La structure organisationnelle du Valencia CF a subi de nombreux changements et rebondissements ces dernières années avec l’arrivée en 2013 du magnat de Singapour, Peter Lim, en tant qu’actionnaire principal. Suite au rachat du club par la société Meriton Holdings, l’entité a connu pas moins de 7 organigrammes différents. Cette instabilité au niveau de l’exécutif s’est notamment reflétée dans les résultats plus que médiocres de l’équipe sur le plan sportif. Mais alors qui fait quoi chez les Blanquinegros ?
L’arrivée de Mateu Alemany en fin de saison 2016-2017, un homme d’expérience dans le monde du football, a visiblement permis de stabiliser le club et d’apaiser les tensions créées chez les supporters valencianistas, en quête de retrouver la grandeur de leur club. Toutefois, les contours des rôles et attributions dans l’organisation du club restent flous. C’est pourquoi Valencia-Sports s’intéresse à l’organigramme du Valencia CF. Qui fait quoi ? Qui dirige ? Qui recrute ?
L’évolution de l’organigramme du club depuis l’arrivée de Peter Lim
Pour comprendre l’organisation actuelle de l’équipe dirigeante du Valencia CF, il faut remonter à 2013, quand Peter Lim devient l’actionnaire principal du club et décide du modèle de management à mettre en place. Largement influencé par le modèle des clubs anglais, le magnat de Singapour cherche d’abord à simplifier l’organigramme en nommant une présidente, Layhoon Chan, chargée de la gestion et de la représentation du club, puis un entraîneur, Nuno Espirito Santo, qui se voit conférer les pleins pouvoirs quant à l’aspect sportif du club, y compris le recrutement des joueurs. Le premier client de Jorge Mendes est donc alors un entraîneur qui détient également le rôle de directeur sportif. Cette décision a provoqué la démission d’Amadeo Salvo, alors nommé « Président exécutif » (ou Directeur Général), et de Rufete qui était sur le papier le véritable directeur sportif, après s’être sentis humiliés d’apprendre le renouvellement du contrat de Nuno et du recrutement de Rodrigo Caio (qui a d’ailleurs été recalé à la visite médicale) sans leur consultation.
Le départ des deux hommes forts du Valencia CF simplifie donc considérablement l’organigramme puisque seuls Layhoon Chan et Nuno restent aux commandes d’un bateau entrain de sombrer. Avec le départ de Nuno quelques mois plus tard et face à l’incompétence de Gary Neville comme nouvel entraîneur, Meriton s’est rendu compte de son erreur et de l’importance d’avoir recours à un directeur sportif à part entière et a donc nommé Jesús « Suso » Garcia Pitarch, ancien joueur che dans les années 1980, à la tête de cette fonction pour rattraper une situation en chute libre. En manque de budget en raison des mauvais résultats de l’équipe, le nouveau directeur sportif a été contraint de recruter des entraîneurs inexpérimentés (Pako Ayestarán) ou trop exigeants (Cesare Prandelli), enfonçant davantage le club dans les abysses du classement et provoquant le départ de Suso Pitarch.
C’est alors que Layhoon promeut José Ramon Alesanco, jusqu’alors directeur de la cantera, comme directeur sportif pendant la saison 2016-2017, appuyé par la légende Vicente Rodríguez en tant que secrétaire technique en charge du scouting. Cependant, Peter Lim, voyant que le club subit trop de tensions, il décide à nouveau de changer l’organigramme avec le remplacement de Layhoon Chan par Anil Murthy, arrivé quelques mois plus tôt dans un rôle opaque, à la présidence du club et le recrutement de Mateu Alemany, ancien président du « grand » RDC Mallorca, comme directeur général. Ce changement devient clé pour l’entité che, puisqu’on retrouve enfin une cohérence et des résultats dans la gestion financière, sociale et sportive du club, après 2 saisons catastrophiques.
L’organigramme aujourd’hui : qui fait quoi ?
L’arrivée de Mateu Alemany comme directeur général du club a premièrement supposé des choix forts et cohérents sur le plan sportif avec l’arrivée de Marcelino García Toral en tant qu’entraîneur. Puis s’en est suivi le limogeage du directeur sportif, José Ramon Alesanco, dont certaines attributions intersectaient celles de Mateu Alemany, notamment celles de signer les contrats dans le cadre du recrutement de nouveaux joueurs.
