Le premier fut un des pires échecs du Real, le deuxième une légende du Rayo : Balic et Bolic , deux Bosniens à Madrid

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Une seule lettre différencie Bolic et Balic qui portent tous les deux le même nom : Elvir . Ils partagent aussi la même patrie : la Bosnie. Les deux offensifs ont en plus une trajectoire similaire, mais leur empreinte dans le football européen et espagnol est bien différente, portrait croisé de Bolic et Balic entre Real, Rayo, Fenerbahce et sélection nationale. 

Faruk Hadžibegić, Edin Dezko, Miralem Pjanic ou encore Safet Susic : La Bosnie qui est indépendante depuis 1993 a sorti comme ses voisins des Balkans un bon nombre de footballeurs de talent. Bien sûr, les résultats ne sont pas aussi sexy que ceux de la Croatie par exemple, mais le terreau est fertile. A la fin des années 90, voire au début des années 2000, c’est même deux Bosniens avec le même prénom qui vont faire parler d’eux en Espagne et en Europe : Bolic et Balic. Portrait croisé de deux offensifs de talent au destin très différent.

Une révélation en Turquie

Les deux attaquants ont vraiment un parcours très similaire : exilés très tôt en Turquie avec succès, puis passage par l’Espagne avant de revenir au pays d’Erdogan. Bolic est le plus âgé, il a 3 ans de plus que Balic. Natif de Zenica c’est dans le club local de sa ville qu’il est formé et fait ses débuts professionnels. Bolic est un buteur assez intéressant dans ses déplacements et il attire la convoitise de grands clubs. En 91 il signe pour l’Etoile Rouge de Belgrade qui vient d’être sacrée championne d’Europe au dépend de Marseille. On lui prédit une très grande carrière en Serbie. Cependant, les prémisses de la guerre vont changer la donne.

En 92 après à peine 10 matchs de championnat avec son nouveau club, Bolic informe sa direction qu’il ne veut pas rentrer au pays et veut partir. Le club ne s’oppose pas à son choix et Bolic s’envole pour la Turquie et Galasataray. Il joue peu avec le Gala et est transféré à Gaziantepspor en 93. En deux saisons, Bolic met le championnat turc à ses pieds et marque plus de 43 buts en moins de 75 matchs. Plus qu’un tube, il attire les convoitises et finit dans les filets de l’autre géant turc qui a les dents longues : Le Fenerbahce.

Cette année 95 coïncide avec l’arrivée de Balic en Turquie. Lui, est natif de Sarajevo et a fait ses classes au FK Željezničar le club des cheminots de la ville. Après très peu de match avec le FK Sarajevo en pro, il signe, lui, à Bursaspor, en Turquie. Comme son comparse qui vient de signer au Fenerbahce, Balic empile les pions avec les verts. Ses stats ressemblent à celle de Bolic : 42 buts en moins de 90 matchs. Le nom de Balic est sur toutes les bouches en Turquie et en 98, il rejoint son compatriote au Fener. Ses stats sont encore plus folles quand on sait que Bolic est un ailier.

Première fracture

Balic devient une des plus grosses signatures en terme d’indemnités réalisées par le Fener. Il est fortement apprécié et a une très bonne cote en Turquie. Sauf que chez les jaunes et noirs, c’est Bolic qui est déjà une petite légende. Titulaire régulier, il rentre dans une autre dimension en octobre 1996. A Old Trafford face à Manchester, le Bosnien va littéralement entrer dans l’histoire du football. L’équipe déjà dirigée par Alex Ferguson n’a pas perdu à domicile en compétition européenne depuis 40 ans. Pourtant, à la 78e c’est bien Bolic qui lève les bras et célèbre avec ses coéquipiers le seul but du match qui donnera la victoire à son équipe. Et ce but est un GOLAZO !

Un an après, en 1998 pourtant c’est Balic qui va vraiment se révéler avec le Fener et faire basculer sa carrière dans une autre dimension. Le natif de Sarajevo ne reste qu’une saison sous le maillot du club turc. Balic est un ailier gauche, bon dribbleur et fin buteur. Lors de cet exercice 97/98, il va marquer 18 buts en 30 matchs de Superlig et taper dans l’oeil de Toshak alors entraîneur de Besiktas. Les superlatifs commencent à manquer pour qualifier le niveau de Balic, et quand Toshak signe au Real en 1999, le nom de Balic sort dans la presse espagnole.

Le désastre au Real pour Balic

Le premier souhait de Toshak lors de sa signature au Real est simple : faire venir Balic à la Maison-Blanche. Le Gallois est soutenu par son président qui n’hésitera pas à lâcher un chèque historique pour déloger le Bosnien de Turquie. Le temps de quelques jours, Elvir Balic est LE plus gros achat de l’histoire des Merengues, rien que ça. Il sera cependant dépassé par Anelka lors du même mercato. Pendant que Bolic continue de construire sa carrière en Turquie, Balic va se heurter violemment au haut niveau.

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A son arrivée, les superlatifs sont de sorties. Lors de sa présentation, Sanz le président du Real compare Balic à Rivaldo et le joueur se vante d’avoir la même frappe que Davor Suker. La presse espagnole ne connaît pas du tout ce nouvel arrivant et se tourne vers la presse turque pour en savoir plus, même son de cloche : Balic est un très grand. Tous ceux qui le suivent depuis plusieurs saisons se rejoignent sur le même point : il a les épaules pour exploser à la Maison-Blanche. Surtout que quelques jours après l’annonce de son transfert, Balic claque un quadruplé avec sa sélection. L’euphorie s’empare de la capitale.

