L’Atleti n’est pas le premier club de Diego Simeone alias le Cholo. Lui qui a déjà connu l’Argentine et l’Italie connaît cependant sa première période faste dans le deuxième club de Madrid. Ancien du club en tant que joueur, il l’a stabilisé et fait grandir en tant que coach. Retour sur les 7 ans du Cholismo en coupe continentale.
L’Atleti est un géant d’Espagne à l’histoire compliquée. Il a connu la D2, l’instabilité chronique, il est même passé proche de la disparition avant d’être sauvé par Franco. Le deuxième club de Madrid et petit frère de l’Athletic a eu du mal à trouver sa place durant longtemps. Grand par séquences avant de retomber dans ses travers et décevoir beaucoup de monde. Membre fondateur de la Liga, il remporte son premier titre en 1940. C’est un mastodonte aux 20 titres nationaux (10 Copa, 10 Liga) qui a cependant pris un retard sur les deux ogres que sont le Real et le Barça. Cependant, depuis 8 ans maintenant l’Atleti est de nouveau l’égal des Vikingos et des Blaugrana et les coupes d’Europe y sont pour beaucoup.
2012, l’acte fondateur
Vainqueur de l’EL en 2010 sous Quique Sanchez Flores, tout laissait croire que l’Atleti était enfin de retour au plus au niveau après un début de millénaire compliqué. Surtout que lors de cette saison 2009/2010, les Rojiblancos s’adjugent aussi la Copa et s’offrent le scalp de l’Inter en Supercoupe d’Europe. Oui mais voilà, déjà que rien n’est simple dans le football, tout est pire à l’Atleti. Après un changement de directeur sportif et une large revue d’effectif, l’Atleti déçoit, et Manzano, le remplaçant de QSF est limogé à l’hiver. C’est notamment une élimination un peu honteuse face à Albacete qui a coûté sa place à l’entraîneur.
Le 27 décembre, Diego Simeone est présenté. Lors de sa première conférence de presse en tant que mister de l’Atleti il ne se cache pas et annonce directement la couleur : il veut une équipe agressive et que l’Atleti retrouve sa splendeur. Lui qui était du doublé coupe-championnat de 96 avec Los Indios. Les mots sont suivis directement par les actes. Au terme d’un parcours en C3 incroyable, il offre un premier titre à son club, moins de 6 mois après sa nomination.
Cette victoire en Europa League, c’est plus qu’une ligne sur le palmarès de l’Atleti. C’est l’acte fondateur du Cholismo. Cette méthode qui demande un sacrifice énorme aux joueurs mais qui leur rend au centuple. Avec cette victoire, il va aussi trouver ses lieutenants encore présents dans l’effectif. Godin, Juanfran ou encore Filipe Luis sont des fidèles de l’Argentin quand Koke et Saul déjà là en 2012 n’ont connu que lui ou presque. Les fondations du Cholisme ont débuté ce soir de mai 2012 avec un récital d’Adrian Lopez et une victoire 3-0 sur le grand frère Athletic.
Le plafond de verre en LDC
Entre la finale d’EL en 2012 et celle de cette année face à l’OL, l’Atleti est passé du statut d’outsider habitué à la 7e place à celui d’égal du Real et du Barça. Ramassant deux titres nationaux avec la Copa 2013 et la Liga 2014 et surtout devenant un club capable d’enchaîner les saisons à plus de 70 points sans réel problème. Une ombre plane cependant sur le tableau qu’est en train de peindre le Cholo à l’Atleti. Cette légère imperfection, c’est le bilan du club en Ligue des Champions.
Un bilan qui laisse un goût d’amertume aujourd’hui. D’un côté, l’aboutissement d’une méthode qui a mené l’Atleti à 2 finales de LDC en plus d’une présence constante au moins en quart, de l’autre celle de ne pas réussir à forcer le verrou et soulever cette coupe aux grandes oreilles. Les Colchoneros n’ont plus cette image d’équipe de perdant qui déçoit régulièrement dès qu’on les attend un peu. Sauf qu’en LDC, le Real est toujours là pour les remettre à leur place.

