La lune de miel entre Luis Enrique et la Selección a fait long feu. Après la déroute contre l’Angleterre au Villaramarín, la Roja retrouve les doutes qu’elle pensait dissipés depuis le Mondial. Ce jeudi soir à Zagreb, l’Espagne retrouve la Croatie qu’elle avait étrillé à Elche. Une victoire chez le finaliste de la Coupe du Monde assurerait la 1re place de son groupe dans la Ligue des Nations. Un autre résultat confirmerait les craintes aperçues contre les Three Lions.
La Ligue des Nations a beau être un hochet, la remporter serait le signe que l’Espagne s’est remise dans le droit chemin. Si les premiers matches de Luis Enrique à la tête de la Roja avaient enflammé la presse ibérique, toujours prompte à bomber le torse, la rouste infligée par l’Angleterre à Séville a fait redescendre tout le pays d’un voire deux étages. On pouvait toujours se cacher derrière le limogeage de Julen Lopetegui quelques heures avant le coup d’envoi d’Espagne-Portugal et rejeter la faute sur Fernando Hierro : en réalité, la Roja s’est sûrement vue plus belle qu’elle n’était vraiment, un grand classique d’avant et d’après la période dorée 2008-2012. En réalité, la Selección est toujours capable du pire comme du meilleur et reste irrégulière
Tout ou rien
C’était il y a un peu plus d’un mois et le résultat fait encore très mal à la Croatie. Sur la pelouse d’Elche, l’Espagne a désossé la bande à Modric (6-0). Une humiliation. Forcément, il y aura de la revanche dans l’air à Zagreb, d’autant que l’équipe au damier doit impérativement l’emporter pour espérer se qualifier pour le Final Four de la Ligue des Nations : « c’est le 1er match où ce sera tout ou rien, a déclaré Luis Enrique en conférence de presse. Si nous gagnons, nous nous qualifions à coup sûr. Sinon, il y aura une autre option. C’est un match vital pour nous ». Le quotidien sportif Marca abonde dans le sens de l’Asturien en titrant ce jeudi matin : « Échec ou mat ». Rien ne change, on n’est jamais dans l’excès…
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— MARCA (@marca) November 14, 2018
Dani Olmo, le Catalan du Dinamo
Ce match en terres croates est aussi un bon moyen pour évoquer 3 joueurs liés avec l’Espagne : Luka Modric, Davor Suker et Dani Olmo. Le dernier cité, international sub21 parti s’aguerrir au Dinamo Zagreb, a fait la une des journaux sportifs catalans car le Barça s’intéresserait à son cas… pile avant ce Croatie-Espagne ! Ça alors ! En fait, il s’agirait d’un retour car l’ailier gauche sort de la Masia qu’il a quitté à l’âge de 16 ans pour rejoindre le club croate. « Peu d’équipes soutiennent la comparaison avec ce qu’a le Barça », a-t-il expliqué dans les colonnes de Marca. Cependant, il est certain qu’au Dinamo, les installations sont également d’un excellent niveau, aussi pour l’équipe première que pour la réserve et la cantera. On a pu le voir avec des joueurs comme Modric, Kovacic ou Mandzukic : ils sont tous sortis de la cantera du Dinamo. C’est un miroir pour les jeunes joueurs. Olmo est tellement bien intégré à son pays d’adoption qu’il pourrait bientôt bénéficier d’un passeport croate. A priori, ce n’est pas pour changer de sélection mais sait-on jamais.
La fierté de Davor Suker
Meilleur buteur du Mondial 1998, ancien joueur du Real Madrid, Davor Suker est désormais président de la fédération croate. Exactement 4 mois après la défaite en finale du Mondial contre la France, l’ancien buteur est revenu pour Marca sur cette Coupe du Monde qu’aurait pu soulever son pays. A défaut du trophée, la Croatie a remporté le prix du public : « les gens voulaient que la Croatie gagne, hormis la France, Monaco et quelques pays africains. Le reste du monde était avec la Croatie. Elle est là notre victoire ». Une façon de voir les choses, peut-être pas si éloignée de la réalité en définitive. Mais au-delà de ce succès d’estime arraché au forceps pendant toute la compétition, Suker espère surtout que cette finale permettra d’ériger un stade apte à recevoir la sélection dans les meilleures conditions : « j’espère que mon pays pourra avoir un stade national avec une pelouse digne de ce nom. Les politiques l’ont promis. Nous voulons juste un stade de 25.000 places, rien de plus ». Pour autant, l’ex Merengue n’oublie pas la base, celle qui fait resplendir le drapeau croate dans les plateaux de jeunes avant de débouler sur les terrains européens : « pour continuer de progresser, nous avons besoin de davantage de terrains avec de la pelouse synthétique. Il faut investir de l’argent dans les villages ». Le successeur de Modric ne va pas se découvrir comme ça.
Luka Modric, la déception avant la consécration ?
On aurait tendance à l’oublier en France où la guerre des egos fait rage entre Antoine Griezmann et Kyllian Mbappé, mais le grand favori pour le Ballon d’Or reste Luka Modric. Il est d’ailleurs très intéressant de constater que ni lui ni son coéquipier au Real Madrid Raphaël Varane ne font de campagne active pour obtenir le trophée. C’est certainement la meilleure tactique à employer au demeurant. Quoi qu’il en soit, le 2e semestre 2018 du milieu croate est difficile. Rien d’étonnant après une Coupe du Monde, Modric n’est ni le premier ni le dernier à qui cela arrive. Cependant, la Casa Blanca a besoin de son jeu pour remonter la pente. L’intermède Julen Lopetegui passé, l’arrivée sur le banc merengue de Santiago Solari permettra-t-elle à Modric de sortir la tête de l’eau ? On se souvient de la façon dont Zinedine Zidane avait remis le Croate à l’endroit après avoir subi les critiques de Rafa Benítez qui ne supportait pas ses extérieurs du pied trop risqués.
Mystère et suspense
La principale interrogation du jour concernant la Roja concerne l’axe de la défense. Qui sera le 12e joueur à accompagner Sergio Ramos ? Trois joueurs se détachent : Íñigo Martínez, Diego Llorente et Mario Hermoso. Sur les performances depuis le début de saison, Hermoso le mérite amplement.
Les versions du XI de Luis Enrique diffèrent énormément. A priori, Jordi Alba devrait récupérer le poste de latéral gauche qu’il avait perdu depuis l’arrivée de l’ancien coach du Barça. Sergi Roberto qui a souvent eu les faveurs de Lucho lors de sa période blaugrana devrait être titularisé, reste à savoir son poste. Si Isco a toutes les chances de s’installer côté gauche de l’attaque du 4-3-3, l’incertitude demeure pour les deux autres postes, notamment celui de 9.
XI possibles
Pour Marca
Pour Diario AS