Les images ont fait le tour de la planète-football. Kepa Arrizabalaga, portier de Chelsea, refusant d’être remplacé avant une séance de penalties. La scène est surréaliste, qui aurait imaginé un gardien de but refuser ainsi l’autorité de son coach ? Pas grand monde. Ni même les commentateurs, ne sachant que dire face à une telle surprise. Au sein des supporters de l’Athletic Club, où a été formé Kepa, l’étonnement n’est pas la sensation première. Non, c’est bien la honte qui culmine. Opinion d’un supporter mécontent de l’image renvoyée par l’ancien défenseur de San Mamés.
Sur les terrasses de Bilbao, l’improbable scène entre Kepa et son entraîneur Maurizio Sarri est dans toutes les bouches. Mais dans le fond, les Bilbotarrak l’ont toujours su, l’ancien portier de l’Athletic ne lésine pas sur les excès de confiance. Ceux qui le soutenaient à San Mamés gardent un mauvais souvenir de ce joueur qui avait tout pour devenir le nouveau José Ángel Iribar. C’est peut-être l’un des plus grands regrets des supporters de l’Athletic. Comment avoir pu penser que Kepa attendrait un jour la cheville du mythique gardien du club basque ?
D'après plusieurs sources, la balle est dans le camp de Kepa. S'il donne son accord, il s'envole chez #ChelseaFC. En échange d'un chèque de 80M €.
— Athletic Club FR (@AthleticClub_FR) August 6, 2018
Les mentalités avaient commencé à changer en janvier 2018. Kepa Arrizabalaga était l’un des gardiens espagnols les plus prometteurs du championnat à cette époque. La direction de Josu Urrutia voulait le renouveler – une clause de 15 millions d’euros pour une telle pépite, bien trop risquée. Surtout lorsque un club tel que le Real Madrid montre son chéquier. Mais Kepa ne le voit pas de la même façon que son équipe. Un club de la grandeur du Real qui s’intéresse à toi ? Il y a de quoi rougir. Le destin lui rendra rapidement son teint clair, aidé par une blessure à la cheville qui refroidira aussi le chéquier madrilène.
« L’intérêt des grosses équipes a toujours primé sur son club formateur »
Cette scène représentera le début de la perte de confiance des supporters de l’Athletic envers Kepa. Et puis que penser d’un gardien sortant une prestation XXL face à Cristiano Ronaldo et au Real Madrid en avril 2018, et qui se prend cinq jours après 3 buts par Levante. On se souvient particulièrement du troisième but qu’il a encaissé ce 23 avril. Ayant été assis juste derrière ses cages, j’ai eu honte de le voir quasi-immobile lorsqu’il s’est retrouvé seul face à José Luis Morales.

« La honte faite aux enseignements reçus par Kepa »
Au sein des socios zuri-gorriak, certains sont amusés de voir que des supporters de Chelsea demandent à l’Athletic de rendre les 80 millions payés par le club londonien pour Kepa. Ces Anglais oublient-ils que les Basques ont été les premiers à bombarder Twitter de vidéos des meilleures boulettes de leur ancien chouchou ? Non, la grande majorité d’entre eux est catégoriquement opposée à un retour du gardien en Bizkaia. Peut-on leur reprocher ? Bien sûr que non. Quand on a dans ses rangs des joueurs tels que Muniain, qui renouvelle sans clause, ou Williams, qui n’hésite pas à refuser la Juventus ou Liverpool… Difficile d’accepter un tel départ.
Comme expliqué précédemment, c’est surtout de la honte que ressentent les supporters de l’Athletic. Certains avaient placé beaucoup d’espoir dans leur ancien gardien. « Il a quand même rapporté 80 millions au Club » diront ses rares défenseurs, « Il avait dit que l’Athletic était sa maison et qu’il voulait y rester longtemps » répondront les autres.
Kepa : "J'avais besoin de temps. Mais j'ai jugé que c'était mieux de prolonger ici, à ma maison, pour longtemps." #LT
— Athletic Club FR (@AthleticClub_FR) January 22, 2018
Dans le centre de formation du Lezama, l’une des valeurs phares est celle de l’amour du maillot. On a bien vu qu’elle n’a pas su être transmise à Kepa, qui a visiblement toujours espérer aller dans une équipe de renommée mondiale. Mais les Bilbayens espéraient, à tort, que le portier ait retenu l’enseignement du respect. « Quand le coach te dit de sortir, tu sors, c’est simple », cette phrase a été entendue aussi bien à Londres qu’à Bilbao. Sauf que pour les Basques, Kepa fait honte à toute une institution.
« S’il se sent intouchable ? Possible »
Quand tu remets en question l’autorité de ton entraîneur, tu n’as plus le droit à l’erreur – si tu l’avais auparavant. Quand tu prends la responsabilité d’une séance de tirs au but, en pleine finale, tu ne laisses pas le ballon te passer sous les gants. Et d’autant plus lorsque tu fais le rigolo à bouger dans tous les sens avant qu’Agüero la pousse au fond. Peut-on se permettre de faire un clin d’œil à la caméra après avoir rendu son entraîneur complètement fou ? La carte du malentendu, mise sur la table par les deux protagonistes, ne semble être qu’une excuse. Kepa se pense-t-il intouchable car Chelsea a déboursé 80 millions d’euros pour lui ? Possible.

Un tel excès de confiance ne peut pas être blanchi. Toujours à titre personnel, je pense que Kepa Arrizabalaga ne doit plus – à titre temporaire – fouler une pelouse. En tant qu’amoureux de l’Athletic, je suis heureux qu’il ait quitté les rangs de mon club en échange d’un si beau chèque. Mais comment être insensible à ses actes outre-Manche alors qu’il a été formé au Lezama ? Il ne serait pas étonnant que Kepa prenne la place de Llorente, en devenant le joueur que les supporters zuri-gorriak ne veulent jamais revoir porter un maillot de l’Athletic.
Jérémy
@Euskarade