Valencia, Rayo, Boca, River, Castellón : Di Stéfano entraîneur, l’autre légende du génial Argentin loin du Real Madrid

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L’histoire de d’Alfredo Di Stéfano avec un short et des crampons est connue de tous. Celui qui a tout gagné avec le Real et mis à ses pieds la planète foot est un géant du sport qui dépasse le cadre du football. Pourtant, son histoire avec le Balompié ne s’est pas arrêté lorsque l’Argentin devenu espagnol a raccroché les crampons. Retour sur l’autre partie de la vie de Di Stéfano, quand la Saeta Rubia était en costume sur le banc de Valence, Boca, River, du Real ou encore du Rayo. 

Alfredo Di Stefano était un joueur incroyable. Complet, il pouvait jouer partout tout en étant toujours le meilleur. Facile balle au pied, élégant et doté d’une belle gueule il a mis l’Espagne à ses pieds lors d’un tournoi avec les Millonarios avant de conquérir l’Europe avec la tunique blanche du Real. Naturalisé espagnol, il a soulevé le ballon d’or en 59 et on lui décernera par la suite un super ballon d’or inédit pour l’ensemble de sa carrière. Cependant, lorsqu’il raccroche en 66 à l’Espanyol en ayant remporté notamment 5 Ligues des champions avec le Real, il ne quitte pas le monde du football. En 67 Di Stefano est nommé entraîneur numéro un d’Elche, ce qui lance sa deuxième histoire avec le football entre titres, échecs, Espagne, Argentine, Quinta Del Buitre et Segunda.

Les succès très tôt avec Boca et Valence

L’histoire avec le club qui enfantera Saùl Ñiguez ne dure que 15 petits matchs. Elche n’est pas au mieux et une lutte interne déstabilise le club. Après la démission des dirigeants, Di Stefano les suit et quitte son premier poste. Cet échec pour lancer sa nouvelle vie ne va pourtant pas vraiment affecter le moral du génial argentin.

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En 69 il est nommé entraîneur de Boca Junior. Ce choix interroge car l’ancien du Real est un amoureux de River, là où il a débuté et il rejoint l’ennemi juré. Dans les faits tout se passe bien, Di Stefano ne reste qu’une saison mais remporte un championnat et une Copa Argentina. Il ajoutera même qu’il doit être l’un des seuls à aimer les deux clubs. L’argentin est maintenant lancé vers les succès.

« Fais ce que tu veux, joue à ta guise. Tout cela, le centre du terrain, est pour toi, m’a-t-il dit. L’esprit de l’équipe était grand chez lui, il a toujours été un homme d’équipe malgré sa grande qualité individuelle. Nous nous sommes battus à l’entraînement parce qu’il était un vainqueur né. L’équipe n’a jamais été détendue, nous étions toujours en tension avec lui. » Pepe Claramunt à El Pais sur sa relation avec Di Stefano à Valence

L’Espagne lui manque alors après une saison il quitte Boca et arrive dans une ville qui sera très importante pour lui. En 1970 c’est Valence qui lui fait confiance et lui confie les clés de son équipe. A cette époque le Valencia CF n’est pas au mieux et les années de gloires sont révolues. Sans Waldo et Guillot, les étendards des succès passées, Di Stefano trouve une équipe de quartier composée de jeunes joueurs pleins de promesses mais avec peu de certitudes. C’est dans ce club que l’on verra le meilleur de Di Stefano en tant qu’entraîneur.

Lors de son arrivée, Valence n’est plus un candidat sérieux pour le titre mais joue régulièrement des finales de Copa. Pourtant, en 71 après 30 matchs de championnat (La liga ne comprenait que 16 équipes à l’époque) c’est bien le Valence de Di Stefano qui est sacré champion. La méthode de l’argentin est simple : une défense rugueuse et une ligne offensive sans réel numéro 9 avec 3 ou 4 joueurs capables de faire la différence. Abelardo le gardien titulaire de l’époque remporte le trophée Zamora de meilleur gardien pour n’avoir concédé que 19 buts en 30 rencontres. Di Stefano est aussi un des précurseurs de la suppression du libéro pourtant très à la mode à cette période. Aligné en 4-2-3-1 avec notamment la légende Pep Claramunt à la baguette, Valence éblouit et s’offre donc ce titre de champion qui se refusait au club depuis 1947.

« Il est arrivé à 44 ans, un peu plus que Valerón, mais avec plus de force. Il était le meilleur joueur s’il commençait à s’entraîner avec nous. Le meilleur central, le meilleur milieu de terrain, le meilleur attaquant, peu importe où il a joué. Il nous a appris à être de meilleurs footballeurs » Martinez joueur de Valence lors du titre de 71 sur Di Stefano.

Dans le club Ché, au milieu de tous ces jeunes, Di Stefano agit autant comme un mentor qu’un entraîneur. Son aura permet à tout le groupe de se sentir concerné et de croire à ce que leur raconte l’argentin. C’est réellement sa meilleure version comme entraîneur. Anton, défenseur titulaire lors de la saison 70-71 l’explique bien : « Di Stéfano n’avait pas d’expérience en tant qu’entraîneur, mais il savait très bien transmettre ce qu’il voulait. Si je devais établir un pourcentage, lorsque nous remportons la Ligue, c’était 70% grâce à lui. Il était un gagnant né « . Martinez en dit plus sur la méthode de Di Stefano :« Par son tempérament, il ne vous laisse jamais endormi. Il m’a imposé que je ne pouvais rien rater. Au niveau de l’union, du bloc, nous étions un groupe d’amis. Di Stéfano nous a unis avec la fierté d’un club de quartier, plus qu’un club professionnel. ». 

