C’était il y a sept ans et trois mois, le 29 septembre 2011. En cette fin d’après-midi, la ville de Bilbao s’enflamme. Pour cause, de nombreux incidents entre supporters de l’Athletic et du Paris Saint-Germain (PSG).
En ce 28 juin 2018, le second des quatre jours de procès s’ouvre. Sur le banc des accusés se trouvent neuf supporters du PSG, jugés pour destructions de biens publics, blessures et outrages à agents publics.
Le contexte de ce 29 septembre 2011
C’est jour de match à Bilbao. Vers 18h, le ciel est dominé par les nuages et les rues de la ville voient affluer les supporters rojiblancos vers les bars. Le match qui doit se jouer à San Mamés oppose l’Athletic au PSG.
Il s’agit de la seconde journée de la phase de groupe de l’Europa League. Plus d’une semaine auparavant, l’équipe alors sous l’autorité de Marcelo Bielsa s’était imposée 1-2 sur la pelouse du Slovan Bratislava.
Affrontements dans la ville
C’est donc moins de trois heures avant le coup d’envoi, prévu pour 21h05, que les premières échauffourées éclatent.
D’après Le Parisien, près de 220 supporters parisiens ont fait le déplacement jusqu’à Bilbao. Pour éviter de généraliser, les autorités locales parlent d’une bonne cinquantaine d’ultras, qui auraient participé à diverses actions.
Le rapport de la Ertzaintza (la police basque, ndlr) explique que ce groupe s’en serait d’abord pris aux chaises des terrasses de plusieurs établissements hôteliers de la ville. Ces dernières auraient été lancées sur les vitrines des commerces et parfois même sur des supporters de l’Athletic.
On parle aussi de fumigènes et de légers explosifs, qui auraient été tirés en direction de passants et de commerçants. Ces derniers, ainsi que les hôteliers, sont ceux qui se sont le plus plaints de ces ultras.
D’autres témoins parlent d’objets pointus avec lesquels ils auraient été menacés par les parisiens les plus radicaux.
Mais les zorri-gorriak ne sont pas tous laissés faire, certains ont répondu, créant de violentes bagarres dans les rues de Bilbao. Deux d’entre eux ont été arrêtés par les autorités basques.
Des turbulences dans les tribunes
Ces affrontements ont duré toute la soirée, dans la rue mais aussi dans les tribunes de l’ancien San Mamés.
Bien entourés par plusieurs ertzainas et par le personnel de sécurité du stade, les supporters parisiens – ultras ou non – sont parqués dans l’emplacement réservé aux visiteurs.
De cet emplacement, ils surplombent des gradins de supporters de l’Athletic. Les évènements qui se sont déroulés dans la ville, juste avant le match, ont contribué à créer une ambiance de tension entre ces différents supporters. Il est donc difficile de savoir qui a provoqué qui.
Quoi qu’il en soit, ce sont bien des insultes – prononcées dans au moins trois langues – des majeurs tendus vers le ciel et des crachats que s’échangent parisiens et bilbayens dans le stade.
L’ouverture du score de l’Athletic, à la 19e minute, ne va faire qu’empirer la situation dans le stade. Après cette superbe reprise de volée de Gabilondo, c’est Markel Susaeta qui trompe le gardien – juste devant lui – quelques secondes avant la mi-temps.
Des dégâts matériels, mais pas que
Chaises et tables de terrasses sont cassées lors du passage des ultras parisiens. Les vitrines de certains commerces subissent le même sort. Certaines vitres et carrosseries de véhicules, garés au mauvais endroit au mauvais moment, vont subir des dégradations. Mais certaines personnes ont aussi été blessées.
C’est notamment le cas d’un jeune homme, dont l’aventure fut reprise par plusieurs médias. Le supporter basque s’est fait agresser par plusieurs ultras du PSG, et a terminé aux urgences avec un traumatisme crânien. Il lui a fallu plus d’une centaine de jours de rééducation.
Trois membres de la police basque ont aussi été légèrement blessés. L’un d’eux, n’étant pas membre de la brigade d’intervention – ne possédant donc pas de casque – a eu le crâne ouvert après avoir été frappé par un ultra à l’aide d’une chaise.
Toujours du côté des forces de l’ordre, un gendarme français, faisant partie de ceux envoyés par la France pour aider au dispositif de sécurité, a aussi été blessé.
Un procès jusqu’à vendredi, voire samedi
Ils sont donc neuf à avoir été convoqués hier au Tribunal de Bizkaia, pour répondre de leurs actes.
Il est reproché à ces ultras d’avoir occasionné des dégâts matériels très importants, dans des bars, hôtels et commerces de la ville. Les blessures occasionnées – dont le traumatisme crânien cité plus haut – sont aussi à l’étude. Enfin, les nombreux outrages à agents – insultes, lancées de chaises et attaques physiques – sont aussi mis sur la table.
Enfin, l’accusation demande des dédommagements financiers pour les dégâts et les blessures. Des sommes de plusieurs milliers d’euros sont ainsi demandées, dont une estimée à 100 000 euros.
Nous apprenons dans Le Parisien que l’un des neuf accusés n’est autre que le président du Collectif Ultras Paris, Romain Mabille. Celui-ci explique au média ne pas avoir reçu de convocation, bien qu’il fait partie des Ultras poursuivis. N’étant pas allé à Bilbao cette semaine, il ajoute ne pas savoir s’il sera de nouveau convoqué.
D’après nos informations, cinq des neufs Parisiens poursuivis ont trouvé un accord concernant leur condamnation. Ils n’auront pas à se présenter ce 28 juin au tribunal. Trois autres n’ont pas accepté les accords proposés et devront revenir. Quand au dernier, il nous est confirmé qu’il n’a pas mis les pieds au tribunal.
Place au calme en 2018/19
Les supporters de l’Athletic ne sont globalement pas des fans violents ou amateurs de l’hooliganisme. Même lors de la venue du rival historique, la Real Sociedad, les ‘incidents’ se limitent généralement à quelques insultes.
Les seuls moments où la capitale de la Bizkaia se retrouve en proie à des bagarres liées au football, est lors de la venue de certains supporters étrangers. Les choses peuvent alors se passer très bien, comme lors de l’arrivée des italiens amateurs du Napoli, en 2014, ou au contraire totalement déborder.
Lors de la dernière saison, où l’Athletic de Ziganda a perdu le fil de l’Europa League en 8e contre l’Olympique de Marseille (OM), les choses ont mal tourné à plusieurs reprises.
À LIRE : EXPLICATIONS DES INCIDENTS LORS DE LA VENUE DES ULTRAS DU SPARTAK À BILBAO
Ce fut notamment le cas lors de la venue des hooligans russes du Spartak Moscou, où un policier basque avait trouvé la mort. Un mois plus tard, en mars de cette année, les supporters de l’OM ont encore fait des siennes à Bilbao (déjà le cas en 2016, ndlr). En grande partie grâce à l’énorme dispositif policier prévu à cette occasion, les échauffourées ont été mieux maitrisées cette année. Ce qui n’a pas empêché un stadier du San Mamés d’être planté – à l’aide d’un objet pointu, d’après le rapport hospitalier – par des Ultras marseillais.
Mais avec la très mauvaise saison de Kuko Ziganda chez les Leones, la ville de Bilbao ne devrait plus avoir ce genre de soucis lors de la saison qui arrive. En effet, à la seizième place de La Liga, les portes des compétitions européennes restent fermées.
Jérémy
@Euskarade