Estadio de Vallecas : le stade en ruines qui pourrait faire perdre très gros à Sergio Ramos

Accueil Actu Rayo Vallecano

L’Estadio de Vallecas, qui a accueilli un des match de la première journée de Liga vient d’être jugé inapte à accueillir du public durant au moins 1 gros mois et demi. Comment ce stade a pu passer l’habilitation une première fois pour ensuite se voir juger impraticable ? Tentative d’explication avec la mise en lumière de problèmes bien plus importants et très éloignés du football.

On avait quitté le Rayo il y a 2 saisons, ce petit club de quartier faisait ses adieux à la Liga après un épisode doré. Chez les experts de Liga, cette relégation marquait la disparition du football populaire et attaché à son quartier au plus haut niveau. Sauf que le Rayo n’est pas un club comme les autres, après avoir longtemps flirté avec la D3, le club de Madrid s’est offert son premier titre de champion de D2 pour remonter en Liga à nouveau.

En mai c’est la joie et la fête à Vallecas, même pour les personnes qui ne sont pas attachées à ce club. Le Rayo c’est un quartier, un stade, une ambiance, un style de vie loin du football professionnel. Vallecas, longtemps ville indépendante rattachée à Madrid par la suite est un endroit très pauvre où existe une réelle solidarité et un sentiment de rébellion ancré au quartier. Dans cet endroit en décrépitude à quelques arrêts de Métro du centre de Madrid, trône un stade à 3 tribunes qui fait vivre le quartier : L’Estadio de Vallecas.

Crédits : El Español

Cette enceinte est à l’image de son quartier, dans son jus et rock’N’roll. Quand on se balade au Vallecas on ne voit que ça, cette enceinte gigantesque mais limite en ruine et on a beaucoup de mal à se dire que ce stade peut accueillir des matchs de football professionnel et encore moins de Liga avec 13 000 personnes. C’est aussi un stade connu pour avoir eu pendant de longs mois « 2 lignes de touches ». Pourtant il y a encore pas si longtemps, CR se faisait chahuter par les Bukaneros pour une sombre histoire de frappe dévissée et de ballons offerts, dans un autre Rayo-Real, les lumières du stade avaient été « sabotées » et le match avait dû être reporté. Le folklore, le vrai.

Photos du Vallecas en travaux. Crédits AS.

A lire : Les Bukaneros, plus qu’un groupe Ultra

Ces Bukaneros, le groupe ultra du Rayo et l’une des entités les plus virulentes en Espagne tire pourtant régulièrement la sonnette d’alarme : le stade va s’écrouler. Les images sont toutes plus choquantes les une que les autres : WC inondés, escalier en état de décomposition avancé, infiltrations d’eau, barrières branlantes et autres joyeusetés. Les penyas ont régulièrement envoyé des lettres aux autorités mais aussi à Tebas ou Presa sans que les choses ne bougent vraiment plus que ça. Tebas, toujours à la pointe pour faire des tweet sur la pelouse de Valladolid mais bien moins présent quand il faut prendre des problèmes à bras le corps. En 2016 déjà, la mairie avait infligé une amende à la Communauté pour ne pas avoir entrepris des travaux et tiré la sonnette d’alarme. En 2015 des travaux ont aussi été réalisés pour éviter un drame. Il y’a quelques jours la sanction est logiquement tombée : cette fois c’est la Communauté de Madrid qui interdit le stade au public au moins jusqu’à mi octobre.

Un stade qui ne passe plus les contrôles depuis 2012

Pourtant ce stade passe sous les radars et continue de recevoir du public depuis près de 40 ans. En remontant en arrière, on se rend compte que le stade appartient à la communauté de Madrid mais que l’entretien du stade incombe à son locataire : le Rayo Vallecano. De plus, le contrat stipule que le club ne paie pas de loyer pour l’utilisation du stade mais s’engage à payer les impôts, faire l’entretien du stade et surtout… à accorder quelques 100 invitations à la communauté par matchs ! Ce nouveau contrat a été ratifié par Cifuentes quand elle présidait la communauté et que le Rayo était incapable d’aligner les sous pour racheter le stade plus le terrain. Cet accord qui soulignait bien que le Rayo devait entretenir le stade, a été signé avec une politique souvent mise à mal par les Bukaneros qui lui reprochaient d’utiliser la police à des fins politique.

