Real Madrid / Lazcano – Sañudo : les bourreaux du Barça dans le fameux 8-2 en Liga

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La rivalité entre le Barça et le Real Madrid est venue crescendo. Elle ne déroule pas directement d’un affrontement religieux, social ou ethnique. Le Clasico est devenu LE match à suivre en Espagne au fil des ans, avec les histoires et la progression des deux équipes. Avant l’éclatement de la guerre civile, un match a fait sensation : la victoire 8-2 du Real en Liga. Retour sur le duo d’attaquants qui a traumatisé les Blaugranas lors des premières Liga de l’histoire : Jaime Lazcano et Fernando Sañudo.

C’est l’histoire de deux hommes qui ont fait les beaux jours du Real Madrid quand le club s’appelait encore le Madrid FC. Pourtant, on en parle peu quand la liste des légendes de la Maison Blanche est énoncée. Jaime Lazcano était un ailier virevoltant, Fernando Sañudo était un buteur fin qui en seulement deux saisons aura marqué de son empreinte le Chamartin. Les deux étaient des joueurs révolutionnaires et auront marqués 7 buts dans la victoire 8-1 du Real le 3 février 1935 en Liga. Portrait croisé de deux footballeurs magnifiques jusqu’à cet aboutissement en championnat.

Jaime Lazcano, des bouclettes et des crochets 

Il est le plus vieux des deux. Natif de Pampelune en 1909, Jaime va très vite tomber dans la marmite du football sans qu’il ne consacre pourtant sa vie au ballon rond. Ailier droit que l’on compare à Bale dans le style de jeu aujourd’hui, il débute avec les seniors en 1925 avec Osasuna. Quand il foule pour la première fois les terrains, son passif de footballeur est déjà important. Pourtant, il ne veut pas en vivre, et il ne touche quasiment rien avec ce contrat. Il l’explique dans une interview à la radio : « La seule chose que m’a payé Osasuna, ce sont les trajets en train de Pampelune et le retour, ainsi que le goûter. On m’a donc donné 100 pesetas chaque fois que j’allais jouer ».

Crédits : El Independiente

En parallèle de sa carrière de footballeur qui devient consistante, Jaime écrit des pièces de théâtre et continue ses études de médecine. Véritable taiseux, Lazcano ne ressemble pas au footballeur classique de l’époque. Souvent, les personnes à l’aise avec les mots étaient dans les tribunes pour écrire des articles sur ce qu’ils voyaient. Sur le terrain, on pouvait apercevoir souvent des maçons ou des garçons robustes. Lazcano lui était élégant avec le ballon, virevoltant et capable de marquer énormément de buts. Ses cheveux bouclés interpellent et font également un peu plus sa légende.

Fernando Sañudo, une carrière plus sinueuse 

En 1928, quand Lazcano signe au Real âgé à peine de 18 ans, Fernando Sañudo est très loin du haut niveau. L’attaquant qui aura un style révolutionnaire pour l’époque doit se cacher pour jouer au football. Ses parents sont contre, Sañudo utilise des pseudos et joue dans des petits clubs de la région notamment dans un club fondé par son oncle. Comme il était coutume à l’époque, il débute avec les seniors à 15 ans au CD Torrelavega, le club de sa ville de naissance. En parallèle, la carrière de Lazcano est mise entre parenthèses en 1929. L’ailier a un accident de moto très violent sur la route pour se rendre à Séville. Il devait signer au Betis mais termine sur un lit d’hôpital. Dans un état de santé très critique, le transfert capote et lui retourne à Madrid.

Comme Lazcano, Sañudo ne lâche pas les études et ne voit pas dans le football un secteur d’avenir. Lui suit des cours de droit quand Lazcano suit des cours de médecine. Rapidement, le buteur au physique atypique signe à Alaves qui joue en Liga en 1931. Dans le même temps, son futur coéquipier est une idole à Madrid et vient de revenir sur les terrains après son tragique accident. Lazcano est l’auteur du premier but de la Maison blanche en Liga et fait trembler les filets face au Barça. L’ailier va en plus faire partie de l’équipe qui va soulever la première Liga du Real en ne perdant pas un match en 1932. Sañudo comme ailier à bouclettes a un style qui interpelle. Souvent les buteurs de l’époque étaient des bêtes physiquement, lui est fin, agile, bon dribbleur et doté d’une frappe douce mais qui faisait mouche à chaque fois.

