Dans l’ombre de Suárez et Cavani avec l’Uruguay, Cristhian Stuani n’a jamais été sur le devant de l’affiche que ce soit en club ou en sélection… à l’exception de ces deux dernières années où après avoir pas mal bourlingué, il crève l’écran en Espagne avec Girona. Portrait du matador de Tala, actuel pichichi de Liga.
Si l’on demande aux amateurs de football de nous citer des noms d’attaquants uruguayens, il est plus que probable que les premiers à sortir soient ceux de Cavani et Luis Suárez. Cela résume assez bien la carrière de Cristhian Stuani: un attaquant toujours dans l’ombre. Que ce soit avec l’Uruguay ou en club le Charrua n’a jamais été au premier plan. Et pour cause cela ne fait que deux ans qu’il attire véritablement la lumière des projecteurs. S’il n’a jamais été un super buteur, il s’est véritablement transformé en goleador sous les couleurs de Girona, et la trentaine passée.
Des débuts difficiles
Né à Tala en 1986 Stuani commence sa carrière à 18 ans en 2004 au Danubio Football Club, équipe avec laquelle il débute en première division. Si tout juste majeur il se proclame champion, Stuani ne brille pas. En deux ans et demi il ne joue que 20 matchs. Il décide donc de chercher une solution sous la forme d’un prêt dans une équipe mineure, afin de jouer plus. C’est ainsi que le 7 février 2007, le Club Atlético Bella Vista de la deuxième division professionnelle d’Uruguay obtient son prêt pour six mois. Ce déclassement, Stuani ne le vit pas bien et le considère comme un pas en arrière pour sa carrière. Cependant, c’est là qu’il réalise des performances sensationnelles, marquant 14 buts en 18 matches joués. Le Danubio décide donc de le repêcher. Et à raison, car pendant six mois il continue d’empiler les buts et finit la saison meilleur buteur du championnat avec 20 réalisations en 15 matchs. C’est à ce moment-là qu’apparaît son surnom: le Matador de Tala. Ses performances commencent à réveiller l’intérêt des clubs européens. Le 4 janvier 2008 le Danubio trouve un accord avec le Reggina, et Stuani fait ses valises pour l’Italie à 22 ans. Il retrouve en Serie A son ancien comparse du Danubio, Edinson Cavani qui a signé lui à Palerme.

Des erasmus pour s’étoffer
Enthousiaste à l’idée de rejoindre l’Europe, Stuani va cependant vite déchanter. En effet, son passage en Italie ne se passe pas très bien ; il n’arrive pas à égaler les performances qui lui ont valu un billet pour le vieux continent. Après n’avoir marqué qu’un seul but en seize matchs, le Reggina décide de le céder afin qu’il s’étoffe, comme l’avait fait à l’époque le Danubio. Le 4 août 2009 c’est Albacete, club de deuxième division espagnole, qui parvient à un accord avec la Reggina pour obtenir le prêt de l’Uruguayen. Cela lui ouvrira les portes du football espagnol, où il développera plus tard la quasi-totalité de sa carrière.
ESPACE BOUTIQUE ¡FURIALIGA! – ZONE MIXTE ->https://boutique.zonemixte.fr/?s=FuriaLiga
Encore une fois, l’air d’ailleurs est bénéfique à Stuani qui se sent mieux en Espagne qu’en Italie. Au cours de la saison 2009-10, il inscrit 23 buts en 40 matchs, terminant deuxième dans la lutte pour le trophée Pichichi de la deuxième division espagnole, juste derrière Jorge Molina, d’Elche. À la fin de la saison, après avoir assuré le maintien en deuxième division, la cession arrivant à échéance Stuani repart à la Reggina. Suite à ce cette pige le club italien va placer son joueur deux ans de plus Stuani en Espagne mais cette fois-ci dans une catégorie plus relevée : la première division. C’est ainsi que pour la saison 2010-11 il rejoint Levante avec lequel il débute en Liga et inscrit 8 buts en 30 matchs pour sa première saison dans l’élite du football espagnol. Après cette année d’adaptation, l’Uruguayen est cédé au Racing Santander l’été suivant. Malgré les fantômes de la relégation, il marque un total de neuf buts en Liga et quatre en Copa del Rey. Suite à cet ultime prêt le Reggina décide de se séparer définitivement de Stuani et il est transféré à l’Espanyol pour quatre saisons.
L’Espanyol, la Coupe du Monde et l’Angleterre
Comme un avant-goût de ce qu’il fera plus tard à Girona c’est avec les pericos qu’il marque le plus les esprits. C’est aussi avec le club espagnol qu’il abandonne progressivement la surface pour jouer sur une aile ou même en tant que milieu offensif. Ainsi, pendant trois ans Stuani s’efforce de s’habituer à son nouveau rôle et marque tout de même 29 buts en 117 matches. Sa capacité d’adaptation finit par convaincre Oscar Tabarez de le prendre en équipe nationale pour le Mondial 2014. Stuani participe aux quatre matchs (zéro buts) de son équipe qui est sortie par la Colombie en huitième de finale. Sa Coupe du Monde attire cependant l’œil des clubs anglais. Parallèlement, les problèmes financiers rattrapent l’Espanyol qui se voit obliger de se séparer de son attaquant. Stuani signe alors à Middlesbrough en deuxième division anglaise en échange de quatre millions d’euros. Lors de sa première saison avec le club anglais il marque 10 fois en 40 matchs, dont sept en championnat. L’attaquant contribue ainsi à la montée de son équipe en Premier League, sans pour autant briller de mille feux. Jouant souvent en déviation en tant que second attaquant, il ne reçoit pas autant de ballons qu’il le souhaiterait. La deuxième saison se passe encore moins bien que la précédente : six buts en 28 matchs dont quatre en championnat. Avec le club anglais, il marque en tout et pour tout 16 buts en 58 matchs.

