La carrière de Javier Saviola a été marquée par son passage en Espagne, au Barça puis au Real Madrid. Mais El Conejo a-t-il vraiment su vivre sa vie d’attaquant racé ? Désormais installé en Andorre, l’Argentin retrouve un certain goût du football et prépare l’avenir comme entraîneur.
Le football en Andorre est intéressant mais peu développé. Dans cette principauté qui a acquis une autonomie réelle depuis un peu plus de 25 ans, le balompié n’est absolument pas une priorité. Il est vrai que quand on évoque Andorre, on pense duty free et pistes de ski plutôt que football et Santa Coloma. Pourtant la plus petite principauté d’Europe qui est membre des Nations Unies et qui a fait la paix avec l’Allemagne 10 ans après tout le monde développe son football petit à petit. Sans aide de son gouvernement, Andorre profite de son cadre idyllique et de sa douceur de vivre pour accueillir des anciennes gloires à la retraite comme Cedric Fauré ou encore le champion du monde Joan Capdevila. Une autre ancienne gloire y a posé ses valises, d’abord pour la vie et ensuite pour le football : Javier Saviola. Entre futsal, équipe de jeunes et diplôme UEFA présentation de la nouvelle vie d’El Conejo.
Barça, Real Madrid et … FC Encamp
La carrière de Javier Saviola a commencé tambour battant. A même pas 19 ans, l’Argentin était déjà une idole de River Plate et adoubé par Diego Maradona. L’attaquant à la dentition imparfaite qui avait commencé sa carrière professionnelle par un but pour son premier match à 16 ans ne touchait pas terre. Auréolé d’un titre de meilleur buteur lors de la Coupe du monde U20 de 2001 et du trophée du meilleur joueur sud-américain, il rejoint le Barça en échange d’un gros chèque. El Conejo (le Lapin) pour El Mono Burgos, El Pibito (le petit gamin) pour les autres, se devait de conquérir l’Europe.
En Catalogne, au sein d’un Barça qui ne gagne rien, Javier Saviola continue d’affoler les compteurs. 55 buts en Liga lors de ses trois premières saisons : le crack est intenable. Même si la forme de l’Argentin est cyclique, il reste un titulaire indiscutable des Blaugranas jusqu’à l’arrivée de Frank Rijkaard. Les Culés se remettent à rêver mais la concurrence fait plier mentalement Saviola qui ne la supporte pas.
Relégué tout en bas de la hiérarchie des attaquants, El Conejo plie bagage et ne réussira jamais à se remettre vraiment de ce départ. Monaco, Real, Madrid, Benfica, Málaga, Olympiakos : peu importe le championnat et le standing du club, Saviola ne dépasse plus la barre des dix buts et enchaîne les mauvais choix. En sélection, c’est la même chose. Alors qu’il était annoncé comme le successeur de Maradona, il n’est plus appelé après 2007 et un dernier but face à la France à Paris.
« Saviola est un bon joueur, mais ce n’est pas un battant. S’il n’est pas aligné, il ne va pas tout donner pour gagner sa place, il attend que la titularisation lui tombe du ciel. Dans un grand club, ça n’arrive que très rarement. » Bern Schuster l’entraîneur de Saviola au Real Madrid.
Pour ne rien arranger ses anciens partenaires ou ses entraîneurs ont des mots très durs à son encontre. Saviola ne s’en sort plus. Après une pige à l’Hellas Verona avec Luca Toni qui se solde par une relégation, il boucle la boucle en revenant quelques mois à River Plate avant de prendre sa retraite. Saviola a 34 ans et semble être lessivé par le rythme du football professionnel.
Avec sa femme et ses enfants, il pose alors ses valises dans un endroit insolite : Andorre. Après quelques semaines de repos, l’amour du football revient à la charge. Le FC Ordino, un club jeune mais ambitieux, le sollicite. Alors qu’on pensait comme il est coutume dans ce petit Etat de voir des anciennes gloires rechausser les crampons pour jouer devant une petite foule de spectateurs le dimanche matin, la proposition du club créé en 2010 est totalement différente : un poste d’entraîneur adjoint.

Saviola, qui réfléchissait déjà à passer ses diplômes UEFA pour devenir coach, saisit l’opportunité et rejoint le club. Son rôle n’est pas défini : il oscille entre le groupe pro et les jeunes. L’expérience lui plaît fortement et l’ancien buteur adore sa vie en Andorre. Au point de finir par rechausser les crampons à FC Encamp, un club de… futsal. Dans le grand club de la discipline dans la principauté, il retrouve des sensations et remporte le titre de champion. A cette occasion, l’Argentin fait une rencontre qui lui ouvre de nouvelles portes.
« Tout cela est très nouveau pour moi, je vais essayer de transmettre mon expérience de footballeur aux jeunes joueurs ».Saviola à Mundo Deportivo
En duo avec une référence du foot andorran
Cette nouvelle connaissance c’est Oscar Sonejee. Espagnol d’origine indienne qui a réalisé toute sa carrière en Andorre, Sonejee est devenu un des joueurs les plus capé de la sélection. Après ce titre de champion d’Andorre de Futsal, Sonejee fait profiter Saviola de ses entrées dans le football régional et le prend avec lui comme adjoint pour entraîner une sélection de jeunes. Un travail qui semble lui convenir, lui qui a percé très tôt et réussi très vite quand il n’était encore qu’un ado. Oscar Sonejee est dithyrambique sur lui : « L’avoir avec nous est un luxe. Il est très impliqué, c’est une personne très accessible et il nous aide beaucoup ».
L’histoire entre Andorre et l’Argentin n’est pas près de s’arrêter. Saviola semble vraiment avoir souffert durant sa carrière de joueur. Le voir prendre du plaisir dans un pays aussi tranquille lui donne du baume au coeur. Javier Saviola n’a pas pu être le joueur qu’il aurait dû être. Deviendra-t-il un formateur voire un entraîneur à succès ? L’histoire serait belle pour lui et pour les nostalgiques de ses chevauchées. Quand il court un lièvre à la fois, El Conejo atteint toujours son but.
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13