Bien que temporaire, ce nouvel organigramme simplifié attribue les pleins pouvoirs à Marcelino Garcia Toral sur le plan sportif pour concevoir de A à Z son effectif en vue de sa première saison chez les Blanquinegros, ce qui se traduit par des résultats positifs immédiats. En effet, le nouvel homme fort aura su prouver son influence pour attirer les talents à Mestalla, grâce à sa réputation d’entraîneur rigoureux, sa capacité à transmettre sa vision du projet sportif qu’il souhaite mettre en oeuvre, mais aussi grâce à son réseau international. Cette aura dont il bénéficie rallie à sa cause des joueurs expérimentés et internationaux comme Geoffrey Kondogbia, Jeison Murillo, Gabriel Paulista, Gonçalo Guedes ou encore Francis Coquelin.
Cela étant fait et ne pouvant pas être au four et au moulin, le nouveau patron du vestiaire a dû se faire seconder sur l’aspect scouting de nouveaux talents sur le plan international puisque cette fonction n’était occupée que par Vicente Rodríguez. C’est la raison pour laquelle le club a fait appel à un homme de confiance de Marcelino, Pablo Longoria, pour devenir le nouveau directeur technique et pour superviser toute la phase de sourcing en vue d’éventuels recrutements de nouveaux joueurs.
C’est ainsi que la structure directive du Valencia CF compte désormais 6 membres principaux dont nous analysons ici leur rôle respectif dans l’organisation et leur poids dans le processus de prise de décision.
Peter Lim
Il st le principal actionnaire du Valencia CF et donc l’homme qui a toujours le dernier mot sur les décisions stratégiques du club. Depuis son arrivée, le magnat de Singapour s’est montré plutôt actif mais de très loin, ce qui lui a valu de nombreuses critiques de la part de la presse et des supporters du club. Son intervention a tantôt été salvatrice, notamment lors de négociations clés pour le recrutement de certains joueurs (Gonçalo Guedes) de par les relations privilégiées qu’il entretient avec les décideurs du monde du football ; mais aussi lorsqu’il a réalisé une augmentation de capital du club, lui permettant d’être fort face à ses engagements financiers. Toutefois, son intervention comporte également des zones d’ombres, notamment si l’on se rappelle des différents conflits d’intérêts avec son ami Jorge Mendes, qui a fait plus de mal que de bien au club en termes de recrutements.
Anil Murthy
Président du conseil d’administration du club, il a remplacé Layhoon Chan lors de la saison 2016-2017. Cet ancien diplomate du Ministère des Affaires Etrangères de Singapour est donc la tête visible en Europe de la société Meriton Holdings, défendant les intérêts de l’actionnaire principal, Peter Lim. Sa venue au sein du club coïncide avec la nécessité de remettre de l’ordre, d’une part dans l’organisation du club, et d’autre part dans les relations avec les différentes institutions partenaires du club, notamment financières. Son rôle est donc à la fois celui de représentation politique et juridique et de négociation avec les principaux partenaires commerciaux et financiers.
Mateu Alemany
Il est le Directeur Général du Valencia CF. Son rôle est celui de gestionnaire interne du club à la fois dans le domaine commercial et financier (en partenariat avec Anil Murthy) mais aussi sur le plan sportif puisque c’est par lui que passent toutes les négociations de cessions et de recrutements de joueurs. C’est également lui qui doit toujours avoir en tête le fameux « Fair Play Financier » en vue de connaître le réel budget disponible pour le recrutement de nouveaux joueurs lors des mercatos d’été et d’hiver. C’est donc lui le véritable chef d’orchestre et homme fort du club.
Marcelino Garcia Toral
C’est l’entraîneur de l’équipe mais pas que. En effet, son poids et son influence sont telles que le patron du vestiaire a toujours son mot à dire sur n’importe quelle opération concernant son effectif actuel ou potentiel. A en croire les mots d’Anil Murthy dans une interview concédée en mai 2018, Marcelino serait « un entraîneur, un directeur sportif et un agent de scouting, bref un tout-en-un ». Le fait est que Marcelino est l’homme incontournable qui sait exactement le profil de joueur qu’il veut intégrer dans son effectif et qui s’assure d’abord d’avoir une discussion avec le joueur et son entourage avant un quelconque recrutement. Son poids dans ce modèle de structure organisationnelle est donc primordial dans la gestion de l’aspect sportif et de l’effectif, à la fois dans le recrutement mais aussi dans les sorties puisque lorsqu’il décide qu’un joueur ne lui est plus utile, une porte de sortie lui est vite trouvée. Le dernier exemple en date est Jeison Murillo, envoyé en prêt avec option d’achat au Barça au début du mercato d’hiver.