A lire : On était dans un Vallecas en feu pour Rayo-Saragosse

Même si les termes du contrat mettent un peu la puce à l’oreille sur le niveau d’exigence des personnes aux commandes, on pense que le Rayo va remplir sa part du contrat. Sauf que rien ne se passe comme il est prévu en Espagne. Presa, le président et propriétaire à 98% d’un Rayo au bord de la faillite après des années de gérance par un duo d’escrocs n’est pas au mieux niveau trésorerie. Ces problèmes empêchent donc le club de faire les travaux d’entretien ce qui entraîne une dégradation plus que rapide d’un stade déjà pas au top. Bon ça n’empêche pas le club de faire une offre de près de 2 millions pour acheter le stade ou d’investir 1M pour une franchise du club aux US, mais faire 80 000€ de travaux annuels c’est trop. Surtout que les propriétaires du stade, très souvent interpellés sur l’état du stade ne lui ont fait passer aucun contrôle depuis 2012 alors que ce dernier rapport était déjà très mauvais. Pour résumer le bric à brac, le terrain sur lequel est construit le stade appartient à la mairie, le stade appartient à la communauté de Madrid et le Rayo a un contrat avec la communauté pour exploiter le stade. La première alerte autour de l’état du stade date de 2002.

Après la remontée surprise du Rayo en Liga cette année, les propriétaires du stade se disent que ça serait une bonne idée de passer un coup de lifting sur ce stade. A la suite des commémorations du titre de Segunda au siège de la Communauté de Madrid et entre deux échanges protocolaires, Presa lance : « Je veux aussi à parler du problème du stade. Nous avons besoin d’un stade de meilleur niveau ». Angel Garrido, le nouveau président de la Communauté à la suite de la démission de Cifuentes surenchérit : « Nous avons déjà une équipe Primera et nous devons avoir un stade Primera ». L’idée est simple, profiter de l’inter-saison pour réaliser une première tranche de travaux jugée comme urgente puis une deuxième l’année suivante pour remettre le stade totalement aux normes mais aussi pour l’agrandir quelque peu si possible.

« Ces travaux ne seront pas aussi profonds que le stade a besoin, même si l’intention est que dans un avenir proche ils puissent être complets » Les travaux résumés par le Rayo.

Un budget de près de 1,7 millions est débloqué par la communauté de Madrid pour cette première phase de travaux. Un appel d’offre est lancé et c’est une société basée à Seville spécialisée dans ce genre de travaux qui le remporte avec une réalisation des attentes pour un chèque de 1.2 millions d’euros. L’offre est tellement basse qu’elle interpelle et on doit faire appel à une commission pour savoir si elle est réalisable ou pas. Elle est jugée recevable et permet à la communauté de réaliser une économie de près de 500 000 euros soit un tiers du prix, pas mal non ?

« Nous souhaitons que les fans rayistas assistent aux matchs de la saison prochaine dans un stade rénové, sûr et accessible » , a commenté Jaime de los Santos, ministre de la Culture, du Tourisme et des Sports.

Pour arranger tout le monde, l’entreprise qui évalue la fin des travaux à mi septembre assure que le stade pourra recevoir du public dès le début du championnat sans aucun problème. Sur de son fait, le Rayo refuse donc l’aide de la Ligue en disputant ses premiers matchs à l’extérieur (contrairement à la Real Sociedad ou Huesca par exemple). Ce qui a permis de voir un Rayo – FC Séville au milieu des échafaudages et des bennes remplies de gravats.

Un stade – presque – sûr pour le public

Les premiers tweets des Bukaneros sortent et s’insurgent sur l’état du stade qui est encore moins apte à recevoir du public qu’avant. L’endroit est tellement peu sûr qu’un mineur fait une chute d’un mètre dans une benne remplie de gravats à cause d’un non balisage de l’endroit. C’est cet événement qui va faire bouger la mairie de Madrid qui va interdir l’accès au public du stade. Entre temps la société en charge des travaux à demander une rallonge d’un mois pour finir les travaux. Pourtant tous les responsables assurent que le stade est sûr et que la fermeture n’a rien de grave.