C’est bien simple, dans la plus prestigieuse compétition européenne, le Real a toujours éliminé l’Atleti. Alors qu’en Liga la supériorité du Cholisme sur la maison blanche est éclatante, le gap est compliqué à passer en LDC. Cette tragédie va s’écrire en 4 actes. Tout d’abord 2014 au terme d’un match presque parfait, où le Cholisme semblait intouchable et a même touché du doigt le graal européen mais Sergio Ramos en a voulu autrement. Ce match où Simeone avait tout mis de son côté et avait même demandé à Diego Costa de se soigner avec du placenta de jument pour être disponible pour la finale. Cette finale, la première désillusion d’une longue série des Colchoneros face aux Vikingos.
» J’ai manifestement fait une erreur. Il (Diego Costa) n’était pas aussi bien que ce qu’on a cru vendredi. On s’est regardé et on a compris. On ne voulait pas perdre de temps et il est donc sorti rapidement. » Simeone lucide après son coup raté en 2014
En 2015 le Real brise les rêves de l’Atleti en quart cette fois-ci. 2016 nouvelle finale madrilène et une nouvelle fois, le Real sort vainqueur. Le Cholisme a trouvé sa kryptonite et c’est son ennemi juré qui l’incarne. En 2017, le Real confirme sa supériorité européenne sur son voisin en l’éliminant en demi finale. En LDC, le Cholo et l’Atleti n’aura été éliminé que par les Merengues…

Le Rubin Kazan, l’autre équipe qui a éliminé le Cholisme en Europe
Le Real a régulièrement scalpé l’Atleti du Cholo en LDC. Côté EL l’entraîneur argentin en a disputé deux sans compter cette édition 2018. En 2012 il y a eu la victoire sur l’Athletic et notamment l’élimination de Valence et de la Lazio. En 2013 l’Atleti a pourtant connu son premier revers européen. Dans cette édition, le parcours continental prendra fin brutalement, dès les 16e de finale. La faute à un entraîneur mythique et une équipe russe sans complexe.
Cette équipe, c’est le Rubin Kazan emmené par la légende Berdyev. Entraîneur mythique qui ressemble beaucoup au Cholo pour sa capacité à fédérer un groupe. Il réussira l’exploit de gagner au Calderon en plus d’éliminer l’Atleti sur un match aller/retour. Dans cette double confrontation le Rubin va faire le dos rond et souffrir mais ouvrir la marque relativement tôt dès l’aller sur une bourde d’Asenjo. Les Colchoneros vont dominer par la suite sans réussir à forcer le rideau russe. Pour ne rien arranger, à la suite d’un ultime corner où Asenjo est monté aux avant poste le Rubin va enfoncer le clou sur un contre. Au retour le but en fin de match de Falcao en toute fin de match ne change rien, l’Atleti est dehors. Le Rubin a éliminé l’Atleti dans le pur style Choliste.
« La décision (de demander à Asenjo de monter) était la mienne. Je pensais que le match était presque terminé et qu’à 1-1, le match serait plus serré » Simeone fait amende honorable
L’Atleti n’aura donc été éliminé que par deux clubs en Europe, le Real et le Rubin Kazan. Aujourd’hui le Cholismo va se dresser devant l’OM pour s’adjuger un nouveau titre et mettre fin à une disette de 4 ans. 4 longues années sans trophée, très longues pour un entraîneur et une méthode qui ne vivent que pour la victoire. L’Atleti du Cholo s’est construit par des succès européens, par ses épopées victorieuses ou non. Par ce titre de 2012 et les désillusions en finale en suite. Nul doute que les défaites face au Rubin et au Real trottent encore dans la tête du Cholo. Prendre 2 finales sur 3 est inconcevable pour lui, alors en perdre une 3e… Seulement ce soir, les Colchoneros vont être dans la peau du grandissime favori. Un costume qu’ils n’ont pas vraiment l’habitude de porter et qu’ils n’aiment pas, une aubaine pour l’OM ?
Benjamin Bruchet
@BenjaminB_13