Levante – Paco López, l’homme derrière la révolution d’Orriols

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Dans le football, tout va très vite. A Valence, le club à la mode cette saison n’est plus le Valencia CF mais Levante UD qui a très rarement les faveurs du grand public. En moins d’un an, les Granotes ont changé de dimension, pratiquent un football magnifique et se battent maintenant pour l’Europe avec ambition et fierté. Derrière cette métamorphose, un entraîneur atypique : Paco López. Portrait d’un cinquantenaire qui a pas mal bourlingué avant de faire sensation en Liga.

Il suffit de rien pour voir un destin basculer. Celui de Paco López, entraîneur facturant près de 250 matchs sur les bancs de touche, principalement en Segunda B, a changé après un nul de Levante face à l’Espanyol en avril 2018. Juan Ramón López Muñiz, l’homme qui a promu Levante en Liga, est démis de ses fonctions. Le club d’Orriols qui n’a jamais connu la zone rouge est cependant dans une situation inquiétante : les Granotas n’ont gagné que 3 matchs en championnat et les profondeurs se rapprochent. Paco López qui réussit de belles choses avec la B en Tercera (4e division, ndlr) est nommé pour la première fois à ce niveau. Quelques mois auparavant, il avait quitté la B de Villarreal, pensant son horizon bouché. Le chauve qui est connu dans la région de Valencia va enfin pouvoir se montrer au plus haut niveau. Il le fera avec brio.

5-4 face au Barça, l’apothéose du « Lopezismo 1.0 »

Paco López est un homme d’expérience qui connaît parfaitement les ficelles mentales et tactiques pour remettre sur pied une équipe mal en point. Il a pas mal bourlingué. Il a par exemple entraîné José Luis Gayà avec le Valencia B, Rodri avec Villarreal B et a croisé la route de Pepe Bordalás notamment lors de ses passages à Alcoyano ou encore à Benidorm. De plus, malgré ses passages en tant que joueur et entraîneur du Valencia Mestalla (le nom de la B des Blanquinegros, ndlr), il reste un amoureux de Levante depuis sa plus tendre enfance. A sa nomination, son constat est clair : il faut redonner confiance à l’effectif. L’ancien attaquant est un optimisme dans l’âme et s’attache à valoriser ses joueurs continuellement, que ce soit à l’entraînement ou en match. Il discute avec tous les joueurs et s’attarde sur ceux mis au placard par López Muñiz comme Emanuel Boateng et Enis Bardhi.

« Mon objectif premier était de changer le discours et de le faire par le biais de messages positifs. Nous ne nous sommes pas battus pour nous sauver nous-mêmes, mais pour remporter un championnat à quatre équipes. Nous avions peu de temps, c’est pourquoi j’ai travaillé sur les joueurs, sur la personne » Paco López après avoir maintenu Levante en Liga.

Ce nouveau management est couplé avec un ajustement tactique. Levante passe en 4-4-2 et se met à jouer au football. Les résultats sont tout de suite là. Pour sa première, les Granotas battent Getafe au Coliseum. Premier exploit et pas le dernier pour le club d’Orriols qui va épater tout le monde. Sur ses 9 premiers matchs à la tête de Levante, Paco López accumule 7 victoires pour un nul et une défaite. Levante joue un football offensif et enchaîne les performances avec une facilité folle. Les joueurs sont libérés et sûrs de leurs forces. C’est le premier coup de maître de López. Levante ne joue plus comme un petit club qui doit se battre pour chacun de ses points et devient un club fier qui joue SON football en essayant au maximum de dominer ses adversaires quels qu’ils soient.

« Je veux que nous soyons audacieux et courageux. Nous sommes une bonne équipe, nous avons de bons joueurs. Ce pourrait être un cliché mais mon diagnostic est que la psychologie sera très importante. Je veux changer notre état émotionnel » Paco López

Pour le compte de la 37e journée, Levante reçoit le Barça dans un Ciutat de València plein à craquer et qui ne demande qu’à finir sa saison en apothéose. D’ordinaire, l’afición aurait signé pour un nul ou une défaite par une petite marge. En face, le Barça est invaincu depuis plus de 40 matchs et va reconquérir la Liga. Cependant, avec Paco López, l’atmosphère est différente. Dans les travées du stade, on se met à rêver d’une victoire, d’autant que Lionel Messi n’est pas sur la feuille de match. Très vite, ce doux songe se transforme en réalité. A la 30e minute Levante mène 2-0. Les Granotes regardent droit dans les yeux les joueurs du Barça et ils récitent leur football comme à leur habitude. Un football qui n’a pas plus de 10 matchs d’expérience mais qui est déjà connu par coeur par l’ensemble des joueurs de Levante. Rapidement, le match devient fou. Le LUD mène même 5-1 mais le score final sera de 5-4. Pas de remontada blaugrana. Paco López vient de réaliser un coup monumental. A lo grande.

2-1 face au Real Madrid à Bernabéu, l’avènement du « Lopezismo 2.0 »

Cette victoire vient récompenser un travail magnifique de Paco López pour redonner confiance à son groupe. Ce match sensationnel face au Barça est réalisé parce que le groupe pense qu’il peut gagner. Ce changement de mentalité est fondamental. López pense vraiment que beaucoup de match se gagnent au niveau du mental et il a donc développé au maximum l’esprit d’équipe et le sens du collectif. Il est vrai qu’il a bien été aidé par un Comandante Morales en feu et par des Roger Martí, José Campaña, Tono ou Erick Cabaco qui sont de parfaits soldats qui ne lâchent jamais rien. Néanmoins, après ce maintien acquis avec panache, le deuxième objectif de López s’est mis en place : pérenniser cette façon de faore et s’installer dans le haut du tableau en Liga.

