s’aligner pour que ce rêve soit réalisable. Après la victoire à l’aller face à la Juventus, en huitième ce sentiment était encore plus renforcé. Oui mais voilà, l’Atleti a perdu lourdement à Turin et de nombreux problèmes mis sous le tapis vont resurgir comme de vieux démons. Et maintenant on fait quoi du côté de l’Atleti ? Tentative de réponse.
Depuis que le Metropolitano a été désigné stade hôte pour la finale de Ligue des Champions 2019, l’Atléti avance en marche forcée. L’idée est simple, ne penser qu’au terrain, investir plus que de raison et ne pas regarder les offres ni l’état des finances pour une raison : avoir la meilleure équipe et soulever enfin une Ligue des Champions. L’Atléti joue avec le feu mais ne se brûle (pas encore) les doigts. Le contrat pharaonique de Griezmann ? Pas un problème, tarder à prolonger Oblak ? Pas grave, refuser une offre monstrueuse du Bayern pour Lucas ? Facile ou encore les problèmes de cession du Calderon ? On y pense pas. Pourtant, avec cette élimination à Turin, c’est tout un projet et une logique qui explosent. Alors que cette possible finale à domicile était un point de fixation, de repère pour ne pas oublier pourquoi l’Atléti se mettait en danger, il vient d’exploser en plein vol. Depuis ? Les démons d’une gestion qui était plus que dangereuse sont de retour et les maux de têtes sont grands pour les dirigeants colchoneros.
La déroute de Turin, point d’inflexion du projet Atlético ?
Sur le papier, après une victoire à Madrid facile et toute en gestion de l’Atléti, l’issue de ce huitième de finale semblait plier. Comme une évidence, les madrilènes sont maintenant des habitués de ce genre de match et ils ne sont pas du genre à se planter alors que tout leur sourit. Oui mais voilà, l’Atléti d’il y a 5 ans n’est plus le même qu’actuellement. Enfin si, c’est le même à quelques choses près et c’est ça le problème. Sur le terrain du Juventus Stadium, deux choses ont sauté aux yeux : le non renouvellement d’un effectif à bout de souffle et l’impossibilité pour l’Atléti de recruter les joueurs qu’il faut pour relancer le projet.
Sur la feuille du match, sans compter les blessés et les suspendus, une chose interpelle : le peu de renouvellement depuis la finale de 2016. Mieux encore, les deux leaders défensifs de la finale de 2014 sont encore là : Juanfran et Godin. Ils étaient même 8 à être sur le terrain de milan en 2016 présent aussi à Turin. Avant ce match retour, beaucoup de suiveurs s’étaient calqués sur la réflexion de l’Atléti. Ce non renouvellement ou cette continuité poussée à l’extrême était une bénédiction pour le Cholo et son projet. Ce groupe qui connaît parfaitement le Cholismo ne pouvait pas décevoir. Et pourtant, c’est bien Juanfran puis l’axe central des madrilènes qui va craquer dans son secteur préférentiel : le jeu aérien dans la surface. La fin de cycle est réelle et s’est matérialisée de la pire des manières sur le pré.

Derrière cette fin de cycle, la difficulté sur le recrutement de l’Atléti a aussi été aperçu à Turin. Rodri qui connaissait déjà le moule madrilène (il a été formé chez les rouges et blancs) ne peut pas vraiment être vu comme une recrue à part entière. La prestation de Lemar a été remarquée pour la pire des choses. Arrivée avec l’étiquette de plus gros transfert de l’histoire des colchoneros, il devait matérialiser cette passation de pouvoir et cet Atléti qui devient un top. Sauf que sa saison est cataclysmique et à Turin, il n’a rien réussi. Pire, il a perdu un nombre incalculable de ballon et il a été en souffrance tout du long. Morata et Arias ont fait un match satisfaisant mais on ne peut pas dire qu’ils ont eu un impact sur le résultat. Pire, on ne peut pas vraiment dire qu’ils aient fait un match satisfaisant sur l’échelle du Cholismo. L’Atléti doit se renouveler mais l’avenir est sombre, très sombre.
Mais ou va l’Atléti ?
Depuis quelques saisons, les madrilènes n’arrivent pas à faire des coups sur le marché des transferts. Pourtant chaque saison le mercato réalisé par l’Atléti semble bon mais à chaque fois, les joueurs n’y arrivent pas. Cette non-réussite se matérialise avec la gestion des ailiers par le Cholo. Depuis Yannick Ferreira Carrasco, tous les autres joueurs de couloir passés entre les mains de Simeone n’ont rien réussi et se sont écrasés. Lemar semble suivre cette voie. Pourtant chaque saison, les rouges et blancs recrutent des ailiers pour palier la défaillance des anciens alors que l’Atléti a toujours été meilleur avec quatre milieux centraux alignés en même temps. Mieux encore, la démonstration face à la Juve l’a été avec ce schéma. L’Atléti semble schizophrène entre le réel et l’imaginaire.

Outre cette dichotomie tactique, les multiples échecs sur le marché des transferts peuvent s’expliquer d’un point de vue mental. L’Atléti et le Cholismo ont vécu des super moments avec un groupe qui ont eu une carrière grâce à l’entraîneur argentin. Pour schématiser, les Godin, Juanfran, Filipe Luis ou même Griezmann ont tutoyé les sommets et ont fortement progressé ensemble sous l’égide d’un certain style. Cette union a dépassé les terrains et c’est une des composantes de la réussite de l’Atléti. Sauf qu’actuellement, les madrilènes recrutent des joueurs qui ont eu une carrière ailleurs, qui ne sont pas des inconnus et surtout qui n’ont pas ce lien particulier avec le Cholo. Un manque qui semble être une des composantes de la baisse de forme de l’Atléti ou en tous cas, de son incapacité à réitérer les succès. Les Lemar, Morata ou encore Arias n’ont pas la capacité à se mettre minable pour l’Argentin, ils n’y arrivent pas encore.
Maintenant de nombreux problèmes se posent au niveau de l’effectif. Malgré les échecs sur le mercato, l’Atléti semble avoir tout de même sa colonne vertébrale pour l’avenir. Gimenez dans l’axe central, Arias côté droit, Rodri-Coke-Saul au milieu et devant Griezmann. « Sauf que » qui mettre à côté ? L’Atléti doit renouveler grandement son effectif sans n’avait jamais réussi à le faire depuis 5 ans. De plus la gestion des départs va donner des maux de têtes à beaucoup de monde. L’Atléti a besoin de liquidité, mais qui faire partir entre Oblak, Lucas, Thomas ou encore Correa ? Le Cholo doit faire partir ses soldats et ça va lui faire drôle. Une page se tourne à l’Atléti, Simeone a confirmé qu’il serait encore là la saison prochaine, mais avec quelle équipe ? Personne ne le sait encore vraiment et c’est aussi inquiétant qu’excitant.
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13