Costa Rica : Ricardo Saprissa, la natif du Salvador, légende de l’Espanyol et devenu le Don au Costa Rica

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Ricardo Saprissa ne vous dit peut-être rien à vous, Français, mais il est plus qu’un footballeur ou un entrepreneur au Costa-Rica. Lui le natif du Salvador de parents catalans est devenu rapidement une idole chez les Ticos en plus de devenir une légende de l’Espanyol. Retour sur une histoire singulière .

Ricardo Saprissa Ayma est né au tout début du 20e siècle au Salvador. Enfants d’immigrés catalans, il avait quelques 8 frères et soeurs. Dans ce pays d’Amérique centrale, il écrira la première page de son histoire. Le Catalan était quelqu’un de passionné par le sport avec une facilité pour le tennis et le football. Rapidement il conjugue ses deux passions avec des études dans une école militaire avec l’objectif de devenir ingénieur. Ricardo devient même champion centre-américain de tennis et était dans la sélection de football du Salvador pour un tournoi au Guatemala. Sa première vie se referme cependant.

L’envol et première reconnaissance en Espagne

Il suit sa mère en Espagne avec un diplôme d’ingénieur typographe en poche. La fratrie éclate quelques peu durant cette période, avec des Saprissa un peu partout en Amérique centrale. Cependant l’arrivée dans la péninsule ibérique n’est pas un long fleuve tranquille pour le Catalan. Son diplôme n’est pas reconnu par l’administration espagnole et il ouvre un commerce à Barcelone pour vivre. C’est le premier d’une très longue série d’affaire, Ricardo étant un entrepreneur plutôt doué en plus d’être un sportif accompli.

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Il n’oublie pas ses premiers amours et continue de pratiquer différent sport. Le polo, le hockey sur gazon par séquences, le tennis avec un peu plus d’importance et le football en numéro 1. Malgré une sélection en Coupe Davis et notamment une participation avec l’équipe d’Espagne de tennis aux JO de Paris, il reste un fou du balompié et participe à son développement en Espagne. Ricardo ne connaîtra qu’un club, l’Espanyol de Barcelone période Zamora. Il passe 9 saisons avec les Pericos. Latéral droit plutôt propre, il devient rapidement capitaine du club barcelonais au départ de sa star Zamora. Ricardo Saprissa est notamment connu pour ne jamais avoir été exclu lors d’un match. Défenseur propre, il devient un des symboles de la première période dorée de l’Espanyol, avec un championnat de Catalogne et une Copa Del Rey remportée face au Real. C’est sa deuxième période de gloire.

« Jusqu’à présent, le très populaire Saprissa pouvait provoquer des petites foules lors de son passage dans nos rues, nous avons interrompu le trafic et forcé par les gardes à dissoudre les groupes de curieux « 

Il ne toucha jamais un sou pour ses différentes années sous le maillot de l’Espanyol. Comme il était coutume à l’époque, il jouait « pour l’amour » du sport. Il demanda cependant l’aide du club lorsque ses affaires battaient un peu de l’aile, une requête acceptée sans sourciller par la direction des Pericos. En 1932, il prend sa retraite et doit quitter l’Espagne. Il devient tout de même président d’honneur de l’Espanyol Barcelone, preuve de l’importance de Saprissa pour le club. Encore aujourd’hui Saprissa représente la meilleure période des Pericos, la porte 31 du tout nouveau stade de l’Espanyol porte son nom.

Une idole au Costa Rica

C’est une lettre d’un de ses frères qui lui fait quitter l’Espagne pour le Costa Rica. Il a des soucis avec son entreprise de textile et demande de l’aide à Ricardo Saprissa, qui accepte sans sourciller fermant toutes ses affaires en Espagne. Le premier joueur originaire du Salvador à avoir remporté un titre national pose donc ses valises aux pays des Ticos.

La presse sportive locale relate l’arrivée du catalan au pays, mentionne qu’il ne jouera sûrement plus au football. Ricardo se refusant maintenant à porter un autre maillot que celui de son Espanyol Barcelone. Au départ Ricardo ne devait pas rester toute sa vie à San José, sauf que l’arrivée au pouvoir de Franco en Espagne scellera son avenir ici. Rapidement il se comporte comme s’il avait toujours vécu ici. Il s’implique dans la vie quotidienne mais aussi dans celle politique et les affaires sociales. Il prend rapidement de l’ampleur notamment grâce à sa fondation qui offre la scolarité aux enfants défavorisés. En plus de leur offrir des aides pour leur scolarité, Ricardo leur offre des postes dans son usine de textile.

Reconnu comme un homme bon, Ricardo est apprécié de tous au Costa Rica. La preuve, un jour sa voiture lui a été volé, une annonce a été passé dans le journal national pour mentionner le larcin. Le lendemain, la voiture est rendu à Saprissa avec une petite pancarte où on pouvait lire :« Excusez-moi Don Ricardo, je ne savais pas que la voiture était à vous »

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De Ricardo Saprissa au Deportivo Saprissa

En 1938, il prend part aux jeux d’Amériques centrales et des Caraïbes pour le tournoi de tennis mais surtout en tant que sélectionneur de football du Costa Rica. Une fonction qu’il occupera aussi de nouveau aux jeux Panaméricain de 1951. Ricardo Saprissa devient rapidement Don Saprissa. Lors de ses deux mandats, il remportera deux médailles d’argent, une performance plus qu’importante pour le pays.

En 1935, plusieurs personnes fondent un club à San José, baptisé le Saprissa FC. Club qui débutera en D3 et qui sera directement sponsorisé par le Don qui s’impliquera énormément dans la vie du club, en étant notamment président durant de longues années. Cette formation deviendra rapidement la plus titrée en Amérique du Nord et un des clubs les plus importants au Pays. Le nom a quelque peu évolué en Deportivo Saprissa mais le fond reste le même. Le stade le plus important du pays porte aussi le nom de Saprissa. Ce stade est une des plus grandes fiertés de Ricardo, car le Deportivo est devenu la première équipe du Costa Rica à disposer de SON stade. On ne sait plus si quand on mentionne le nom de Saprissa on parle de Ricardo ou du Deportivo, mais ce n’est pas le plus important. Le nom d’un homme fondamentalement bon, qui n’a voulu servir que le sport et aidé les personnes défavorisées vit encore, presque 27 ans après sa mort et c’est ce qui compte.

Benjamin Bruchet

@BenjaminB_13

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