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Le groupe n’a pas vraiment bougé. Jefferson Lerma a été la perte la plus importante des Granotes, compensée numériquement par l’arrivée de Nikola Vukcevic. De plus, Levante s’est renforcé notamment avec les arrivées de Borja Mayoral et Sanjin Prcic. Cette saison 18-19 s’annonçait très bonne pour Levante d’autant qu’elle a débuté par une victoire 3-0 au Villamarin face à un Betis surclassé.

Cependant, surgit rapidement le spectre habituel de la redescente après la nomination d’un entraîneur en cours de saison qui a eu des succès grâce à une certaine euphorie autour de cette nomination. À Levante, cela s’est matérialisé par une série compliquée avec, en point d’orgue, une défaite 6-2 face à domicile contre Séville. Les Granotes sont dos au mur. Après avoir redressé le LUD en bossant sur l’aspect psychologique, il a fallu que Paco López se penche sur la disposition de son équipe pour la relancer, une seconde fois.

Le 4-4-2 est un système parfait pour relancer une machine parce qu’il est assez simple à goupiller et facilement compréhensible pour les joueurs. Mais avec le style très offensif et vertical imprimé par López, il ne convenait plus à Levante. La perte de Lerma au milieu a fait voler en éclats l’équilibre des Granotes. Les ailes sont surchargées, il y a des boulevards au milieu et bien souvent les deux centraux sont livrés à eux mêmes. Le coach planche et pour le match face à Alavés, il élabore un 3-5-2.

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Système à la mode en Liga, il permet à López de ne pas toucher à sa philosophie mais de mieux quadriller le terrain. Avec 3 défenseurs centraux, l’assise de Levante est plus sereine. Ensuite, Campaña en sentinelle est la référence pour les sorties de balle. Sur les côtés, Toño et Jason ont énormément de liberté sans avoir un partenaire qui leur marche sur les pieds et sont donc bien plus décisifs. Devant, le duo Marti-Morales s’entend parfaitement et Bardhi-Rochina, deux créatifs, se complètent bien au milieu. Ce changement est salutaire pour Levante et les Granotes se remettent à enchaîner. Pour résumer, les joueurs sont dans les meilleures dispositions pour performer et logiquement les résultats vont suivre.

« Le talent a une limite, mais ce qui n’a pas de limite, c’est l’envie, le désir et la passion. Je suis très fier du travail de ces joueurs » Paco López lors de sa causerie avant le match face au Real.

Le club d’Orriols remporte 4 matchs consécutifs avec, cerise sur le gâteau, une démonstration face au Real Madrid, sur le terrain du triple champion d’Europe en titre. Quelques mois après s’être offert le Barça, López scalpe les Vikingos au Bernabéu en menant 2-0 après 15 minutes de jeu. Après cette victoire, ses mots de en disent long sur son style : « En fin de compte, nous avons choisi le 3-5-2 car il donnait de bons résultats dans ces matches. L’important, ce n’est pas le schéma mais son développement et sa mise en forme. L’équipe l’a parfaitement interprété, mais il reste toujours des choses à corriger ». 

Paco López, un homme normal et un entraîneur apprécié

En moins d’un an sur le banc de Levante, Paco López s’est offert le Barça et le Real Madrid. Il a surtout permis aux Granotes de devenir des acteurs majeurs et des outsiders crédible en Liga. En mêlant une approche mentale peu courante avec une science tactique de très haut vol, le novice s’est aussi imposé comme un entraîneur efficace à ce niveau de la compétition. Il fait partie de cette nouvelle caste d’entraîneur qui impressionne en Liga après avoir énormément roulé leur bosse dans les basses divisions espagnoles au point d’être invité à des sessions de travail par le Barça dans le cadre de certaines conférences.

Une catégorie d’hommes d’expérience où on trouve des Asier Garitano, Rubi et Pepe Bordalás. Paco López impressionne par son style très particulier. Des proches expliquent : « Il a toujours aimé la psychologie du sport, discuté avec les joueurs pour leur montrer comment s’améliorer. Cela n’a pas été oublié et a été déterminant ces derniers mois ». Un de ses joueurs rajoute : « Paco est un coach qui aime son travail, il le vit avec beaucoup d’intensité, il crie toujours à l’entraînement, il rayonne, mais il crie toujours de manière positive, pour ne jamais faire de chichis. Et si quelqu’un ne l’a pas bien fait, il en discute. Il s’approche de lui et lui demande comment il va, si quelque chose lui arrive. Il lui dit comment il pourrait s’améliorer, il prend soin de nous et vit le football comme peu d’autres le font ». Et à ceux qui lui reproche de ne pas avoir eu une grande carrière de joueur, il répond : « Avoir été footballeur vous aide à vivre des expériences et des situations mais ce n’est pas la même chose que l’entraînement. Je donne toujours l’exemple de la médecine. Il y a des gens qui ont eu beaucoup de maladies ou de blessures, mais cela ne vous rend pas valide pour guérir ».

Paco López est maintenant incontournable en Espagne et connu à Valencia. Mais le succès ne l’empêche pas de continuer de boire des cervezas dans son bar habituel et d’aller au stade voir des matchs de Segunda B. Bref, un homme normal et apprécié de tous qui se transforme en requin dans son costume de technicien. En Liga, il a un pourcentage de victoires proche des 60% et est déjà le recordman du nombre de victoires avec Levante, rien que ça. Capable de déceler chaque faille adverse, il est fort probable de voir son Levante poser une nouvelle fois des problèmes à ses concurrents. De quoi voir l’Europe la saison prochaine ?

Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13

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