INTERVIEW – Mathieu Peybernes (Gijón) : « En Espagne, le défenseur central a vraiment un rôle différent par rapport à la France »

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Depuis cet été, Mathieu Peybernes est un nouveau joueur du Sporting de Gijon, en Segunda. Prêté par le FC Lorient jusqu’à la fin de la saison, le défenseur central découvre un nouveau championnat et un nouveau football.

Un loft à Lorient. Ce n’est pas le titre d’une nouvelle télé-réalité fraîchement débarquée dans le petit écran de la France moyenne, mais celui de l’été de Mathieu Peybernes. Les Merlus, aujourd’hui en Domino’s Ligue 2, ont souhaité mettre les indésirables de côté. Dans un loft, donc, accompagné de Paul Delecroix, Faiz Selemani, Valentin Lavigne, Sylvain Marveaux, Steven Moreira, Zargo Touré et Anthony Lamonge. Le défenseur central formé au FC Sochaux-Montbéliard a réussi à s’échapper la saison passée en Turquie, dans un premier temps, en Belgique ensuite et aujourd’hui à Gijon, en Espagne. Deuxième division toujours, mais dans une toute autre ambiance. L’ancien du SC Bastia revient sur son départ de Bretagne et ses premiers pas en Liga 123.

Comment se passe votre début de saison pour l’instant ?

Vu que je suis arrivé assez tard, le 2 août, et que le championnat commençait le 18, j’avais une préparation qui était un peu tronquée. C’est aussi par rapport au fait que Lorient nous avait mis dans une espèce de loft. Physiquement c’était un peu compliqué parce que je n’avais pas fait de matchs amicaux. Du coup j’ai seulement démarré début septembre, en Coupe du Roi (victoire 2-1 à Numancia, NDLR), ça s’est bien passé et puis là j’ai réellement commencé contre Las Palmas (victoire 1-0 à domicile, NDLR). On va dire que c’est là que j’ai lancé ma saison.

Comment avez-vous vécu d’être placé dans un loft à Lorient ?

C’est surprenant parce que, parmi tous les joueurs qui ont été mis dans ce loft, contrairement à ce qui a pu être dit ou écrit, personne n’était au courant qui allait faire partie de ce loft et personne n’a demandé à être là. Autant le club que les joueurs, on est tous perdants dans cette situation. Au final, ça s’est plutôt bien passé, on n’a pas posé de problème, on s’est entraîné tous les jours même si on nous imposait des horaires qui, en plein été, n’étaient pas forcément concevable. On s’entraînait à 15h, c’était un peu compliqué.

« Mentalement ç’a été très dur »

On a eu un entraîneur, Julien Dubois, avec qui ça s’est super bien passé, il a été très pro, a essayé de nous concocter des séances à cinq, six joueurs. Ce n’est pas toujours évident mais je pense que nous avons fait notre part du contrat, on est restés professionnels, on n’a rien dit. Maintenant, chaque joueur a trouvé une porte de sortie à part Sylvain Marveaux. Ça s’est bien passé parce que l’entente entre nous était bonne, qu’on s’est entraîné correctement mais c’est vrai que de la part de Lorient et du coach, c’était quand-même un manque de respect de faire ça aux joueurs qui avaient le plus d’expérience en Ligue 1. Sans explication c’est un peu difficile à comprendre et on n’en a toujours pas eu mais maintenant c’est passé.

Comment vous êtes-vous retrouvé prêté au Sporting de Gijon ?

En janvier dernier, ils étaient déjà venus m’approcher. J’avais failli y aller et j’ai finalement décidé de partir en Belgique par rapport au cadre familial. Ils sont revenus cet été et il y avait pas mal de clubs espagnols qui étaient intéressés par mon profil, ça m’a permis de découvrir une autre culture. J’ai toujours été attiré par l’Espagne, le football qui y est proposé, la langue, c’est un pays qui est proche de la France. J’ai discuté avec le coach d’ici (Rubén Baraja, NDLR) qui a été un très grand joueur en Espagne, on a parlé du sportif. Leur envie, leur intérêt et leurs efforts ont fait que ça s’est bien passé et que j’ai décidé de venir, même si c’est en deuxième division.

Vous venez d’enchaîner quatre clubs, dans quatre pays différents en moins de deux ans (Lorient, Göztepe, Eupen et Gijón). Comment expliquez-vous cela ?

« Ils m’ont pris pour me faire jouer avec le but de monter »

C’est la situation… Le fait qu’on soit descendus avec Lorient a été compliqué. Après il fallait trouver des portes de sortie parce que Lorient est sur un nouveau projet, moi je ne voulais pas forcément jouer en deuxième division. Je n’ai pas eu plus de discussion que ça avec le coach actuel et après ce qu’il s’est passé, je ne me voyais pas rester. Mentalement ç’a été très dur, je suis parti de Bastia en janvier pour atteindre le maintien avec Lorient. La descente a été une grosse déception.

