Depuis la semaine dernière le nom de José Luis Morales revient très souvent sur les bouches des amateurs de football espagnol. Le joueur de Levante a marqué la 1e journée de Liga par un but venu d’ailleurs contre le Betis. Retour sur une carrière différente, complètement axée à Levante en Primera :
On commence par le but en question bien sûr et commenté par le grand Miguel Ángel Román, histoire de se faire une idée de quoi « le Commandant » est capable à 31 ans. Si on oublie son style peu élégant niveau course, le reste n’est qu’amour :
- Il remporte son duel de la tête devant Guardado mais, au lieu d’envoyer le ballon en touche il le caresse juste assez pour pouvoir se mettre en bonne position pour lancer le contre à 70 mètres des buts adverses.
- Face à face facile devant Carvalho avec un petit piqué pour éviter le pied du Portugais et retrouver l’axe
- Comment profitez au mieux du retour de Marc Bartra qui va enrhumer Zou Feddal mais en regardant les images on a même l’impression que Morales l’avait prévu.
- La pure définition d’un crochet réussi sur Francis.
- La finition de l’extérieur du pied pour postuler au prix Puskas dès le 17 août après une course de plus de 74 mètres.
Non content d’avoir humilier la défense bética, Morales allait en plus surenchérir en toute fin de rencontre avec un deuxième but pour clore la victoire 3-0 des Granotas.

Pourtant, le meilleur buteur de l’histoire du club en première division (22 buts) est arrivé dans le club de Valence par hasard comme l’a confirmé à MARCA Juan Luis Mora, le dirigeant de Levante qu’il avait dégoté de la banlieue madrilène de Fuenlabrada en 2010/11 : « l’équipe B avait besoin d’un défenseur central et un joueur de Fuenlabrada nous intéressait. D’où ma présence là-bas. La magnificence de Morales sur le terrain avait attiré mon attention. Il demandait tout le temps le ballon, il dribblait les défenseurs, il partait rapidement balle au pied avant de centrer ». Une première impression forte qui s’est conforté ensuite. Deux matches, voilà ce dont Mora a eu besoin pour finalement enrôler le joueur de… 24 ans ! C’est dans un hôtel de la magnifique Aranjuez que Morales qui évoluait alors en quatrième division a signé, au bar :
- « Tu veux quelque chose ? »
- Oui, un stylo pour signer le contrat.
Un trajet vers l’élite « à la Vueling »
À 24 ans et après avoir seulement foulé les terrains madrilènes sous des maillots de clubs de la région (Brunete, Parla et Fuenlabrada), Morales n’a pas hésité une seule seconde à rejoindre l’équipe B de Levante et la Segunda B (troisième division espagnole). Les choses n’ont pas très bien débuté avec le club granota qui n’a jamais vraiment eu confiance en lui à son arrivée. La navette en direction de la première division a mis beaucoup de temps à atteindre la destination rêvée de Morales. Le numéro 11 n’a pas foulé les terrains de l’élite avant ses 27 ans ! Un passage clé à Eibar aura relancé la carrière de Morales qui a guidé le club armero vers la Primera en 2013/14 avant de marquer son premier but en Liga contre les Basques. Le club qui est allé le chercher, sans trop le vouloir, dans la capitale espagnole lui a permis de revenir prouver en Primera. À partir de là, le Comandante a dirigé les opérations…

D’ailleurs pourquoi ce surnom ? Et bien il faut savoir que c’est lui-même qui l’a choisi. Dans une période très compliquée pour Levante en 2016, le madrilène a proclamé que son vestiaire avait besoin d’un commandant pour redresser le vol et éviter la relégation. Le maintien n’avait alors pu être accroché mais le surnom est lui bien resté. Le joueur aussi d’ailleurs, Morales a remis le maillot de Levante la saison suivante après avoir écarté plusieurs (et meilleures) offres d’un revers de la main. Pas question de terminer sur une nouvelle désillusion. Après 40 matches, le club remonte en Primera et Morales va vivre la meilleure saison de sa carrière à 30 ans. Avec Muñiz les choses n’ont pas trop marché mais Morales a encore une fois étalé son talent et sa polyvalence. Le natif de Madrid a joué à tous les postes offensifs en plus de le faire aussi en tant que latéral, comme par le passé. L’arrivée de Paco López n’a pas changé son statut.
L’âme granota tire aussi à vue
Le départ de Muñiz a permis aux Levantinistas d’arracher le maintien la saison passée mais le nouvel entraineur n’a pas tout changé. L’une des choses que Paco n’a pas voulu toucher sont les gallons de Morales dans le vestiaire qui sont restés intacts. Le Madrilène ne s’est jamais caché, même après les 15 matches sans victoire, la pire série du club en Primera. Bon, à un moment donné le commandant a haussé le ton publiquement pour demander à certains de ses coéquipiers de prendre leurs responsabilités devant la presse, mais c’était nécessaire. « Son » club était en train de couler et un leader si important comme lui ne pouvait laisser une telle chose arriver. Difficile de ne pas suivre l’aura d’un élément qui se met torchon chiffon carpette à chaque match sur le rectangle vert peu importe à quel poste il doit évoluer. Meilleur buteur (10), meilleur passeur (8), joueur le plus utilisé (3006 minutes), joueur ayant réussi le plus de dribbles (91)… Morales a survolé les débats de Levante la saison dernière.

Paco Lopez veut le voir dans un rôle de deuxième attaquant et pour le moment on peut confirmer que le choix est payant. Que cela soit avec Roger, Boateng ou même Sadiku, le travail du deuxième capitaine granota (derrière Pedro Lopez) est toujours impressionnant. Après la saison de la consécration à 30 ans, Morales affronte celle de la consécration aujourd’hui. Son objectif sera d’assurer le maintien le plus tôt possible avec les Valencianos en plus de faire mieux que ses 10 buts marqués la saison passé en Liga. Il a également le rêve de porter le maillot de la Roja, on peut penser que c’est complètement fou mais en jetant un œil en arrière sur son parcours on peut se dire, ¿Por qué no? En tout cas à ¡FuriaLiga!, « Aprendimos a quererte » comme dirait Nathalie.
Nicolas Faure
@Nicommentator