Après une saison plutôt galère à Toulouse, Giannelli Imbula a décidé de rejoindre la Liga et le Rayo Vallecano l’été dernier. Dans ce club atypique de la capitale espagnole, le milieu de terrain revit sous les ordres de Míchel. Entretien :
Estoy muy orguilloso de anunciar mi firma al Rayo vallecano. No puedo esperar para descubrir la ligua y asumir este nuevo desafío.#RayoVallecano #VamosRayo #franjirrojos #laligatransfers pic.twitter.com/T2yklriC4p
— Giannelli Imbula (@GianImbula25) August 30, 2018
Tout d’abord, raconte-nous un peu pourquoi tu as décidé de venir ici au Rayo en Liga en prêt depuis Stoke City. Tu avais d’autres offres ?
Oui, il y avait d’autres équipes en Liga qui me voulaient mais il n’y avait pas de joueur francophone dans ces clubs-là. Moi je voulais vraiment une adaptation rapide, j’arrivais en fin de mercato et j’avais peur de revivre une saison compliquée à cause de ça. J’ai donc décidé de venir ici car il y avait Kakuta que je connaissais déjà un petit peu et en plus il m’a parlé du club. L’adaptation se passe bien pour moi.
Quelle est la différence entre un club de Premier League comme Stoke et le Rayo par exemple ?
Sincèrement, les différences ce sont juste les installations et peut-être le nombre du personnel qui travaille ici. Peut-être les équipements aussi. Des petits détails comme ça qui ne sont pas vraiment importants pour nous les joueurs.
Parlons de ton premier match avec le Rayo, à Huesca. Tu débarques et tu marques un très joli but qui va donner les premiers 3 points au Rayo. Qu’est ce que tu as ressenti à ce moment-là ?
J’étais très content car je sortais d’une saison très difficile à Toulouse. Je me suis dit que cette année je devais commencer fort et réaliser une saison consistante. J’ai décidé de venir ici, je ne savais même pas que j’allais jouer ce match parce que l’équipe avait déjà commencé la Liga et l’entraîneur avait déjà fait ses compositions. Je ne m’attendais pas à être titulaire ni à marquer un beau but.
Alors l’entraîneur justement, Míchel, c’est une icone de ce club que ce soit pour ce qu’il a fait en tant que joueur ou en tant qu’entraîneur en faisant notamment monter l’équipe en Liga. Comment est-il à l’entraînement et pendant les matchs ?
Franchement, j’ai été très surpris de la manière dont il travaille. J’ai eu l’habitude d’avoir des coachs qui n’étaient pas trop basés sur la tactique en France. En Angleterre c’était très différent, c’était plus basé sur le don de soi, avec les « Come on! » (il frappe avec son poing dans la paume de sa main) on court etc. Míchel se base beaucoup sur la tactique, sur comment il faut ressortir la balle, comment on doit jouer. C’est quelque chose que je n’avais jamais connu sauf avec Bielsa et Gourvennec un petit peu. Míchel est un entraîneur très tacticien et très minutieux sur comment il veut faire jouer son équipe. Je pense qu’il va grandir en tant que coach et qu’il deviendra populaire d’ici peu.
Il a été un peu critiqué quand les choses allaient mal, certains parlaient même de possibles remplaçants. Ça vous a touché dans le vestiaire ?
En fait moi je n’ai pas trop suivi cette période parce que je ne lis pas trop les journaux espagnols et je ne vais pas trop sur les sites espagnols non plus car je ne connais pas très bien la langue encore. En plus, j’ai un peu arrêté d’écouter ce qu’il se dit à l’extérieur car parfois il y a du faux aussi. Je préfère me concentrer sur moi-même. Je n’ai pas senti de période difficile pour lui tout simplement parce que tous les joueurs le soutiennent. Il fait confiance à tout le groupe, personne n’est vraiment écarté au niveau du temps de jeu sauf 2-3 peut-être mais il ne peut pas faire jouer tout le monde. Concernant son coaching et sa façon de bosser je n’ai rien à dire sur lui, c’est quelqu’un de très honnête, qui gère très bien son groupe et qui a un bon discours.
Et malgré cette barrière de la langue tu arrives à bien discuter avec lui et le staff, à bien comprendre les consignes ?
Oui parce que je comprenais déjà bien l’espagnol avant d’arriver, notamment grâce à Bielsa et Lopetegui à Porto. J’ai entendu l’espagnol pendant deux années de suite donc je n’ai aucun souci avec les consignes en espagnol. Quand il m’explique quelque chose, je ne peux pas forcément lui répondre comme j’aimerais le faire mais je comprends très bien ce qu’il me dit. Si vraiment j’ai besoin de lui faire comprendre quelque chose je vais demander à un joueur qui parle français de lui expliquer. Ça m’est peut-être arrivé une ou deux fois mais sinon on n’a jamais eu de souci, j’ai toujours bien compris ce qu’il m’a dit.

Qu’est ce que tu as pensé quand tu as joué à Vallecas pour la première fois ?