Vallecas se retrouve donc fermé au public au moins juaqu’à mi octobre, sans solution de repli prévue et en plein championnat. Le match programmé pour cette 3e journée de Liga est déjà reporté à une date ultérieure mais, quid des 2 autres matchs prévu au Vallecas durant cette période ? Comment un stade déjà vétuste a pu être homologué par la ligue ? Le groupe ADRV (un groupement de Penyas du Rayo, s’inquiète et demande même la tête de Presa) : « Ce n’est plus un affront pour une grande partie du rayismo, c’est un cri pour la sécurité de tous ceux qui viennent au stade », explique le groupe dans un communiqué« Cet espace maintenant fermé, a ouvert ses portes à 13.000 personnes il y a quelques jours. Comment est-ce possible ? Quel message nous est envoyé ? Prier le ciel pour qu’il n’y a pas de tragédie ? ». Presa lui ne comprend pas la décision mais l’accepte. Il va jusqu’à dire qu’il n’a pas plus de pouvoir que ça dans les travaux et explique que les différentes réunions entre les parties avant le lancement du chantier c’était bien déroulées.

Un projet immobilier impliquant Ramos ?

Pour toutes ses questions, aucune réponse n’a été donnée : Presa se pose en victime, les Bukaneros et les autres actionnaires du Rayo crient à l’incompétence, et les autorités ne donnent pas plus d’explications que ça. Sauf qu’en grattant un petit peu, on retrouve des pistes qui font tiquer quelques personnes. Le quartier des Vallecas est en ruine et aucun projet viable ne semble capable de lui redonner vie

Pourtant depuis le début des années 2000 plusieurs projets immobiliers portés par des promoteurs sont sur les tablettes, dont un engageant les Ramos senior et fils dans un quartier attenant à Vallecas. Ce projet, qui est au point mort, a déjà fait perdre une fortune à la société et pourrait même la conduire à la faillite si jamais il est définitivement annulé (il n’a été que réduit pour l’instant mais rien n’a été lancé et est toujours bloqué par la mairie). L’empire qu’a construit le père de Sergio et le joueur lui-même est quand même loin d’être mis à mal tant il est vaste et diversifié. Sauf que cette décision, tend les relations entre le madrilène et la mairie de Madrid qui a aussi des intérêts à Vallecas là où d’autre projets immobiliers peuvent voir le jour.

Crédits : Les noticias

Mais quel rapport avec L’Estadio de Vallecas ? Il est simple. Le stade appartient donc à la communauté mais le terrain à la mairie. Le Rayo n’a pas les moyens de s’acheter l’ensemble (évalué à 40M d’euros) mais Presa a une proximité certaine avec des promoteurs immobiliers. Certaines personnes proches du Rayo, dont le groupe ADRV, émettent l’idée que Presa ne fait pas de travaux au Vallecas pour qu’il soit démoli et le terrain remit à des entepreneurs pour le lancement d’un complexe immobilier. Depuis que Presa est le patron au Rayo, des rumeurs de nouveau stade ou de grandes rénovations font souvent sans jamais allé vraiment plus loin. Pour l’instant on ne sait même pas si Vallecas va pouvoir rouvrir pour le rester de la saison.

Rien n’a filtré sur les réelles convictions de Presa, un renouvellement du bail de location de L’Estadio de Vallecas pour le Rayo est même sur le tapis avec des attentes claires pour le club. Ce stade est donc en proie à une lutte de pouvoir sous fond de gros sous. Encore une fois, cette enceinte représente parfaitement son territoire qui a lui aussi le même problème et son avenir semble s’écrire en pointillé… Et au milieu ? Une équipe attachante, une afición parfaite et une population qui ne sait pas à quelle sauce elle va être mangée. Si l’Estadio de Vallecas tombe, tout peut s’écrouler dans ce quartier…

Benjamin Bruchet 

@BenjaminB_13

Commentaires