Getafe – Du Real à l’Atletico en passant par Melilla, le Leeds de Bielsa et une chanson à sa gloire à Ellan Road : l’histoire sinueuse de Samu Saiz

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Samu Saiz est un inconnu en France mais une idole en Angleterre et surtout un nom connu et reconnu en Espagne. Pourtant l’offensif qui va avoir 28 ans fin janvier n’a disputé que 17 minutes dans une D1 et cela date de 2012. Depuis ce match, Samu Saiz n’a pas chômé et celui qui a connu le Real, l’Atletico et la B de Sevilla notamment est de retour en Espagne en ce mois de janvier pour enfin montrer qu’il a le niveau pour être titulaire en Liga. A Getafe, Samu devra faire oublier un Amath blessé et surtout confirmer, enfin. Tranche de vie d’un garçon aussi talentueux qu’attachant : entre transferts, crachats et chanson à sa gloire.

Samu Saiz a toujours vécu pour le football. Le natif de Madrid rejoint même le Real à 8 ans. A la Maison blanche il va tout vivre mais ne jamais avoir sa chance. Depuis 2010 et son départ du club blanc, Samu a connu pas moins de 7 clubs et 4 divisions. Dans le petit club de Huesca il s’est révélé. A Leeds il a explosé et a même eu le droit à une chanson à sa gloire dans les travées d’Elland Road. Alors qu’il avait tout pour devenir un géant sous les ordres de Bielsa, Samu a quitté le navire pour être de retour dans sa ville natale. Retour sur la carrière déjà mouvementée d’un blond, du Castilla de Lopetegui au Getafe de Bordalas.

Quelques hauts mais surtout des bas

Samu Saiz est un joueur virevoltant. Capable de jouer numéro 10 ou sur les deux cotés, le droitier est un footballeur frisson qui donne beaucoup d’amour. Son style avec le ballon est clair : jouer un maximum de 1 vs 1 pour créer des espaces là où il y en a pas. Depuis toujours Samu a cette capacité à être dangereux avec le ballon avec un ou deux dribbles aussi époustouflants que formidables. Au Real, il n’aura jamais sa chance même si il composera un homme de base du Castilla de Lopetegui en Segunda B. En 2010 voyant son avenir bouché chez les Vikingos il va s’envoler pour la première fois.

Direction la réserve de Sevilla pour Samu. Le premier transfert d’une longue série pour le génial dribbleur. Incapable de se stabiliser dans un club, Samu alterne entre le très bon mais surtout le très mauvais. Dans une D3 très homogène, on ne donne pas de temps au petit blond et lui se retrouve très souvent en situation d’échec. Après moins de 20 matchs sous le maillot des Andalous, Samu rejoint Melilla pour un nombre de matchs équivalents. Saiz rejoint pourtant une nouvelle équipe B : celle de Getafe. Sous les couleurs des Azulones, le natif de Madrid est régulièrement convié à s’entraîner avec les pros. Pour une fois, on laisse du temps à Samu jusqu’à que Luis Garcia Plaza lui offre ses premières minutes en Liga face à l’Atletico en 2012. Ce sera les seules minutes de Samu à ce niveau qui pliera une nouvelle fois ses valises en 2013.

Crédits : HKFC Citi Soccer Sevens

Samu doit une nouvelle fois redescendre dans les basses divisions pour retrouver du temps de jeu. Il rejoint la B d’Almeria mais n’impressionne personne. Il dispute même la pré-saison avec l’équipe fanion des andalous qui militent en Liga à cette période. Sauf que Samu laisse indifférent Francisco son coach de l’époque. 6 moins plus tard, toujours en 2013, Samu revient à Madrid et signe cette fois à l’Atletico Madrid. Le feu-follet représente avec un groupe 8 autres joueurs l’avenir de l’Atletico. Il est régulièrement convié aux entraînements du Cholo avec Alejo, Lucas ou encore le chinois Xu Xin notamment.

Pourtant, il ne disputera aucune minute en Liga sous le maillot rojiblancos et son entraîneur de la B des Colchoneros à des mots durs envers Aquino et lui : « Ce sont des gars formidables, ce sont des gens formidables, ils peuvent être de grands footballeurs, mais ils sont mauvais pour eux-mêmes . Ce sont les deux meilleurs de mon équipe, a priori … Pour être meilleur, il faut le prouver. Ils seront les meilleurs de l’équipe quand ils le voudront, s’ils étaient si bons, ils ne seraient pas dans Segunda B. Et si j’étais un si bon entraîneur, je serais en première et non en deuxième B. Donc, j’entraîne mal et ils jouent mal au football .  »  En 2015 Samu doit une nouvelle fois quitter Madrid pour jouer et semble au pied du mur.

De la douceur d’Alcorraz à la folie de Leeds : l’envol de Samu Saiz

Pour la première fois après Melilla, Samu rejoint un club qui n’est pas une équipe B. La formation qui accueille le natif de Madrid n’est autre que Huesca en Segunda. Dans la douceur d’un petit stade, Samu va mettre longtemps à exploser. Sous les ordres de Luis García Tevenet il ne joue pas ou peu. La nomination de Juan Antonio Anquela va tout changer pour petit Samu. En confiance, il n’est pas un titulaire indiscutable mais est enfin décisif à chaque fois que son nouveau coach fait appel à lui.

