L’ailier espagnol a débuté sa carrière en Liga de la main de Juande Ramos dans un Clasico en décembre 2008. Si aujourd’hui il est tombé dans l’oubli, ce soir-là, il eu son quart d’heure de gloire et il aurait pu changer le cours du match et peut-être de sa carrière. Espagne, Australie, Pologne, Chypre, Inde, itinéraire d’un canterano du Real Madrid qui aurait pu, à quelques centimètres près, changer le cours de sa carrière.
Il est fort probable que le nom de Miguel Palanca Fernández (18 décembre 1987, Tarragona), plus connu sous le nom de Palanca ne vous dise rien. L’ailier, pouvant jouer aussi attaquant, aujourd’hui en Inde, a passé la majorité de sa carrière dans des clubs de petites envergures sans jamais vraiment réussir à s’imposer nulle part. Il possède toutefois un parcours atypique. Il est le fils de Santiago Palanca, légende du Nástic de Tarragona qui possède le record de buts marqués au Mini Estadi avec 49 réalisations. A l’âge de 10 ans il a été signé par la cantera du RCD Espanyol. Le 29 avril 2007, alors qu’il faisait encore partie de la discipline du RCD Español B, l’entraîneur Ernesto Valverde (qui dirigera le Barca dimanche) le fait débuter en première division, jouant 63 minutes d’un match contre le Sevilla FC. Après une saison très réussie dans la réserve catalane, au cours de l’été 2008 il signe au Real Madrid Castilla qui milite en Segunda B et dont l’entraîneur n’est autre que… Julen Loptegui, actuel entraîneur de l’équipe première des Merengues. L’Histoire et ses drôles de coïncidences..
Le Clasico comme terrain de jeu
Mais l’histoire de Palanca ne commence pas réellement avant un soir de décembre 2008. Le samedi 13 décembre 2008, c’est soir de Clasico. Le Barca de Guardiola reçoit le Real Madrid de Juande Ramos, nommé cinq jours auparavant en remplacement de l’Allemand Bernd Schuster. L’événement n’a pas encore l’intensité de la période José Mourinho au Real, mais sa portée symbolique et médiatique est tout de même immense. Ce match compte pour la 15e journée de Liga et le leader catalan peut définitivement semer des Madrilènes seulement cinquièmes, à neuf points du rival barcelonais. Pour son premier match à la tête du Real, Juande Ramos reprend le onze de départ de son prédécesseur en y ajoutant quelques modifications. Robben, suspendu, est remplacé par Royston Drenthe, et Sneijder et Metzelder remplacent Van der Vaart et Marcelo. Sergio Ramos quant à lui joue latéral gauche. Le Real sort d’entrée avec Casillas-Salgado-Metzelder-Cannavaro,Ramos-Gago-Sneijder-Drenthe-Guti-Raul-Higuain. Sur le banc, un petit jeune de vingt ans jamais apparu parmi les pros : Miguel Palanca. Profitant des blessures et suspension dans l’équipe première, Juande Ramos fait appel a lui pour faire le nombre. En principe, il n’était absolument pas destiné à jouer. Guardiola, quand à lui, mise sur Valdes-Alves-Marquez-Puyol-Abidal-Touré-Xavi-Gudjohnsen-Messi-Eto’o-Henry.
A la 35e minute, coup dur pour le Real, Sneijder se blesse. Alors que le logique voudrait qu’il fasse entrer Van der Vaart, Juande Ramos surprend toute le monde et tente le pari de lancer le jeune Miguel Palanca, 20 ans, sur l’aile droite. Sans complexe malgré le contexte toujours particulier de ce genre de matchs, il apporte toute son envie et sa fraîcheur et dispute un duel vibrant avec Eric Abidal. Les Catalans, s’ils dominent largement, sont incapables de prendre l’avantage et restent sous la menace des contres madrilènes. On joue la 79e minute, et c’est là que tout peut basculer. Miguel Palanca reçoit la balle sur l’aile à trente-cinq mètres des buts de Valdés. Il rentre au au cœur du jeu, joue en une-deux avec son capitaine Raul, et il se retrouve à 6m du but, avec un angle fermé. Il fait face à Victor Valdès. L’action devient un duel. Un duel entre un gardien confirmé et un gamin dont c’est le deuxième match seulement en Liga, dix-huit mois après être entré en jeu avec l’Espanyol face au Séville de.. Juande Ramos. Un duel qui pourrait donner un avantage décisif au Real et son nouvel entraîneur dans le match le plus important de la saison. Le duel d’un match pour l’un, d’une vie pour l’autre. Dans la vie comme dans le sport, chaque instant peut faire basculer le cours de l’histoire. Quelques secondes qui aurait peut-être pu changer la carrière de ce jeune joueur. Malheureusement pour lui, la belle histoire n’aura pas lieu.
Plutôt que de croiser sa frappe, Palanca tire fort, droit devant. Valdés s’avance pour boucher l’angle, écarte les bras, et dévie le ballon avec son épaule. Le tournant du match. Le ballon sort en touche, Palanca se prend la tête à deux mains et se rend compte qu’il a raté sa chance. A quelques centimètres près, son tir serait passé entre l’épaule et la barre transversale. En attendant, il y a toujours 0-0 et trois minutes après, le camerounais Samuel Eto’o dévie la balle dans le but à la suite d’un corner. Dans les arrêts de jeux, Messi plie le match. Victoire 2-0, et 12 points d’avance au classement pour le Barca de Guardiola. On retiendra seulement que Barcelone a fait un pas décisif pour le titre ce soir de décembre 2008, tandis que tout le monde oubliera qu’un jeune ailier habitué à jouer avec le Real Madrid Castilla, aurait pu tout remettre en cause l’espace d’un instant.
