Récemment, l’UEFA a eu l’idée de créer la Ligue des Nations pour animer les trêves internationales. Mais connaissez-vous la Region’s Cup organisée également par l’instance européenne ? Plus ancienne mais largement méconnue du grand public, cette compétition rassemble, comme son nom l’indique, des sélections régionales. Et c’est la province de Castille-et-León qui représente l’Espagne, avec un certain succès.
Peut-on encore trouver des compétitions de balompié méconnues et enthousiasmantes ? La réponse est oui et l’organisateur n’est pas un dissident du foot mais… l’UEFA ! A une époque où l’institution est plus que jamais en quête de nouveaux revenus, en atteste la création de la Ligue des Nations dont les règles sont encore plus complexe que le jeu du pélican, l’instance aujourd’hui dirigée par le Slovène Alexandr Seferin organise l’UEFA Region’s Cup.
La Region’s Cup, dernier représentant du football amateur ?
La Coupe des Régions est une compétition 100% amateur, jusque dans son format. Elle reprend l’idée des tournois de football du début du XXe siècle qui étaient organisés sur une période restreinte. Elle est l’héritière d’une ancienne compétition de l’UEFA, qui était d’ailleurs déjà organisé par l’instance, pour les joueurs amateurs : l’UEFA Amateur Cup. Organisée à 4 reprises entre 1967 et 1978, elle n’a pas réussi à trouver sa place et a donc périclité. Deux décennies plus tard, en 1999, la Coupe des Régions a pris la suite avec un succès bien plus important.

Au tout début de l’histoire du football, les joueurs étaient tous amateurs. Les championnats nationaux n’étaient pas organisés et c’était souvent à l’échelon régional que tout se mettait en place. En Espagne par exemple, jusque dans les années 1920, c’était la Copa Del Rey qui faisait office de championnat organisé sur une semaine à Madrid. Elle regroupait les champions régionaux et leurs dauphins le temps de quelques matchs. Le vainqueur de ce tournoi était considéré comme le champion d’Espagne.
Une organisation antique
La méthode de sélection des participants à la Region’s Cup ressemble énormément à celui de la Copa Del Rey d’antan. La logique est simple : chaque fédération qui désire prendre part à la compétition doit organiser un championnat local entre ses différentes régions. La seule obligation : les équipes représentants lesdites régions doivent être composées de joueurs amateurs. Rien d’autre n’est exigé par l’UEFA, ce qui ouvre de nombreuses perspectives.
Ensuite, ça se complique un tantinet. Quand le vainqueur de chaque compétition domestique est sacré, il prend part à une première vague de sélection. Les qualifiés sont reversés dans des groupes de 4. Les équipes se rencontrent sur une semaine, dans une région donnée. Le 1er prendra part au tableau final de la Region’s Cup. Il existe un tour préliminaire. Les têtes de séries sont décidées en fonction du classement des équipes nationales. La phase de qualification de l’édition 2019 est en cours durant ce mois d’octobre et a débuté en juin dernier.
La Castille-et-León pour l’Espagne, la Normandie pour la France
39 fédérations et donc 39 équipes ont participé aux phases de qualification pour le tableau final de cette Region’s Cup 2019. La Bulgarie a par exemple envoyé sa sélection amateur quand d’autres comme l’Italie, la France ou l’Espagne ont organisé un championnat local pour désigner leurs représentants. Des fédérations comme la Belgique, le Danemark ou encore l’Autriche n’ont pas voulu y prendre part.
En France, seuls les joueurs évoluant au maximum en National 3 (ex-Division d’Honneur, la 6e division) peuvent participer à ce tournoi. En finale, la Normandie a battu la sélection d’Auvergne pour se qualifier. L’Île de France, qui restait sur 3 titres, a été battu en 1/2 finale. La France n’a jamais soulevé le trophée mais la sélection du Maine a déjà joué une finale en 2003.

Côté Espagne, seuls les joueurs de Tercera (4e division mais dont le niveau est considéré équivalent au National 3) et de moins de 35 ans peuvent être appelés. La sélection de Castille-et-León, qui a remporté le tournoi de sélection ibérique, est une habituée. En 2009, elle a remporté la compétition organisée cette année-là en France. La Castille-et-León est crainte et réputée : elle a déjà remporté 3 fois le tournoi espagnol de qualification, ce qui en fait la meilleure sélection régionale d’Espagne. Les équipes espagnoles ont disputé 4 finales de la Region’s Cup pour 2 titres : le Pays basque en 2005 et donc la Castille-et-León en 2009.
Pas encore de pays hôte pour 2019
La Castille-et-León participera à sa deuxième Region’s Cup consécutive. Elle vient de valider son billet tout comme la Normandie qui a terminé devant Zagreb, tenant du titre, Nevezis (Lituanie) et Cargo (Lettonie).
« Cette Coupe, c’est une aventure humaine assez extraordinaire, elle dure depuis septembre avec les détections ! On serait très heureux de la gagner avec, derrière, quelque chose de carrément magique à jouer à l’étranger » Thomas Vauvy, attaquant de la sélection normande, co-meilleure buteur de la Region’s Cup, à Ouest France
L’édition 2019 n’a pas encore trouver de pays hôte. Contrairement aux compétitions organisées par la CONIFA, il n’y a guère de réelle conviction politique derrière ces formations régionales. Tout au plus l’objectif est de mettre en lumière et de valoriser davantage le football amateur, celui des bénévoles passionnés, terrains bosselés et de la bière d’après-match au club-house. En pensant à ce football-là, l’UEFA joue encore son rôle essentiel d’intégrateur. Tout espoir n’est donc pas vain.
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13