Dani Parejo et le Valencia, c’est un peu une histoire à la « je t’aime, moi non plus ». Depuis ses débuts en 2011, jamais le capitaine de l’équipe Che n’aura réussi à conquérir l’ensemble des supporters du club. Quand on connait la difficulté pour un joueur d’évoluer dans le cadre de Valencia lorsqu’il n’est pas particulièrement apprécié, la longévité de Parejo est exceptionnelle. L’ancien de l’académie du Réal Madrid n’est pas un joueur lambda, c’est un style, une attitude qui peut parfois agacer. De l’extérieur, on lui reproche son attitude nonchalante, ses pertes de balles parfois très (trop) dangereuses ou encore son manque d’implication, de l’intérieur c’est un intouchable, et ce pour tous les entraîneurs qui l’ont croisé.
Critiquer Parejo lorsque l’équipe va mal est devenu une habitude à Valencia, parfois à tort et parfois à raison. Le milieu de terrain peut parfois se montrer très maladroit comme lors de sa sortie en conférence de presse après le match raté contre Léganes où il avait déclaré que l’équipe avait réalisé « un grand match », propos alors soutenu par Marcelino. Ce qui ne manqua pas, vu le contexte, de scandaliser les supporters. On se souvient aussi de ses frasques en boite de nuit, où, totalement ivre et fumant le narguilé, il s’était laissé filmer par un supporter insultant Cesare Prandelli alors entraineur de l’équipe. Son flirt avec le FC Séville à l’été 2016 était aussi très mal passé auprès des supporters blanquinegros.
Sur le terrain, Dani Parejo est un chef d’orchestre. Et comme tout bon chef d’orchestre, son influence sur l’équipe est totale. Si on analyse attentivement les saisons réussies du club, il est certain qu’on y trouve un Parejo exceptionnel. Les deux saisons où le club est parvenu à se qualifier pour la ligue des champions, Parejo affiche des statistiques de très haut niveau. Lors de la saison 2014-2015, il finit meilleur buteur de tous les milieux de terrain confondus de la Liga avec un total de 11 buts et 8 passes décisives, colossal. La saison dernière, il réitérera ce type de performances en inscrivant 8 buts et délivrant 8 passes décisives. Mais c’est surtout son influence sur le jeu qui est exceptionnelle. Sur les différentes catégories de statistiques techniques Parejo est souvent leader… et de loin. Il effectue en moyenne 65 passes par matchs là où Geoffrey Kondogbia en effectue 43 de moyenne. Ezequiel Garay, second du classement, en est à 50 et Carlos Soler à 33. Un gouffre les sépare. Avec 428 passes effectuées en moyenne par match, Parejo réalise 15 % du total de passes de son équipe. Son nombre de passes clés par match est aussi le plus élevé avec 2,2 passes de moyenne devant Soler et ses 1,3 passes clés. Parejo aime casser des lignes avec ses passes, ce qui explique que cette statistique soit plus haute chez lui, mais ce qui implique aussi certaines pertes de balle liées aux risques encourus.

Et à la fin, c’est toujours Parejo qui court le plus.
Comme expliqué plus haut, Parejo peut sembler lent sur un terrain de football avec une allure qui peut être perçue comme nonchalante. Pourtant les statistiques ne mentent pas : Parejo est le joueur qui court le plus au Valencia et parmi le top de la Liga. La saison passée, après 32 journées de Liga, Parejo était le cinquième joueur ayant parcouru le plus de kilomètres (359), derrière Gerard Moreno (375), Illaramendi (374), Saul Niguez (371) et Rodri (365). En moyenne, le capitaine du Valencia dépasse largement les dix kilomètres par match, et devance d’un kilomètre son coéquipier Geoffrey Kondogbia, second du classement de l’équipe, ce qui lui confère un volume de jeu hors du commun. Il est aussi le joueur en moyenne le plus agressif de la Liga avec 14 cartons jaunes et 1 carton rouge sur les 32 matchs observés. Difficile après ça de remettre en question l’implication du joueur dans le collectif de l’équipe, même s’il est vrai qu’il s’agit parfois de fautes aussi inutiles qu’inévitables…D’autant plus que Parejo n’est que très rarement absent. Durant les 7 saisons qu’il a passées au club, il n’a été absent pour blessure que 11 matchs. En comparaison, Geoffrey Kondogbia en est à 8 absences en 2 saisons, Ezequiel Garay porte son total à 21 absences en 3 saisons.
L’influence de Parejo sur le jeu est totale, il est même le dépositaire du style. Lorsque sa partition n’est pas juste, que le jeu du maestro est grippé, c’est toute l’équipe qui en pâtit, mais lorsqu’il est en forme, le Valencia montre son plus beau visage. Dire que l’équipe est dépendante du niveau de Dani Parejo est un euphémisme, l’espagnol est la pièce maitresse du club depuis maintenant plusieurs saisons. C’est aussi pour cela que le public reste divisé à son sujet. Pourtant son profil ressemble énormément à celui d’Ever Banega qu’il a remplacé au sein de l’équipe après son arrivée. Selon le CIES et son système d’analyse, les deux joueurs sont très proches en termes de qualité. À l’instar de Dani, Banega a lui aussi connu un succès mitigé auprès du public valencien. Parejo présente un profil complet sans réelle faiblesse, mais sans point fort exceptionnel, contrairement à son compère au milieu de terrain, Geoffrey Kondogbia, qui possède de gros points forts (protection de balle, récupération…), mais aussi quelques points faibles (présence offensive notamment) ce qui rend le Centrafricain bien plus facile à juger et fait ressortir davantage ses qualités. Ce léger antagonisme des points forts et faiblesses des deux joueurs rend ce duo extrêmement complémentaire lorsqu’il est aligné sur la pelouse, le premier prenant la partie offensive et créative du jeu à son compte, le second les tâches plus physiques et défensives.
Ci-dessous, la comparaison des profils de Parejo, Banega et Kondogbia (source : CIES Observatoire du football).
L’ombre de Carlos Soler
Cela ne fait de doute pour personne, la nouvelle coqueluche de Mestalla porte le nom de Carlos Soler. Enfant du club, passé par les catégories de jeunes, Soler représente le futur. Partageant nombre de qualités techniques similaires à celle de Parejo, capable comme lui de diriger le jeu, il semble être un remplaçant et coéquipier parfait pour le poste de numéro 10 ché. Problème, dans le système à deux milieux centraux où Kondogbia fait figure d’intouchable en position défensive, il ne reste qu’une place et c’est Parejo qui l’occupe. Carlos Soler est donc décalé sur une aile, jouant parfois contre nature. Le débat du 4-3-3 a donc resurgi, débat aussi vite tranché par Marcelino qui ne semble pas vouloir modifier le système qui a emmené Valencia en C1 et qui permet à Rodrigo de jouer dans l’axe. L’attention est donc une fois focalisée sur le capitaine valencien, qui, dès qu’il fait une performance moyenne, voit surgir l’ombre de Carlos Soler.
Dani Parejo est arrivé pour 6 millions d’euros en provenance du Getafe en 2011. Aujourd’hui selon Transfermakt et le CIES sa valeur marchande est estimée à 20 millions d’euros. Sa fin de contrat en juin 2020 faisant baisser sa valeur ; une prolongation, qui est d’ailleurs en cours de négociations, ferait augmenter cette estimation. Le joueur demeure définitivement une opération financière positive pour le club. Pour le reste, Valence a plus que jamais besoin de son capitaine, de son chef d’orchestre, pour initier une grande « remontada ».