Pablo Machín artisan de sa transformation
Après ces deux ans de mauvaise expérience, Stuani souhaite retourner dans un championnat qui s’accorde mieux à son football : l’Espagne. Il retourne en Catalogne non pas à l’Espanyol ni au Barca, mais à Girona. Le 21 juillet 2017, il signe chez les néo-promus en Liga pour deux millions et demi. Là, il va y rencontrer un homme qui va changer sa carrière pour toujours. Cet homme c’est Pablo Machín, qui veut faire de lui la référence offensive du club catalan. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la pari aura fonctionné à merveille !
À la pointe du peu orthodoxe 3-4-2-1 du promu, il a très rapidement trouvé sa place. Il faut dire que le jeu que souhaite développer Machín correspond parfaitement à ses caractéristiques : un jeu qui passe beaucoup par les ailes avec Portu et Borja Garcia qui envoient énormément de ballons dans la boîte, pouvant être repris de la tête. Sans oublier les coups de pied arrêtés,très bien travaillés.
Inévitablement, Stuani qui est très à l’aise dans le jeu aérien s’est régalé et à inscrit la bagatelle de 21 buts en championnat. Une évolution très intéressante, car avant sa première saison à Girona il n’avait jamais dépassé les 10 buts en championnat. Ce qui peut en partie s’expliquer par son positionnement sur une aile ou par son jeu de pivot en Angleterre, où il était éloigné de sa zone de prédilection : la surface de réparation. Pour autant, Machín à transformé Stuani d’attaquant à goleador. Aujourd’hui installé comme l’un des meilleurs attaquants de Liga, depuis son arrivée en Catalogne à l’été 2017, le Charrua est sur un petit nuage. D’ailleurs, Eusebio Sacristán le nouvel entraîneur à conservé en grande partie le travail de son prédécesseur afin de laisser Stuani dans les meilleures dispositions. Et au vu du début de saison de son buteur il a plutôt bien fait.

Cavani et Stuani: un surnom et deux matadors
Stuani possède une science du placement et une facilité à se mouvoir dans les derniers mètres assez impressionnants pour un joueur qui n’a pratiquement pas évolué en tant qu’avant-centre pendant une bonne partie de sa carrière. Conscient de ses forces et faiblesses, il joue beaucoup sur sa puissance physique (1m86) ce qui lui permet de remporter de nombreux duels face à ses adversaires. Si techniquement ce n’est pas stratosphérique, il est tout a fait capable de jouer au sol, notamment avec Portu son meilleur socio. Toutes ses caractéristiques que Stuani possède, son instinct du chasseur, son sens du sacrifice et ses nombreux buts en une touche, son bon jeu de tête et même son surnom rappellent un autre matador, Uruguayen lui aussi: Edinson Cavani dont il est le remplaçant en équipe nationale.
Dans l’histoire de Girona
Sous le maillot catalan l’attaquant uruguayen bat tous les records imaginables avec sa soif insatiable de buts. Il est déjà entré dans l’histoire du club la saison dernière en inscrivant 21 pions, record absolu pour un joueur de Girona sur une saison. Et cette année il semble disposé a battre son propre record puisqu’après avoir joué 11 matchs il a déjà inscrit 10 buts dont quatre doublés. Ce qui est encore plus impressionnant c’est l’efficacité avec laquelle il fait trembler les filets cette saison. En effet, il accumule ses dix buts en seulement 845 minutes jouées, soit un but toutes les 84 minutes. Cette saison il a inscrit 10 des 16 buts du Girona ce qui représente le 62% des buts de l’équipe. Le chiffre est encore plus impressionnant si l’on observe le nombre de réalisations inscrites depuis qu’il joue pour les Catalans. En effet, sur les 51 matchs qu’a joué Girona en première division, les Catalans ont marqué 66 buts. Stuani a fait trembler les filets 31 fois sur ces 66 réalisations. Il représente ainsi 47% des buts de son équipe. Un bilan dantesque qui démontre par lui même l’importance du bonhomme pour les blanquivermells.
La trentaine bien entamée l’Uruguayen semble avoir trouvé en la Catalogne sa terre promise. Malgré une clause dérisoire (15 millions) son avenir semble lié au club de Gérone. Son contrat qui échoit en 2020 devrait être selon toute vraisemblance prochainement prolongé pour une année supplémentaire et sa clause libératoire augmentée. Il semble donc que le Matador de Tala n’a pas fini de faire trembler les filets de Liga !