Je ne connaissais pas vraiment le stade avant le premier match, juste un peu pour s’y être entraîné avant. Je ne savais pas que le Rayo était une équipe avec un stade souvent plein. J’ai donc été un peu surpris de voir cette ambiance. Même quand on perd ou quand on est malmenés ils sont toujours derrière nous. Peu d’équipes peuvent se vanter d’avoir ce public derrière même dans la défaite. C’est très très rare qu’ils se mettent à siffler, pour ne pas dire jamais. Le public soutient énormément ses joueurs. Ils sont déjà venus ici au centre d’entraînement à des réunions pour nous dire qu’ils n’allaient jamais nous lâcher. C’est de bon augure pour la suite de la saison et le maintien.
Justement, le stade avait été fermé pendant quelques temps. Ça a été un peu le flou, on ne savait pas trop ce qu’il allait se passer, un match a été retardé… Vous en avez parlé entre vous ? Ça ne vous a pas un peu troublé de ne pas savoir ce qu’il se passait avec votre stade ?
Ça s’est passé un peu au moment où je suis arrivé donc je n’étais pas trop au courant, j’ai essayé de me renseigner un peu mais je ne sais toujours pas pourquoi on n’a pas pu jouer contre l’Athletic Bilbao. Je ne peux pas trop en dire à ce sujet.
Parlons un peu terrain. Pour un milieu de terrain de ton style, quelles seraient les différences entre jouer à Stoke City en Angleterre et au Rayo en Liga avec un entraîneur comme Míchel qui aime avoir le ballon et le pressing ?
Ici on travaille beaucoup tactiquement. On bosse sur le pressing, sur les sorties de balle, sur les déplacements selon les systèmes de nos adversaires pour savoir comment sortir le ballon s’ils jouent en 4-4-2, 4-3-3 ou 3-5-2. Comment il faut presser les différentes positions tactiques suivant les systèmes aussi. Je dirais qu’ici on sait plus ce que l’on doit faire. C’est vrai que si tu joues dans une équipe sans tactique précise, tu sauras aussi quoi faire mais là les idées sont plus claires pour pouvoir mieux t’exprimer sur le terrain.
Donc Míchel base plus son travail sur la tactique que sur le jeu ?
On fait les deux, comme aujourd’hui. On a fait des petits toros, six contre trois. On devait venir presser à la perte de balle. Ça nous permet d’améliorer notre vision de jeu tout en allant presser une fois la balle perdue car c’est l’une des consignes qu’il nous donne. Après on a fait une longue conservation en peu de touches avec l’intention de rapidement voir le jeu. Pour finir on a fait comme un match mais étant plus libre, sans toutefois oublier de presser et de bien ressortir la balle.
Malgré le statut de promu, de « petit » club de Liga sur le papier qui va lutter pour le maintien cette saison, Míchel veut vraiment avoir le ballon, aller de l’avant et presser haut. Ce n’est pas un style qui oblige un milieu de terrain comme toi à redoubler d’efforts pour combler les brèches ?
Ça dépend. Moi personnellement je préfère toujours aller presser parce que je n’aime pas attendre l’adversaire. Je n’aime pas me sentir baladé par une équipe en fait. Qu’elle fasse tourner comme ça devant moi, je n’apprécie pas. Certains veulent temporiser et attendre le bon moment, moi je préfère sortir sur le porteur, ça me motive plus.
Tu fais partie du Top 5 des joueurs qui tentent le plus de dribbles par match en Liga cette saison. Est-ce que c’est une qualité que Míchel te demande d’exploiter au maximum ? D’aller casser les lignes ?
Il me le dit oui, mais ce n’est pas forcément ce qu’il me demande de faire. Il veut que je joue libéré, que je sois dans les meilleures dispositions possibles pour que je puisse exprimer ma qualité de dribble ou de percussion, pour pouvoir apporter des solutions offensives à mes partenaires. Ça nous permet aussi d’avoir une autre solution pour ressortir de ballon que des passes courtes. Il veut toujours que l’on ressorte la balle proprement et avec moi on a une solution en plus, de dribble notamment. C’est l’un de nos points forts aussi, on a plusieurs façons de ressortir le ballon.
Dernièrement il a décidé de passer à 3 derrière. Tu aimes bien ce système ? C’est un bon système pour un joueur de ton style ?
J’ai dû jouer 6-7 matches dans ce système. Avec Bielsa c’était différent parce que j’étais tout seul devant la défense. Là c’est autre chose. Je préfère jouer dans ce système là avec deux milieux car je suis plus protégé devant la défense. Je peux prendre plus de risques, tenter plus de dribbles par exemple. Je pense que l’équipe aussi préfère ce système-là. Je ne dirais pas que l’on défend mieux car ça ne veut rien dire, c’est plus l’animation défensive qui compte que la tactique, mais on est plus à l’aise dans ce système. On est plus en confiance aussi maintenant car on a gagné des matches comme ça.
Tu joues plutôt avec Comesaña dans l’entrejeu dans ce système. C’est lui qui a plus le rôle de récupérateur alors que toi tu peux te projeter un peu plus vers l’avant ?
