Koke est un pion essentiel à l’Atleti du Cholo. Capitaine, il symbolise parfaitement le style de l’entraîneur argentin qui a conduit les Colchoneros au sommet. Ombre au tableau : ce style évolue et Koke perd en influence. Quel avenir alors pour le natif de Madrid ?
Koke est un fidèle lieutenant du Cholo. Sous la tunique rouge et blanche des matelassieurs il facture près de 400 matches et une armoire à trophée qui commence à s’étoffer. Cependant, celui qui est le parfait symbole du Cholismo est en difficulté cette saison. Tentative d’explication du coup de mou de l’espagnol.
Koke capitaine en péril
Koke n’est pas un inconnu. Depuis ses débuts avec le maillot de son club de cœur, face au Barça sous les ordres d’Abel Resino, il a tout connu avec l’Atleti. Les sacres en Europa League, l’avènement du Cholisme avec cette Liga soulevée et ses deux finales de LDC. Individuellement le jeune canterano est devenu un taulier et porte maintenant fièrement le brassard de capitaine. Sauf qu’actuellement son rendement et son avenir avec l’Atleti interrogent.
Bien sûr nous ne sommes pas là pour clouer au pilori un garçon plein de qualités, qui a montré qu’il était un très grand joueur. De plus, il y a quelques mois seulement, lors de la Coupe du Monde en Russie, il a réalisé son meilleur match en sélection, face au Portugal. Mais depuis son retour en club el Cholo procède à de nombreux ajustements tactiques. D’un style rugueux, défensif et vertical au départ, l’Atleti tend maintenant vers un jeu fait de phases de possession. Les Colchoneros savent défendre et attaquer sans le cuir, maintenant ils doivent savoir le faire avec.
Ce changement de paradigme met Koke dans une situation inconfortable. C’est un besogneux, un teigneux, qui est très fort dans les duels et se bat comme un chiffonnier. Dans le jeu, il n’est pas un très bon dribbleur et n’a pas une qualité de passe au-dessus de la moyenne. Cependant, dans le Cholismo originel il s’anime et devient un top mondial. Encore ce week-end face au Barça, dans une purge où l’Atleti a énormément subi, il a été un des meilleurs. Koke a récupéré un nombre incroyable de ballon et a tenu la baraque. Sauf que ce genre de match, l’Atleti en joue de moins en moins.
De la théorie à la pratique.
Pourtant Simeone le répète régulièrement : son meilleur milieu en théorie c’est l’association de Koke et Rodri. Cependant, dans les faits, les bons matches de Koke dans l’entre jeu sont rares cette saison. Saul, et même Thomas, apportent plus de satisfaction. Dans le cœur du jeu plusieurs associations ont été essayées par Simeone : Rodri-Koke, Koke-Saul et Thomas-Rodri notamment.

Koke est un équilibreur incroyable. Il compense, se bat et récupère un nombre important de ballons. Sauf qu’aujourd’hui ça devient plus compliqué, et Thomas ou encore Saul ont des qualités qui magnifient bien plus Rodri. Le ghanéen est très tonique, a une excellente frappe de balle et surtout est puissant, ce qui lui permet de faire des courses vers l’avant dévastatrice. Saul, quant à lui, est le milieu le plus complet de l’effectif des Colchoneros, il sait tout faire et il fait tout très bien. Au milieu, la porte se bouche pour Koke.
On se dit alors que, comme la saison dernière, Koke va s’exiler sur le côté droit pour jouer et faire aussi le mastic pour colmater les montées d’Arias et les dezonnages de Saul ou Thomas dans le cœur du jeu. Sauf qu’encore une fois, il n’est pas le meilleur et son style trop équilibré handicap l’équipe en phase offensive. Koke a joué sur un côté lors de plusieurs matches : Villarreal Betis, face au Real ou encore Bruges. Au total il a débuté 10 matches sur une aile cette saison, pour 5 victoires, 4 nuls, 1 défaite et 1 petit but. Là encore il n’est pas le facteur X et Correa est plus performant.
Le 4-3-3 la solution ?
Il est vrai que les blessures retardent la mise en place totale du nouvel Atleti et poussent le Cholo a bricoler. Dans les faits pourtant, un match des madrilènes reste dans les mémoires cette saison : la Supercoupe d’Europe face au Real. Certes il est considéré comme un match d’avant-saison et ce n’est pas recommandé de tirer des conclusions dessus. Cependant, cette victoire de l’Atleti sur son rival madrilène en prolongation a donné des indications claires sur le futur des Colchoneros et sûrement la planche de salut de Koke.
« Il (Koke) est l’un des meilleurs footballeurs que nous ayons. Tactiquement c’est le meilleur, vous pouvez le faire jouer à plusieurs endroits. Dans un milieu à trois ou à quatre et il peut même jouer faux ailier. C’est très important pour le développement de notre jeu. Bien que ses derniers matches ne soient pas sa meilleure version, il est important pour l’équipe. » Simeone défend son capitaine.
Dans cet affrontement, l’Atleti a terminé en 4-3-3 et a été très intéressant. Ce système qui est encore en rodage pour Simeone répond pourtant à plusieurs problèmes récurrents de l’Atleti cette saison. Tout d’abord, Koke dans un milieu à 3 lui permet de se retrouver dans le cœur du jeu. Associé à Rodri comme sentinelle et premier relanceur, et Saul comme référent offensif, Koke retrouve le rôle qu’il adore : colmater les brèches et récupérer les ballons. De plus, le physique de Diego Costa inquiète et Kalinic ne satisfait pas vraiment en pointe. Un trident devant pourrait permettre à Lemar et Gelson d’être bien plus axiaux, avec des courses en diagonale vers la boîte. Concernant Grizi , il aurait un rôle de faux neuf, entre dezonnage pour donner le tempo, et coup de casque dans la boîte. Tout le monde en Espagne attend ce passage en 4-3-3 qui pourrait enclencher une nouvelle vague de succès pour l’Atleti et valider le passage au Cholismo 2.0. Pour le plus grand bonheur du fidèle Koke, qui semble n’attendre que ça.
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13