20 ans de disette pour le Real mais une démonstration dans un Clasico

Après quelques matchs en Liga et déjà quelques buts, Sañudo quitte Alaves et signe à Valladolid. Ce départ est une combinaison de deux choses. Tout d’abord, la fermeture de la société qui payait Sañudo à Alaves et la volonté de l’attaquant de continuer ses études de droit. L’équipe est en D3 et il retrouve un vieil ami : José Solis. Ce nom ne vous dit sûrement rien, mais Sañudo a déjà joué avec lui en jeune et surtout, il sera ministre sous le gouvernement de Franco. En D3, le buteur fait étalage de son talent et enchaîne les buts au point que le Real, le club qui a remporté 2 Liga en 32 et 33 signe Sañudo en 1934.

Crédits : Marca

C’est une belle formation que le buteur rejoint avec le fameux Lazcano mais aussi Zamora. L’équipe va bien mais les résultats sont en dents de scie. L’ailier droit disparaît par moment des terrains sans raison particulière. Alors que sa légende grandit dans la capitale madrilène, Lazcano continue ses études de médecine mais garde un oeil sur les rencontres depuis une clinique de Madrid. L’ailier gagne bien sa vie comme il le confirme à l’époque : « Avec le salaire et les primes que je gagne, je peux satisfaire ma vie à Madrid, mes études, mes costumes et je peux toujours envoyer à ma mère 500 pesetas par mois ». Cependant Lazcano a un défaut, les paris.

Sous les ordres de Paco Bru, le Real dispose d’une dream team. Zamoro, Ciriaco, Bonet, Emilìn, Lazcano et donc Sañudo. Dans les 2 ans avant l’éclatement de la guerre civile, la Maison blanche ne va s’adjuger que d’une Copa mais va frapper fort face au club à la mode à l’époque : le Barça. Le 3 février 1935, Madrilènes et Catalans s’affrontent dans un Chamartin plein. Très vite, les Blaugranas vont craquer. Lazcano ouvre les hostilités. Rapidement c’est la folie, Sañudo finit par un quadruplé, Lazcano par un triplé. Des performances exceptionnelles et une victoire 8-2 totalement folle pour nos standards mais cohérente avec le football de l’époque. Le Real ne gagnera plus aucune Liga mais cette victoire laissera une marque indélébile dans les livres d’histoire, mais à cette période, personne ne l’imagine.

Des fins de carrières discrètes. 

En 1936, la dynamique du duo se brise avec l’éclatement de la guerre civile. Sañudo aura en deux saisons avec la tunique blanche produit un ratio proche du 1 but par match. Arrivé sur le tard dans le football, le buteur ne veut pas refermer cette période de sa vie. Il tente un retour à l’Atletico Aviacion mais cela ne dure que quelques semaines. Le natif de Cantabrie se fait une raison sans couper avec le balompié. Sañudo retourne travailler dans l’usine familiale et joue dans les clubs proches de sa région natale. Il revient notamment à Valladolid et au CD Torrelavega. On se souvient pourtant encore de Sañudo comme du buteur au pied d’or.

De son côté, Lazcano clôt son histoire avec le football après son départ du Real en 1936 et un court passage à l’Atletico. Malgré son passif de flambeur, il a réussi à se constituer une jolie cagnotte et il ouvre une clinique rue General Ricardos à Madrid. Cependant la guerre Civile coupe son ambition d’agrandissement. Lazcano ne joue plus au football mais continue d’être un sportif. Il devient président de la fédération de Pelote en 1963 et écrit plusieurs romans. Avec son frère, il fonde aussi une école pour promouvoir le sport auprès des plus jeunes. Lazcano reste la première bête noire du Barça et le premier joueur très technique du Real.

Bien que peu mis en avant actuellement, Sañudo et surtout Lazcano sont les premières légendes du Real. Bien sûr, ils n’auront jamais mesuré le poids de l’équipe des années 50, mais avec la première équipe pro du Real et grâce à ce 8-2, ils resteront les acteurs de la plus grande victoire en Liga de la Maison blanche face à son rival barcelonais en Liga. Un football d’un autre temps qu’on déguste comme une madeleine pour se rappeler d’où vient ce formidable sport.

Benjamin Bruchet 

@BejnaminB_13

 

 

 

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