Le Sporting Lisbonne pour casser la dynamique

Di Stefano bouclera 4 saisons à Valence. Cependant, le niveau de l’équipe ne fera que baisser, et l’argentin ne soulèvera plus aucun trophée. En 74, il quitte Valence après une piteuse 10e place. Sans proposition réelle, il accepte de rejoindre le Sporting au Portugal. Une décision qui sera un tournant dans sa carrière. Rapidement cela tourne au vinaigre, l’entité verte et blanche est en grande difficulté financière. Beaucoup de joueurs veulent partir et Di Stefano ne réussit pas à souder son groupe. Après une série d’amicaux décevant et une défaite en ouverture face à Olhanense en championnat il quitte le club sans demander d’indemnité ni même avoir signé de contrat.

Le Sporting de cette époque est dans une situation désastreuse et son président faisait même l’intendant après les matchs. Pour ne rien arranger, il n’a pas pu s’asseoir sur le banc de touche lors du premier match pour des problèmes administratifs. Cette mésaventure va marquer un réel coup d’arrêt dans la carrière d’entraîneur de Di Stefano. Pour se relancer il signe au Rayo et à Castellon en Segunda.

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A chaque fois il ne reste qu’une saison et est bien en dessous des attentes. Il est même mis à la porte du Rayo avant la fin de la saison. Cette période était vraiment compliqué pour Di Stefano, tout le monde le voulait sur son banc et personne ne lui donnait vraiment les moyens de réussir. Dépassé par cette folie, il semblait moins impliqué et ses résultats s’en sont ressentis Dans le creux de la vague, il va pourtant une nouvelle fois se relancer avec Valence.

En 79, Di Stefano retourne donc à Valence. Les Chés sont bien mieux et Kempes est encore le matador qui enchaîne les pions et fait lever tout un stade. Dans un passage qui ne durera qu’un an, il remportera une C3 au terme d’une épopée magnifique. Valence s’offre le Barça et Nantes avant de s’adjuger Arsenal en finale de cette coupe des vainqueurs de coupe. En Copa et en championnat les résultats ne sont cependant pas au rendez-vous et Di Stefano plie une nouvelle fois bagage.

Les sommets avec River puis la révolution au Real

Après s’être remis en scelle à Valence, Di Stefano retourne chez son premier amour et signe à River Plate. L’histoire ne dure que deux ans mais c’est suffisamment long pour que l’Argentin remporte un championnat. Ensuite Di Stefano rejoint son deuxième amour : le Real Madrid.

Dans une maison blanche, qu’il connaît par cœur, il ne remporte aucun trophée majeur, mais sera l’homme qui posera les premières pierres des futurs succès des Merengues. Lors de la saison 83-84, Di Stefano sera le premier à donner du temps de jeu à la Quinta Del Buitre, qui sera le pierre angulaire du Real lors des années suivantes. Tous viennent du Castilla, ils sont 5 et l’argentin en incorpora 4 : Sanchís, Martín Vázquez, Pardeza et Butragueño. Michel attendra le départ de Di Stefano pour exploser. Après son départ et avec ces 5 joueurs comme titulaires, le Real remportera 5 titres consécutifs en Espagne. On se souvient aussi de lui à Madrid pour la finale de Coupe d’Europe que le Real perdra face au Aberdeen d’Alex Ferguson. Sûrs de leur victoire, les merengues avaient offerts des cadeaux en avant match et prirent le match pour gagner avant même de le jouer. Pourtant se sont bien les écossais qui remportèrent la coupe. Di Stefano aura cette phrase devenue légendaire : « Aberdeen a ce que l’argent ne peut pas acheter: une âme ».

Valence et encore une fois le Real pour boucler la boucle

Il quitte donc le Real avant de voir son œuvre devenir un succès mondial. Il retourne un an en Argentine à Boca sans gloire ni succès. En 1986 il est nommé en cours de saison à Valencia pour sauver le club d’une descente en Segunda. Sa mission est un échec mais il accepte de continuer une année de plus avec l’objectif de faire remonter le club directement. C’est la 3e fois après ses étapes au Rayo et à Castellon que Di Stefano entraîne en Segunda. Contrairement aux fois précédentes, c’est un succès et Valence remonte immédiatement. Encore une fois il se repose sur un groupe très jeune composé de futures gloires comme : Quique Sánchez Flores, Giner, Arroyo, Fernando, Voro ou du gardien de but Sempere. Il maintient le club l’année suivante et fait ses bagages. Entre 90 et 91 il entraîne quelques mois le Real et met un terme à sa carrière d’entraîneur.

Di Stefano en a terminé avec les bancs et se retrouve avec une armoire à trophées conséquente avec notamment 3 titres de champions, une C3 et une Copa Argentina. Il sera aussi durant un long moment l’entraîneur avec le plus de match à la tête de Valence facturant près de 350 matchs dont 307 en Liga. Cependant, son passé d’entraîneur n’est pas autant relayé que sa carrière de joueur. Par la suite, il sera nommé président d’honneur du Real après avoir occupé plusieurs postes de direction. Valence ne l’a pas oublié et l’appela plusieurs fois pour des hommages. Cette ville avait un lien particulier avec Di Stefano, plusieurs de ses enfants y ont vécu (un de ses fils avait même des responsabilités dans le club Ché) et c’est sur les bords de Turia qu’il recevra bon nombre de traitements. En juillet 2014 Di Stefano mourra des suites d’une maladie cardiaque. Tous les clubs où il est passé lui rendirent un vibrant hommage malgré les échecs. Comme s’il était plus important d’avoir eu l’argentin dans son club que d’avoir eu des succès avec lui. Avoir un morceau de l’immense De Stefano a rendu heureux beaucoup de gens et faire rêver tous les présidents de club.

Benjamin Bruchet 

@BenjaminB_13

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