Pablo Sarabia, l’étincelle avant l’embrasement

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Sarabia est un joueur total qui s’épanouit enfin. Le natif de Madrid semble atteindre sa plénitude cette saison à Seville. À 26 ans, celui qui fait partie des meilleurs buteurs européens est un habitué qui facture plus de 300 matchs pro. Pourtant, cette saison son statut semble enfin changer, portrait d’un garçon passé par le Real et tout proche de la Roja.

L’histoire de Pablo Sarabia est semblable à celle de centaines d’autres footballeurs avant lui. Passé par les jeunes du Real il a du quitté le nid très tôt pour s’épanouir et goûter à la D1. À Getafe puis à Seville, il a dû batailler pour se faire une place. Tantôt pas assez fort pour tenir la distance puis trop polyvalent donc baladé partout sur le terrain, pour enfin arriver à cette saison 2018-2019 sous les ordres de Pablo Machin. En 24 matchs disputés sous le maillot blanc des palanguanas, il a été décisif 21 fois. Dans l’axe en soutien des deux attaquants, il confirme qu’il est un jugador exceptionnel. Portrait d’un joueur particulier qui rêve de devenir moniteur de ski après sa carrière : Pablo Sarabia.

« Mourinho n’aime pas les gens, mais c’est un gars formidable. Je suis très reconnaissant »

Pablo Sarabia est un natif de Madrid qui aime profondément le Real. À 10 ans, celui qui n’est encore qu’un jeune attaquant rejoint avec joie la structure de formation de la maison blanche. A 15 ans il se consacre essentiellement à son rêve : porter le maillot du Real au plus haut niveau. Au Real il gravit tous les échelons et est annoncé comme un crack. Sarabia arrive alors sans surprise jusqu’au Castilla mais son histoire avec le Real n’aura pas vraiment une fin heureuse.

À l’époque l’entraîneur en chef des Vikingos est José Mourinho. Le portugais a un mal fou à faire confiance aux jeunes. Carvajal est par exemple envoyé une saison en Allemagne pour prouver au Special One qu’il a le niveau pour jouer avec l’équipe fanion du Real. Lors de cette saison 2010-2011 Sarabia est un membre important du Castilla qui finira par jouer les barrages en fin de saison. Cependant, le temps de jeu de l’offensif avec le Real est très faible. Sa seule apparition sera lors d’un match de Ligue des Champions face à Auxerre en remplacement de Cristiano Ronaldo. 18 petites minutes qui montrent à Sarabia qu’il doit partir pour grandir et se montrer comme d’autre avant lui.

« J’ai passé beaucoup de temps au Real Madrid. En tant que joueur du centre de formation, tu veux atteindre l’équipe première. Le public attendait que nous ayons notre chance. Mais nous n’avons pas eu autant d’opportunités. Ceux qui ont la chance de jouer en ce moment je suis content pour eux. J’aurais aimé connaître ça moi aussi, mais je remercie le club pour le travail effectué avec moi. (…) J’avais plusieurs possibilités, mais c’est l’entraîneur de Getafe qui m’a affiché le plus de confiance et qui me voulait vraiment. J’étais sûr que j’aurais plus de temps de jeu ici » Sarabia à Fichajes.

Malgré le peu d’apparition avec l’équipe première et sa défaite en finale de play-off avec le Castilla, la saison 2010-2011 se finit en apothéose pour Sarabia. Avec la Sub19 il soulève un Euro en étant capitaine de la sélection. On lui prédit un grand avenir. Pour suivre cette destiné et confirmer la prophétie il signe à Getafe comme Ruben De La Red ou Dani Parejo avant lui. Il restera près de 5 saison chez les Azulones et vivra des périodes assez compliquées. Melendez son sélectionneur avec la Sub19 définit le style de Sarabia à cette période :« C’est un très bon joueur capable de marquer beaucoup de buts » sauf qu’il mettra du temps à confirmer au haut niveau.

Crédits : RTVE.es

À quelques kilomètres de Madrid, la ville de Getafe n’est pas la plus accueillante. Son équipe est plutôt récente et ne fait pas partie des cadors du championnat. Son stade est posé au milieu de rien et ses tribunes souvent vides. Quand Sarabia pose ses valises la bas il n’a même pas 20 ans et doit tout prouver au haut niveau. Positionné sur une aile souvent sur son mauvais pied ou « en faux pied » comme on dit on lui reproche son manque de lucidité devant les bois. En 2013 il soulève pourtant un deuxième Euro avec la Rojita cette fois la Sub21.

« À Getafe, j’ai appris à souffrir, surtout dans les premières années. J’ai vécu une partie amère du football. Je me suis rendu compte que la seule chose qui te permet de réaliser quelque chose dans le football est le travail. Vous pouvez avoir la qualité, bien sûr, mais le travail est la clé. Et puis, l’entraîneur qui m’a essayé dans différentes positions et qui a tiré le meilleur parti de moi était Sampaoli, sans aucun doute. De plus, cela lui a fait croire qu’il pourrait bien jouer dans n’importe quelle position. Et il a fait croire au groupe que nous pouvions aspirer à tout » Sarabia à El Pais.

Dans la dureté de Getafe Sarabia va se rendre compte d’une chose : le talent ne suffit pas pour éclore au plus haut niveau. Le jeune attaquant se retrousse les manches et bosse comme un stakhanovyste. Son temps de jeu progresse et a 21 ans il devient un titulaire incontournable des Azulones. Il ne marque pas plus mais court beaucoup. En moyenne plus de 11 kilomètres par match et cela impressionne. Sauf que Getafe n’est pas médiatisé et ses performances ne suffisent pas pour voir le Real lever son option de rachat.

