Mais pourquoi Gelson Martins joue si peu ?

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Arrivé cet été en provenance du Sporting Portugal, Gelson Martins n’a disputé que 57 minutes en Liga. Indiscutable à Lisbonne, il se retrouve relégué sur le banc. Son faible volume de jeu et la concurrence rencontrée à l’Atlético y sont pour beaucoup.

Dreadlocks et petit bouc, Madrid se réveille d’humeur tropicale le 25 juillet 2018. Né au Cap-Vert, Gelson Martins débarque dans la capitale espagnole pour signer un contrat jusqu’en 2023 avec l’Atlético. Ce n’est pas la première rencontre entre le club madrilène et Gelson : ils se sont croisés en quarts de finale d’Europa League la saison passée, et malgré l’élimination de son équipe, l’ailier a fait forte impression. Sa rapidité et sa débauche d’énergie ont mis en difficulté la défense colchonera. Avec Martins, les Lisboètes trouvaient une référence offensive sur laquelle compter pour changer de rythme. Du haut de ses 23 ans, Gelson met donc cap sur la Liga espagnole pour continuer à progresser.

La réputation de Simeone avec les nouveaux venus n’est plus à faire. Combien de joueurs indiscutables aujourd’hui ont chauffé le banc avant de s’imposer avec l’Atlético ? Oblak, Griezmann, Diego Costa… La liste est longue, seuls Rodri et Lemar semblent s’en sortir cette année, et encore. Gelson savait qu’il s’engageait dans un club exigeant et de plus en plus ambitieux. Mais de là à ne jouer que 57 minutes éparpillées sur trois matchs de début de saison… On ne peut que constater que le joueur portugais n’a pas convaincu Simeone et cela peut s’expliquer en mettant en perspective les caractéristiques du joueur et le jeu de l’Atlético.

Un style de jeu à contre-courant de l’évolution de l’Atlético ?

Gelson Martins, c’est le cliché de l’ailier : rapide, explosif, petit gabarit, dribbleur. Il ne rentre pas dans cette catégorie des ailiers modernes qui jouent en faux pied. Il est droitier et de son aile droite, il ne s’en détache pas. Même s’il a pu se retrouver quelques fois dans l’axe comme deuxième attaquant en fin d’année passée avec Sporting, sa mauvaise frappe ne lui permet pas actuellement de s’épanouir dans cette position. C’est encore moins le cas sur le côté gauche. On comprend toutefois pourquoi Simeone a jeté son dévolu sur le natif de Praia, les contre-attaques et les changements de rythmes étant deux aspects du jeu qu’il maîtrise. Gelson a des arguments en sa faveur : il élimine facilement, va vite et mouille le maillot. De plus, le latéral droit Juanfran n’est plus aussi dangereux offensivement qu’il y a quelques années. Ce dernier a plus que jamais besoin d’un complément devant lui en phase offensive. Mais voilà, n’est-il pas arrivé avec une ou deux années de retard ?

Crédits : calciomercato.com

Un joueur comme Gelson aurait fait plus sens l’année passée que cette année. Depuis le début de saison, on a l’impression que l’Atlético se détache peu à peu de la dépendance des contre-attaques et essaye de développer une attaque positionnelle plus performante. Dans cette perspective, Gelson offre très peu d’alternatives de passes, il entre peu en interaction avec ses coéquipiers et se profile plutôt comme un joueur d’actions isolées, ce qui le place dans une position difficile car il ne rentre plus vraiment dans les plans futurs. Il est en quelque sorte une relique du fait que Simeone n’assume pas un changement de style total. Avec de l’espace devant lui, il est létal. Sans espaces libres à attaquer, il lui manque l’habilité à faire passe qui permet de créer du danger ou de maintenir la possession en camp adverse. Cela suppose un frein au développement d’une attaque positionnelle que permettent des joueurs comme Rodri ou Koke.

Concurrence difficile

En plus de la difficulté à insérer le Portugais dans le dispositif colchonero, la concurrence pour le poste de milieu droit est rude. Simeone décide souvent de placer Koke à droite afin de servir d’appui et de laisser de l’espace au latéral droit, un rôle que Gelson ne peut pas remplir. Thomas Lemar est également utilisé à droite pour jouer en faux pied, et de nouveau on comprend que ce que Simeone cherche, c’est-à-dire de la percussion dans l’axe du terrain. Cela n’est pas dans les cordes de Gelson. Finalement, il lui reste ce rôle de joker qui dynamise les fins de matchs, mais celui-ci semble être occupé par Correa. Alors que faire du nouveau transfuge ? Le forcer à jouer à gauche malgré ses lacunes en termes de frappe et d’interaction ? Ou alors peut-on le considérer comme une alternative au poste de deuxième attaquant ? Dur de prendre cette proposition au sérieux, ne serait-ce que par la présence de Griezmann et le manque d’expérience de Gelson dans cette zone. L’ailier portugais doit absolument augmenter son volume de jeu pour pouvoir aspirer à jouer plus.

La Coupe pour se montrer

Le quotidien Marca a avancé qu’il sera titularisé ce soir contre le Sant Andreu en Coupe du Roi. L’occasion pour lui de montrer ses qualités et pourquoi pas de prouver qu’il sait faire plus que ce que l’on croit, surtout contre un rival a priori faible (D3). Pour l’instant, ses entrées en Liga contre Valence, le Rayo Vallecano et Huesca ne lui ont pas permis de séduire le public et le staff technique. Mais petit à petit, le numéro 18 colchonero pourra peut-être prendre du grade et refaire surface dans des matches plus importants. D’ici là, son futur est brumeux. Et c’est au joueur lui-même de prouver qu’il est capable d’apporter un peu de soleil sur les ailes de l’Atlético.

Pablo Sánchez (Aythami)

(@pablosanch19)

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