Lundi 3 décembre 2018, Luka Modric a mis fin à une décennie d’hégémonie partagée entre Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Large vainqueur du Ballon d’Or, le Croate a vu couronner sa saison en club comme sélection, son palmarès au Real Madrid et plus largement sa régularité au très haut niveau. Pourtant, le roi de l’extérieur du pied revient de loin. En 2012, il avait été élu pire transfert de la saison en Liga.
Quand Luka Modric débarque au Real Madrid, il jouit d’une belle popularité en Premier League et sort d’un bel Euro 2012, marqué par un grand match contre la Roja. Arrivé de Tottenham avec une réputation très flatteuse (en 4 ans : 160 matches, 17 buts et 27 passes décisives), le Croate doit devenir le chef d’orchestre merengue. Quand on appartient à un club aussi populaire que le Real Madrid, la pression peut peser démesurément sur les épaules. En la matière, Modric n’a pas été épargné. A 27 ans, il doit entrer dans une nouvelle dimension mais les Madridistas ne sont pas particulièrement connus pour leur mansuétude. Le temps d’adaptation est clairement le cadet de leurs soucis. Et ils vont clairement le lui faire comprendre, peu importe son surnom de « Cruijff des Balkans ».
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Pire que Floro Flores
En décembre 2012, le quotidien sportif madrilène Marca propose à ses lecteurs de voter pour les meilleurs et pires transferts de Liga. Si Jordi Alba (FC Barcelona), Obafemi Martins (Levante) et Aritz Aduriz (Athletic) figurent sur le podium des bonnes pioches, Luka Modric arrive en tête des suffrages en ce qui concerne les pires recrues possible. Un but en 19 matches, à peine 717 minutes disputées sur 1530 possibles. Pour 32,2% des sondés, Modric est le fiasco numéro 1 de la mi-saison, d’autant qu’il a coûté 42M€ au Real Madrid. Il devance Alexandre Song (FC Barcelona) et… Floro Flores (Granada).
Dans certains cas, ce genre de réputation peut coller à la peau et ne jamais disparaître. Ce ne sera pas celui du Croate qui, en plus d’un talent immense, dispose d’un allié de poids dans le vestiaire merengue : José Mourinho. D’ailleurs, l’arrivée du Croate a été décrite comme un caprice du Mou et que Florentino Pérez n’en voulait pas. En même temps, si FloPer s’y connaissait en foot, ça se saurait… Dans ces années de folie et de Liga à 100 points, le Portugais maintient sa confiance en Modric. Le temps lui donnera raison. Au terme de sa première saison en Espagne, il dispute 53 matches, pour 4 buts et 9 passes décisives. Mention passable, malgré une fin de saison encourageante.
Poteau rentrant et fin de malédiction
L’histoire de Luka Modric au Real Madrid se serait-elle véritablement lancée en Angleterre ? Alors qu’Old Trafford n’a d’yeux que pour Cristiano Ronaldo revenu dans le temple des Red Devils le temps d’un 1/8 de finale de Ligue des Champions, c’est le Croate qui illumine la pelouse. Manchester United mène 1-0 et les Vikingos poussent pour arracher l’égalisation, synonyme de prolongation. Entré à l’heure de jeu à la place d’Álvaro Arbeloa, Modric ne met que 7 minutes pour frapper. Crochet exter du droit et sacoche laser poteau rentrant : la Casa Blanca renverse la vapeur. CR7 termine le travail à peine 3 minutes plus tard.
Un an plus tard, c’est lui qui délivre ce corner sortant parfait pour la tête de Sergio Ramos lors de la finale de la Ligue des Champions contre l’Atlético de Madrid. Et preuve de sa confiance et de son statut, il rompt avec la « malédiction du 10 » qui frappe la Real Madrid depuis le départ de Luis Figo. Avant lui, Robinho, Wesley Sneijder, Mesut Özil et James Rodríguez n’avaient pu triompher avec ce numéro dans le dos. Alors que les supporters madridistas réclamaient Marco Asensio et Isco pour reprendre le 10, c’est Modric qui a pris le leadership et troqué son 19 initial pour ce « dorsal » prestigieux. Trois C1, une Liga plus loin, le pire transfert du Real Madrid est devenu « Lukita », le 7e Merengue Ballon d’Or. Il ne faut pas croire tout ce que disent les sondages.
François Miguel Boudet