Mathématiquement, ce n’est pas encore la moitié de la Liga qui a été disputée mais il est vrai que cette trêve hivernale sert de point de repère pour dresser un premier bilan en championnat. Furia Liga en profite donc pour faire les comptes dans un tableau en deux parties. Première partie : Barça, Sevilla, Valencia, Huesca, Athletic, Eibar, Rayo Vallecano, Betis, Girona et Celta.
Séville FC (3e) : Le miracle permanent
Depuis deux ans, Séville est dans un sas, coincé entre son passif de club moyen en Liga mais très performant en Europa League, et l’ambition de devenir un club majeur en Espagne. À base d’investissements massifs et de coups clinquants sur le banc (Jorge Sampaoli ou encore Toto Berrizo), les Andalous devaient devenir des outsiders crédibles pour le titre. Après deux déceptions, c’est avec un tout jeune entraîneur méconnu que Nervión se remet à rêver. Calé à la 3e de la Liga à cinq points du leader, Pablo Machín fait des merveilles avec un effectif il est vrai taillé pour son style. Le 3-4-1-2 marche bien et permet à des joueurs comme Pablo Sarabia, Jesús Navas ou Ever Banega d’être très performants.
La réussite de Séville peut se résumer à la performance de trois joueurs. À commencer par Tomas Vaclik. Le gardien arrivé de Bâle cet été est un coup incroyable et déjà l’un des meilleurs portiers de Liga. Sergio Rico a été vite oublié… Ensuite, Ever Banega. Seul devant la défense, l’Argentin est le meilleur récupérateur de Liga en plus d’être toujours aussi important à la création. C’est le miracle de Séville : tenir la cadence en pratiquant un jeu qui génère énormément de déséquilibre, et avec un bloc défensif qui tient grâce au travail de l’ombre d’un Banega qui semble gagner en constance. Une question reste en suspens, cruciale : Unai Emery veut signer l’ancien Che cet hiver à Arsenal, et l’Argentin vient de changer d’agent… Devant, c’est Pablo Sarabia qui est le facteur X et qui bouleverse la donne des matches, que ça soit par une passe ou un but. Sa moitié de saison est remarquable et mériterait bien une sélection avec la Roja.
La seule incertitude avec Séville, c’est sa capacité à tenir sur le long terme avec un banc qui est loin du niveau des titulaires.
XI mi-saison 
Huesca (20e) : Rude apprentissage
En juin, le petit club de Huesca a écrit la plus belle page de son histoire. Porté par Rubi, un entraîneur magnifique, l’équipe aragonaise s’est hissée pour la première fois en Liga. Après un recrutement porteur d’espoirs mais avec le départ de son coach à l’Espanyol, Huesca a débuté son championnat tambour battant. Sur les huit points que compte le club après 17 journées, la moitié a été marquée lors de ses deux premières sorties. Depuis… Huesca apprend, a licencié son entraîneur Leo Franco pour signer Francisco mais n’a pas inversé la tendance et les résultats sont toujours décevants.
Pourtant, dans le jeu, la cohérence revient et, souvent, Huesca est proche des victoires mais ne réussit pas à être tueur dans les moments clés. Lors de la dernière journée avant la trêve par exemple, Huesca s’est déplacé à Valencia et a concédé l’ouverture du score. Ensuite, les Aragonais ont cravaché pour revenir au score et ont même eu par deux fois la possibilité de prendre la tête avec des grosses situations, sans succès. A la 95e, c’est Piccini le latéral che, sorti de nulle part qui a fait trembler les filets et offert trois points à son équipe. Un résumé de ce qu’est cette première expérience à ce niveau pour Huesca : un rude apprentissage.
XI mi-saison
Athletic (17e) : Retour aux fondamentaux
Depuis deux ans, l’Athletic déçoit. Déjà loin du lustre d’antan, les passages de Kuko Ziganda l’année passée et Toto Berrizo cette saison ont été très mauvais. L’entraîneur argentin, licencié il y a quelques semaines, a même laissé les Zuri-goriak dans la zone rouge, avec un jeu proche du néant. C’est Gaizka Garitano qui a été nommé pour inverser la tendance et remobiliser tout un groupe qui dérivait vers la Segunda. L’entraîneur qui connaît tout du football basque a pris 5 points sur ses trois premiers matches, de quoi redonner de l’espoir à tout un peuple.
