Ander Herrera forme à l’heure actuelle avec Paul Pogba et Nemanja Matic un des milieux de terrains des plus performants de ce début d’année 2019. Peu mis en lumière en France, le Basque est aujourd’hui une pièce maîtresse du Manchester United d’Ole Gunnar Solskjaer et sera une des principales menaces pour le Paris Saint Germain lors de ce 8e de finale. Portrait d’un garçon qui revient de loin et qui doit beaucoup à Marcelo Bielsa.
Ander Herrera débute très tôt chez les pros lors de la saison 2008-2009, à 19 ans en 2e division espagnole au Real Saragosse. Très vite et malgré son jeune âge, il devient indéboulonnable et attire déjà un certain Arsène Wenger qui souhaite en faire son nouveau Cesc Fabregas. Cependant son style est encore un peu trop brouillon. Milieu de terrain sans poumons, Ander coure sans arrêt durant les 90 minutes des matchs mais ne fait que trop rarement les bons choix. Il est un diamant qu’on doit polir et le travail semble immense, mais cela n’effraie pas grand monde.
Révélation sous Bielsa
Cependant, le Basque d’origine en tant que vrai passionné et amoureux de football ne résiste pas à l’appel de l’Athletic Club avant de rejoindre… Marcelo Bielsa au cours de la saison 2011-2012. Cette saison là, le club basque impressionne toute l’Europe notamment en Ligue Europa. Ander Herrera et sa bande donneront une véritable leçon de football offensif en éliminant notamment … Manchester United alors favoris de la compétition.

En tant que milieu de terrain « box-to-box », le Basque se rapproche de son modèle, Andres Iniesta, tant dans la gestuelle, que dans cette faculté à ne jamais être en difficulté dans les petits espaces. Malgré le départ du mentor argentin, Herrera progresse de saison en saison et décide de partir à Manchester United en 2014, en payant lui même sa clause libératoire afin de traverser la Manche. Son style évolue enfin et son passage sous la houlette du formidable technicien argentin y est pour beaucoup. De chien fou, Ander Herrera devient un milieu qui réfléchie. Avant on comptait ses mauvais choix, maintenant on compte ses erreurs ou ses ballons perdus. Chenille devenue papillon, le Basque va devoir confirmer dans une ligue éprouvante où énormément de garçons se sont cassés les dents avant lui.
Des débuts compliqués avant la confirmation en Premier League
Les débuts du joueur espagnol en Angleterre sont compliqués, entre l’adaptation à un nouveau pays, une nouvelle culture, un nouveau football et (surtout) aux méthodes de Louis Van Gaal alors entraîneur des Red Devil. Le coach hollandais, tout au long de son mandat à la tête de Manchester n’arrivera jamais à utiliser Herrera, qui sera balancé de poste en poste (relayeur, récupérateur, meneur de jeu, milieu excentré). Cette polyvalence et de multiples petites périodes d’indisponibilités dues aux blessures joueront sur son rendement. Résultat il n’est titulaire qu’à 37 reprises lors de ces deux premières saisons en Premier League. On pense que le nom d’Ander Herrera va s’ajouter à la longue liste de très bon footballeur qui n’auront jamais domptés le championnat anglais, avec tristesse.

L’arrivée de Mourinho, le « Special One » semble être une aubaine pour le milieu basque. Le Portugais souhaite faire d’Herrera le joueur clé que ce soit dans la récupération et la construction. Parce que oui, en plus de son talent naturel avec le ballon, le Basque est un véritable bagarreur avec une très grosse qualité d’anticipation. En somme un relayeur que beaucoup d’équipes souhaiteraient avoir dans son effectif. En étant enfin installé sur un poste et plus balloté en fonction des besoins, le numéro 21 réalise une saison 2016-2017 exceptionnelle. Il connaît sa 1e sélection avec la Roja, remporte le prix Sir Matt Busby (prix désignant le joueur de l’année de Manchester United, ndlr) ainsi que la Coupe de Ligue, la Ligue Europa tout en étant élu homme du match de la finale. La consécration est réelle pour le petit basque.
Avec l’arrivée de Nemanja Matic, Herrera joue de moins en moins, malgré les bonnes performances de sa part lorsque l’entraineur portugais lui fait confiance. Ce qui donnera des envies de départ au milieu de terrain espagnol, ne sachant plus sur quel pied danser avec Mourinho, capable d’en faire un remplaçant un match, puis capitaine le suivant. On parle de plus d’un retour à l’Athletic qui a coché son nom depuis un moment.
La rédemption avec Solskjaer
L’arrivée du technicien Norvégien, va relancer Herrera de nouveau devenu homme de base du milieu de terrain des Red Devils. L’ancien buteur Mancunien ne cache d’ailleurs pas son admiration pour son joueur. il déclare même en être un fan depuis l’arrivée du joueur en Angleterre : « J’ai toujours aimé regarder jouer Ander. J’étais content quand on l’a pris à l’Athletic Club parce qu’il avait été très bon avec eux contre nous, il m’avait tapé dans l’œil ».
Preuve de la confiance retrouvée avec Solskjaer, son but exceptionnel contre Cardiff, d’une frappe de 25m venant se loger sous la barre, et des matchs toujours plus aboutis à chaque journée de Premier League. Le Basque est décisif et impliqué sur toutes les phases de jeu de son équipe, un vrai retour en grâce pour lui. A l’aube des 8e de finale contre le Paris Saint Germain, le club de la capitale avec un milieu de terrain bricolé par Thomas Tuchel, devra se méfier du Basque, qui a 29 ans et sous les ordres de son nouvel entraîneur est dans une forme optimale. Sûr de sa force et dans un collectif qui roule, Ander Herrera est un réel danger.
Geoffrey Pozo
@G_Pozo