Vous n’avez joué que trois matchs pour l’instant. Vous venez pour vous imposer comme titulaire ?

Je ne sais pas, on est trois centraux avec des qualités différentes, il y a une concurrence qui est en place. Moi je suis venu ici pour jouer, pour progresser, c’est le coach qui prendra les décisions et qui fera jouer celui qu’il pense être le meilleur ou la meilleure paire sur le cas échéant. Il faut un temps d’adaptation, ils m’ont pris pour me faire jouer avec le but de monter donc on va essayer d’y arriver et de travailler pour atteindre les objectifs qu’on s’est fixé en début de saison.

Vous avez rejoint un autre français, Jean-Sylvain Babin. Vous a-t-il aidé à vous intégrer ?

« L’objectif, c’est de revenir en première division »

Oui, parce que lui, ça fait quand même dix ans qu’il est en Espagne. Il sait comment ça marche, il sait comment le championnat fonctionne, il m’a aidé aussi pour la langue. Même si j’avais déjà quelques bases en espagnol, ça ne suffit pas, j’arrive à comprendre mais pour parler c’est plus difficile. Dans l’intégration, il a été important et la collaboration entre nous se passe bien. C’est vrai que c’est plus facile d’arriver dans un effectif où il y a déjà un joueur qui parle ma langue même si je parle anglais avec les autres joueurs étrangers qui sont arrivés.

C’est plus facile de jouer avec un francophone en défense centrale ?

Oui parce que parfois, dans les moments un peu plus chaud, on peut parler français, mais j’ai aussi vite appris les mots importants en espagnol. C’est primordial à mon poste de pouvoir parler, diriger, communiquer. J’ai joué avec l’autre central espagnol (Alex Pérez, NDLR) contre Las Palmas et ça c’est bien passé aussi.

Le niveau de la Liga 123 est très élevé cette année et il y a du lourd qui va chercher à monter en première division. Quel est l’objectif de Gijón ?

« Moussa Wagué n’était pas forcément titulaire indiscutable à Eupen »

C’est de revenir en première division. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’équipes prétendantes à la montée cette année, il y a tous les gros clubs de Liga qui sont descendus. C’est vraiment un niveau qui est relevé et ça m’a surpris, la qualité de jeu, du niveau et des joueurs qu’il y a en deuxième division est très haute donc il va falloir faire des efforts, être intraitables à domicile et gagner des matchs à l’extérieur.

Vous avez évolué avec Moussa Wagué à Eupen. Êtes-vous surpris de le voir partir au FC Barcelone ?

Oui forcément, même s’il a des qualités. C’est un très jeune joueur, il a fait une grosse Coupe du monde, il a eu l’opportunité de jouer et de marquer (but du 2-1 contre le Japon, NDLR). Je suis évidemment surpris parce que le Barça ça reste le Barça, la grosse équipe en Liga, même s’il est parti pour jouer avec la B, c’est une bonne expérience et c’est un cap de passé par rapport à Eupen. On sait que la formation reste de haut niveau, même pour l’équipe filiale, ils étaient en deuxième division la saison passée. Ça va être un niveau d’exigence différent pour lui et ça va lui permettre de progresser. Il est encore jeune, il a encore le temps. Je suis content pour lui parce qu’il n’était pas forcément titulaire indiscutable à Eupen et en signant de grosses performances à la Coupe du monde il a pu partir au Barça, donc tant mieux pour lui.

Le jeu espagnol est-il différent de ce que vous avez pu connaître dans vos clubs précédents ?

« À domicile on fait entre 25 et 27 000 personnes »

Oui totalement. C’est un jeu qui est plein de redoublement de passes, de jeu au sol, ils cherchent constamment un triangle, des solutions pour sortir la balle sans ne jamais dégager, on voit que même les petites équipes de deuxième division essaient de jouer au ballon. Comparé à la France, c’est vraiment une identité de jeu qui est différente. C’est propre à l’Espagne, on voit comment joue la sélection nationale. Même les équipes de jeunes, les réserves jouent toutes de la même manière, même les gardiens, les défenseurs centraux touchent beaucoup de ballons. Ici, le défenseur central a vraiment un rôle qui est différent par rapport à la France. C’est assez plaisant de jouer avec le ballon, après il faut aussi avoir les capacités pour sortir la balle, mais c’est vraiment une autre philosophie de jeu, une autre vision du football.

Quel est votre objectif personnel cette saison ?

C’est de jouer le plus de matchs possibles. Ici la saison est longue, il y a 42 matchs et d’arriver à monter avec le Sporting. Je pense qu’on a les capacités, on a une grosse équipe, un public derrière nous qui est assez impressionnant. Il y a 23 000 abonnés, pour un club de Ligue 2 c’est quelque chose. À domicile on fait entre 25 et 27 000 personnes, c’est quand-même assez incroyable pour une deuxième division d’avoir autant de soutien.

Propos recueillis
par Victor Massias
@victor_massias

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