Pourtant dans le jeu, rien de révolutionnaire bien au contraire. Le football basque est un football qu’on pourrait qualifier de rustre et les grandes gloires de l’Athletic ont été construites avec une équipe rugueuse et courageuse, plus qu’avec un jeu léché. L’époque Bielsa n’est que l’exception qui confirme la règle. Garitano a donc ressorti la boîte à claques et les grandes chandelles pour remettre son équipe sur de bons rails. Ce retour aux fondamentaux donne enfin quelques certitudes pour l’avenir des mythiques Leones.
XI mi-saison
Betis (5e) : Décevant mais présent
Auteur d’une 5e place encourageante pour sa première saison, Quique Setién était attendu et devait confirmer pour sa deuxième année à l’Heliopolis. Pourtant, rien ne s’est passé comme prévu et, comme en 2017, l’entraîneur a eu du mal à lancer une série. Durant de longues semaines même, le Betis était une des pires attaques d’Europe. Le matériel pour performer est là avec des joueurs comme William Carvalho, Gio Lo Celso, Sergio Canales, Sergio León, Toño Sanabria, Joaquín, Cristián Tello ou encore Takashi Inui. Mais dans les faits, le 3-6-1 de Setien est trop équilibré et souvent inoffensif.
Néanmoins, le Betis reste sur quatre matches sans défaite, dont trois victoires. Il est placé à une très bonne 5e place à la trêve. La raison de ce salut est la même que la saison passée : la mise en place d’un onze titulaire qui performe en se connaissant par cœur. Setién a enfin fait le choix de ses hommes et la hiérarchie permet de rassurer les titulaires tout en leur permettant de créer des automatismes. Lo Celso est le détonateur devant, celui qui permet au Betis de passer d’une équipe équilibrée et frigide à une équipe enthousiasmante et magnifique. La seconde moitié de saison des Verdiblancos en 2017-2018 avait été flamboyante : sera-t-elle du même acabit ?
XI mi-saison
Celta de Vigo (11e) : Toujours la même chanson
Les Galiciens déçoivent constamment. Incapable d’avoir de la consistance sur une saison entière, le Celta est capable de réussir des coups comme face à l’Atleti mais aussi d’être « infoutu » de gagner durant quatre matches. El Turco Mohamed, l’homme qui devait relancer le Celta après le passage très mitigé de Juan Carlos Unzué, a été demis de ses fonctions d’une manière assez particulière. Son remplaçant n’est autre que Miguel Cardoso, l’ancien entraîneur de Nantes. Ses débuts sont intéressants et on revoit de belles choses, notamment dans l’utilisation de la balle. Un moindre mal quand on a des Brais Méndez, des Stan Lobotka et des Sofiane Boufal. Des choses qu’on avait déjà vu avec El Turco… mais le Celta est très vite redevenu le Celta. À la mi-saison, on ne sait toujours pas si Iago Aspas (blessé jusqu’en février, ndlr) et ses partenaires jouent le maintien ou l’Europe. Cardoso va-t-il enfin donner de la consistance au Celta ?
XI mi-saison
FC Barcelona (1er) : ValverdeTeam ou FC Messi ?
Le Barça est en cette fin d’année 2018 : qualifié en huitièmes de finales de LDC en étant premier de son groupe, assez largement en tête de la Liga, et toujours en lice en Coupe du Roi. En prime, les hommes de Valverde ont corrigé 5-1 le Real de Lopetegui en Liga. Une première partie de saison qui semble parfaite mais le Barça reste le Barça et Valverde a de très nombreux détracteurs. On reproche à l’ancien technicien de l’Athletic son incapacité à produire un jeu léché et sa quête d’équilibre qui donne un Barça amorphe et peu intéressant avec le ballon.
Collectivement, les Catalans déçoivent mais sont plutôt bien préparés pour les gros chocs. Surtout qu’en plus d’avoir un technicien qui connaît le ballon, le Barça dispose de joueurs capable de tenir la maison quand il y a la tempête. Ter Stegen et Messi font évidemment partie d’entre eux. Le seul point un peu emballant coté Barça, c’est finalement la montée en puissance d’un Dembélé enfin intéressant sur chaque prise de balle. Beaucoup sont déçus et pourtant le Barça domine largement son sujet. La froideur de la gagne.
XI mi-saison
Rayo Vallecano (19e) : Incapacité à lancer une série
Les hommes de Míchel ont été fêté en héros en juin dernier. Le petit club de quartier qu’est le Rayo est de retour une nouvelle fois en Liga, alors que la situation en coulisse est toujours aussi désastreuse. Contrairement à ses derniers passages dans l’élite, le Rayo ne réussit pas à peser sur les débuts. Le spectre d’une nouvelle relégation est grand. Pourtant la légende Míchel a le soutien de ton un stade, acquis à la cause de son entraîneur qui lui a déjà beaucoup donné.
