FC Barcelone – Tactique : Les principaux problèmes du schéma tactique imposé par Ernesto Valverde

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Tantôt morne, tantôt grandiose, le Barça d’Ernesto Valverde donne le tournis. Plus réservé que Pep Guardiola dans ses idées, la Fourmi conscient d’être équilibré ne veut montrer aucune faiblesse dans ses choix, même si cela implique un jour de s’écrouler. Pourtant, c’est bien petit à petit que le Barça retombe dans des travers déjà connus auparavant. Si beaucoup lui laissent malgré tout une dernière chance, aveuglés par la victoire, sur le terrain, les problèmes sont bien présents : Valverde est incapable encore de trouver la bonne solution.

Jamais depuis leur éclosion, des joueurs comme Sergio Busquets, Gerard Piqué, ou encore Luis Suarez et même Leo Messi n’ont semblé si fatigués. Lessivés, parfois perdus, ces tauliers sont à l’image de ce Barça qui peine à renouer avec sa gloire passée. Si pourtant les victoires s’enchaînent, (25 matchs en Liga, 17 victoires, 6 nuls, 2 défaites) elles font figures d’écran de fumée venues camoufler de réelles faiblesses présentes sur le terrain, comme une bombe à retardement, prête à exploser à tout moment.

Une gestion problématique

Plus que les problèmes tactiques, la question de la gestion de l’ancien entraîneur de Bilbao revient régulièrement, à raison. Son XI de gala semble être composé de certains joueurs qui commenceront et/ou termineront la saison sans se soucier de la forme, de l’état physique ou psychologique des cadres en question. Ter Stegen, Jordi Alba, Gérard Piqué, Lionel Messi, Luis Suarez, Sergio Busquets, Rakitic, les piliers s’effondrent à force de jouer. Si en début de saison Piqué est allé jusqu’à jouer sous analgésiques, le niveau de Suarez semble pâtir d’une blessure au genou encore présente et d’un trop grand nombre de minutes passées sur le terrain (2872 minutes TCC). Un entêtement qui a essentiellement fait de Pique le responsable direct de six buts inscrits contre son équipe en début de saison. De son côté Suarez n’a pas été en mesure de retrouver le fond des filets pendant six matchs de suite en Liga après un dernier but le 15 septembre contre la Real Sociedad. Une disette encore plus impressionnante en LDC.

Alors que Messi n’a pas le temps de se reposer n’y de se remettre correctement de sa blessure à la cuisse, l’Argentin est apparu sur ses deux premières apparitions post-blessure en deçà de ses capacités habituelles. Le reste de l’effectif n’a pas plus le droit de souffler. Cependant pour espérer l’emporter en fin de saison, Busquets doit être au top de sa forme mentalement, athlétiquement et techniquement et cela ne fonctionnera que si Rakitic a le temps et le répit nécessaire. Actuellement le Croate a déjà joué 3004 minutes pour le Barça, la saison dernière il en a joué 4000.

Valverde et la tactique du no man’s land au Barça

Si à première vue dès son arrivée, le Barça d’Ernesto Valverde présentait des signes de renouveau et d’espoir, beaucoup doutent désormais de la capacité du Barça à renouer avec la victoire en Ligue des Champions et ce malgré un tableau assez ouvert cette saison. La faute notamment à des schémas tactiques mal maîtrisés par le coach blaugrana. La saison dernière, avec le 4-4-2 et, malgré une certaine invincibilité en Liga, Valverde a perdu la bataille pour reconquérir la Ligue des Champions. Cette saison, s’il renoue le 4-3-3, les choses ne semblent pas avoir évoluées. Alors qu’il était le meilleur coach de Liga lors de son départ de l’Athletic, il semble perdu entre plusieurs idées et n’impressionne plus personne.

Au cours des 15 dernières années, le Barca a connu un énorme succès et a joué certains des plus grands matchs de football jamais vus par les amoureux du ballon rond via une formation en 4-3-3. Pourtant, ce système est diablement difficile à maîtriser, en particulier si les membres de votre hiérarchie supérieure continuent d’acheter les mauvais types de joueurs et abandonnent toute prétention réelle à développer comme il se doit le jeu de leur club. Exit le milieu à 4 avec Ivan Rakitic, Busquets, Paulinho et Iniesta, place au milieu à 3 avec Rakitic, Busquets et Sergi Roberto ou Vidal ou Arthur. Si avec Arthur le Barça retrouve contrôle et créativité, en l’absence de son maître artificier brésilien les expérimentations de Valverde ont transformé un trio excitant au milieu en une machine n’apportant pas assez de contrôle et de qualité. Incapable d’assurer son rôle d’ailier, Coutinho reste quant à lui fantomatique, le Barça contraint de s’en remettre à Messi pour briller et faire avancer ses coéquipiers.