Une carrière en Segunda en demi-teinte
Grâce à sa bonne performance, Palanca fit deux autres apparitions avec le maillot du Real Madrid. Une semaine après le Clasico il entrait à l’heure de jeu contre Valence, et deux semaines après, il remplaçait Robben en fin de match contre Mallorca. Puis, le conte de fée s’arrête et il retourne en équipe réserve pour le reste de la saison. A l’été 2009, voyant qu’il n’aura pas sa place en équipe première, il est prêté au CD Castellón, marquant un but pour ses débuts. Ce ne fut pas la meilleure des expériences pour lui puisque Castellón a clôturé une saison désastreuse et qu’il n’a pas pu éviter la relégation en Segunda B. Au total, il aura joué 36 matchs et marqué trois buts cette année-là, avec des performances discrètes à l’image de son équipe. Après la descente du club castellonense, en juin 2010 et libre de tout contrat, il signe auprès de l’Elche CF pour 3 saisons en provenance du Real Madrid et y trouve une stabilité en tant que footballeur.
La première saison ils passent à deux doigts de la promotion en Liga. Palanca fut important toute la saison, mais une blessure dans la dernière ligne droite l’a empêché d’aider son équipe dans la partie décisive de l’année. Sa participation au cours des deux saisons suivantes diminuent à cause des blessures, mais il joue tout de même un rôle dans la promotion de l’Elche en Liga lors de la saison 2012-2013. Durant ces trois saisons il n’aura pas été épargné par les blessures et marquera 7 buts en 77 matchs. Les merengues, qui s’étaient gardés une clause de rachat, ne l’activeront jamais. Miguel Palanca ne reverra plus jamais la Liga. Avec la promotion d’Elche en première division, Palanca n’a plus sa place et doit se trouver un nouveau club. Il signe dans la foulée au C.D. Numancia pour 2 ans où il inscrira 5 buts en 50 matchs. Pendant sa première saison à Soria, Palanca prit de l’importance au fil des mois, mais c’est lors de sa seconde saison que l’espagnol a véritablement gagné une place importante dans l’équipe.
Palanca le globe-trotter
En janvier 2015 il résilie son contrat et tente de se relancer à l’étranger à l’Adélaide United en Australie. Sur place, il coïncide avec plusieurs autre joueurs Espagnols : l’entraîneur Josep Gombau et les footballeurs Isaías Sánchez, Pablo Sánchez et Sergio Cirio. En vertu de quoi la presse australienne rebaptise l’équipe « Spanish Adélaïde ». Malgré le fait que Palanca participe au premier titre officiel de l’histoire du club, l’essai n’est pas très concluant et il n’y reste que 6 mois (1 but en 14 matchs). Durant l’été 2015, il retourne dans l’équipe de sa ville natale : le Nástic de Tarragona. Le manque de minutes et surtout son absence des convocations dans la dernière ligne droite du championnat dans laquelle le Nàstic a joué la promotion en première division, le poussent au départ. Il laissera comme souvenirs 1 but en 19 matchs. En juillet 2016, l’ailier espagnol qui a la bougeotte, signe dans le club polonais de Korona Kielce. Il arrive libre et signe pour 2 saisons.
En Pologne, il trouve la continuité et joue une trentaine de matches, inscrivant 6 buts en 33 matchs et en faisant une bonne impression. Sur place, il coïncide avec un autre Espagnol, Dani Abalo. Lors du mercato estival 2017 il quitte la Pologne pour le climat méditerranéen de Chypre et signe à l’Anorthosis Famagouste FC où il retrouve un autre espagnol en la personne de Rubén Rayo. Il y reste une année avant d’une nouvelle fois faire ses bagages. En août 2018, à 30 ans, il quitte le club chipriote (3 buts en 23 matchs ) et rejoint le FC Goa de la Super ligue indienne. À Goa, Palanca rencontre un autre joueur catalan, l’ancien de l’Espanyol et du Girona Ferran Corominas. Il coïncide également sur place avec un autre espagnol, son coach, Sergio Lobera, ancien entraîneur de la Masia.

Australie, Pologne, Chypre, Inde, Miguel Palanca continue son chemin particulier dans le monde du football. Qui aurait pu dire qu’après avoir débuté à 20 ans dans un Barca-Real il jouerait en Inde à 30 ans? Le foot est une histoire de moments qui peuvent faire basculer l’Histoire d’un côté ou de l’autre. Ce soir de 2008, pour une question de centimètres, Palanca aurait pu changer le cours du match et plus largement peut-être, le cours de sa carrière. S’il avait marqué aurait-il connu autant de clubs dans sa carrière? Probablement qu’il a du repenser à ce duel face à Victor Valdès en se demandant pourquoi il n’a pas croisé sa frappe ou pourquoi il n’a pas tiré un peu plus haut. Le foot est une question d’instants. A quelques centimètres près son nom ne serait surement pas, comme aujourd’hui, tombé dans l’oubli.