Le style du Rayo a évolué en Liga. En début de saison, c’était tout pour l’attaque mais les lacunes défensives des Madrilènes étaient trop exposés et les scores souvent lourds. Depuis quelques matches, Míchel opte pour une approche plus stricte et des joueurs un poil plus travailleur au milieu. L’arrivée de Dimitrievski dans les cages apporte aussi une sérénité nouvelle à la défense du Rayo. Cela donne un Rayo plus compliquée à bouger mais toujours incapable de lancer une série. Après avoir battu Eibar, le Rayo a enchaîné deux défaites avant de battre Levante récemment. Le Rayo n’est qu’à trois points du premier non relégable, mais sans série impossible de refaire ce petit retard.
XI mi-saison
Valence (8e) : Pas encore mort
La première moitié de saison du Valence CF a été un long chemin de croix. Incapable de forcer des résultats, les hommes de Marcelino ont concédé énormément de nuls (10 en 17 journées) et ont été éliminé de LDC dès la phase de groupe. Incapable de reproduire son départ canon de la saison dernière, Marcelino a été victime de ses choix et d’une politique de recrutement qui semble hasardeuse. Vendre Zaza pour faire signer Gameiro ressemble à une hérésie, comme celle de préférer Diakhaby à Murillo.
Dans les faits, cela donne bien souvent un Valence peu intéressant et qui subit de plein fouet les blessures de Kondogbia ou encore Guedes, ses hommes phares de la saison passée. Pourtant Valence ne veut pas mourir et Marcelino a encore toute l’adhésion de son groupe. Le but égalisateur face à Séville ou celui de la gagne face à Huesca, marqués tous deux dans les derniers instants des matches montrent bien que l’équipe croit en son destin. Valence est de retour dans la première partie de tableau et a enfin l’Europe en ligne de mire, au meilleur des moments ?
XI mi-saison
Girona (9e) : La survie avant les abysses ?
Girona ne vit que sa deuxième saison à ce niveau de son histoire. La saison dernière portée par le génial Machín, les catalans avaient impressionnés et avaient fini tout proche de la zone Europe. Machín parti, c’est l’ancien de la Real Sociedad, Eusebio Sacritan qui a été nommé. Ce remplaçant au CV intéressant devait être capable de continuer le travail de l’ancien míster tout en apportant sa patte. Quelques mois après son arrivée, son bilan comptable est bon mais sur le plan du jeu c’est moins emballant.
La première partie de saison de Girona peut être découpée en trois phases. La première est le début de saison, quand Eusebio a voulu transposer son 433 à sa nouvelle équipe. Cela à donné un Girona sans idée et incapable de forcer un résultat. Très vite l’ancien du Barça est revenu au 352 qui a fait des merveilles la saison passée. Sauf que dans le jeu, Girona est bien moins intéressant et les résultats n’ont été accroché que grâce à un excellent Bono et à un Stuani sur un nuage. Sur les dernières sortie, Girona reste sur quatre matches sans victoires. La faute à un Eusebio incapable d’apporter du renouveau aux Catalans. L’héritage de Machín touche à sa fin, Eusebio doit être incapable d’implanter quelques choses de nouveau sous peine de vivre une deuxième partie de saison très compliquée.
XI mi-saison
Eibar (13e) : Etre fidèle à son jeu
Chaque saison, Eibar perd des éléments et pourtant à chaque fois, Eibar réussit à être performant. Bien sûr, l’équipe de cette année est la moins intéressantes des dernières versions. Pourtant les Basques ont claqués un 3-0 au Real et sont bien au chaud dans un ventre de championnat qui n’a rien de mou. À Ipurua, Eibar est intraitable et dispose du 6e bilan de la Liga, contrebalancé par sa 17e place à l’extérieur.
Dans le jeu, le 442 et le pressing de Mendilibar évolue. Avant équipe de transition, Eibar devient de plus en plus une équipe de possession, qui à la récupération ne balance plus très vite sur les ailes mais tente de construire. Ce changement de cap est clairement encouragé par les hommes disponibles. Avant, le meilleur joueur d’Eibar était Inui. Un ailier de ruptures, qu’il fallait lancer en profondeur. Maintenant le meilleur joueur d’Eibar n’est autre que Joan Jordan un milieu de terrain capable de tout faire, mais qui reste un créatif en premier lieu. Eibar n’est pas sauvé, mais avec 21 points à la mi-saison les basques sont dans les temps pour le maintien.
XI mi-saison
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13