Un milieu submersible

Principal problème du FC Barcelone depuis quelques saisons, le jeu du Barça peine à se faire au milieu de terrain. Alors qu’avec l’arrivée d’Arthur dans l’entre-jeu catalan, le club montre tout son potentiel à créer et contrôler, la gestion hasardeuse d’Ernesto Valverde empêche la progression d’un secteur essentiel. Des joueurs comme Busquets, véritable colonne vertébrale de Valverde au Barça ne peuvent plus faire étalage correctement de leur talent. Si avec Xavi et Iniesta, Sergio était libre de s’exprimer et protéger son attaque comme il se doit, avec Rakitic et/ou Vidal et Sergi Roberto, le milieu de terrain espagnol recule sur le terrain avec ses coéquipiers. A contre-emploi, Busi défend plus qu’il ne contrôle et ses lacunes sont mises sur le devant de la scène.

crédits : mundodeportivo.com

Là où le Barça a besoin d’aller de l’avant et faire preuve de créativité, les profils défensifs s’entassent. Dans l’entre-jeu, Valverde a donné trop peu de chances à Coutinho et Aleña d’exprimer leurs créativités, l’un pourtant capable de lancer une attaque depuis la défense si les choses se déroulent comme prévues, l’autre capable de créer la surprise à tout moment.

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Messi dépendance, le nouveau tube au Barça

ll n’y a pas d’analyse pour Lionel Messi. Il fait ce qu’il veut et Valverde lui a donné la liberté de faire ce qu’il veut, car il peut très bien lire le jeu. Le petit magicien argentin ne peut pourtant (presque) pas remporter tous les matchs à lui tout seul. Marquer des buts est une chose, mais Messi fait bien tellement plus que cela. Sans l’attaquant et malgré des performances hors normes avec notamment un 5-1 lors du premier Clasico en son absence, cette équipe azulgrana n’a pas le même visage. La rencontre face à Bilbao en septembre dernier en était la preuve. Messi avait débuté le match sur le banc et est entré uniquement à la 55e minute. Au cours des 35 minutes qu’il a passées sur le terrain, il a démontré que le Barça avait deux visages. Celui avec Messi et celui sans Messi. Malgré leur 63% de possession contre 37% pour Bilbao mené 1 à 0, les Blaugrana étaient bien en difficulté sans leur héros. Dès son entrée, la possession avait grimpée à 74%, l’attaque devenue bien plus meurtrière et ciblée, ce qui a entraîné un but tardif mais salvateur de Munir El Haddadi à la 84e sur une passe décisive de l’éternel sauveur.

Pourtant, la gestion de Valverde avec Messi est aussi mauvaise à l’image de la rencontre en Ligue des Champions contre Lyon. Puisque Messi commence du côté droit puis coupe traditionnellement de l’intérieur vers la gauche, Barcelone concentre principalement ses attaques sur ce côté, laissant le flanc droit complètement vide. Si la combinaison Messi-Alba reste mortelle, elle limite également énormément l’équipe à certains égards. À Mestalla face à Valence en octobre dernier (1-1), Semedo était la seule solution sur l’aile droite aux côtés d’Ivan Rakitić, une combinaison cependant pour le moins vaine. Sans ailier pour combler ce vide, (Dembélé sur le banc et Malcom dans les gradins), la victoire n’était pas envisageable. Valverde à force de chercher l’équilibre devient une caricature de lui même.

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Lentement mais sûrement, les difficultés réapparaissent. Si Valverde dispose d’une équipe extrêmement dangereuse et talentueuse, elle fonctionne seule, sans tactique réelle. Quand elle gagne, cela est principalement dû à la supériorité individuelle et au génie, mais quand elle perd, il est clair quelle manque de conseils en dehors du terrain. L’approche pragmatique de Valverde a déjà été remise en question et le sera encore et encore jusqu’à ce qu’il montre des signes de progrès réels. Les erreurs sont constamment répétées et plus apparentes que jamais et l’amour de la victoire rend aveugle jusqu’à ce que le pire se produise.

Soledad Arque-Vazquez

@solearquev

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