Mais ça change quoi pour Valladolid d’avoir Ronaldo comme actionnaire majoritaire ?

Analyse Liga Santander Valladolid

C’était dans les tuyaux depuis un moment, le tube de l’été même. À la recherche d’un investisseur depuis de longs mois, Valladolid a trouvé son homme. Cet investisseur n’est pas un inconnu, c’est tout simplement Ronaldo El Fenómeno. Cette arrivée peut-elle faire basculer le club dans une autre dimension ? Certainement.

Valladolid a vu des cracks passer par ses rangs : Fernando Hierro, Rubén Baraja ou encore Diego Costa. Mais l’arrivée de Ronaldo, malgré sa stature, l’afición pucelana ne pouvait l’envisager, même en rêve. Pourtant, le Brésilien double champion du monde, est bien devenu début septembre le nouvel actionnaire majoritaire du promu. Derrière ce nom excitant et qui nous replonge dans une certaine nostalgie, c’est tout un club qui va chavirer dans une nouvelle ère.

Fort Lauderdale, le meilleur du pire comme exemple ?

C’est la première fois que Ronaldo investit seul dans un club. Pour acheter 51% de Valladolid et devenir donc actionnaire majoritaire du club, R9 a signé un chèque de presque 30 millions d’euros. À court terme, pas vraiment d’évolution, Suárez reste président et Ronaldo sera à la tête du conseil d’administration. Sauf que l’image du brésilien peut vite dépasser le club si elle n’est pas contrôlée.

Crédits : Miami Herald

Ronaldo s’est déjà servi de sa notoriété lors d’une reprise d’un club, c’était aux Etats-Unis il y’a 4 ans. Avec un groupe d’investisseurs brésiliens, il acquiert les Strikers de Fort Lauderdale basés à Miami. Ce club est un des pionniers du football outre-Atlantique, qui a vu passé dans ses rangs Best et Banks à la belle époque de la NASL. Sauf que voilà, le foot a bien évolué dans le nouveau monde et les Cosmos et autres Strikers ont raté le coche de la MLS et vivotent maintenant dans une NASL sans but. Cette ligue est plus rythmée par les disparitions de franchises que par des exploits sportifs. Malgré le peu de perspective de développement, les investisseurs restent friands de ce produit. C’est ce qui a conduit ce beau petit monde à reprendre le club dans le secteur ultra concurrentielle de Miami.

Projet pas stable et fin en eau de boudin

Ronaldo devient rapidement la tête d’affiche (au départ il a même évoqué la possibilité de rechausser les crampons) de ce projet pas vraiment réfléchi et sans idées. Le club dispose d’une solide base de fans, et joue régulièrement devant 3 ou 4 000 personnes. Un chiffre bas pour la moyenne d’affluence de la NASL qui tourne autour de 8 000 mais conséquent tout de même. Lors de la présentation de tout ce beau monde à Miami, il y a même plus de 10 000 personnes dans le stade, sauf que 2 ans après, ce même stade n’est garni de que 1400 personnes en moyenne et la grogne grandit.

Cette perte d’amour s’explique par plusieurs choses. A force de vouloir développer la marque Strikers à l’étranger (Chine et Brésil notamment), les nouveaux investisseurs ont coupé le club de sa base locale. L’effectif a été totalement renouvelé pour faire une place à une majorité de Brésiliens avec en modèle le Chakhtior Donetsk et avec l’ambition de vouloir plaire aux immigrés brésiliens sauf que cela n’a pas vraiment fonctionné. On peut aussi rajouter à ça l’absence de Ronaldo, mis en avant au début pour susciter la curiosité et qui a disparu par la suite. Son rôle d’homme sandwich ne semble pas vraiment lui convenir.

En point positif, le club a fait une pré-saison en Chine et quelques amicaux au Brésil et a changé de dimension quelques mois. En septembre 2016, le club demande cependant un prêt à la NASL pour continuer de fonctionner en attendant une vente, les salaires ont fini par ne plus être versés, des factures n’ont pas pu être honorées et le club fut vendu aux enchères. Cette expérience certes ratée nous en dit pourtant beaucoup sur ce qui peut se passer pour Valladolid dans un avenir proche.


Crédit : Le Soir

D’une pelouse scandaleuse à Ronaldo en propriétaire

Contrairement à Fort Lauderdale, El Fenómeno achète Valladolid en son nom propre, pas de fonds vautours ou d’investisseurs peu recommandables derrière lui et en ayant mûri son choix. Son arrivé dans le capital des Strikers fut tardive (Bedoya, l’ancien de Nantes était dans le consortium au début), dans une position minoritaire et sans rôle défini. Là, il est en discussion depuis plusieurs mois pour la reprise de Valladolid, sa première offre en mai dernier fut même refusée. Ronaldo a choisi ce club, pour diverses raisons et semble avoir un projet pour celui-ci.