La spéciale de Monchi

Sarabia ne lâche rien et en 2015-2016 il réussit à allier activité avec statistiques. Il trouve le chemin des filets près de 7 fois mais sa meilleure saison sous le maillot des Azulones coïncide avec une des pire de Getafe qui est relégué. Le talent de Sarabia est immense et il est impossible pour les suiveurs de le voir écumer les pelouses de Segunda. C’est là que Seville et Monchi arrivent pour faire signer Pablito pour moins d’un million d’euro. Un coup parfait qui résume bien le travail monumental réalisé par le directeur sportif parti pour la Roma depuis.

« Je me souviendrai toujours de l’appel de Monchi, j’étais en Italie avec un ami et j’ai dit à mon agent de ne pas regarder autre chose, je savais que je voulais jouer ici et tout donner à Séville » Sarabia à El Pais.

Sarabia est suivi depuis un moment par Seville et Monchi. Le DS est même en lien avec l’attaquant reconverti en ailier depuis ses débuts avec le Castilla. Dés que les andalous se sont manifestés avec véhémence, Sarabia ne voulait qu’eux. Son acclimatation et sa progression sous le maillot Azulones ont permis de convertir cet intérêt en offre formelle. Le madrilène monte en gamme et va une nouvelle fois devoir travailler et apprendre pour devenir un incontournable.

Sampaoli, Berizzo et Machin : tirer le meilleur de ses entraîneurs, la spécialité de Sarabia

Quand il signe à Sevilla Sarabia est un travailleur qui est quelques fois décisifs mais il n’est pas encore au point tactiquement. Son premier entraîneur à Nervion est Sampaoli. Avec l’Argentin il va apprendre la dureté des systèmes et progresser dans ses courses et ses choix. Lors de cette première saison il va aussi vivre l’élimination face à Leicester en huitième de Ligue des Champions. En coulisse tout ne se passe pas bien mais Sarabia est un incontournable sur son aile. En deuxième partie de saison il va marquer quelques buts exceptionnels pour faire tourner les matchs à l’avantage de Seville alors que le jeu partait en lambeaux.

En fin de saison, Sampaoli part et c’est un autre argentin qui arrive : Toto Berizzo. L’histoire ne dure que quelques mois mais elle sera très importante pour Sarabia. Cantonné sur son aile auparavant, avec l’ancien mister du Celta il est ballotté partout. Il joue ses premières minutes dans le cœur du jeu, dépanne en latéral et s’impose comme un cadre des palanguanas. Il n’est toujours pas très médiatisé mais Sarabia confirme sur le terrain qu’il est une valeur sûre de la Liga.

Montella remplace Berizzo en décembre 2017. La fin de saison est mauvaise pour Seville hormis cette qualification face à Manchester qui permet à Sarabia de se montrer face à l’entraîneur qui l’a poussé dehors du Real. En juin 2018, la clause très basse de Sarabia, à peine 18 millions, fait qu’il est courtisé. Surtout que le projet de Seville prend du retard. La Real Sociedad et même l’Atleti poussent pour récupérer l’ancien du Real Madrid. Sarabia prend du recul mais fait le pari de rester à Seville suite à une discussion avec son nouveau mister : Pablo Machin.

Crédits : GOL digital

Un choix qui sera gagnant pour Sarabia. Titulaire indiscutable c’est lui qui fait vivre Seville par ses déplacements et ses gestes techniques derrière les attaquants. Encore une fois ce n’est pas le plus médiatisé des titulaires de Seville : Banega, Vaclik ou encore Ben Yedder récoltent bien plus d’éloges. Pourtant quand il n’est pas là, c’est toute l’équipe qui perd en créativité et en dangerosité.

La seleccion en ligne de mire ?

Face à Alaves lors de la 14e journée, Seville a la tête dans le seau durant près d’une heure. Sarabia est sur le banc, puni pour avoir été exclu en Europa League le jeudi précédent. Rapidement Machin doit ravaler sa fierté et faire entrer son Maestro. À peine il a posé les pieds sur la pelouse que le rapport de force s’inverse. En soutien des attaquants Sarabia se déplace beaucoup et navigue sur les ailes comme à son habitude. C’est lui d’un centre tendu de la droite qui permet à Ben Yedder d’ouvrir la marque. Il y’a quelques semaines, face à Valladolid c’est encore lui qui va débloquer la situation en réalisant un crochet magnifique de son mauvais pied pour offrir un caviar sur la tête d’André Silva.

Même si on est pas encore à la moitié de la saison, celle-ci ressemble réellement à celle de l’explosion pour Sarabia, qui apprend depuis 6 saisons et retranscrit tout cela sur le terrain pour le grand bonheur de Seville. C’est bien simple, il sait tout faire et bien. Que ce soit devant les bois ou pour offrir un but il est le meilleur dans l’effectif des andalous. Sarabia qui n’était que peu médiatisé auparavant enfonce les portes du pouvoir à coup de passes décisives, d’inspirations incroyables ou encore de Golazo.

Le madrilène parle toujours aussi peu mais il retranscrit sur le terrain ses différents apprentissages auprès de ses multiples entraîneurs. A bientôt 27 ans, un âge où les joueurs sont à leur top, Sarabia semble être dans sa meilleure version. Cependant, il n’a toujours pas rénové même si Caparros le DS de Seville semble confiant sur ce cas. De quoi voir apparaître de nouveau un feuilleton Sarabia cet hiver ? Fort probable, surtout que la Roja se rapproche de plus en plus pour lui.

Benjamin Bruchet

@BenjaminB_13

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