Oui c’est ça. Ce n’est pas quelque chose que l’on s’est dit c’est tout simplement par rapport à nos qualités. Je peux aussi faire ce qu’il fait, même si lui le fera aussi bien, mais au niveau de la percussion et des dribbles je pense que je peux mieux le faire, donc je pense que l’on est complémentaire. C’est un joueur qui a un gros volume de jeu, c’est celui qui court le plus dans notre équipe et il est très important au moment de ratisser les ballons et couvrir la défense.
Donc le 3-5-2 c’est ce qui te convient le mieux avec ce groupe-là ?
Oui, ce n’est peut-être pas le style qui me convient le mieux en général mais avec cette équipe je me sens mieux, je suis plus à l’aise.
Il faut aussi parler de la fameuse VAR. C’est ta première saison avec la VAR. Lors du match contre le Celta il y a eu beaucoup de polémiques par exemple. Qu’est-ce qu’un joueur qui aime jouer au ballon comme toi pense de la VAR ?
Le problème de la VAR c’est que parfois ça coupe trop le jeu. Contre le Celta on avait l’impression d’être à l’entrainement. On joue, on s’arrête, on joue, on s’arrête. En plus il fait froid, ça refroidit tout le monde. Après ce sont les règles, on va faire avec. On n’a pas le choix.
Vous avez enfin réussi à enchaîner une bonne série de résultats ce qui fait beaucoup de bien dans la course au maintien (4 matchs sans défaite dont 3 victoires, ndlr). Qu’est-ce qui a changé entre le début de saison poussif et la bonne forme actuelle ?
Je pense qu’on a eu beaucoup plus de réussite. Je ne vais pas dire que c’est le système ou le style de jeu parce que quand on change de tactique et de compos on a moins la maîtrise sur le jeu, on a moins la possession aussi. Aujourd’hui on arrive à avoir l’efficacité qu’il nous manquait dans les matches en 4-3-3 par exemple. On a aussi dominé beaucoup d’équipes avec ce système, surtout chez nous. On s’est créé beaucoup d’opportunités mais on n’a pas réussi à être efficaces. Maintenant on est passé à trois derrières, on a toujours le même nombre d’occasions mais surtout en contre, grâce à nos latéraux qui sont extrêmement rapides. Ça nous réussi mieux disons. Pourvu que ça continue !

Peux-tu nous citer un joueur qui t’as particulièrement impressionné dans ce vestiaire ? Tu connaissais déjà Trejo ou Kakuta.
Je ne connaissais pas grand monde ici donc je ne pouvais pas trop me faire une idée mais j’ai un peu découvert des joueurs comme Santi (Comesaña), Pozo, Advíncula ou Alex Moreno. Ce sont des joueurs qui m’ont particulièrement surpris parce que je ne savais pas que j’allais arriver dans une équipe de ce niveau. Je ne pensais pas que le niveau était aussi bon. Raúl (de Tomás) est aussi impressionnant, il est bon des deux pieds, il ne fait pas trop d’appels dans la profondeur, il aime bien venir chercher le ballon, mais il est imprévisible, il frappe des deux pieds, bon de la tête et c’est un bon dribbleur. Je pense qu’il va mettre au moins 15 buts cette saison !
Et en Liga, un joueur qui t’a marqué ? Sans parler des Messi et compagnie bien sûr.
Parmi ceux que je ne connaissais pas qui m’ont interpellé il y a un joueur de Levante, Rubén Rochina. Je ne le connaissais pas du tout et j’ai trouvé qu’il était très élégant balle au pied. Pas spécialement rapide mais très bon dans les dribbles aussi. J’ai été surpris par ce joueur.
Tu suis un peu la Liga ou tu es plus du genre à déconnecter totalement en arrivant à la maison ?
Je regarde de temps en temps, surtout les matchs qui concernent les équipes du bas du tableau mais j’ai dû regarder 3-4 matchs maximum.
Et ton avenir alors, quelle est ton idée ? Tu vas retourner à Stoke ou tu aimerais bien rester en Liga peut-être ?
En tout cas je suis très surpris par ce championnat. On m’a souvent dit que c’était un championnat qui me correspondrait. Aujourd’hui je vois que c’est vrai et j’aimerais bien rester si j’en ai l’opportunité car je me sens super bien. Mais comme tous les joueurs de foot on ne peut pas trop prédire son avenir et dire « je vais jouer ici ou là-bas ». Mais si j’avais une petite baguette magique pour choisir, je dirais que j’aimerais bien rester dans ce championnat.
Maintien du Rayo et rester à Vallecas ça peut le faire avec la baguette magique non ?
On verra bien, on va déjà commencer par tout faire pour gagner ce week end. Il faut faire les choses dans l’ordre et si le maintien est au bout pourquoi pas ? On verra.
¡FuriaLiga ! tient à remercier Giannelli Imbula pour sa disponibilité, le club pour son accueil mais aussi la Conciergerie SCA qui nous a permis de réaliser cet entretien.
Nicolas Faure
@Nicommentator