En plus, le Brésilien connait bien la région pour avoir investi dans une cave à vin, en partenariat avec l’acteur Imanol Arias et l’ancien président du Real Fernando Martín entre autres il y’a de ça 10 ans en banlieue de Valladolid. Il était également sur le terrain lors du dantesque 2-3 à Zorrilla avec la tunique blanche du Real. Ronaldo semble aussi avoir appris de ses erreurs aux USA. Fini de vouloir tout changer rapidement, il a annoncé ne pas toucher à l’organigramme dans l’immédiat et surtout vouloir préserver l’encrage locale du club qui ne compte pas moins de 20 000 abonnés. Il a décomposé son projet avec plusieurs mots clés : la transparence, la compétitivité, la révolution et le social.

« Vous avez en moi un amoureux de ce club et de cette ville » Ronaldo, le séducteur.

A court terme, l’arrivée d’une personne aussi influente et connue dans le sport pour un club comme Valladolid est une bénédiction. Les Pucelanos sont scrutés par toute une planète foot curieux de voir Ronaldo dans les habits d’un propriétaire. Pour situer l’aura actuel de R9 dans le football, il est le seul à disposer d’un contrat à vie avec Nike (et il est seul avec Michael Jordan tous sports confondues).

Cette exposition peut permettre au club de pouvoir négocier à la hausse ses contrats commerciales et son sponsoring. Fort Lauderdale avait par exemple signé un partenariat à plusieurs millions d’euros avec une société brésilienne lors du passage de la star au club. Surtout que Ronaldo n’hésite pas à mettre la main à la pâte et a annoncé qu’il s’investirait à fond dans le club. Lors de sa conférence de presse à la mairie il a annoncé : « Qu’il n’allait pas partir en vacances ». Il était déjà sur la photo pour annoncer la prolongation de Plano par exemple annoncée quelques heures après son officialisation. Avoir Ronaldo qui parle avec une recrue hésitante, c’est aussi un plus non négligeable sur la concurrence. Surtout qu’il a des appuis un peu partout en Liga, par exemple selon Telemadrid, il aurait demandé le prêt de Vinicius Junior au Real pour cet hiver.


Javi Moyano, un des leaders de Valladolid a expliqué ce que changeait pour le club l’arrivée du Brésilien à Mundo Deportivo :« Quand on voit qu’un footballeur, avec l’image que Ronaldo, vous parle avec cette confiance, cela ne suscite aucun doute, au contraire, cela augmente l’enthousiasme de toute l’équipe pour cette saison et le désir de continuer à grandir ensemble « .

Ronaldo n’est pas encore officiellement propriétaire du club et il devra attendre encore quelques mois pour voir son achat officialisé. A long terme, ce sont les perspectives à l’internationale qui peuvent permettre de basculer totalement Valladolid dans une autre dimension. Comme le City Group a permis à Girona de participer à une tournée en Inde, les appuis de Ronaldo en Chine et au Brésil vont ouvrir des portes à son nouveau bébé. Avec les Strikers déjà, il avait été prépondérant dans la tournée historique du club de Miami chez Xi Jinping et dans l’organisation d’amicaux en Amérique du Sud et notamment au Brésil. Une formule qu’on peut voir appliquer sur Valladolid. Depuis ses graves problèmes financiers, Valladolid a aussi développé une science de la poste formation intéressante. Ce savoir faire pourra aussi permettre de créer des ponts entre les écoles R9 à travers le monde et le club espagnol.

« J’invite les fans à participer à ce projet » Ronalo, toujours séducteur.

A chaque fois qu’un club change de main, on s’interroge. Rien qu’en France, les expériences à Bordeaux, Lille ou encore Marseille nous donne des résultats totalement différents. L’offre de Ronaldo semble saine, et il semble avoir appris de ses erreurs passées. On est loin du montage de l’achat à 4 têtes comme à Lauderdale qui fut un échec cuisant. De plus, Ronaldo a fait le tri dans ses sociétés, par exemple une des personnes avec lequel il a acheté les clubs étasuniens qui était à la tête de sa fondation en Chine, a été congédié il y a peu. Ce choix semble vraiment réfléchi, et il semble avoir un projet global pour ce club.

« Comptez sur nous pour que le Real Valladolid se consolide en Liga et continue à rêver » Ronaldo, lors de sa conférence de presse.

La question sera maintenant de voir qui va entourer Ronaldo et s’il va être un vrai plus pour le recrutement de certaines personnes ou lors de négociations. Le brésilien doit trouver sa place. L’entraineur actuel de Valladolid, Sergio González, a d’ailleurs déjà connu un rachat quand il était coach de l’Espanyol. Cette passation de pouvoir l’avait conduit à un licenciement qui lui reste encore en travers de la gorge. On en est loin actuellement, même si le début de championnat de Valladolid est poussif. Ronaldo ne semble pas prêt à amorcer de grandes mesures et vouloir procéder par petites touches. Est-ce la bonne méthode ? L’avenir nous le dire et le brésilien a évité de parler d’objectifs à long terme comme il est commun dans ce genre d’affaire, à part celui de vouloir stabiliser le club en Liga.

Benjamin Bruchet

@Benjamin_13

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