Pablo Longoria
Il a été recruté par Marcelino pour occuper le poste de directeur technique du club et non de directeur sportif. Concrètement qu’est-ce que cela signifie ? Théoriquement, un directeur sportif est la personne qui supervise le scouting et le sourcing de joueurs potentiellement intéressants en vue de les recruter mais aussi en charge de confectionner l’effectif et de mener la négociation et la signature des contrats avec les nouveaux joueurs. Or, Pablo Longoria ne possède pas ces 2 dernières attributions qui reviennent essentiellement à Marcelino Garcia Toral et à Mateu Alemany. Ce qui, en d’autres termes, veut dire que la direction sportive est diluée entre 3 hommes qui ont chacun l’une des 3 attributions principales. Pablo Longoria est une pièce importante dans le schéma sportif du club, ayant toute la confiance de Marcelino (les 2 hommes ont le même représentant Eugenio Botas) depuis leur collaboration au Recreativo de Huelva et au Racing de Santander. A seulement 31 ans, l’Asturien a un parcours prestigieux et est reconnu pour sa capacité de « chasseur de talents ».
Vicente Rodríguez
Le légendaire numéro 14 du VCF est arrivé au club de la main de Suso García Pitarch en janvier 2016 en tant que secrétaire technique, poste qu’il n’a jamais abandonné depuis, malgré les multiples péripéties subies dans la réorganisation interne du club. L’ancien ailier gauche a donc joué un rôle important dans la planification sportive lors de la crise de l’hiver 2017 et dans celle de la première équipe de l’ère Marcelino, mais n’a pas été un acteur décisionnaire, relégué à la supervision de scouting. Cependant, sa place dans l’équipe dirigeante s’est vue renforcée à mesure que celle d’Alesanco diminuait jusqu’à son limogeage. Plus récemment, Mateu Alemany a démontré et confirmé toute sa confiance en améliorant les conditions de son contrat à Mestalla. Vicente Rodriguez travaille donc en tandem, bien que sous la responsabilité de Pablo Longoria, dans toute la phase de scouting et de planification sportive.
Quel rôle dans le processus de prise de décision des recrutements ?
En réalité et dans les faits, lorsque l’on entend Mateu Alemany et Marcelino Garcia Toral parler en conférence de presse à propos de la prise de décision lors des recrutements, personne n’est capable de nommer personne. C’est toujours « le club qui décide ». Cette non-personnification exaspère journalistes et supporters qui voudraient à tout prix avoir le nom du décideur pour lui rejeter la faute en cas d’échec de recrutement. Seulement, « le club » est en réalité composé de toutes ces personnes qui se consultent sur différents aspects : sportifs et financiers.

Tout commence par le sourcing du besoin de Marcelino García Toral par l’équipe technique (Pablo Longoria et Vicente Rodríguez) qui s’occupe de scanner et recenser les meilleurs talents correspondants aux caractéristiques énoncées par l’entraîneur. Pablo Longoria propose alors les différentes alternatives de joueurs à Marcelino puis à Mateu Alemany pour valider les aspects sportifs puis financiers. C’est lorsque Marcelino donne son feu vert que Mateu Alemany entre en scène pour négocier le recrutement du joueur. Il arrive parfois que pour certaines négociations soit nécessaire l’intervention de Peter Lim, voire de son ami Jorge Mendes, pour débloquer des situations moins évidentes, comme cela a été le cas l’été dernier avec Gonçalo Guedes.
Vers un nouveau modèle de direction ? Doit-il n’en rester qu’un ?
A l’heure où le poids d’Anil Muthy se dilue dans le pouvoir décisionnaire du club et où l’émissaire singapourien n’a fait qu’attiser les tensions chez les supporters valenciens en provoquant une crise sociale, notamment auprès de la Curva Nord, se pose la question de savoir si Mateu Alemany sortira vainqueur d’un conflit d’opinions et de visions de la direction du club.
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En effet, la récente situation de l’équipe aux résultats plus que médiocres a provoqué une guerre interne entre Anil Murthy et Mateu Alemany à propos de Marcelino, qui a perdu du crédit et qui, selon Anil Murthy, devrait être limogé. Or, Mateu Alemany a publiquement défendu et renforcé l’image de l’entraîneur en lui accordant toute sa confiance pour redresser la barre. Pour faire le point sur cette situation, les 2 hommes sont allés à Singapour la semaine dernière pour rencontrer Peter Lim. Le magnat singapourien a renouvelé à Mateu Alemany toute sa confiance en Marcelino, ce qui a renforcé la crédibilité du dirigeant valencien, ce qui n’est pas pour déplaire au Valencianismo car Alemany est unanimement respecté en interne comme auprès de la presse et de l’afición. Cette déconvenue pour Anil Murthy sonne-t-elle le début d’une guerre de pouvoir, où il ne devra en rester qu’un, modifiant ainsi une énième fois l’organigramme du club ?
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