Corée du Sud : Le match face à la Roja, symbole de la bizarrerie du mondial 2002

Barça CDM Découverte En avant Histoires
Crédit : Fourfourtwo

En 2002, dans un mondial totalement fou la Corée du Sud écrivait une de ses plus belles histoires. Demi-finaliste de leur coupe du monde, en éliminant notamment l’Italie et l’Espagne, la sélection de Guus Hiddink avait frappé un grand coup. Retour sur cette performance, sur ce match face à l’Espagne et sur tout ce mondial plus que singulier.

On joue la 75e minute de cette demi-finale entre l’Allemagne et la Corée du Sud à Séoul. Les fans locaux sont en transe, les Allemands dominent mais la Corée tient le coup. Les hommes d’Hiddink sont encore en course pour un exploit monumental, disputé une finale de Mondial chez eux. Comme à son habitude depuis le début du Mondial, les Tigres ne sont pas favori, court après le cuir et font preuve de caractère et d’abnégation pour rester en vie le plus longtemps possible. Sauf que lors de cette 75e minutes fatidique tout va basculer, Neuville lance un contre en poussant son ballon sur le côté droit, personne ne le suit. Arrivé dans la surface il lève la tête et amorce un centre à ras de terre. C’est à ce moment là que Ballack surgit, grille la priorité à son partenaire et vient mettre à contribution Woon Jae, le gardien coréen. Le ballon lui revient et le milieu de terrain ne laisse pas passer une nouvelle fois sa chance et transperce les filets. La Mannschaft écarte la sensation du tournoi et rejoint le Brésil en finale, une finale remportée par les sud-américains, un des seuls résultats logiques de cette compétition. Retour sur ce mois de juin 2002 où la planète football n’a pas vraiment tourné rond.

Le Sénégal, première surprise de ce mondial en Asie

En 1996 quand le Japon et la Corée du Sud dépose un dossier de candidature commun c’est l’étonnement. Tout d’abord parce que ces deux nations avaient vu leurs dossiers individuels être refusé par la FIFA mais surtout parce que ces deux pays n’avaient rien d’un pays de football pour le grand public. Bien qu’encore très euro-centré, le football mondial l’était encore plus à l’époque, une Coupe du monde en Asie avec des matchs tôt le matin pour les européens, cela semblait totalement impensable. En prime de ne pas avoir les infrastructures adéquates pour l’organisation d’un tel événement, la Corée et le Japon ne sont pas limitrophe. Jamais un événement de cette importance fut porté par ces deux pays, mais alors deux pays séparés par une mer, cela semblait encore plus inimaginable. Et pourtant, ce fut bien cette candidature qui fut retenue, la première surprise de ce mondial 2002 avant son commencement.

20 stades sont donc choisis et même construis pour l’événement, 10 au Japon 10 en Corée. Dans les pays qualifiés, nouvelles surprises : on vit les premières fois en CDM de la Chine ou encore de la Slovénie et du Sénégal, les deuxièmes fois de l’Afrique du Sud, du Japon ou encore de la Turquie. Le casting est plutôt détonnent, avec pas mal de nations qui ont une bonne tête d’outsider, la France qui sort d’un doublé et le Brésil et son groupe plein de talents.

Ce n’est pas le pays hôte qui ouvre le bal, mais le dernier tenant en titre. L’équipe de France défie donc le Sénégal ce 31 mai sans Zidane. Personne ne donne très cher de la peau des Africains et pourtant ils battent l’Equipe de France 1-0. S’ensuit une qualification historique au tour suivant et une piteuse élimination des Français en phase de poule sans marquer le moindre but. Le séisme est grand.

La Coupe du monde des outsiders

Ce premier coup d’éclat n’est pas le seul , bien au contraire il suscite un véritable appel d’air qui va faire basculer ce Mondial dans les annales. Le Portugal est par exemple éliminé dès les phases de poules alors que les Lusitaniens avaient été demi-finaliste de l’Euro précédent. Dans ce groupe D, c’est la Corée du Sud qui termine en tête, suivi des US. Le Cameroun double tenant en titre de la CAN est lui aussi sorti en poule. C’est l’Irlande qui se qualifie avec l’Allemagne dans ce groupe E. Groupe F c’est l’Argentine qui sort en poules.

« L’Italie a été expulsée d’une sale Coupe du Monde où les arbitres et les juges de ligne sont utilisés comme tueur à gages » selon la légende italienne Tosatti

Au tour suivant, nouvelles séries de surprises. Tout d’abord la plus grande, la Corée du Sud s’offre le scalp de l’Italie et file en quart de SON mondial. Le Sénégal a aussi écarté la Suède. Revenons à ce Corée du Sud-Italie, c’est le premier gros exploit des joueurs locaux mais aussi le premier match qui éveillera des soupçons. Derrière le vernis d’une compétition ouverte et où les outsiders sont plus que convainquant, on semble découvrir une épaisse couche de corruption.

Crédits : FourFourtwo

Cette élimination va rendre fous les Italiens, reprochant à l’arbitre de ce match d’avoir trop laissé jouer en la faveur des hommes d’Hiddink. Surtout que le jeu de la Corée était plus que simple, disposé en 3-4-3 ils mettaient énormément d’intensité et se battaient comme des diables sur tous les duels. Sauf que bien souvent, les interventions sont violentes et semblent répréhensibles. Cependant l’arbitre du match en décide autrement. En quart, la Corée rencontrera l’Espagne, un deuxième gros morceau.