Rapidement il met à ses pieds ses nouveaux supporters et confirme enfin dans une division pro tout le talent aperçu par séquences dans ses autres clubs. Lors de l’année 2016-2017, Samu est un titulaire indiscutable et cela va être une de ses meilleurs versions. Enfin concentré sur le football, Samu explique à El Periodico pourquoi cela fonctionne enfin pour lui : « Avant j’étais jeune et un peu perdu, il était difficile pour moi de m’installer dans un club, mais depuis que j’ai trouvé ma femme, j’ai eu ma petite fille, tout est rentré dans l’ordre. Je suis plus calme, pas aussi fou qu’auparavant. J’ai toujours les mêmes dispositions, mais avant je n’avais pas la tête où je devais l’avoir … et dans le football, le plus important est la tête « . Facteur X du petit club aragonais qui échouera dans les play-offs d’accessions pour la Liga face à … Getafe le nouveau club de Samu, le feu follet marquera 12 buts et offrira 8 passes décisives. Un niveau qui fait que le blond est courtisé en Liga mais il prend une nouvelle fois le contre pied.

Crédits : Marca

Alors qu’Eibar semblait tenir la corde pour accueillir Saiz, c’est Leeds qui officialise son arrivée en 2017. Le club est alors coaché par Christiansen le plus espagnol des danois. Totalement épuisé après une longue saison en Segunda, Samu sera ménagé en début de saison et il ne jouera que les coupes. Très vite pourtant, son talent explose et il s’impose encore une fois comme le meilleur joueur offensif de son équipe. Les compliments pleuvent, lors du mercato d’hiver son entraîneur ferme la porte à un départ du génial espagnol avec une phrase qui en dit long sur l’importance de Samu :« Si Samu Saiz est mis en vente, je crois qu’il doit être aussi cher que Messi ».

En plus de rendre toute chose son entraîneur, les fans qui garnissent Elland Road chantent à la gloire du petit Samu. Le chant est simple mais montre l’importante de Samu :« Nous avons Samuel Saiz. Je ne pense pas que vous comprenez. Il est venu d’Espagne pour réveiller Leeds. » Le coup de foudre est réciproque, le madrilène tombe aussi amoureux de Leeds. En admiration devant ce stade plein en Championship, Samu régale et enchaîne les pions. Son style tout en provocation et en dribble dénote. Lui adore ce nouveau et il l’explique toujours à El Periodico : » J‘aime beaucoup le jeu de l’Angleterre. Tout est plus joli. Vous respirez un environnement indescriptible. Tous les stades sont pleins, les gens vivent chaque match avec une passion qui se déplace vers la pelouse. Mais pas seulement pendant les 90 minutes; dans le pré-match et dans le post-match, ils continuent également à applaudir. Cela fait partie de la société. »

A El Periodico il décrypte aussi pourquoi très vite, ses nouveaux supporters sont tombés amoureux de lui :« Je ne suis pas un grand homme [sourire], je suis un joueur très effronté, je n’ai pas peur, j’essaie toujours de faire ce qui me passe par la tête, je dirais que je suis très coloré, mon jeu est plutôt vertical. Sur la gauche j’ai la liberté de pouvoir rentrer sur mon pied droit, mais je préfère jouer en tant que meneur de jeu: j’aime participer davantage au jeu « . 

Pourtant son idylle anglaise va subir une première remue en janvier 2018. Lors d’un match de Cup face à Newport, Leeds va subir plus qu’une élimination. Samu Saiz prend un carton rouge pour avoir craché sur un adversaire. Une constante pour lui, quelques semaines avant c’était l’entraîneur de Port Vale qui accusait Samu d’avoir craché sur un joueur. Cette fois la sentence est irrévocable, l’Espagnol est suspendu 6 matchs de championnat. Malgré son mea culpa, les conséquences de son absence sont désastreuses et même si ce n’est pas la seule raison, Thomas Christiansen est demis de ses fonctions lors de cette période. Ce coup du sort va un peu briser la dynamique de Samu en Angleterre.

La nomination de Bielsa redonne du baume au coeur au « Neymar » de Leeds comme le nomme certains quotidiens ibériques et pousse Samu à repousser des offres de clubs de Liga à l’été 2018. Pourtant encore une fois, Samu rechute. Bien que régulièrement débutant, Saiz n’est plus décisif et son rendement laisse à désirer. Fin novembre la sentence tombe : Samu veut quitter l’Angleterre et retourner à Madrid. La raison de cette décision est extra-sportive. La femme de Saiz est enceinte de son deuxième enfant et cela a donné à Samu le mal du pays.

Retour à Getafe, pour enfin briller tout en haut de la pyramide ?

Mi décembre le deal est bouclé, Samu rejoint donc les Azulones en prêt assorti d’une option d’achat. Ce club de la banlieue sud de Madrid, l’ancien du Real le connaît bien. C’est ici qu’il a joué ses seules minutes en Liga de sa carrière. C’est aussi ce club qui a éliminé son Huesca de la course à la Liga en play-off d’accession. Sa signature répond à la grosse blessure d’Amath qui laisse Bordalas sans dynamiteur sur le côté gauche.

Ce recrutement semble être un bon coup pour le club de Madrid qui signe un joueur qui colle parfaitement aux besoins de l’équipe. Getafe est une équipe bien en place qui s’appuie sur des ailiers de rupture pour générer du danger dans le dos de la défense adverse. Malgré que ce n’est pas le poste préférentiel de Samu, son style tout en provocation peut être salutaire pour Getafe en milieu gauche. Cependant l’incertitude règne encore sur la capacité du madrilène à maintenir un bon niveau sur une longue durée. La deuxième incertitude est le travail défensif que va être capable de produire Samu. Getafe est une travailleuse qui vit de longues minutes sans le cuir, en plus de devoir coulisser un maximum les ailiers doivent travailler à la récupération pour ensuite gicler en contre. Sans concurrence notable jusqu’au retour d’Amath, Samu aura du temps pour comprendre tout les rouages de la méthode de Bordalas, suffisant pour se révéler aux yeux de la Liga ?

Benjamin Bruchet 

@BenjaminB_13

 

 

 

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