« C’est mieux que Rivaldo. » Lorenzo Sanz lors de la présentation de Balic, tranquille.

Cependant tout va se casser très vite pour Balic alors qu’il a le soutien inconditionnel de son coach. Lors de la 7e journée de Liga de cette saison 99-00, le Bosnien se prépare à être titulaire face au Barça dans le fameux Clasico. Son entraîneur l’a confirmé : il va débuter le match. Cependant la vieille de la rencontre il ressent une douleur forte au genou. Balic vient de se rompre les ligaments croisés. Cette blessure arrive dans une semaine très compliquée pour l’ailier qui a perdu son beau-père et a passé plusieurs heures sans nouvelle de sa femme alors qu’un tremblement de terre avait lieu en Turquie quelques jours avant cette lourde blessure. Pour ne rien arranger, quelques jours après le diagnostic, le père d’un de ses amis proches décède, Balic est au fond du seau.

Une fin en eau de boudin pour Balic, Bolic légende du Rayo

Lorsqu’il reprend l’entraînement au début de l’année 2000, Balic ne retrouve plus son bienfaiteur Toshak et Del Bosque qui a remplacé le Gallois ne compte pas du tout sur le Bosnien. Il joue quelques matchs entre Mars et Avril mais ensuite il ne quittera plus le banc du Real. Il sera sur celui-ci lors du sacre européen des Merengues à Paris face à Valence. Balic perd en quelques mois beaucoup de choses. Il sort de plus en plus et son mariage s’écroule. De plus les pépins physiques se multiplient pour l’ailier qui s’enfonce.

Credits : Goal

En 2000, Bolic et Balic se recroisent. Le premier quitte la Turquie et signe au Rayo et va jouer la Coupe UEFA avec le petit club de quartier basé à Madrid. Il aura remporté en Tuquie un championnat et une Copa avec Gala et un championnat avec le Fener en 1996. Le second n’est plus du tout en odeur de sainteté dans la capitale espagnole et on l’envoi en prêt en Turquie. Il retrouve quelques couleurs en Turquie mais la période dorée semble déjà loin pour Balic qui n’a alors que 27 ans, un moment où les joueurs sont normalement au top de leurs carrières. Bolic s’intègre quant à lui bien dans son nouveau club et réalise notamment une très bonne saison avec un quart de finale de Coupe UEFA. Il marque 8 buts en Liga et colle même un quadruplé lors de la victoire 10-0 du Rayo face à un équipe d’Andorre lors de l’épopée des Madrilènes en Europe.

« Peut-être qu’en Bosnie les maux de tête sont différents de ceux d’ici » Manzano, taquin.

En 2001, Bolic et Balic vont une nouvelle fois jouer sous les mêmes couleurs. Balic malgré son léger retour en forme en Turquie n’est toujours pas dans les plans du Real qui le prête au Rayo Vallecano. L’attaque de la foudre lors de cette saison prête à sourire. Elle est composée de 3 garçons : Balic-Bolic-Bobo. Alors que Dolic et Bobo s’entendent très bien, Balic continu de s’enfoncer. Le Bosnien ne veut pas être sur le banc et n’est que très peu concerné par la situation du club et les entraînements. Alors qu’il était titulaire lors des premières journées, tout bascule face à Tenerife. A l’hôtel il se dit malade et prétend des vertiges. Sauf qu’on ne décèle rien. C’est la goutte qui fait déborder la vase et Manzano l’entraîneur du Rayo à cette époque ne fera plus confiance à Dalic. Les mots du mister sont durs :« Ni Baljic ni personne ne se trouve au-dessus de Rayo et de son maillot ».

Retour en Turquie pour boucler la boucle

En seulement 3 ans, Balic est passé du statut de petit prince à celui d’anonyme ou presque plus vite que Faudel. Le football n’est plus sa préoccupation et on retrouve seulement son nom dans les listes des pires transferts réalisés par le Real. Il ne retrouvera jamais son niveau et prendra sa retraite à 32 ans. Il quittera le monde du football et sortira même un disque qui marchera plutôt bien au pays.

Bolic quittera aussi le Rayo après 3 saisons. Le temps pour lui de devenir l’étranger avec le plus match de Liga de l’histoire du club. Il a été dépassé il y a quelques temps seulement par Lass Bangoura. Comme son compatriote, il finira sur la pente douce en Turquie et tentera une expérience à Rijeka avant de raccrocher les crampons.

Les deux restent dans les meilleurs buteurs de la Bosnie avec 23 et 33 buts en sélection. Bolic a même marqué le but de l’égalisation face à l’Espagne en 2004. Balic sera même durant quelques temps l’adjoint de Susic en sélection lors de la campagne de qualification à l’Euro 2012. Bolic a lui aussi quitté le monde du football et tient maintenant un restaurant. Bolic est de retour dans un certain anonymat mais Balic est encore cité dans les pires transferts du Real, voire du football en général.

Benjamin Bruchet 

@BenjaminB_13

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