Espagne-Corée Sud, le symbole de ce mondial

A Gwangju se dresse devant la Corée du Sud une Espagne en reconquête après le mondial 98 qui a été une déception pour tout un pays. Personne ne voit les hommes de Hiddink rééditer l’exploit des huitièmes, le début de match est logiquement dominé par la Roja. Alors qu’en Italie on hurle encore au scandale et comme quoi la Nazionale est de retour au pays sans avoir été éliminé, l’Espagne roule sur la Corée. Un petit jeune fait tourner la tête des rouges et bleus, cet ailier de tout juste 20 ans Joaquin qui dispute sa première compétition d’envergure. Comme Xavi, Puyol ou Casillas qui profitera de la blessure de Canizares pour se faire une place, de nombreux joueurs qui ont fait l’Espagne du triplé sont présents sur le terrain.

« L’élimination de l’Italie n’est pas seulement le fait des arbitres et des juges de ligne qui ont commis des erreurs humaines non préméditées … L’Italie a commis des erreurs à la fois en défense et en attaque. » Sepp Blatter, pompier pyromane.

Encore une fois, le choix des arbitres pose question, face à l’Italie c’est un Equatorien au sifflet qui refusera un but à Tommasi et qui exclura Totti dans des conditions plus que douteuses. En quart, c’est un Egyptien aux sifflets accompagné d’assistant ougandais et d’un de la Trinidad qui va prendre des décisions plus qu’interloquantes.

Dans ce match, dominé de la tête et des épaules par la Roja c’est pas moins de deux buts en or qui seront refusés pour des HJ plus que contestables voir inexistants. Sans compter le nombre incalculable de HJ qui seront sifflés contre les Espagnols encore une fois sans vraiment de logique. Pour ne rien arranger, le TAB de Joaquin qui sera raté et qualifiera la Corée aurait du être retiré. Le gardien, plus qu’habitué à l’exercice (il avait disputé 7 séances de TAB la saison précédant le mondial) avait quitté sa ligne bien trop tôt.

« Tout le monde a vu deux buts parfaitement valable. Si l’Espagne n’a pas gagné, c’est parce qu’on ne nous a pas laissé gagner » Helgera, furieux au coup de sifflet final

Le sentiment qui plane dans le stade au coup de sifflet final est pesant. Les Espagnols sont furieux, Ivan Helgera est à deux doigts d’en découdre avec les arbitres. Camacho, le sélectionneur espagnol à la carcasse imposante tente de canaliser ses joueurs et de les faire regagner les vestiaires. Le corps arbitral refusant de quitter le pré si tous les joueurs espagnols n’ont pas quitté le terrain. Le sentiment de frustration de la Roja est tellement loin de la joie des Coréens, conscients de l’exploit monumental qu’ils viennent de réaliser. Les joueurs sautent de joie, le public exulte. Hiddink montre encore une fois sa science tactique, la veille il avait préparé les sciences de TAB à l’entrainement.

« L’équipe perdante doit se regarder dans le miroir », selon Hiddink, qui enchaîne. «Si une équipe expérimentée ne profite pas des erreurs que nous avons faites, elle ne devrait pas regarder les circonstances extérieures. L’Espagne a gâché beaucoup de centres, Morientes étant le plus grand coupable, et ils se demanderont toujours si Raul, le plus clinquant des finisseurs, qui n’a pas récupéré d’une blessure à l’aine à temps pour jouer, aurait tué la Corée. »

La Corée du Sud retrouvera un destin plus que logique en demi avec ce but de Ballak qui prive tout le pays d’une liesse incroyable. Bien sûr, la performance coréenne dans son Mondial reste monumental tout comme la gestion parfaite de Hiddink. Sauf que par la suite, les affaires sont ressorties. L’arbitre d’Italie-Corée du Sud fut suspendu par la FIFA à la suite d’un nouveau match plus que suspect. Lui qui avait en prime des ambitions politiques au pays et sera ensuite arrêté pour une affaire de trafic de drogues aux US. L’arbitre d’Espagne-Corée du Sud fut lui aussi dans la tourmente, surtout sa désignation qui aurait été orchestrée par un ponte de la FIFA qui est tombé il y a peu dans l’affaire de les affaires de corruption. C’est en Italie que la plaie est toujours importante, les médias continuant de fouiner pour trouver de nouveaux éléments à charge contre la Corée du Sud.

Le Brésil pour remettre l’ordre

La Corée du Sud éliminée, c’est le Brésil qui s’opposera à l’Allemagne en finale. Favori de l’édition et disposant d’un groupe plus qu’incroyable, la Selecao ne tremble pas. Ronaldo finira à 8 buts dans le tournoi dont un doublé en finale. Ce Brésil rentre logiquement dans l’histoire et la Corée termine 4e, battu par la Turquie dans la petite finale. En Coupe du monde, il y a toujours eu des décisions ubuesque entre le Perou qui se couche en 78, le Cheick sur la pelouse en 82, le but de la main de Maradona, le but refusé à Lampard en 2010. Sauf que ce mondial 2002 a vraiment subi des décisions particulières et récurrentes toujours en faveur de la même équipe, ce qui alimente la suspicion d’une compétition truquée bien qu’aucunes preuves n’aient été apportées à charges. Le mystère ne sera jamais percé et ces deux matchs resteront de gros points d’interrogations.

Bruchet Benjamin

@BenjaminB_13

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